Pris la bombe de peinture à la main, deux tagueurs de 20 et 29 ans ont été jugés la semaine passée à Cherbourg. Ils avaient écrit en grandes lettres des « A » anarchistes et des « ASAF » comme “anti sarko-anti facho”. Jugé en récidive, avec 21 mentions à son casier, le plus âgé a été condamné à dix mois de prison auxquels s’ajoute la révocation partielle d’un précédent sursis à hauteur de 12 mois. Il a été maintenu en détention. Le plus jeune a été condamné à quatre mois de prison avec sursis assortis d’un travail d’intérêt général de 105 heures. Ils devront dédommager la ville de Cherbourg, partie civile, à hauteur de 2 040 €.

Les manifestations de samedi en France contre le projet gouvernemental de réforme des retraites ont rassemblés près de trois millions de personnes. A Saint-Nazaires et à Paris, elles ont donné lieu à des incidents. Place de la Bastille, 200 manifestants ont brisés des vitrines et se sont affrontés à la police. Une trentaine d’entre eux ont été arrêtés.

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A Saint-Nazaire, la police a interpellé dix-huit personnes, dont dix mineurs, lors de heurts entre des jeunes manifestants et les forces de l’ordre. Douze d’entre elles étaient toujours interrogées samedi dans la soirée mais il n’y a pas de comparution immédiate ce dimanche. Ces personnes ont été interpellées notamment pour « jet de projectiles », « dégradations sur un bus » et pour port d’un « type d’engin susceptible d’être incendiaire ».

Les manifestants, pour la plupart lycéens, avaient été repoussés des abords de la sous-préfecture par des gaz lacrymogènes et plusieurs charges des policiers. La manifestation contre la réforme des retraites avait réuni à Saint-Nazaire 18.000 personnes.

Un lycéen de 16 ans a été blessé à la joue par un tir de flashball d’un policier. Les affrontements se sont déroulés près du lycée Jean-Jaurès à Montreuil (93), lors d’une manifestation contre la réforme des retraites. L’adolescent a été évacué à l’hôpital André-Grégoire de Montreuil.

Par ailleurs, bien qu’ils brandissaient leur carte de presse et criaient « Ne nous tapez pas dessus on n’est pas comme les autres » (sous-entendu: « on n’est pas comme les autres manifestants sur lesquels vous pouvez taper »?), quelques journalistes de Canal + et de TF1 ont pris quelques leçons de choses aux manifestations contre la réforme des retraites.

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A Paris, des échauffourées ont éclaté lors de la dispersion du défilé place de la Bastille. Le trafic a par ailleurs été interrompu pendant trois quarts d’heure sur le RER C, après que quelques personnes, revenant « probablement » de la manifestation sur les retraites, ont commis quelques dégradations et sont descendues sur les voies. A Montélimar, une centaine de personnes qui venaient de manifester sont montés au premier étage de l’Hôtel de ville, ont saccagé la salle d’attente, traversé le secrétariat puis mis à sac le bureau du maire UMP.

A Caen, les forces de l’ordre et des manifestants ont échangé pendant une heure bombes lacrymogènes et projectiles divers devant le siège du Medef (l’association patronale). Lors d’un tir de bombe lacrymogène, un jeune s’est effondré. Il a ensuite été évacué, conscient, un bandage et du sang sur la tête dans un véhicule de la CGT. Les forces de l’ordre ont commencé à envoyer des gaz lacrymogènes alors qu’un cortège de lycéens et d’étudiants venait de rejoindre le rassemblement des manifestants devant le Medef et qu’un CRS venait de recevoir un pétard sur son casque. En réponse, des jeunes qui jetaient jusqu’alors surtout des oeufs et des tomates se sont mis à lancer des projectiles divers sur les forces de l’ordre et à faire brûler des conteneurs à poubelle et des buissons, certains foyers atteignant plusieurs mètres de diamètre. Selon la préfecture, un jeune de 25 ans qui avait lancé une bouteille en verre sur les forces de l’ordre a été interpellé. Des heurts ont aussi éclaté à Saint-Nazaire, à Chateauroux et Issoudun.

Bureau saccagé du maire UMP de Montelimar

Bureau saccagé du maire UMP de Montelimar

Uberka Bravo Corral, membre présumé d’Askapena (organisation de solidarité internationale de la gauche indépendantiste basque) a été arrêté ce mardi à Hendaye, dans les Pyrénées Atlantiques. Il faisait l’objet d’un mandat d’arrêt européen émis par un juge espagnol. Selon une source proche du dossier, Bravo Corra avait réussi à échapper à l’arrestation lors de l’opération menée le 27 septembre au cours de laquelle sept autres membres présumés d’Askapena avaient été arrêtés. C’est alors que le mandat d’arrêt le visant avait été émis. Il a été présenté aujourd’hui au parquet général de Pau pour statuer sur sa remise aux autorités espagnoles, qui le soupçonnent également de diriger une unité de l’organisation de jeunesse Segi.

Le directeur technique de la DGSE, le service de renseignement militaire extérieur français, a récemment expliqué, devant des publics composé de professionnels de la sécurité informatique, l’état de son métier. Le terrain traditionnel des services français étant l’Afrique, ou le renseignement était essentiellement humain, et non technique, il a fallu attendre 1983 pour que la DGSE décide de se doter d’une “direction technique”. La France avait alors près de 40 ans de retard sur les anglo-saxons, mais elle fait aujourd’hui partie du “Top 5″ (avec les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, Israël et la Chine) en terme de renseignement technique. Elle n’a plus du retard qu’en ce qui est de la lutte informatique offensive (LIO), mais la DGSE (qui emploie 4100 militaires et civils) prévoit de recruter 100 ingénieurs par an pendant 3 ans. Sa puissance de calcul lui permet de gérer des dizaines de pétaoctets dans ses bases de données (des dizaines de millions de gigaoctets), sa limitation, c’est… la consommation énergétique: la chaleur dégagée par ses super-calculateurs permet de chauffer la DGSE !

En 1989, l’objectif, était le téléphone : des numéros, localisés et limités en terme de relais d’informations (fax, télex ou voix), à bas débit (le service pouvait traiter aisément un million de communications simultanées), et rarement chiffrés. Le recours à la cryptographie servait d’ailleurs d’alerte. Aujourd’hui, la couverture en téléphonie mobile est quasi-mondiale : on prévoit 4 milliards d’objets connectés en 2013, et les téléphones mobiles sont dotés de centaines de fonctions, applications, et donc d’autant d’identifiants, et l’on peut y faire tout ce que l’on fait sur le Net. Le débit a considérablement changé (de l’ordre de 1 milliard de communications simultanées), et de plus en plus de services et de flux sont chiffrés (BlackBerry, Skype, Gmail -depuis l’attaque des Chinois), sans même que l’utilisateur ne s’en rende compte et, à terme, l’ensemble des télécommunications seront probablement chiffrées.

Avec le développement de l’anti-terrorisme (90% de l’activité de la DGSE), le problème n’est plus le chiffrement gouvernemental ou militaire mais plutôt la cryptographie grand public, sur les réseaux grand public. Autre différence, de taille : le contenant devient plus intéressant que le contenu. Avant, il fallait en effet décrypter les messages chiffrés, parce que l’information était dans le contenu. Or, aujourd’hui, ce type d’information moins important que les informations contenues (en clair) dans les méta-données, surtout en matière d’internet. Car même si les messages sont chiffrés, les logs, eux, ne le sont pas, et permettent, par corrélation et data mining, de savoir qui communiquent avec qui, quand, pendant combien de temps, voire où, si la communication est géolocalisée. Toutes ces méta-données sont stockées, sur des années et des années. Quand la DGSE s’intéresse à une adresse IP ou à un n° de tel, elle va chercher dans sa bases de données, et retrouve la liste de ses correspondants, pendant des années, et arrive à reconstituer tout son réseau.

Du côté de la cryptographie aussi, le monde a bien changé. Les internautes sont de plus en plus nombreux à en faire sans toujours le savoir, sans parler de ceux, de plus en plus nombreux, qui le font sciemment par obligation professionnelle ou par convenance personnelle, pour se protéger de l’espionnage industriel ou encore de la cybersurveillance que des entreprises comme TMG effectue au profit de l’Hadopi. Les services de renseignement américains ont d’ailleurs “engueulé” leurs homologues français au sujet de l’Hadopi qui pousse les internautes au cryptage. Les services de renseignement britanniques avaient d’ailleurs déconseillés à leur gouvernement un tel mécanisme.

Si la cryptographie a atteint un très bon niveau et si elle est de plus en plus normalisée, elle ne l’est pas forcément correctement, notamment pour ce qui est de son implémentation. Or, la DGSE est à la tête de la plus forte équipe de crypto-mathématiciens de France, qui passe allègrement de la cryptanalyse à l’intrusion informatique, et qui développe une activité très forte de rétro-ingénierie et de hacking lui permettant de pénétrer dans les ordinateurs dotés de systèmes d’exploitation et logiciels non mis à jour, pas sécurisés ou qui comportent des failles de sécurité non corrigées. Si la cible utilise un tunnel VPN (Réseau privé virtuel permettant de sécuriser les communications) chiffré en 256 bits, elle est bien protégée; mais s’il utilise Windows avec plein de failles, la DGSE s’y introduit, et change son VPN en 40 bits, bien plus facile à casser. Les utilisateurs utilisant souvent les mêmes mots de passe, la DGSE stocke ceux-ci pour établir des corrélations: elle a des dictionnaires de millions de mots de passe.

En cas de crise majeure, l’armée française peut engager 10.000 hommes sur le territoire national, selon une instruction interministérielle datée du 3 mai 2010, et révélée dans le dernier numéro d’Armées d’aujourd’hui, une des publications officielles du ministère de la Défense.

Cette instruction a été rédigée, avec le concours des ministères de l’Intérieur et de la Défense, par le Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN). Le SGDSN est notamment chargé de la planification des plans de réponses aux crises : plan Vigipirate et ceux de la famille « Pirate » (Piratair, Pirate-mer, NRBC …).

Le directeur de la protection et de la sécurité de l’Etat au SGDSN, a défini une crise majeure comme « un évènement – pandémie, attaque terroriste, catastrophe, crise d’ordre public – dont la gravité et la portée conduisent les autorités gouvernementales à activer le dispositif interministériel de crise ».

Une étude confiée, après les émeutes des banlieues de 2005, à la société privée Eurocrise par la Délégation aux affaires stratégiques (Das) du ministère de la Défense souligne que « l’idée du caractère quasi inéluctable d’un engagement des forces terrestres sur le territoire national dans des circonstances exceptionnelles semble gagner du terrain ».

Interdits d’entrée, les ouvriers de l’automobile ont dû forcer l’entrée du Salon de l’auto vendredi à Paris, sous les coups de matraques et les gaz des CRS qu’ils ont fini par mettre en déroute. Les ouvriers ont pu pénétrer dans les halls d’exposition, pour manifester avec des slogans qui concernaient les retraites, les salaires et l’emploi.

France: Ouvriers de l’automobile contre CRS au Salon de l’auto

En France, les trois groupes de téléphonie mobile reçoivent entre 70.000 et 80.000 réquisitions par mois. Depuis plusieurs années, les télécommunications ont pris une place énorme, et qui ne cesse d’augmenter, dans l’arsenal judiciaire. Les chiffres de demande d’identification de numéro ou d’interception des communications augmente de 30% chaque années depuis cinq ans. Au point que les sociétés de téléphonie ont été obligées d’y faire face en embauchant des employés qui ne gèrent que ces demandes d’informations. Selon les opérateurs, ils sont entre vingt et cent, dont certains anciens policiers, et sont tous habilités secret-défense.

Ces services rendus nécessaires en raison de la dépendance grandissante des policiers et des magistrats vis à vis de ces méthodes, sont accessibles 24h/24 et 7 jours/7. Leur champ d’action est vaste: identifier le détenteur d’un numéro fixe ou mobile, remonter sa liste d’appels au cours des douze derniers mois, le géolocaliser, rassembler l’intégralité de ses communications électroniques, écouter les conversations de la personne placée sur écoute, lire ses fax, ses mails, et consulter son trafic internet. Ces procédures ont coûté 32,96 millions d’euros à la France l’an dernier.