Ce vendredi 9 octobre 2009, un jeune étudiant allemand a été condamné à deux mois de prison avec sursis (pendant 5 ans) au tribunal de grande instance de Strasbourg. Il était accusé d’avoir peint un ‘A anarchiste’ à la bombe de peinture sur un mur d’une enceinte militaire (une annexe de la caserne Lyautey).

Le 19 octobre 2009, à la Cour d’appel de Colmar, aura lieu la deuxième audience en appel d’un militant condamné lors d’une comparution immédiate, après une audience de 15 minutes, à 6 mois de prison ferme (il était détenu depuis le 2 avril 2009) bien avant la grande journée de manifestation contre le sommet de l’OTAN à Strasbourg du 4 avril 2009. Dans la même journée et celles qui suivront, d’autres militants ont écopé de peines aussi lourdes, Nicolas Sarkozy ayant demandé lors d’un discours que ‘les peines devaient être exemplaires’. Le procès a eu lieu quatre jours après l’interpellation (donc le 6 avril 2009) mais il a fallut quatre mois pour passer en appel… le prévenu aurait pu sortir avant ces quatre mois avec réduction de peine s’il avait accepté le jugement de première instance, mais il a fait appel. On peut donc souligner son courage et sa détermination. La police déclare que le jeune homme de 25 ans a jeté une pierre.

Deux autres militants de Berlin et Dresde sont jugés pour des cas similaires et ont eux aussi fait appel. Le militant de Dresde a été relaxé après 4 mois de prison et est en droit de demander une indemnisation. Mais le procureur a fait appel et le procès est toujours en cours. Pour le militant berlinois, les 6 mois de prison ferme ont été confirmés,l’interdiction de rentrer sur le territoire français et l’amende ont été augmentées (5 ans et 2000 euro).

En déplacement à Poitiers ce lundi suite aux incidents qui ont eu lieu dimanche, le ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux a annoncé la création de deux nouveaux fichiers policiers. Il a demandé aux préfets de réaliser ‘un inventaire des lieux de vie communautaire où se regroupent des mouvances anarchistes potentiellement violentes‘ ainsi ‘qu’une identification très précise du ou des groupuscule(s) qui organise(nt) les incidents‘. Alors que le fichier légal ECVERSIP (pour Exploitation documentaire et de la valorisation de l’information relative à la sécurité publique) est toujours en discussion et n’a toujours pas été créé, le nombre de fichiers ne cesse d’augmenter. Chaque incident est prétexte à cette augmentation.

En France, le nombre de fichiers a augmenté de 70% en trois ans, et le quart des fichiers recensés n’a aucune existence légale. La moitié des français y sont fichés et, rien que sur ces trois dernières années, plus d’un million y sont toujours considérés comme suspects alors même qu’ils ont été blanchis par la justice.

Dix-huit personnes avaient été interpellées dimanche après-midi lors d’une violente manifestation anticarcérale dans le centre de Poitiers. Huit d’entre elles ont été jugées en comparution immédiate hier. Au terme d’une audience qui a duré plus de huit heures, et 45 minutes de délibération, trois personnes ont été condamnées à des peines de prison ferme, les cinq autres à des peines avec sursis. Une neuvième personne, mineure, comparaîtra devant le tribunal pour enfants de Limoges.

Les avocats ont réagi de manière virulente au verdict de la Cour: ‘C’est une parodie de justice. Je n’ai jamais vu ce type de condamnation pour un délinquant primaire, au casier vierge et qui a jeté une pile ne blessant personne.‘ Le ministre de l’Intérieur avait en effet fait le déplacement pour constater les dégâts et affirmer qu’il souhaitait que le justice sanctionne, et durement, les casseurs. Les avocats des huit personnes condamnées disposent maintenant de dix jours pour faire appel.

La ville de Poitiers a connu dimanche, en fin d’après-midi, une heure d’émeute animée par des manifestants dénonçant le un transfert de détenus, prévu dimanche, entre l’ancienne et la nouvelle prison. Après avoir patienté pendant trois-quarts d’heure, les manifestants se sont lancés à travers la ville, sortant bâtons et barres de fer de leurs cachettes. Aux tags sur les murs et les vitrines et sur le baptistère Saint-Jean ont succédé les premiers feux de poubelles, puis le saccage des vitrines, notamment sur le parvis de la basilique Notre-Dame-la-Grande. Pris de court les policiers poitevins, bientôt renforcés par la compagnie locale de CRS, ont tenté de maîtriser les émeutiers. Recourant au gaz lacrymogènes, les forces de l’ordre ont surtout incommodé.

De nombreuses vitrines ont été détruites à coups de pied ou de manches de pioches. Dix-huit personnes ont été interpellées et placées en garde à vue. Ce lundi après-midi, 7 personnes passent en comparution immédiate au palais de justice de Poitiers.

Emeutes à Poitiers

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Emeutes à Poitiers

Voilà près d’un an que se préparait à Colmar une manifestation antinucléaire exigeant la fermeture définitive de la centrale de Fessenheim. Le lieu de rassemblement annoncé était la Place Rapp, une immense place au centre ville. Mais le préfet a voulu la parquer dans un stade à la périphérie de la ville. Sous la pression de diverses organisations, le rassemblement a pu se faire Place de la Gare, que la police a transformé en nasse ne proposant qu’un parcours s’éloignant du centre ville pour minimiser la visibilité de la manifestation.

Le dispositif policier et répressif était absurdement disproportionné. D’après l’AFP, 3.000 policiers étaient mobilisés, dont plus de 600 CRS. En comptant 10.000 manifestants, la proportion était donc de un policier pour environ 3 manifestants! Jean-Marie Bockel en personne, en tant que secrétaire d’Etat à la Justice et aux Libertés (sic), supervisait les opérations à la cellule de crise de la Préfecture de Colmar. La brigade anti-criminalité (BAC) était présente en force. La brigade équestre de la police nationale était venue spécialement d’Ile de France. La police de l’air et des frontières (PAF) effectuait des contrôles renforcés aux frontières, créant ainsi d’immenses embouteillages. Des grilles anti-émeutes avaient été dressées dans plusieurs rues empêchant tout accès au centre ville. Des véhicules de type bulldozers et anti-émeutes étaient prêts à intervenir. Pendant toute la journée, un hélicoptère a survolé le rassemblement antinucléaire, dans un bruit assourdissant. Tant aux frontières (où plusieurs dizaines de personnes ont été refoulées par la PAF) qu’à Colmar, ville en état de siège, de nombreuses personnes ont été dissuadés de venir manifester leur opposition au nucléaire par l’attitude des forces de l’ordre et par le climat de répression. Seuls les plus motivés et les plus aguerris ont finalement pu se rendre sur le lieu de la manifestation.

Manifestation antinucléaire à Colmar

Manifestation antinucléaire à Colmar

Le 20 août dernier, la Cour d’Appel de Paris refusait la demande de libération conditionnelle de Georges Cipriani 22 mois après son introduction. Les arguments avancés par la Cour étaient notamment le fait que Cipriani ne renie aucunement son engagement politique. Le militant avait été interné au Centre National d’Observation de Fresnes en 2008. A la suite de ce séjour, la commission pluridisciplinaire avait rendu un avis défavorable. Ce 29 septembre, Georges Cipriani a déposé un nouveau dossier qui devrait, selon le Juge d’Application des Peines, être examiné dans les six mois, sachant que l’avis de la commission a une validité de deux ans.

Les forces de l’ordre sont intervenues hier soir vers 21 heures dans l’enceinte de l’entreprise Freescale pour libérer le directeur toulousain de l’entreprise américaine de semi-conducteurs, Denis Blanc, son directeur des ressources humaines et un autre membre de la direction qui étaient retenus par environ 150 grévistes dans la salle de réunion dite ‘Amérique’.

L’assaut a été donné par les policiers en tenue de combat, et les trois membres de la direction ont quitté en voiture les locaux de la firme vers 21h30, sous les huées de quelques manifestants installés devant l’enceinte de la firme, où un millier d’emplois sont menacés d’ici 2011. Il n’y a pas eu de blessés mais quelques manifestants, des femmes notamment, pris dans la bousculade, auraient été choqués ou commotionnés. Les grévistes ont aussitôt tenu une AG dans l’entreprise afin de décider quelle suite donner à leur mouvement, protestant contre une intervention ‘autorisée par aucune décision de justice’.

Après la longue trêve estivale et une rentrée très chaude marquée par plus de 25 jours de grève (qui continue) des personnels chargés de fabrication, la reprise tant attendue de la négociation, avec tous les syndicats de l’entreprise, avait commencé vers 14h30 à l’intérieur des locaux d’ex Motorola. La discussion s’est tendue après plus de cinq heures de négociation, lorsque les syndicats ont jugé insuffisante la proposition de la direction d’offrir une prime de 60.000€ minimum pour partir de suite.

Soutien aux travailleurs de Freescale

Soutien aux travailleurs de Freescale

Depuis le 3 août, la népalaise Shova Gajurel (membre du Parti Communiste du Népal) se trouve enfermée au centre de rétention de Bruges après avoir passé 18 jours au centre de Lille/Lesquin pour avoir voyagé sans les papiers requis. Cela fait 3 ans qu’elle est réfugiée en France, sa vie étant en danger dans son pays en raison de son engagement politique. Elle s’y était réfugiée aux pires moments de la guerre qui opposait la guérilla maoïste à la contre-révolution féodalo-monarchiste. Aujourd’hui encore, alors que l’accord de cessez-le-feu est bafoué chaque jour par les escadrons de la mort de la réaction, sa sécurité n’est pas assurée au Népal.

Le transfert vers la Belgique ne repose sur aucune base légale, puisque Shova Gajurel était arrivée sur le sol français en provenance directe du Népal (et n’avait donc pas transité par la Belgique comme l’avaient affirmé les autorités française début août) et que sa demande d’asile a été déposée en France. Ce pays est donc le seul compétent pour traiter ce dossier. Il reste à savoir les raisons de ce transfert, qui ont poussé les deux Etats a nier leurs propres législations.

Selon son avocate, une décision sera prise par les autorités en début de semaine prochaine. Toutes les éventualités restent d’actualité: maintient en rétention, remise en liberté ici en Belgique, renvoi en France, ainsi que son expulsion pure, simple et définitive vers le Népal, de France ou de Belgique. Un grand avocat français s’est d’ores et déjà mis à disposition (et engagé vis à vis du Comité ‘Libérez-les’) pour plaider gracieusement sa cause devant la Cour Européenne des Droits de l’Homme, afin de faire condamner les deux Etats pour non-respect des accords de Genève, persécution et mise en danger d’une personne menacée de mort du fait de ses opinions politiques dans son pays d’origine