Aitor Elizaran, présenté comme l’un des hauts responsables de l’appareil politique d’ETA, et sa compagne ont été interpellé ce matin à Canac, dans le nord de la France par la sous-direction antiterroriste et la DIPJ (Direction Interrégionale de la Police Judiciaire) de Rennes. Le visage de la femme était apparu le 21 décembre dernier sur une photo publiée par le journal Gara, où quatre personnes annonçaient leur intention de rejoindre l’ETA. Plusieurs mois d’enquête et d’observation ont abouti à cette interpellation.

Selon une source proche de l’enquête, le couple était porteur d’armes de poing et circulait dans une voiture volée. Il a été conduit à la DIPJ de Rennes pour y être mis en garde à vue avant d’être transféré, probablement dans la journée de demain dans les locaux de la SDAT (Sous-Direction Antiterroriste) de Levallois (Hauts-de-Seine).

Le ministre français de l’Intérieur l’annonçait la semaine dernière à Poitiers, c’est chose faite depuis hier, deux nouveaux fichiers viennent renforcer l’arsenal de collecte d’informations en France.

Avant d’en venir à leur fonction, notons que le gouvernement a adopté cette décision par décret. Ce n’est donc pas une loi. Cette méthode a permis au gouvernement de passer outre le parlement et le débat que la proposition de loi aurait engendré.

Le premier fichier est ciblé sur les bandes, les hooligans, les groupuscules et s’intéressera aux personnes dont l’activité individuelle ou collective indique qu’elles peuvent porter atteinte à la sécurité publique. Le second concerne les postulants à des fonctions sensibles. Il vise les emplois tels que policier, gendarme, mais aussi arbitre de pelote basque, propriétaires et entraîneurs de lévriers et de chevaux, jockeys (!). Au total, plus d’un million d’emploi sont concernés.

Malgré les arguments avancés par le ministre, et en y regardant de plus près, ces deux bases de données sont loin d’être moins intrusives que dans la version Edvige (fichier recalé l’an dernier suite à la levée de bouclier de nombreuses associations). Elles comporteront des informations ayant trait à l’état civil, à la nationalité, à la profession, des photographies, les adresses physiques et mails,… De plus, par dérogation, le fichier pourra comporter des données sur l’origine géographique et les activités politiques, philosophiques, religieuses ou syndicales. Cette dérogation, non-définie, autorise toutes les interprétations…

Le préfet de région a interdit la manifestation prévue hier samedi, place de la gare, à Rennes. Prévue de longue date, cette manifestation devait apporter un soutien à toutes les luttes du grand Ouest: sans-papiers, mouvements de chômeurs, opposition à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, mouvements sociaux dans les facs et les usines, etc. ‘Il s’agit de rassembler toutes ces luttes car elles ont en commun de vouloir en finir collectivement avec la passivité et la résignation à laquelle nous sommes acculés‘, expliquait le tract des organisateurs.

Ce sont les incidents de samedi dernier à Poitiers qui auraient amené le ministère de l’Intérieur à pousser le préfet à interdire la manifestation rennaise. Trois escadrons de gendarmerie mobile et une compagnie de CRS, auxquels s’ajouteront les hommes du GIPN, de la Brigade anticriminalité, et des unités locales étaient mobilisés ce samedi.

14h20. Dernier métro à s’arrêter à la gare de Rennes, les forces de l’ordre ont décidé d’empêcher les arrêts du métro. Les passagers sont invités à sortir de la station. De même à la gare, les entrées sont filtrées. A l’heure dite (15h), place de la gare, les gendarmes mobiles ont procédé à de nombreux contrôles. Malgré l’interdiction, 200 à 300 militants sont venus en petits groupes. En face, plus de 250 policiers et gendarmes les ont empêchés de se rassembler. Au total, les forces de l’ordre précèderont à 173 contrôles d’identité et 27 fouilles de véhicules. Personne ne sera interpellé. Aucune garde à vue ne sera ordonnée.

Le squat du canal Saint-Martin est envahi par une vingtaine de policiers. ‘Ils ont vidé les armoires, répandu de la sauce bolognaise sur nos vêtements propres et ils ont vidé des bouteilles de vin sur nos matelas’, explique un occupant. Le directeur départemental de la sécurité publique a expliqué: ‘Nous avons trouvé une camionnette immatriculée en Grande Bretagne qui était également présente à Poitiers, samedi dernier. A l’intérieur de ce véhicule nous avons trouvé des bâtons entourés de tissu, certainement des futures torches. En conséquence, nous avons vérifié les identités de toutes les personnes présentes près de la camionnette, qui se trouvait être garée devant le squat.‘ Un autre squat (une maison vide appartenant à la ville de Rennes) a été ouvert 47 rue de Paris.

Deux étudiants ont été jugés et condamnés en comparution immédiate pour les incidents de Poitiers. Durant le procès, quatre témoins ont attesté de la non-participation de Samuel et Jean-Salvy aux événements. Une photo a été prise dans la manifestation sur laquelle on les voit regarder de loin les affrontements. Mais ces preuves n’ont pas suffi face à la déclaration d’un officier assermenté: jeudi, ils ont été déclarés coupables et condamnés à 6 mois de prison dont 5 avec sursis.

Mille personnes ont manifesté à Poitiers en solidarité hier samedi avec ces deux étudiants condamnés suite à la manifestation anti-carcérale. Cette manifestation organisée par les familles et les amis se voulait apolitique, non-violente etc. et témoignait d’une confiance vertigineuse dans la démocratie et la justice bourgeoise. Les ‘casseurs’ de Poitiers y ont d’ailleurs été dénoncés. Bref, il s’agissait de demander l’élargissement des ‘innocents’, voir de conspuer les ‘vrais coupables’.

Le cortège a défilé au milieu des arbres avant de s’arrêter devant une stèle dédiée à la Résistance. Les familles ont pris la parole pour remercier les participants et les inviter à une dispersion sereine. Un impressionnant dispositif policier était en place (cordon de policiers armés de flash-ball autour de la manif, cinq bus de CRS en réserve). En les voyant, un homme d’une soixantaine d’année que le rassemblement avait réellement bouleversé à lancé: ‘Vous êtes des papons. Y’a pas de justice‘. Un policier a alors lancé: ‘arrêtez-le!‘. Il a voulu s’enfuir mais trois policiers l’ont poursuivi. Sa femme en pleurs, a dit: ‘Il ne va pas bien, il est cardiaque‘. Des manifestants ont protesté et ont interpellé les policiers qui emmenaient l’homme, avant de se voir tous enfermer dans un parc, les policiers en ayant fermé les immenses grilles (photo). L’homme a été conduit au poste avec trois hommes qui ont tenté de s’interposer. A l’heure qu’il est, ils ont été libéré.

Manifestation de soutien à Poitiers

Quatre personnes doivent encore être jugées pour les incidents de Poitiers.

Manifestation de soutien à Poitiers

Ce vendredi 9 octobre 2009, un jeune étudiant allemand a été condamné à deux mois de prison avec sursis (pendant 5 ans) au tribunal de grande instance de Strasbourg. Il était accusé d’avoir peint un ‘A anarchiste’ à la bombe de peinture sur un mur d’une enceinte militaire (une annexe de la caserne Lyautey).

Le 19 octobre 2009, à la Cour d’appel de Colmar, aura lieu la deuxième audience en appel d’un militant condamné lors d’une comparution immédiate, après une audience de 15 minutes, à 6 mois de prison ferme (il était détenu depuis le 2 avril 2009) bien avant la grande journée de manifestation contre le sommet de l’OTAN à Strasbourg du 4 avril 2009. Dans la même journée et celles qui suivront, d’autres militants ont écopé de peines aussi lourdes, Nicolas Sarkozy ayant demandé lors d’un discours que ‘les peines devaient être exemplaires’. Le procès a eu lieu quatre jours après l’interpellation (donc le 6 avril 2009) mais il a fallut quatre mois pour passer en appel… le prévenu aurait pu sortir avant ces quatre mois avec réduction de peine s’il avait accepté le jugement de première instance, mais il a fait appel. On peut donc souligner son courage et sa détermination. La police déclare que le jeune homme de 25 ans a jeté une pierre.

Deux autres militants de Berlin et Dresde sont jugés pour des cas similaires et ont eux aussi fait appel. Le militant de Dresde a été relaxé après 4 mois de prison et est en droit de demander une indemnisation. Mais le procureur a fait appel et le procès est toujours en cours. Pour le militant berlinois, les 6 mois de prison ferme ont été confirmés,l’interdiction de rentrer sur le territoire français et l’amende ont été augmentées (5 ans et 2000 euro).

En déplacement à Poitiers ce lundi suite aux incidents qui ont eu lieu dimanche, le ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux a annoncé la création de deux nouveaux fichiers policiers. Il a demandé aux préfets de réaliser ‘un inventaire des lieux de vie communautaire où se regroupent des mouvances anarchistes potentiellement violentes‘ ainsi ‘qu’une identification très précise du ou des groupuscule(s) qui organise(nt) les incidents‘. Alors que le fichier légal ECVERSIP (pour Exploitation documentaire et de la valorisation de l’information relative à la sécurité publique) est toujours en discussion et n’a toujours pas été créé, le nombre de fichiers ne cesse d’augmenter. Chaque incident est prétexte à cette augmentation.

En France, le nombre de fichiers a augmenté de 70% en trois ans, et le quart des fichiers recensés n’a aucune existence légale. La moitié des français y sont fichés et, rien que sur ces trois dernières années, plus d’un million y sont toujours considérés comme suspects alors même qu’ils ont été blanchis par la justice.

Dix-huit personnes avaient été interpellées dimanche après-midi lors d’une violente manifestation anticarcérale dans le centre de Poitiers. Huit d’entre elles ont été jugées en comparution immédiate hier. Au terme d’une audience qui a duré plus de huit heures, et 45 minutes de délibération, trois personnes ont été condamnées à des peines de prison ferme, les cinq autres à des peines avec sursis. Une neuvième personne, mineure, comparaîtra devant le tribunal pour enfants de Limoges.

Les avocats ont réagi de manière virulente au verdict de la Cour: ‘C’est une parodie de justice. Je n’ai jamais vu ce type de condamnation pour un délinquant primaire, au casier vierge et qui a jeté une pile ne blessant personne.‘ Le ministre de l’Intérieur avait en effet fait le déplacement pour constater les dégâts et affirmer qu’il souhaitait que le justice sanctionne, et durement, les casseurs. Les avocats des huit personnes condamnées disposent maintenant de dix jours pour faire appel.

La ville de Poitiers a connu dimanche, en fin d’après-midi, une heure d’émeute animée par des manifestants dénonçant le un transfert de détenus, prévu dimanche, entre l’ancienne et la nouvelle prison. Après avoir patienté pendant trois-quarts d’heure, les manifestants se sont lancés à travers la ville, sortant bâtons et barres de fer de leurs cachettes. Aux tags sur les murs et les vitrines et sur le baptistère Saint-Jean ont succédé les premiers feux de poubelles, puis le saccage des vitrines, notamment sur le parvis de la basilique Notre-Dame-la-Grande. Pris de court les policiers poitevins, bientôt renforcés par la compagnie locale de CRS, ont tenté de maîtriser les émeutiers. Recourant au gaz lacrymogènes, les forces de l’ordre ont surtout incommodé.

De nombreuses vitrines ont été détruites à coups de pied ou de manches de pioches. Dix-huit personnes ont été interpellées et placées en garde à vue. Ce lundi après-midi, 7 personnes passent en comparution immédiate au palais de justice de Poitiers.

Emeutes à Poitiers

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Emeutes à Poitiers

Voilà près d’un an que se préparait à Colmar une manifestation antinucléaire exigeant la fermeture définitive de la centrale de Fessenheim. Le lieu de rassemblement annoncé était la Place Rapp, une immense place au centre ville. Mais le préfet a voulu la parquer dans un stade à la périphérie de la ville. Sous la pression de diverses organisations, le rassemblement a pu se faire Place de la Gare, que la police a transformé en nasse ne proposant qu’un parcours s’éloignant du centre ville pour minimiser la visibilité de la manifestation.

Le dispositif policier et répressif était absurdement disproportionné. D’après l’AFP, 3.000 policiers étaient mobilisés, dont plus de 600 CRS. En comptant 10.000 manifestants, la proportion était donc de un policier pour environ 3 manifestants! Jean-Marie Bockel en personne, en tant que secrétaire d’Etat à la Justice et aux Libertés (sic), supervisait les opérations à la cellule de crise de la Préfecture de Colmar. La brigade anti-criminalité (BAC) était présente en force. La brigade équestre de la police nationale était venue spécialement d’Ile de France. La police de l’air et des frontières (PAF) effectuait des contrôles renforcés aux frontières, créant ainsi d’immenses embouteillages. Des grilles anti-émeutes avaient été dressées dans plusieurs rues empêchant tout accès au centre ville. Des véhicules de type bulldozers et anti-émeutes étaient prêts à intervenir. Pendant toute la journée, un hélicoptère a survolé le rassemblement antinucléaire, dans un bruit assourdissant. Tant aux frontières (où plusieurs dizaines de personnes ont été refoulées par la PAF) qu’à Colmar, ville en état de siège, de nombreuses personnes ont été dissuadés de venir manifester leur opposition au nucléaire par l’attitude des forces de l’ordre et par le climat de répression. Seuls les plus motivés et les plus aguerris ont finalement pu se rendre sur le lieu de la manifestation.

Manifestation antinucléaire à Colmar

Manifestation antinucléaire à Colmar

Le 20 août dernier, la Cour d’Appel de Paris refusait la demande de libération conditionnelle de Georges Cipriani 22 mois après son introduction. Les arguments avancés par la Cour étaient notamment le fait que Cipriani ne renie aucunement son engagement politique. Le militant avait été interné au Centre National d’Observation de Fresnes en 2008. A la suite de ce séjour, la commission pluridisciplinaire avait rendu un avis défavorable. Ce 29 septembre, Georges Cipriani a déposé un nouveau dossier qui devrait, selon le Juge d’Application des Peines, être examiné dans les six mois, sachant que l’avis de la commission a une validité de deux ans.