Une section de la Central Reserve Police Force (CRPF) qui était à la recherche d’une unité de la guérilla maoïste (People’s Liberation Guerrilla Army) dans l’Etat du Chhattisgarh est tombé ce mercredi 18 dans une embuscade tendue par cette denrière près d’un village Manhakal Naxal, à proximité de Kanker, à environ 240km au sud de Raipur. Trois policiers sont morts et neuf autres blessés dans l’engagement qui a duré jusque tard dans la nuit. Les policiers ont été récupérés jeudi matin. Sur les neufs blessés, quatre sont dans un état critique. La guérilla naxalite est née en mars 1967, quand les paysans du village de Naxalbari (Bengale-Occidental) ont saisi le riz d’un propriétaire foncier. Depuis cette jacquerie, différentes organisations armés maoïstes ont implanté leurs maquis dans les jungles et les campagnes. En septembre 2004, les deux principaux mouvements, le Groupe de la Guerre Populaire (People’s War Group, PWG), établi dans le centre du pays, et le Centre Communiste Maoïste d’Inde (Maoist Communist Center of India, MCCI), actif au Bihar, ont fusionné pour former le Parti Communiste Indien maoïste (PCI-m).
La People’s Liberation Guerrilla Army du PCI-m est forte de 10.000 à 20.000 combattants, auxquels s’ajoutent 40.000 militants assurant la logistique. Elle a étendu ses activités à seize des vingt-huit Etats indiens, traçant, de la frontière népalaise aux côtes du Sud-Ouest, un véritable ‘corridor rouge’ de quatre-vingt-douze mille kilomètres carrés. Le Chhattisgarh se trouve au coeur de ce corridor rouge. Trois mille insurgés y contrôlent vingt-cinq mille kilomètres carrés. Le sud de l’Etat est peuplé à 80% de minorité adivasi, pauvres et en majorité illettrés. Le pouvoir étatique ne s’étant jamais manifesté que par l’arbitraire de fonctionnaires corrompus. Le Chhattisgarh expérimente depuis trois ans une vaste politique similaire à celle menée par Washington lors de la guerre du Vietnam: développement de milices anti-guérilla et regroupement forcé des civils dans des ‘hameaux stratégiques’. Vides, les campagnes ne ravitaillent plus les insurgés, et la voie est dégagée pour les opérations commandos. Conséquence de cette stratégie, le Chhattisgarh rassemble à lui seul la moitié des victimes du conflit. Des dizaines de milliers de personnes sont devenues des réfugiés, et les violations des droits humains sont récurrentes.