Le 29 octobre, Mahmoud Salehi, un militant syndical ayant déjà fait plusieurs années de détention, avait été arrêté par des agents du ministère des Renseignements afin de lui faire purger une peine d’un an d’emprisonnement (voir notre article). À la suite de la détérioration de son état de santé et plus particulièrement en raison de problèmes cardiaques, Mahmoud Salehi avait été transféré à l’infirmerie de la prison le 3 novembre et finalement admis à l’unité de soins intensifs de l’hôpital Imam Khomeini de Saghez. Pendant tout le temps de son hospitalisation, Mahmoud Salehi est resté menotté aux chevilles et sous la surveillance de trois gardes. Le 11 novembre, celui-ci a été renvoyé à la prison centrale de Saghez malgré l’avis du médecin qui le soigne.
Vue l’état de santé du syndicaliste, celui-ci aurait dû être envoyé dans un hôpital mieux équipé de Téhéran, Tabriz ou Urmia pour poursuivre son traitement cardiaque. Mahmoud Salehi a déjà subi deux opérations du cœur cette année. Il a également besoin d’une dialyse deux fois par semaine et doit être suivi pour un diabète. Son état de santé est très préoccupant.

Le 11 novembre également, Reza Shahabi, dirigeant du syndicat de la régie des transports de Téhéran et sa banlieue (Sherkat-é–Vahed), emprisonné depuis le 9 août (voir notre article) a été transféré à la clinique de l’hôpital Khomeini de Karaj. Il souffre d’une infection rénale, et de problèmes digestifs. Il a été examiné à l’hôpital menotté et renvoyé en prison. Sa peine aurait dû se terminer le 9 novembre 2017 mais celui-ci a été informé qu’il restait en prison en raison de son rôle de leader dans la direction du syndicat.

Reza Shahabi et Mahmoud Salehi

Reza Shahabi et Mahmoud Salehi

Le samedi 28 octobre 2017, Mahmoud Salehi, un leader syndical, a été arrêté par quatre agents en civil alors qu’il quittait l’hôpital où il se rend deux fois par semaine pour une dialyse. Mahmoud Salehi avait été condamné en septembre 2015 à 9 ans de prison (voir notre article). Le syndicaliste a été emmené au tribunal de Saqqez, dans la province du Kurdistan iranien, où le procureur a déclaré que la condamnation de 9 ans de prison avec sursis avait été changée en un an ferme, avec effet immédiat. Vers 16 heures, Mahmoud Salehi a été transféré à la prison centrale de Saqqez pour l’exécution de la peine.

Mahmoud Salehi souffre de graves maladies cardiaques et rénales, résultats du manque de soins subi lors de sa dernière incarcération en 2015. Sans soins appropriés, son état de santé risque de se détériorer très rapidement.

Mahmoud Salehi

Mahmoud Salehi

Les autorités iraniennes s’emploient à détruire la fosse commune dans la ville méridionale d’Ahvaz, où sont enterrés des dizaines de prisonniers qui ont été massacrés en août et septembre 1988, dans une vague d’exécutions extrajudiciaires massives (voir notre dossier sur le massacre de 1988). La construction près de la zone a commencé au début de cette année. Le site est progressivement enterré sous des tas de déchets de construction, ce qui détruit les preuves qui pourraient être utilisées pour traduire en justice les responsables des exécutions extrajudiciaires massives de 1988. Cela priverait également les familles des victimes de leurs droits à la vérité, à la justice et à la réparation, y compris le droit d’enterrer leurs proches dans la dignité.

Famille se recueillant sur la fosse commune à Ahvaz

Famille se recueillant sur la fosse commune à Ahvaz

Au cours des derniers mois, des prisonniers politiques iraniens ont fait passer clandestinement des lettres décrivant les conditions cruelles dans différentes prisons. Certains ont réclamé justice pour les familles de prisonniers politiques exécutées par le régime, notamment les 30 000 victimes du massacre de 1988. Le régime a réagi avec de nouvelles mesures de répression. Le 30 juillet, 50 prisonniers politiques de la salle 12 du quartier 4 de la prison de Gohardacht ont été transférés de force dans la salle 10, qui est complètement isolée et surveillée en permanence par 40 caméras en circuit fermé et 64 dispositifs d’écoute. Toutes les fenêtres sont scellées avec des plaques métalliques, empêchant toute ventilation, et la salle manque d’eau courante.

Il y a actuellement environ 25 prisonniers en grève de la faim qui exigent leur retour à la salle 12 et la restitution de tous leurs effets personnels (tout a été confisqué lors du transfert, y compris les médicaments). Après quatre semaines, la condition physique de nombreux détenus s’est véritablement détériorée. Ils peuvent à peine marcher et souffrent de maladies cardiaques, pulmonaires et rénales tout en étant privé de tous médicaments.

La prison de Gohardacht

La prison de Gohardacht

Reza Shahabi, dirigeant du syndicat de la régie des transports de Téhéran et sa banlieue (Sherkat-é–Vahed), avait été condamnée à 6 ans de prison en 2010 pour « atteinte à la sécurité nationale » (voir notre article). Il avait été libéré en septembre 2014 pour raisons médicales (après avoir payé une caution de ± 51.000 Euros). Selon un collègue de Reza Shahabi, « le procureur a déclaré à Shahabi et à sa famille qu’il n’avait qu’à passer trois mois de plus en prison pour couvrir le moment où il avait été libéré en congé médical ». Après son retour en prison, il s’est rendu compte que les autorités avait décidé de lui faire purger un an de plus, ce qui signifie un emprisonnement jusqu’en décembre 2018.

Shahabi a commencé sa grève de la faim le 9 août, mais n’a pas été en mesure de le déclarer tout de suite n’ayant pas droit à des visites ou des appels téléphoniques. La peine d’un an ajoutée à la peine actuelle concerne une condamnation pour sa participation présumée dans le conflit du 17 avril 2014 entre les gardiens et les prisonniers dans la prison d’Evin rendu célèbre comme le »Jeudi noir » lorsque des unités des gardes spéciales ont attaqué des prisonniers politiques dans le quartier 350 (voir notre article). Reza Shahabi a été blessé lors de cette attaque, mais les témoignages contre lui des responsables de la prison et des gardes ayant mené l’assaut ont finalement conduit à une condamnation à une année de prison supplémentaire.

Reza Shahabi

Reza Shahabi

Ismael Abdi, président du syndicat des enseignants en Iran, condamné à 6 ans de prison, avait été libéré sous caution le 25 juin 2017 après une grève de la faim de 38 jours. Dans la matinée du 27 juillet, il a été enlevé par les services de renseignement devant son domicile et conduit à la prison d’Evin à Téhéran. Ismael Abdi, qui avait gardé des séquelles de sa grève de la faim, n’a pu emporter ses médicaments lors de son arrestation. Cette nouvelle arrestation suit celles de 15 travailleurs, membres du Syndicat Libre des travailleurs de la canne à sucre d’Haft Tapeh arrêtés le 25 juillet 2017 lors de manifestations des travailleurs pour le paiement de leur salaire.

Iran : Ismael Adbi à nouveau arrêté

Le sort d’un prisonnier politique kurde arrêté il y a plus de deux semaines reste inconnu, alors que les forces de sécurité du régime ont harcelé sa famille. Malgré les recherches de la famille de Ramin Hossein Panahi et leur recours aux agences de sécurité, personne n’a de nouvelles de ce prisonnier politique. La mère de Ramin Hossein Panah a déclaré : « Nous sommes allé au bureau des renseignements à Sanandaj, mais ils nous ont dit que Ramin était entre les mains des gardiens de la révolution (Pasdaran). Après avoir été au bureau des Pasdaran, ils ont déclaré que Ramin était aux mains du ministère des Renseignements. Nous ne savons pas quoi faire. »

Le prisonnier politique Ramin Hossein Panahi a été arrêté le 23 juin 2017 après que les gardiens de la révolution lui ont tiré dessus et qu’il a été transféré, blessé, dans un lieu inconnu. À la suite de cet incident, les agents des renseignements et de sécurité ont augmenté leur pression et arrêté quatre frères, dont Afshin Hossein, Zobeir Hossein et Ahmad Hossein. Jusqu’à présent, personne n’a d’information claire quant à leur sort.

Ramin Hossein Panahi

Ramin Hossein Panahi

Esmail Abdi, en grève de la faim depuis le 30 avril (voir notre article), a été transféré à l’hôpital Khomeini à Téhéran le samedi 3 juin 2017. Il avait déjà refusé d’être transféré à l’hôpital avec l’uniforme de la prison et les menottes. Les autorités pénitentiaires ont finalement accepté de le transférer à l’hôpital sans l’uniforme et les menottes. Les gardiens de prison d’Abdi ont essayé de le ramener à la prison d’Evin peu de temps après son transfert, mais les médecins de l’unité d’urgence ont refusé et fortement recommandé l’hospitalisation pour le moment en raison de la détérioration de son état de santé. Il souffre d’une tension artérielle basse, de douleurs rénales, de vertiges et de douleurs oculaires. Esmail Abdi poursuit sa grève de la faim à l’hôpital.

Esmail Abdi

Esmail Abdi

Deux officiers iraniens ont perdu la vie lors d’affrontements qui ont éclaté dans la région d’Ouroumiyah, au Kurdistan iranien, entre les gardes-frontières et le PJAK. Sept soldats auraient également été blessés dans ces combats survenus lors du changement de poste des soldats. L’artillerie iranienne a ciblé des villages considérés comme étant des bases arrières du PJAK, à environs 150 km au nord de la ville kurde irakienne d’Erbil.

Garde-frontière iranien

Garde-frontière iranien

Esmail Abdi, président du syndicat des enseignants en Iran, condamné à six ans de prison et incarcéré dans la prison d’Evin, a commencé une grève de la faim le 30 avril pour protester contre la répression des enseignants et des défenseurs des droits de l’homme et le manque d’indépendance de la justice en Iran. Esmail Abdi avait été condamné en octobre 2016 pour avoir organisé les multiples manifestations réclamant un salaire aligné sur le seuil de pauvreté et le retrait de l’accusation d’atteinte à la sécurité nationale pour les militants syndicaux (voir notre article).

Esmail Abdi