Vendredi 28 mars, Instagram décide de suspendre le compte principal d’Urgence Palestine suivi par plus de 88k personnes. Cette censure contre une importante organisation de soutien à la résistance palestinienne en France n’est pas un cas isolé. Meta censure régulièrement les comptes de personnalités et organisations (pro)palestiniennes, comme ce fut le cas avec les suppressions définitives des comptes de Within Our Lifetime – United for Palestine ou encore Samidoun et ses différentes antennes.

Un amendement caché dans la loi « Narcotrafic » pourrait signer la fin du chiffrement en France. Sous le prétexte de lutte contre le crime organisé, le Sénat veut obliger WhatsApp, Signal et Telegram à installer une porte dérobée dans leurs messageries permettant aux forces de l’ordre d’avoir un accès illimité aux messages privés. Cette proposition, discrètement glissée par le sénateur Cédric Perrin, prévoit que toutes les plateformes de messagerie chiffrée livrent les conversations aux autorités sous 72 heures, sous peine de lourdes amendes. Une attaque frontale contre la vie privée, dénoncée par les défenseurs des libertés numériques, par Google et Apple. Officiellement, il s’agit de traquer les narcotrafiquants, en réalité, c’est une surveillance de masse qui se met en place, avec zéro transparence et aucun débat public. Le gouvernement avance l’excuse de la sécurité, un outil qui sert contre les criminels aujourd’hui servira demain contre les opposants politiques, les journalistes, les militants.

La cérémonie d’inauguration du régiment de cyberdéfense s’est déroulée le 27 février. Le régiment est une « armée de Terre de combat » dans les domaines numérique et cyber. La  nouvelle unité est basée en Bretagne et comptera, d’ici à 2030, 400 hommes et femmes spécialistes de la cybersécurité. Le régiment prend appui sur les 807e et 808e compagnies de transmissions (CTRS) et le bureau cyber de la brigade d’appui numérique et cyber (BANC). Ce régiment aura pour missions le déploiement des centres des opérations de sécurité (SOC) tactique, la défense des réseaux amis à distance, des groupes d’intervention cyber (GIC) préventive ou réactive et l’armement des groupes de combat numérique (GCN). Il aura aussi la connaissance de l’espace numérique ami et ennemi, la lutte informatique adaptée aux systèmes d’armes et la fonction audit de l’armée de Terre, l’appui des entités du régiment et l’armement de ses unités opérationnelles et devra assurer la fonction centre technique de la lutte informatique défensive de l’armée de Terre ainsi que l’appui auprès des autres entités du régiment.

L’entreprise Graylark Technologies de Boston a développé Geospy, une intelligence artificielle capable d’identifier l’endroit où une photo a été prise, il s’agit d’un redoutable outil pour pister à peu près n’importe qui, il identifie des repères géographiques distincts tels que les styles architecturaux, la flore, les caractéristiques du sol et leurs relations spatiales, un niveau de précision qui intéresse les forces de l’ordre. Geospy dispose d’un algorithme qui a été formé sur plus de 46 millions d’images à travers le monde, il est capable d’identifier les signes distinctifs sur une photo et de fournir une liste des 10 emplacements les plus probables avec des coordonnées précises, si le système est capable d’analyser des endroits à travers le globe, il dispose d’une couverture particulièrement forte aux États-Unis. Les performances de Geospy ouvrent ainsi la voie à de nombreux usages. L’outil sert déjà aux forces de l’ordre qui ont pu le mobiliser pour retrouver les lieux impliqués dans différentes enquêtes notamment lors de manifestations. L’IA pourrait aussi intéresser les militaires qui permettrait l’identification de positions ennemies.

Depuis le 21 décembre 2024, Facebook, réseau social de META, censure les publications faisant état des attaques commises par la Turquie au Kurdistan. La page de « Kurdistan au féminin », page publiée en français, est victime des algorithmes, ces derniers suppriment systématiquement leurs publications.

Voici quelques publications censurées par Facebook:

Instagram et Facebook ont flouté, bloqué ou supprimé des publicités de pilules abortives. Instagram a suspendu les comptes de plusieurs fournisseurs, les a cachés dans les résultats de recherche et les recommandations. Meta a confirmé la suspension de comptes et le floutage de posts, la société a attribué ces incidents concernant ces messages et ces comptes aux règles qui interdisent la vente de produits pharmaceutiques sur ses réseaux. Certaines publications d’un des plus grands fournisseurs de pilules abortives, Aid Access, ont été supprimées et d’autres remontant jusqu’au mois de novembre ont été floutées sur ses comptes Instagram et Facebook. Cette organisation n’avait plus accès à son compte Facebook depuis novembre et son compte Instagram a été suspendu la semaine dernière, mais a été rétabli depuis. Les comptes Instagram d’autres fournisseurs de pilules abortives, dont Women Help Women et Just the Pill, ont également été suspendus ces derniers jours, sous le prétexte que leurs comptes n’étaient pas conformes aux règles de Meta. Tous deux ont finalement été rétablis jeudi 23 janvier.

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C’est après l’arrestation de Pavel Durov par la justice française, le 24 août dernier, que la messagerie a annoncé qu’elle allait faire plus d’efforts pour collaborer avec les autorités ( voir article ici ).

Telegram a davantage coopéré avec la justice française en 2024. Selon le rapport de transparence, la messagerie a satisfait 893 requêtes formulées par les autorités. Autrement dit, elle a communiqué l’adresse IP et les numéros de téléphone de 2.072 utilisateurs faisant l’objet d’une demande judiciaire. Telegram a permis l’identification de ces derniers par la justice française, en vertu du règlement européen sur les services numériques (DSA)en vigueur depuis le 25 août 2023.

La majorité des requêtes ont été satisfaites au quatrième trimestre. Sur cette période, Telegram a donné suite à 673 demandes, communiquant les adresses IP et numéros de téléphone de 1.386 utilisateurs, au troisième trimestre, ce chiffre s’élevait à 210 requêtes, de fortes augmentations comparé aux deux premiers trimestres de 2024. De janvier à mars, Telegram n’a répondu favorablement qu’à quatre demandes concernant seulement 17 utilisateurs.

Depuis le mercredi 25 décembre, un décret sur la cybersécurité, vivement critiqué, impose aux opérant d’internet de collecter des informations sur leurs utilisateurs et de les partager avec le gouvernement sur demande. Le « décret 147 » oblige les plateformes numériques et toutes les organisations, entreprises et individus étrangers, à vérifier les identités en collectant des données sensibles, numéro d’identification nationale ou de portable, nom complet et date de naissance des utilisateurs. Ces informations doivent être stockées et mises à disposition des autorités. Tout contenu jugé « illégal » doit être supprimé sous 24 heures.

Selon des militants qui défendent les libertés numériques , « Le décret 147 sera utilisé pour réprimer publiquement ceux qui ont des points de vue différents ». Les dissidents actifs sur les réseaux sociaux sont particulièrement visés. En octobre, le blogueur Duong Van Thai a été condamné à 12 ans de prison pour avoir diffusé des critiques contre le gouvernement sur sa chaîne YouTube suivie par 120 000 abonnés.

Le Vietnam est un pays où les médias sont sous contrôle étatique et les blogueurs indépendants interdits. Ce décret renforce une loi sur la cybersécurité adoptée en 2018, déjà critiquée par les défenseurs des libertés numériques, les États-Unis et l’Union européenne.

Ce décret limite également les vidéos en direct aux seuls comptes vérifiés, il pénalise les influenceurs et créateurs de contenu qui dépendent de plateformes comme TikTok pour leur revenu. Il vise également à réguler la pratique des jeux vidéo chez les mineurs, impose la limite stricte d’une heure par session et de trois heures par jour.

Le gouvernement français cherche à étendre la surveillance des activités des Français sur le web pour mieux «les comprendre ». Le SIG ( Service d’information du gouvernement ) vient de publier un appel d’offres pour renouveler le contrat d’écoute des réseaux sociaux. En 2025, cela concernera également l’analyse des recherches en ligne sur les moteurs comme Google et des signaux faibles comme les appels à manifester, à se rassembler. D’après le SIG, ce protocole permet de mieux comprendre la circulation de l’information. Seront scrutés: le nombre de vues, les commentaires, les likes, les retweets ainsi que les mentions sur un sujet particulier. En outre, les discussions publiques tenues en ligne sur Emmanuel Macron, Michel Barnier, des membres du gouvernement, des ministères ou des représentants de l’Etat (policiers, fonctionnaires, ambassadeurs, etc.) pourront être consultées.

Il s’agira de détecter les signaux faibles, de scruter Google, Youtube, Tik Tok et consorts à la recherche des tendances qui pourraient aboutir à des “évènements critiques” comme le mouvement des gilets jaunes ou les récents affrontements en Kanaky. L’IA serait notamment utilisée pour “prédire ces évènements”.

La technologie Holocam de Zeiss repose sur un film polymère fin qui peut transformer n’importe quelle surface de verre en un écran interactif. Avec plus de 92 % de transparence, ce film combine projection, détection, éclairage et filtrage. Holocam utilise l’holographie pour rediriger la lumière vers un capteur caché, éliminant ainsi le besoin d’encoches ou de modules de caméra visibles. Les débouchées sont innombrables: industrie automobile, vidéoconférences, possibilité de rendre les vitres des fenêtres opaques ou de projeter du texte et des images visibles uniquement de l’intérieur ou de l’extérieur et… caméras cachées. Zeiss ne prévoit pas de commercialiser directement des produits finis, mais agit plutôt en tant que fournisseur de systèmes pour les constructeurs.

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