Les célébrations du Newroz ont été organisées par les partisans du Parti démocratique des peuples (HDP) et leurs alliés sur la place Yenikapi d’Istanbul. Des milliers de personnes ont participé à cette célébration mais, alors que la foule quittait la place, à la fin de la célébration, la police a attaqué la foule parce que des slogans en l’honneur d’Abdullah Ocalan et de la résistance des prisonniers politiques avaient été scandés. 224 personnes environ ont été arrêtées. Newroz est un jour important pour les Kurdes du monde entier, car il signifie le début du printemps et marque le premier jour de la nouvelle année kurde. Des millions de Kurdes de Turquie célèbrent chaque année cet événement national malgré les pressions et la censure des autorités. Pendant des décennies, il a été interdit aux Kurdes de Turquie de célébrer le Newroz.

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Alors que le manque de moyens des services de secours turcs est mis en lumière par le récent tremblement de terre, manque de moyens qui a coûté la vie à des milliers de citoyen.ne.s, l’armée turque continue de mener des attaques contre les zones contrôlées par le PKK dans le sud du Kurdistan (nord de l’Irak). Et ceci alors que le commandement des forces armées du PKK, les Forces de défense du peuple (HPG) a décidé l’arrêt de toute opération offensive en raison du tremblement de terre. Rien qu’à Amêdî,  les militaires turcs ont effectués des dizaines d’attaques. La plupart des attaques étaient dirigées contre les positions de la guérilla dans la région de Çemço. Ici, ainsi que dans le massif de Girê Cûdî, le HPG a enregistré au moins 38 bombardements d’artillerie et de chars, et la zone a également été bombardée quatre fois par des hélicoptères de combat. Dans les environs du village voisin de Sîda, l’armée turque a mené des attaques à l’arme lourde. En outre, la zone a été attaquée avec des bombes non conventionnelles. Si elle s’est interdite des opérations offensives, la guérilla n’a pas renoncé à se défendre, et c’est ainsi que deux soldats turcs ont été tués, et un troisième a été blessé, par les tirs des snipers du HPG.

Sniper des HPG

En Turquie, les réseaux sociaux turcs sont inondés de messages de personnes qui se plaignent d’un manque d’efforts de secours et de recherches des victimes dans leurs zones, en particulier dans la région d’Hatay. Les critiques portent aussi sur le fait que ce sont les bâtiments construits, sur cette zone sismique, ces dernières années (et notamment les lotissements de l’autorité nationale de construction, la TOKI), étaient d’une qualité si médiocre qu’ils se sont effondrés comme des châteaux de cartes. La police turque a arrêté une douzaine de personnes depuis le tremblement de terre de lundi pour des publications, sur les réseaux sociaux, critiquant la manière dont le gouvernement a géré la catastrophe. Twitter était inaccessible mercredi et l’organisme de surveillance de la gouvernance de l’internet netblocks.org a souligné que l’accès à ce réseau social était restreint « via plusieurs fournisseurs d’accès Internet en Turquie ». L’état d’urgence a été proclamé dans 10 provinces.

Par ailleurs, les détenus de la prison de Hatay ont déclenché une émeute mercredi soir. Trois prisonniers sont morts et que 12 prisonniers ont été blessés dans la répression (photo). Des vidéos circulant sur les médias sociaux ont montré la brutalité dont les prisonniers ont été victimes et on entend un soldat dire « arrêtez de frapper, il y a des caméras. »

 

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L’État turc poursuit sa politique de changement démographique en Syrie, notamment dans les régions kurdes. L’État turc a déporté 100 réfugiés syriens vers leurs régions occupées dans le nord de la Syrie, pour les installer dans des maisons construites avec le financement de groupes des Frères musulmans du Golfe et d’Europe. L’État turc a apporté ces réfugiés depuis la porte frontalière de Bab El Salam à Ezaz, au nord d’Alep. Les autorités turque concentrent des réfugiés syriens dans les prisons de Maraş pendant plusieurs semaines. Ensuite, ils les déportent par groupes vers les zones occupées. Des milliers de réfugiés syriens originaires de différentes régions de Syrie, comme Damas, Homs et Hama seraient rassemblés à Maraş dans ce but. La Turquie a annoncé en mai 2022 qu’elle allait réinstaller un million de Syriens dans les régions qu’elle occupe.

Huit militants kurdes ont été arrêtés lors de perquisitions à leur domicile ce matin à Marseille et Marignane. Les charges seraient liées aux manifestations du 23 et 24 décembre consécutives à l’attaque du 23 décembre à Paris qui a causé la mort de trois personnes (et en blessant trois autres) près d’un centre culturel kurde. Un rassemblement spontané et donc non-déclaré avait été organisé à Marseille. Des heurts avaient eu lieu entre les forces de l’ordre et les manifestants devant la préfecture, place Félix-Baret. Quelques projectiles avaient été lancés sur les policiers et quatre personnes avaient immédiatement été interpellées. Les huit personnes arrêtées ce matin sont toujours en garde à vue ce soir. Un rassemblement a été organisé devant le commissariat cet après-midi (photo).

La commission constitutionnelle et judiciaire du Parlement turc a reçu des motions présidentielles visant à lever l’immunité de plusieurs députés. Les demandes de déchéance du mandat de député concernent 18 parlementaires: 16 du Parti démocratique des Peuple, le HDP, un CHP (kémaliste) et un DBP (parti frère du HDP). Les demandes sont toutes basées sur des propos tenus par les députés dans le cadre de leurs fonctions, interprétés comme un soutien au PKK. Par ailleurs, une procédure de fermeture du HDP est en cours devant la Cour constitutionnelle turque. Une décision est attendue avant les élections parlementaires et présidentielles qui se tiendront au mois de mai. La levée de l’immunité parlementaire et l’emprisonnement des députés de l’opposition est l’un des moyens les plus utilisés par l’État turc ces dernières années pour éliminer toute dissidence politique. Fin novembre, plus de 2 000 demandes de destitution étaient pendantes devant l’Assemblée nationale turque. Au moins 1.500 visaient des députés du HDP et du DBP.

Avec Servet Turgut, 55 ans, Osman Şiban a été détenu le 11 septembre 2020 près du district de Çatak par des soldats turcs. Après de graves tortures, ils ont été poussés hors d’un hélicoptère militaire en vol. Après cette épreuve, Osman Şiban et Servet Turgut ont été conduits dans différents hôpitaux. Les militaires ont déclaré au personnel médical que les deux hommes étaient des terroristes et qu’ils avaient été blessés lorsqu’ils ont tenté de s’échapper d’un hélicoptère. Şiban a survécu à cette épreuve tandis que Servet Turgut est mort après vingt jours de coma.

Le procès intenté à Osman Şiban s’est tenu jeudi au 2e tribunal pénal supérieur de Mersin. Şiban est accusé d' »appartenance à une organisation terroriste », ce qui est passible de 15 ans de prison. Deux témoins étaient connectés à la salle d’audience via le système sonore et vidéo. Le procureur accuse Osman Şiban d’être membre du PKK parce que trois bidons de carburant qui auraient été découverts en terrain proche de la maison qu’il n’habite que pendant l’été. Il se base aussi sur le survol du hameau où se trouve la maison de Şiban par un drone de reconnaissance le 9 septembre 2020. L’évaluation des données du vol concluaient à des activités qui « ne s’inscrivaient pas de manière cohérente dans le flux habituel de la vie ». Enfin, l’accusation se réfère aux déclarations d’un témoin qui a déclaré que la maison d’Osman Şiban avait accueilli des membres du PKK il y a 20 ou 30 ans. Prochaine audience en avril.

 

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Des cocktails Molotov ont été lancés sur le consulat général de Turquie à Marseille la semaine passée, dans la nuit de jeudi à vendredi. Survenue aux alentours de deux heures du matin, l’attaque, menée par quatre personnes, est signalée à la police par des témoins, alertés par le bruit du verre brisé et les flammes s’élevant des murs de l’édifice, situé dans le 8e arrondissement. Ainsi alertés, deux agents de la BAC de la division sud de Marseille abordent deux personnes et entreprennent alors leur interpellation. Les deux hommes résistent, l’un d’eux parvient à s’échapper. Il rejoindra deux autres personnes et ce petit groupe fera l’objet d’une nouvelle intervention de la BAC qui ne parvient à arrêter qu’une de ces trois personnes. Les deux personnes interpellées sont des Kurdes inconnus de la police. Une enquête a été ouverte.

Ahmet Şoreş (Zeki Gürbüz), l’un des principaux responsables du MLKP a été tué dans une opération des services secrets turcs au nord de la ville de Hasakah. Un jeune commandant de la guérilla, Fırat Neval (Özgür Namoğlu), a également été tué dans cette opération. Cette double exécution extra-judiciaire a été revendiquée par l’Organisation nationale du renseignement, le MIT. Le MIT accusait Zeki Gürbüz d’avoir notamment planifié plusieurs opérations de guérilla dont l’attaque contre un véhicule transportant du personnel pénitentiaire à Bursa le 20 avril 2022 (un gardien de prison avait été tué) ou une attaque au missile contre les forces de sécurité à la frontière le 16 août 2022. Zeki Gürbüz avait été arrêté en Grèce en février 2013. Après avoir rejeté la demande d’extradition turque, la Grèce l’avait libéré en avril 2013. Plus tard, Zeki Gürbüz avait quitté la Grèce pour l’Irak, puis pour le Rojava. Zeki Gürbüz est le deuxième commandant militaire du MLKP a avoir été assassiné par une opération du MIT. En mars 2019, Baran Serhat (Bayram Namaz) avait été tué par une bombe placée dans sa voiture.