La troisième édition de la « Semaine Culturelle du Kurdistan », un événement qui devait se tenir du 22 au 25 septembre place d’Espagne à Bruxelles a été interdit par le Collège communal de la Ville. L' »Institut Kurde », qui rassemble plusieurs associations kurdes en Belgique, a décidé d’introduire un recours au Conseil d’Etat contre cette décision. « Nous avions introduit auprès de l’administration communale une demande officielle le 13 juin 2016, pour pouvoir occuper la place d’Espagne », a expliqué l’Institut Kurde. « Malgré un accord de principe et des avis favorables de tous les départements concernés, y compris la police, nous avons reçu une déclaration ce mercredi 14 septembre, mentionnant que toutes nos activités à la place d’Espagne sont interdites. Curieusement, aucune justification quand à cette désapprobation inattendue et tardive ne figure dans cette lettre officielle ». A la précédente édition, notre Secours rouge avait tenu un stand dans le cadre de la campagne de soutien au Bataillon international luttant au Rojava.

A une précédente édition de la semaine culturelle kurde

Un rassemblement de solidarité aura lieu ce lundi 19 septembre dés 9h30 devant le Palais de Justice (Place Poelaert) contre le procès qui se prépare contre des dizaines de militants kurdes en Belgique sur base d’accusations de l’état turc.

Rassemblement contre la criminalisation du mouvement kurde ce 19/9

La date et l’heure ne sont pas connues, mais Mehmet Öcalan pourra rendre visite à son frère Abdullah Öcalan durant la semaine de Bayram qui commence lundi. Les informations concernant les conditions de vie d’Abdullah Öcalan sont de plus en plus parcellaires : sa famille n’a pas pu lui rendre visite depuis deux ans, ses avocats ne sont plus autorisés à le visiter depuis la fin du cessez-le-feu à l’été 2015. Seuls les membres d’une ONG ont pu se rendre en avril dernier sur l’île-prison près d’Istanbul, là où il est maintenu dans l’isolement. Une cinquantaine de personnes ont d’ailleurs entamé une grève de la faim la semaine dernière pour exiger plus d’informations sur ses conditions de vie.

11.285 instituteurs ont été suspendus de leurs fonctions après avoir été accusés de lien avec le PKK. Cette purge fait suite à l’annonce par le Premier Ministre turc que 14.000 instituteurs étaient accusés de liens avec le PKK. La manoeuvre a aussitôt été pointée du doigt pour une tentative évidente de remplacement des profs kurdes par des profs turkophones. Ces 11.285 nouveaux purgés s’ajoutent aux plus de 100.000 personnes démises de leurs fonctions ou arrêtées suite à la « tentative de coup d’état ».

Une estimation de l'étendue des purges (20 juillet 2016)

Les combats se poursuivent au Kurdistan Nord entre les forces turques et les guérillas du PKK. Un total de 22 soldats turcs ont été tués dans plusieurs affrontements. Samedi 3 septembre, trois soldats turcs ont été tués dans la province de Hakkari, au sud-est. La veille, huit militaires turcs et treize combattants kurdes avaient été tués dans la province orientale de Van, à la frontière avec l’Iran. Dans une autre opération, vendredi, deux soldats et un « gardien de village » (une milice anti-guérilla) ont été tués à Mardin. Trois autres gardiens ont également été blessés.

En représailles, l’aviation turque a bombardé dix objectifs présentés comme des positions du PKK dans l’est du pays. Les avions turcs auraient frappés quatre positions du PKK près de Cukurca, dans la province de Hakkari, près de la frontière irakienne. Six autres objectifs ont été bombardées dans la région du Mont Tendurek, entre les provinces de Agri et Van.

Un militaire turc blessé dans les affrontements de samedi

Les soldats turcs se sont attaqués aux manifestants qui s’étaient rassemblés du côté Rojava de la frontière pour protester contre le mur que la Turquie construit actuellement. Les soldats ont fait usage de gaz lacrymogènes et de balles réelles. Au moins une quarantaine de civils kurdes ont été blessés et au moins un manifestant de 17 ans est décédé d’une blessure par balle infligée par un soldat. Un second manifestant a très probablement été abattu même si la nouvelle n’a pas encore été confirmée. Les manifestants ne se laissent pas faire et lancent des pierres sur les forces turques qui approchent, les affrontements se poursuivent.

La Turquie attaque les manifestants à Kobané

De hauts cadres militaires turcs ont annoncé que les combattants étrangers qui luttent aux côtés des YPG seraient combattus comme des « terroristes » et que ce qui pourrait leur arriver serait la responsabilité des gouvernements qui les auraient laissé passer en Syrie. Cette déclaration se fait alors que l’armée turque est rentrée en Syrie et qu’une nouvelle brigade (intégrée à l’IFB), la « Bob Crow Brigade » fait la une des journaux au Royaume-Uni en envoyant des messages à Owen Smith (un candidat à la tête du parti travailliste qui propose de « négocier » avec Daesh), lui disant « Tu veux parler à IS ? Dis ça aux martyrs de Manbij ».

Yasin Aktay (un porte-parole d’AKP) a lui déclaré « Il est difficile de comprendre ce qui pourrait les motiver. Ils sont dans l’illusion qu’ils vont aider à créer un petit état kurde séculaire pro-occidental au cœur des terres islamiques. Ces personnes sont soit motivées par la mentalité croisée, soit ce sont des agents secrets occidentaux qui veulent faire progresser le projet du PYD/YPG. Tous ces discours à propos de combattre Daesh ne font aucun sens« . Si le PYD n’est pas inscrit sur les listes antiterroristes européennes, certains pays -comme l’Espagne- ont choisi de considérer que le PYD était la même organisation que le PKK.

Hier, une série de mouvements kurdes ont annoncé que 50 de leurs membres se mettaient en grève de la faim pour une durée indéterminée jusqu’à ce que l’état turc autorise la tenue d’une réunion avec Abdullah Öcalan, le leader emprisonné du PKK qui n’a pas été vu depuis de longs mois. Les mouvements (DTK, DBP, KJA, HDK et HDP) se sont réunis au local d’une organisation parapluie kurde, le DTK (Congrès pour une Société Démocratique) à Amed/Diyarbakir, la « capitale » du Kurdistan turc. Peu après l’annonce, une vingtaine de policiers turcs ont perquisitionné le local, saisissant une banderole réclamant la libération d’Öcalan au balcon, et fouillant chaque pièce une par une. Les policiers ont finalement quitté les lieux vers 00h30.

Annonce de la grève de la faim pour Öcalan

Le Conseil Militaire de Jarabulus (= les forces locales affiliées aux QSD) a signé un cessez-le-feu avec la Turquie et ses alliés lors de négociations tenues par la coalition internationale, le cessez-le-feu a pris effet à minuit. Le Conseil Militaire de Jarabulus est retranché derrière la rivière al-Sajur. Il a annoncé qu’il se retirait là pour protéger les populations civiles puisque la Turquie réplique en bombardant celles-ci. Le Conseil a également indiqué que le cessez-le-feu ne signifie pas que l’occupation est acceptée.

Mise à jour à 14h30: Un Ministre turc a nié l’information selon laquelle un cessez-le-feu aurait été négocié « Il est impossible pour Ankara de négocier un cessez-le-feu avec une organisation terroriste« .

Une vidéo montrant un char turc se prenant une roquette le 27 août:

Le Conseil Militaire de Jarabulus