Un groupe d’une quarantaine de jeunes manifestants kurdes en provenance de plusieurs pays européens, Suisse et Allemagne, a tenté de s’introduire au siège du Conseil de l’Europe à Strasbourg vendredi midi. Ils n’ont pas eu le droit de rentrer dans le bâtiment du Conseil de l’Europe. Certains ont donc forcé le portail. Il y a eu confrontation avec les agents de sécurité. Des manifestants se sont emparés d’une statue en bronze avec laquelle ils ont endommagé plusieurs portes et détruit une vitre sur l’Agora, le bâtiment qui abrite les services administratifs de l’institution européenne. Des manifestants, qui criaient des slogans appelant à la libération d’Abdullah Öcalan, ont formé une chaîne humaine à l’extérieur du bâtiment. La police est intervenue en nombre et a délogé les manifestants. Un homme âgé de 20 ans a été interpellé et placé en garde à vue pour les dégradations commises en réunion.

La venue mardi à Strasbourg du Premier ministre turc, qui doit s’exprimer devant l’assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, est l’occasion de nombreuses mobilisations de la communauté kurde.

Incidents vendredi au Conseil de l’Europe à Strasbourg

Incidents vendredi au Conseil de l'Europe à Strasbourg

Un commando appartenant probablement au PKK a lancé une attaque dévastatrice à la voiture piégée contre le poste de la gendarmerie du district de Hani dans la province de Diyarbakir. Sept militaires auraient été tués et 39 autres blessés, ainsi que 8 civils. Une vingtaine d’ambulances ont été dépêchées sur les lieux. L’explosion était si puissante que les vitres des habitations avoisinantes ont volé en éclat. Cette déflagration a également secoué des bâtiments. Par ailleurs, les forces de sécurité affirment avoir neutralisés 13 membres du PKK dans la commune de Yuksekova (Hakkari).

La police anti-émeute allemande a utilisé samedi dans plusieurs villes du spray au poivre et des coups de matraque en intervenant dans des affrontements violents opposant des manifestants turcs partisan d’Erdogan à des contre-manifestants (Kurdes, allemands et turcs de la gauche révolutionnaires). Les partisans d’Erdogan avaient organisés des manifestations à Cologne, Nuremberg, Francfort, Stuttgart, Hambourg et dans plusieurs autres villes allemandes mineures sous la bannière de l’AYTK (Comité Européen des Nouveaux Turcs). Les militants brandissaient des drapeaux turcs et criaient « Allah Akbar » ou faisaient le signe de reconnaissance de l’organisation fasciste « loups gris ». Des contre-manifestations ont débouché sur des affrontements. La police de Cologne a procédé à 24 arrestations (dans les deux camps) et signale 5 policiers blessés par des jets de pétards et de bouteilles. A Stuttgart, douze policiers ont été déclarés blessés par des jets de pierres.

Contre-manifestants à Cologne


Contre-manifestants à Cologne

Les islamistes du Front Al Nusra et leurs alliés ont bombardé ce mardi Sheik Maqsoud, quartier d’Alep contrôlé par les YPG depuis qu’ils l’ont arraché au régime en 2012. Ce mardi 5 avril, au moins 14 personnes ont été tuées et 50 autres blessées. D’autres bombardements avaient eu lieu lundi, tuant 8 personnes et en blessant 20 autres.

Les YPG ont riposté en prenant pour cible la route Castello qui approvisionne l’ASL au nord de Sheikh Maqsoud.

Syrie/Rojava: Al Nusra bombarde les YPG à Sheikh Maqsoud

Les YPG et leurs alliés des QSD progressent au sud de la province de Ciziré (à l’est du Rojava). Au niveau de la gare ferroviaire de Ruwayshd, elles ne sont qu’à 45km de Deir Ezzor, alors qu’à Ayn-Issa elles sont à 48km de Raqqah.

En Europe, les YPG ont annoncé ouvrir une représentation diplomatique en République tchèque en ouvrant un nouveau site internet « YPG Europe« . Une autre représentation devrait ouvrir dans les prochains jours à Paris, le gouvernement français à d’ores et déjà annoncé qu’il ne reconnaitrait pas la représentation comme telle.

Carte de Ciziré au 31 mars 2016

Carte de Ciziré au 31 mars 2016

Sept policiers ont été tués et 27 personnes blessées (dont 13 policiers) dans une attaque à la voiture piégée ce jeudi à Diyarbakir, la principale ville du Kurdistan. L’explosion, télécommandée, s’est produite près de la principale gare routière de la ville au passage d’un car de police, elle survient à la veille d’une visite du Premier ministre Ahmet Davutoglu dans la ville. De nombreuses ambulances ont été dépêchées sur les lieux.

Le théâtre de l’attaque de ce jeudi

Le théâtre de l'attaque de ce jeudi

Pour la première fois, les forces de Daech on visé spécifiquement des combattants internationalistes au Rojava. La guérilla du TKP/ML, la TiKKO, active en Turquie contre l’armée, les institutions étatiques et les organisations islamistes, ont fourni au Rojava un important détachement de combattants. Une moto piégée a explosé le 25 mars, en début d’après-midi, à l’entrée du camp du TKP/ML TİKKO de la région de Serêkaniyê. Dans cette attaque 2 combattants maoïstes ont été légèrement blessés. L’explosion a provoqué des dommages matériels dans le camp, deux suspects ont été arrêtés par les asayiş (la police des cantons du Rojava).

Combattants de la TIKKO

Le district de Sur, au centre de Dyarbakir (Amed), a été un des secteurs où l’insurrection urbaine des Kurdes a été la plus forte. Le district était resté longtemps inaccessible aux forces de sécurité, protégés par des milices populaires ayant érigé des barricades et creusé des tranchées. Les forces de sécurité ont appliqué un couvre-feu meurtrier, les sniper de l’armée abattant toute personne se risquant dans la rue, avant de prendre le quartier d’assaut rue par rue. De nombreuses maisons ont été démolies. Les habitants kurdes ont été déplacés de force et leurs maisons ont été pillées pendant le couvre-feu. Les camions de la municipalité et de la Direction de l’administration générale d’assainissement (diski) ont jeté les débris, y compris des parties de corps humains, dans la rivière Tigris pendant plusieurs semaines.

Sur demande du ministère de l’Environnement et de l’urbanisation, une décision prise par le cabinet du premier ministre turc a exigé l’expropriation « urgente » des districts de Sur et de Silopi. Après cette décision publiée au Journal officiel, les forces de l’Etat ont commencé à déterminer les maisons à démolir dans le district.

Le district de Sur après sa reconquête par les forces de sécurité

Le district de Sur après sa reconquête par les forces de sécurité

Les YBŞ (Unités de Résistance du Shengal, milices yézidies proches des YPG) progressent vers Mossoul, toujours détenues par l’État Islamique. Elles ont lancé le 20 mars la « Campagne de Mossoul » destinée à nettoyer les abords de la ville des gangs islamistes. Les 1.600 combattants YBŞ sont appuyés par les HPG et les YJA-Star, les guérillas du PKK. Les YBŞ luttent comme les YPG et HPG pour la libération du Kurdistan mais également pour libérer les milliers de Yezidis kidnappés et réduits en esclavage par les islamistes.

Un guerillero YBŞ

Un guerillero YBŞ

La police turque a tiré hier dimanche du gaz et des balles en caoutchouc pour disperser des centaines de personnes qui fréquentaient les célébrations du Nouvel An kurde à Istanbul en dépit de l’interdiction des rassemblements. Des dizaines de personnes ont été arrêtées lors des affrontements dans le quartier de Bakirkoy à la veille du Newroz. Des affrontements se sont poursuivis dans la nuits entre policiers et groupes de jeunes manifestants armés de cocktails Molotov. Le Newroz est culturellement et socialement le jour le plus important pour les Kurdes. Plusieurs villes turques, dont Istanbul, avaient interdit les rassemblements le week-end, invoquant des raisons de sécurité.

Répression la veille du Newroz à Istanbul

Répression la veille du Newroz à Istanbul