Cinq policiers des forces spéciales turques ont été tués par l’explosion d’un IED au passage de leur transport blindé, sur la route de l’aéroport de Bingol (Kurdistan). Entre vendredi et dimanche, 12 soldats turcs avaient été tués dans des combats avec le PKK dans la province de Hakkari (sud-est) et à Ordu, une ville au bord de la mer Noire (nord-est). Vendredi, des combattants du PKK avaient ouvert le feu sur un groupe de soldats qui procédaient à un ratissage. L’attaque avait fait cinq morts et huit blessés, avant que des renforts sécuritaires, terrestres et aériens, ne soient dépêchés sur place. Trois des huit blessés sont décédés le lendemain. Dans les affrontements qui ont suivi, 19 autres soldats ont été blessés, tandis que l’armée revendique la mort de huit guérilleros kurde dans le secteur.

L’attaque survenue dimanche à Ordu, une région où le PKK est peu présent, a causé la mort de trois soldats et en a blessé deux autres. Elle a été revendiquée par le HBDH, qui regroupe des combattants de dix organisations (dont le TKP/ML, le PKK et le MLKP). Il est possible qu’il s’agisse de l’unité de guérilla qui a déjà frappé les forces de la police le 19 juillet (voir notre article). Une vaste opération de ratissage a été menée par les forces spéciales non loin de Mesudiye, où l’accrochage avec l’armée avait eu lieu.

La carcasse du blindé de la police à Bingol

Eylem Atas à été tuée le 27 juin dernier sur le front de Manbij , elle avait 23 ans et était membres des BÖG, l’une des composantes du Bataillon International de Libération. Eylem était d’origine turque, elle militait depuis des années à Cukurova, Istanbul et Ankara où la police lui avait fait perdre l’usage d’un oeil. Elle à milité pour les droits des Femmes, pour les droits des personnes LGBT, elle a manifesté dans la ville de Cizré rasée par l’armée turque. Son corps est à présent coincé à la frontière (probablement à Kobané), puisque la préfecture de Suruc refuse de la laisser entrer pour qu’elle puisse être enterrée à Cukurova.

Eylam Atas

Au moins 44 personnes ont été tuées et 140 blessées hier mercredi dans deux explosions provoquées par un attentat dans la ville de Qamichli, au Rojava. Il s’agit du plus gros attentat jamais perpétré dans la ville de Qamichli. Il a fait état de dégâts très importants et de corps ensevelis sous les décombres. L’attentat a été mené par un kamikaze qui s’est fait exploser à bord d’un gros camion près d’un point de contrôle proche des administrations de la zone autonome kurde dans la ville, dont l’organisme chargé des affaires de Défense. Cette explosion a provoqué celle d’une citerne de gaz. Les hôpitaux débordés par le grand nombre de victimes. Les forces du régime syrien contrôlent l’aéroport et certains quartiers de Qamichli. Le reste de la province fait partie de la zone autonome kurde et est défendue par les YPG et son équivalent féminin, les YPJ.

Le théâtre de l'attentat à Qamichli

Le Daesh ayant refusé l’offre qui lui était faite d’évacuer la ville de Manbij, les combats ont repris dans la ville. Après avoir pris les silos situés au sud de Manbij, les QSD, surplombent désormais la moitié de la ville, en contrôle les principaux axes de ravitaillement, et gagnent petit à petit dans la ville et alentours les positions stratégiques qui réduisent les capacités de manœuvres des combattants du Daesh. Les affrontements se concentrent dans le quartier de Binawi, à l’intérieur de Manbij, et à la périphérie sud-ouest de la ville. C’est une lutte difficile et meurtrière. La tactique des jihadistes consiste à harceler les assaillants avec des snipers, à utiliser les civils comme boucliers humains, à piéger le terrain avec des mines et des IED, et à lancer de brèves contre-attaques au moyen de kamikazes conduisant des voitures bourrées d’explosifs.

Le Daesh est affaibli par les frappes aériennes des puissances impérialistes occidentales dont l’intensité s’explique par le fait que, parmi les quelques 2.000 jihadistes retranchés à Manbij, on compte un important contingent européen, dont de nombreux Français. Ces frappes ont fait de nombreuses victimes civiles à Manbij et dans quelques localités voisines, comme les villages d’al-Nawajah, et de Toukhan al-Koubra, où l’aviation française aurait tué 120 civils dans des raids de représailles après l’attentat de Nice.

Au Rojava, l’Assemblée générale du canton de Cizire avait voté une loi rendant obligatoire un service militaire de courtes périodes régulières pour les habitants âgés de 21 à 30 ans. L’assemblée vient de modifier cette loi en reconnaissant aux habitants du cantons le droit à l’objection de conscience.

Combattants du QSD au nord de Manbij

Difficile de suivre l’immense vague répressive qui secoue toute l’opposition turque depuis la tentative de coup d’état qui a eu lieu il y a quelques jours. L’AKP qui prétendait au départ viser des putschistes gülenistes a licencié des dizaines de milliers de personnes dans tous les secteurs (armée, fonctionnaires, secteur privé, éducation), emprisonné, exécuté sommairement (certains soldats ont été décapités en pleine rue) et torturé des centaines d’autres. Les militants galvanisés d’AKP attaquent des quartiers kurdes et alévis qui ne se laissent pas faire. Dans certains cas, les villageois qui se défendaient ont simplement été qualifiés de « putschistes » et emprisonnés.

A présent, l’état turc veut empêcher les putschistes « cachés » dans les milieux universitaires de s’échapper. Le haut conseil de l’éducation a donc interdit aux enseignants de quitter le pays et a demandé à ceux qui se trouvent à l’étranger de revenir au plus vite. Selon la police (pro-erdogan), certains profs seraient selon l’AKP, en contact avec des cellules putschistes endormies. Les purges dans l’enseignement ont déjà eu lieu: la totalité des 1.577 doyens ont été suspendus, les licences de 21.000 enseignants privés ont été révoquées. Les purges sont tellement massives qu’il est difficile de donner des chiffres précis, mais au moins 70.000 personnes ont été relevées de leur fonction en à peine quatre jours. La répression pourrait encore s’intensifier puisque l’état turc souhaite rétablir la peine de mort contre les « putschistes ».

Ce mercredi, l’armée de l’air turque a également repris ses bombardements contre les bases du PKK dans le nord de l’Irak.

Communique du Bataillon international sur l’attentat de Nice du 14 juillet 2016

Le sang a à nouveau coulé. Une fois de plus, les bandes fanatiques de Daesh ont frappé et pris pour cibles, comme à leur habitude, des civils désarmés, femmes, hommes, enfants, sans distinction d’âge. A l’heure qu’il est, le nombre de victimes ne nous est pas connu avec précision. Mais là n’est pas l’essentiel. L’essentiel, c’est que le gouvernement a failli à déjouer cet attentat, malgré son arsenal de lois liberticides.

Ceci est un appel aux militants de gauche, à ceux qui refusent de s’en remettre a l’Etat français pour combattre Daesh. Nous invitons ceux qui le peuvent a nous rejoindre, ici, au Rojava, pour porter le coup de grâce au Califat autoproclamé. Car l’attentat de Nice ne doit pas nous tromper. Si les bandes de Daesh peuvent encore tuer des civils, elles reculent sur tous les fronts lorsqu’il s’agit d’affronter des soldats en armes. Elles ont perdu Sheddadi, elles sont en train de perdre Manbij, nous sommes a cinquante kilomètres de Raqqa: l’Etat islamique est vaincu!

Mais il n’est pas nécessaire de venir jusqu’ici et de porter les armes. Vous pouvez, en France, combattre Daesh et leur idéologie mortifère. Il s’agit aussi de refuser de se ranger derrière un gouvernement en sursis qui va avoir beau jeu, une fois encore, de jouer la carte de l’unité nationale à son compte. Il n’est pas question d’unité nationale derrière les Hollande, Sarkozy, Le Pen ou Gattaz! Le temps n’est pas au recueillement ou a l’unité nationale, il est à l’action.

Nous adressons enfin un message aux combattants de Daesh. Ceux-ci doivent savoir que le temps de la passivité est révolu. Nous, combattants du Bataillon International, jurons de venger l’ignoble attentat de Nice. Nous vous rendrons coup pour coup. Ou que vous alliez, ou que vous vous terriez, nous vous traquerons, nous vous trouverons et nous vous tuerons, sans répit et jusqu’à la victoire!

An serkeftin, an serkeftin ! Vive la solidarité internationaliste !

Pour participer à la campagne de financement de pansements au Bataillon: rojava.xyz

Six membres des forces armées turques ont été tués aujourd’hui dimanche dans deux attaques menées par les combattants du PKK. Quatre soldats ont été tués dans l’explosion d’un IED au bord de la route et activé par les guérilleos au passage du véhicule dans lequel ils circulaient entre Semdinli et Aktutun dans la province de Hakkari, le long de la frontière irakienne. Un soldat a également été blessé dans cette attaque qui s’est produite à 12h05.

L’explosion d’une voiture piégée a tué un militaire et un paramilitaire anti-guérilla, et fait dix blessés dans les rangs de l’armée, aux abords d’un poste militaire du district d’Ercis, dans la province de Van. Ces attaques interviennent après l’annonce de la mort de Fehman Huseyin (accusé par la Turquie d’être le chef des TAK), un important chef militaire du PKK, qui aurait été victime d’une attaque à la bombe contre la voiture dans laquelle il circulait dans le nord-est de la Syrie vendredi. Le PKK a depuis nié ce décès.

Le lieu de l'embuscade sur la route Semdinli-Aktutun

La ville de Manbij, dont la libération a commencé le 30 mai dernier, est toujours le théâtre d’affrontements entre les QSD (représentés sur place par le ‘Conseil Militaire de Manbij’) et Daesh. Les combats sont difficiles et ont lieu dans le centre-ville. L’issue de la bataille ne fait aucun doute, mais l’Etat Islamique inflige de lourdes pertes aux combattants QSD, de très nombreux combattants ont probablement été tués depuis le début de l’opération il y a 6 semaines sans que l’on ait de chiffres exacts. La ville est totalement encerclée par les QSD, et un autre front est ouvert à l’ouest.

Les Forces Démocratiques Syriennes ont déployés des unités de snipers dans le centre-ville:

Les QSD arrachent le centre-ville de Manbij à Daesh.

Deux militaires turcs et un civil ont été tués, dans l’attaque par la guérilla kurde d’un poste de gendarmerie de Cevizlik, village de la province de Mardin proche de la frontière syrienne. Les combattants du PKK ont d’abord fait exploser une voiture piégée, avant de mitrailler le poste. L’attaque a également blessé 12 militaires, dont un est dans un état critique. Hier, l’armée turque aurait tué 19 combattants kurdes à Semdinli, dans la province de Hakkari et deux autres à Baskale, dans celle de Van.

L'attaque du poste de gendarmerie de Cevizlik

Une délégation internationale comprenant des membres du Secours Rouge International s’est récemment rendue au Rojava et a pu remettre en main propre un premier lot de pansements hémostatiques Celox, ainsi que du matériel médical et informatique au service médical du Bataillon international. D’autres livraisons suivront. A l’heure actuelle, près de 8.000€ ont été récoltés par les organisations participantes dont 2.600€ ont déjà été convertis en pansements et 1.000€ donnés en cash au Bataillon International de Libération.

Le soutien au Rojava est actuellement difficile. Certains présentent les Forces Démocratiques Syriennes (QSD) comme une marionnette américaine, mais il n’en est rien: le « soutien » américain se limite aux frappes contre l’État islamique. De soutien politique il n’y en a pas, il n’y en aura jamais, le projet du Rojava est un projet révolutionnaire et anticapitaliste. Les représentants du Rojava ne sont considérés comme des « alliés » qu’à l’intérieur des frontières syriennes, face à Daesh. Les représentants du PYD se voient refuser l’accès aux Etats-Unis, les internationalistes qui ont combattu aux côtés des YPG/YPJ sont inquiétés en Europe alors que les combattants sont emprisonnés et parfois torturés par le régime de Barzani au Kurdistan irakien et en Turquie. Les Etats-Unis ont distribué armes et entraîneurs à de nombreuses officines islamistes (dont le Front al Nusra, la succursale syrienne d’Al Qaeda…).

Alors que les QSD sont en train de devenir la première force politico-militaire en Syrie et la seule qui résiste efficacement à l’Etat Islamique, la totalité des autres forces voisines s’accordent à l’étouffer dans l’embargo. Au nord, la Turquie impose un blocus féroce, tout en assassinant des centaines de civils dans les villes kurdes de Turquie; à l’est le Kurdistan irakien, dirigé par des forces féodales liées à l’impérialisme, mène aussi un embargo contre le Rojava, ne laissant pas même passer les convois humanitaires.

Malgré ces difficultés, notre campagne a su apporter un soutien réel à ceux qui portent un projet révolutionnaire au Rojava et dans le nord de la Syrie, à ceux qui combattent l’Etat Islamique et à ceux qui ont aujourd’hui plus que jamais besoin de notre soutien. Pour participer à cette campagne de solidarité: continuez à envoyer vos dons. Nous remercions ceux qui ont déjà fait un don.

Notre Celox au Rojava