La police turque a fait usage mardi de grenades lacrymogènes, de balles en caoutchouc et de canons à eau pour disperser dans le centre d’Istanbul une manifestation contre l’offensive anti-kurdes du gouvernement, procédant également à plus d’une dizaine d’arrestations. La manifestation avait débuté dans la célèbre rue Istiklal dans la partie européenne de la ville. La police est intervenue au milieu de cette rue lorsque les manifestants ont commencé à scander des slogans hostiles au pouvoir du président Erdogan et qu’ils ont protesté contre l’offensive qu’il a lancé contre les militants kurdes. Les manifestants tentaient de former une chaîne humaine jusqu’à la place Taksim.

La police a dirigé ses jets de canons à eau vers le milieu de l’avenue, dans cette zone commerciale très fréquentée, et a lancé des grenades lacrymogènes alors que les manifestants tentaient de se mettre à l’abri. 14 personnes auraient été arrêtées.

Affrontements rue rue Istiklal

Affrontements rue rue Istiklal

La Turquie est en train de mettre en place un système qui récompensera ceux qui dénonceront les membres des groupes révolutionnaires tels que le PKK ou le DHKP-C. La hauteur de la récompense dépend de la qualité de l’information. La dénonciation d’un membre ‘lambda’ sera récompensée 200.000 livres (€61.000), alors que la dénonciation d’un cadre ou l’empêchement d’une action sera payée 4 millions de livres (€1.23 millions). Le communiqué précise que l’informateur ne doit pas nécessairement avoir la nationalité turque pour être une balance, mais qu’il ne peut pas être lui même membre d’une organisation considérée comme terroriste par le régime.

Depuis la reprise des hostilités (la fin du mois de juillet dernier), au moins 2.500 révolutionnaires ont été emprisonnés en Turquie.

Un policier des forces spéciales turques.

Un policier des forces spéciales turques.

Dans la nuit du 25 au 26 août, une voiture garée dans le parking de l’ambassade du consulat général turc a été visée par un engin explosif. Cette attaque a été revendiquée en réponse à « l’attaque massive de l’état turc ces dernières semaines contre les forces progressistes de la région, avec le soutien des USA, de l’OTAN et du clan Barzani en Irak et en solidarité avec la lutte pour un Rojava libre et la lutte du mouvement révolutionnaire en Turquie« .

Mise à jour : Le communiqué est à présent traduit en anglais sur Indymedia Switzerland.

Consulat turc à Zürich.

Consulat turc à Zürich.

Les faits ont eu lieu aux premières heures de ce dimanche 30 août, aux alentours de 2h du matin, la police a encerclé une maison où s’étaient retranchés trois jeunes Kurdes, dans le quartier « Kobané » (à ne pas confondre avec la ville syrienne) de la ville de Silopi, province de Şırnak. Vers 6h du matin, la police est entrée pour récupérer les corps et les emmener vers le checkpoint de Habur. Deux des militants avaient 20 et 22 ans, le troisième n’a pas été identifié. Dans la journée, il a été confirmé que les trois étaient des civils et n’appartenaient pas à la guérilla.

Dans la journée de dimanche, dans le centre-ville de Silopi, un blindé de la police a été attaqué en représailles, un policier est mort et trois autres ont été blessés. Au même moment, le commissariat local était la cible d’un lance-roquette. Enfin, cette nuit, toujours à Silopi, une mère de 55 ans et sa fille de 14 ans ont été la cible d’un sniper de la police. Elles dormaient sur le toit de leur maison. La mère est décédée.

Du coté des actions de la guérilla, il est difficile de transmettre toutes les nouvelles du Nord-Kurdistan tant les actions sont nombreuses. Notamment, deux commandos HPG ont attaqué un commissariat dans la nuit du 29 au 30, à Nazımiye dans la province du Dersim. 16 policiers ont été tués et 2 guérilleros sont morts dans les combats.

La maison où se trouvaient les trois.

La maison où se trouvaient les trois.

La Cour Suprème d’Hambourg vient de condamner Mehmet Demir a trois ans de prison pour appartenance à une organisation terroriste, le PKK, et d’en avoir été un ‘cadre supérieur’. L’accusation est basée sur le fait que Mehmet a co-organisé le Newroz (« Nouvel an kurde ») ainsi qu’un évenement culturel en 2013. Le président du conseil de la cour a déclaré: « le pouvoir judiciaire doit s’accorder avec les décisions prévues par le pouvoir politique, […] le PKK est une organisation terroriste qui commet des meurtres à l’étrangers en lien avec ses objectifs« . Toutefois il a également reconnu que la répression du peuple kurde en Turquie, le soutien turc à ISIS et l’exécution à Paris par le MIT (renseignements turcs) de trois militantes Kurdes en 2013 étaient des vérités bien connues. Cette condamnation est encore une fois faite via la loi 129b, régulièrement utilisée pour condamner les mouvements révolutionnaires turcs et kurdes en Allemagne.

A Dortmund cette fois, Bedrettin Kavak, un militant kurde de 57 ans originaire de Batman qui a déjà purgé 22 années de prison en Turquie -dont plusieurs années dans la prison de Diyarbakir où la torture est régulière- a été arrêté il y a 4 jours, également accusé d’être membre du PKK. Il a de gros problèmes de santé, a fait une attaque cardiaque il y a deux ans et a besoin d’assistance médicale.

Enfin, Ahmet Çelik, ancien cadre de YEK-KOM (Fédération des associations kurdes d’Allemagne) est également détenu depuis le 16 juillet sous les mêmes accusations.

Manifestation pour Mehmet Demir.

Manifestation pour Mehmet Demir.

Après l’échec à former un nouveau gouvernement de coalition, le président turc, Erdogan, a approuvé, vendredi 28 août, la composition d’un gouvernement transitoire présenté par son premier ministre pour gérer le pays jusqu’aux élections législatives anticipées du 1er novembre. Pour la première fois de l’histoire du pays, deux membres du HDP feront partie du gouvernement. Erdogan et son gouvernement ont ouvertement accusé le HDP d’être le bras politique du PKK.

Les combats se poursuivent entre les forces de sécurité et les guérilleros du PKK. 60 policiers et militaires ont déjà été tués tandis que l’armée affirme avoir tué des centaines de membres du PKK, notamment lors des bombardements au Kurdistan syrien et irakien. Trois civils dont un garçon de sept ans ont été tués hier jeudi lors des heurts dans la ville kurde de Cizre. Trois soldats et quatre autres civils ont par ailleurs été blessés à Cizre. D’autres combats ont eu lieu, notamment dans la ville de Yüksekova. Hier également des combattantes du TIKKO ont attaqué contre une base militaire à Geyiksuyu dans la région du Dersim.

Au Kurdistan turc, 98 zones sont déclarées Zones de Sécurité Spéciale. Ces zones ciblent les zones où l’insoumission du peuple kurde est le plus notable. Dans ces zones, où la loi martiale est appliquée avec ordre de tirer à vue pour la police et l’armée, le nombre de morts civils s’agrandit chaque jour depuis l’application de cette loi.

Behrouz Alkhani, né en Salmas en 1985, avait été arrêté en janvier 2010 et maintenu à l’isolement apparemment pendant plus d’un an, sans accès à un avocat ou contact de sa famille. En 2011, il avait été condamné à mort pour «collaboration efficace avec le PJAK » et «inimitié contre Dieu » pour son rôle présumé dans l’exécution par la guérilla kurde du procureur de Khoy. Il a également été condamné à 10 ans de prison pour détention d’armes. Sa peine avait été annulée par la Cour suprême et renvoyé à une Cour d’appel de la province du Oroumieh. La cour d’appel avait à nouveau condamné Behrouz Alkhani à mort. Behrouz Alkhani, qui avait pourtant déposé un recours encore à l’examen contre cette exécution, et cinq prisonniers de droit commun ont été exécutés ce matin dans la ville d’Orumiyeh, au Kurdistan iranien. Les corps de Alkhani et cinq autres prisonniers de droit commun ont été remis à leurs familles.

Behrouz Alkhani

Behrouz Alkhani

La semaine dernière, les renseignements suédois annonçaient dans la presse que 300 personnes de nationalité suédoise combattaient en ce moment aux cotés des YPG/YPJ dans la partie syrienne du Kurdistan. Suite au débat médiatique provoqué par cette annonce, le PYD (Parti de l’Union Démocratique, duquel dépendent les YPG/YPJ) a confirmé les chiffres, annonçant que plus de 500 Européens combattaient dans les brigades internationales intégrées aux YPG/YPJ, les ‘Lions du Rojava’. Ces chiffres ne tiennent probablement pas comptent des combattants de l’IFB (Brigade Internationale de Libération) qui regroupent les militants communistes et anarchistes étrangers. Le PYD a communiqué qu’il encourageait d’abord les militants qui le contactaient à aider à la reconstruction, et qu’il ne faisait pas campagne pour recruter des combattants.

Entre 1936 et 1939, 500 militants suédois avaient rejoint les Brigades Internationales pour prêter main forte au camps révolutionnaire dans la guerre civile espagnole. 160 d’entre-eux sont morts au combat, les survivants ont été persécutés à leur retour en Suède.

Notes sur le Kurdistan

Combattants internationaux des YPG.

Combattants internationaux des YPG.

Onze douaniers et leur chauffeur ont été capturé par le PKK dans la région de Van au poste frontalier de Kapikoy, qui sépare la Turquie de l’Iran. Dans un autre incident, un soldat turc a été tué et trois autres ont été blessés dans des affrontements dans la région de Diyarbakir. Les combattants du PKK ont attaqué à la roquette et aux armes de longue portée une unité de l’armée qui gardait un barrage hydroélectrique dans le district de Kulp, près de Diyarbakir. En réponse, l’armée a mené une opération aérienne. De nombreux autres incidents armés ont été signalés.

Un tribunal turc a décidé dimanche d’incarcérer cinq maires de villes à majorité kurde du sud-est du pays, accusés d’avoir essayé de « détruire l’unité » nationale en appelant à l’autonomie de la région. Parmi les maires placés en détention provisoire en attente de leur jugement se trouvent les co-maires de Sur, un district de la ville de Diyarbakir, Seyid Narin et Fatma Sik Barut. La maire de la ville de Silvan (région de Diyarbakir), Yuksel Bodakci, est également détenue. Dans la région d’Hakkari (frontalière avec l’Irak et l’Iran), ce sont les co-maires de la ville, Dilek Hatipoglu et Nurullah Ciftci, qui ont été mis en détention. Le responsable local du HDP, Ismail Sihat Kaya, a également été arrêté à Hakkari.

Les maires détenus ont tous été élus sur les listes du Parti pour la paix et la démocratie (BDP), proche du HDP, qui a réalisé une percée historique lors des législatives du 7 juin en obtenant 13% des voix.La justice turque reproche à ces maires d’avoir essayé de « détruire l’unité de l’Etat et l’intégrité du pays ». Aucune date de procès n’a encore été annoncée. Enfin, les détenu-e-s du TKP/ML ont débuté une grève de la faim de 3 jours, dans toutes les prisons de Turquie, pour protester contre les massacres au Kurdistan turc et contre les opérations contre les groupes révolutionnaires perpétrés par l’armée et l’AKP.

Combattants du PKK

Combattants du PKK

Tandis que la guérilla continue à embraser le Kurdistan Nord, l’armée turque a lancé mercredi une intervention terrestre dans le nord de l’Irak vers un camp du PKK. Deux brigades de bérets bleus, les unités commandos de montagne de l’armée turque, tentent de prendre le contrôle du camp du PKK à Haftanin, tout proche de la frontière. Des accrochages ont immédiatement éclaté. Les hélicoptères de transport Sikorsky turcs, au nombre de huit apparemment, ont alors été contraints de suspendre leurs rotations, pendant que des hélicoptères Cobra d’attaque bombardaient la zone. Des chasseurs bombardiers, des drones et des tanks, depuis la Turquie, interviendraient en renfort de l’opération. Le but de cette intervention, la première depuis 2011, serait de rejoindre le quartier général du PKK sur le mont Kandil, mais celui-ci aurait été partiellement évacué depuis les bombardements des dernières semaines.

Commandos de montagne de l’armée turque

Commandos de montagne de l’armée turque