Le KDP (Parti Démocrate Kurde, parti libéral au pouvoir dans le Kurdistan autonome irakien) a tenté d’empêcher le passage de 11 corps à travers le checkpoint de Sêmalka, de combattants des YPG/YPJ qui sont tombés aux fronts de Kobané et de Hasaké. Les funérailles doivent avoir lieu dans la partie turque du Kurdistan, le cortège funèbre passait donc de la Syrie à l’Irak et se dirige à présent vers la frontière turco-irakienne. Finalement, devant les milliers de manifestants réunis, le KDP a autorisé le passage du cortège.

Les relations entre le KDP et les factions du PKK ne sont pas toujours bonnes. L’année dernière, le KDP avait réprimé des militants du PCDK (parti frère du PKK et du PYD en Irak) à travers des perquisitions et des arrestations. Le KDP vient également d’annoncer qu’aucune milice n’aurait le droit d’opérer dans la région du Sinjar (en Irak) si elle n’est pas sous le commandement du Ministère des Peshmergas (les Peshmergas sont l’armée officielle du Kurdistan irakien, et donc la branche armée du KDP).

L’accord fait au début de la guerre entre le KDP et le PYD prévoyait de ne pas disputer la souveraineté politique des régions conquises par les Kurdes en Syrie jusqu’à la tenue d’élections, après la guerre. Mais vu l’énorme ancrage populaire et l’implication massive de la population dans les milices YPG/YPJ, cet accord n’est dans les faits pas respecté. Les drapeaux des YPG/YPJ sont accrochés aux sommets des villages libérés plutôt que le drapeau officiel du Kurdistan. De son coté, lors des tensions qui avaient eu lien au printemps 2014, le KDP avait remplacé le drapeau kurde du checkpoint de Sêmalka par son propre drapeau, tout en creusant une nouvelle frontière entre les parties syrienne et irakienne du Kurdistan et en ouvrant le feu sur des manifestants des Jeunesses Révolutionnaires.

La frontière entre le Rojava et le KRG, délimitée par le Tigre.

La frontière entre le Rojava et le KRG, délimitée par le Tigre.

Ce matin à 8 heures, un détachement militaire qui avait pris part à une opération de ratissage dans les forêts de la zone frontalière d’Erzurum, a ouvert le feu sur un minibus civil, tuant un villageois et en blessant gravement deux autres. L’incident s’est passé dans le village de Gundik (Koyunlu) du district de Göle, dans la province d’Ardahan. Après le tir, les militaires se sont approchés du minibus, mais ont quitté les lieux peu de temps après, sans fournir assistance aux villageois qu’ils avaient blessés.

L’arrivée des blessés à l’hôpital

L'arrivée des blessés à l'hôpital

Dans le district de TepêSirya Eruh (province de Siirt), les forces de sécurité ont accéléré les travaux pour la construction de nouvelles routes stratégiques et de nouveaux points de contrôle. Les Forces de Défense populaire du PKK ont mené une action d’avertissement en mettant le feu à quatre camions de l’armée turque transportant des matériaux de construction vers ce chantier. L’armée turque a lancé une vaste opération dans la province avec de nombreux véhicules blindés soutenus par des hélicoptères de type Cobra.

Hélicoptère Cobra de l’armée turque

Hélicoptère Cobra de l'armée turque

Le juge de l’Audienca Nacional, a mis en liberté provisoire les deux Espagnols membres de « Recontruction Communiste » et accusés d’avoir combattu l’Etat islamique pendant six mois au Rojava dans les rangs du bataillon international des YPG. Ils restent inculpés de terrorisme. Le juge a imposé des pointages de contrôle hebdomadaires, le retrait du passeport et l’interdiction de quitter le territoire. Les deux militants auraient reconnus avoir combattu dans les rang des YPG.

Deux Espagnols accusés d’avoir combattu aux cotés des YPG

Deux Espagnols accusés d'avoir combattu aux cotés des YPG

Ce lundi matin, les forces de police espagnoles ont arrêté à Madrid deux militants communistes qui auraient combattu l’Etat islamique au Rojava dans les rangs de la Brigade Internationale (International Freedom Battalion). Leurs domiciles ont été perquisitionnés par les enquêteurs de la Brigade provinciale de renseignement de la direction de la police madrilène. Il s’agirait de deux militants du Partido Marxista-Leninista (Reconstrucción Comunista) qui seraient (selon l’accusation policière) apparu dans la vidéo ci-dessous. Selon la police, les deux militants sont revenus de Syrie via la Turquie et l’Allemagne. Ils sont accusés d’avoir participé à un conflit armé hors de l’Espagne sans l’autorisation de l’Etat, d’avoir collaboré avec une organisation terroriste (c’est probablement le PKK qui est ici visé), d’usage d’armes militaires et d’engins explosifs, et d’avoir compromis gravement les intérêts nationaux espagnols. Reconstruction Communiste est une organisation composée de membres des Jeunesses Communistes qui ont rompus avec le PCE. Ses membres ont dans un premier milité dans le Parti Communiste des Peuples d’Espagne avant de fonder leur propre organisation, proche du MLKP, en 2009.

Le 1er juillet, suite à une vague de perquisitions, 9 personnes avaient été arrêtées dans le district de Nusaybin (province de Mardin). Après une comparution devant le bureau du procureur de la République, six d’entre eux ont été libérés et les trois autres inculpés d’« appartenance à une organisation terroriste » (le PKK). Ces trois jeunes gens, Halil Oktay, Ramazan Tunç et Doğan Yakup ont été envoyés à la prison de Mardin. Ils sont accusés plus spécifiquement d’avoir levé des barricades lors d’une manifestation avenue Midyat, provoquant les forces de police avec gaz lacrymogènes et canons à eau.

Une des arrestations à Nusaybin

Une des arrestations à Nusaybin

52 personnes avaient été arrêtées dans le district d’Erciş (Van) pour avoir participé à des manifestations les 6-8 octobre 2014, manifestations qui avaient tourné à l’affrontement avec les forces de sécurité. Les manifestants essentiellement des Kurdes, montraient leur solidarité avec la résistance de Kobané contre l’offensive de l’Etat Islamique qui était alors à son sommet. Ils dénonçaient la complicité de l’état turc avec l’EI, le siège local de l’AKP avait d’ailleurs été attaqué par les manifestants.

Les 52 manifestants étaient accusés de onze motifs, allant de la « propagande pour une organisation terroriste » (le PKK) à « appartenance à une organisation armée », en passant par « destruction de biens publics », etc. Le procureur a requis un total de 297 années pour chaque manifestant, soit un total de 15.444 ans de prison ! Seuls les rapports de police ont été utilisés comme preuve dans l’acte d’accusation. Aucune photo, aucune vidéo ne montre les accusés participer à quelque dégradation que ce soit, par contre les accusés sont tous des militants kurdes connus dans la région.

Van, le 7 octobre 2014

Van, le 7 octobre 2014

L’Etat turc rentrerait finalement en Syrie, 4 ans après le début de la guerre. Dans un discours, vendredi dernier, Erdogan a annoncé qu’il ne laisserait pas la formation d’un état kurde avoir lieu en Syrie, pointant du doigt que le PYD (Parti de l’Union Démocratique) contrôle par l’intermédiaire de ses branches armées (les YPG et les YPJ) une grande partie du territoire au centre et à l’est du nord de la Syrie.

Depuis le 28 juin, plusieurs opérations militaires ont effectivement eu lieu de la part de la Turquie contre le PKK. D’abord des vols de drônes, des mitraillages,et enfin des bombardements soutenus par des tanks et des mortiers. Voir nos précédents articles.

A terme, le but de la Turquie est d’occuper via 18.000 soldats et un appui aérien, un territoire de 100km entre la ville de Mare et la ville de Kobané, rentrant de 30km à l’intérieur de la Syrie. Zone que les médias et militaires turques ont déjà surnommé ‘Ligne de Mare’. La prise de cette zone par la Turquie, empêcherait les YPG/YPJ de prendre le contrôle de la partie ouest du Rojava. La ligne de Mare est occupée de façon contestée par l’Etat Islamique et par des groupes de l’ASL.

Alors que les troupes turques avancent vers la frontière syrienne, les habitants des villes traversées dressent des barricades et affrontent les militaires qui répliquent avec des balles réelles, des gaz lacrymogènes et l’avancée de leurs blindés. Le ptremier objectif de la Turquie -dont il n’est pas sûr qu’elle établisse cette ‘zone tampon’ est de masser ses troupes à la frontière turco-syrienne.

Des barricades en travers de la route de l’armée turque.

EDIT 09.50 ; Sur la carte suivante (venue du compte Twitter très complet Karybdis), nous avons mis en évidence la ‘Ligne de Mare’, le territoire que la Turquie veut occuper. En jaune, les territoires sous contrôle des YPG/YPJ, en vert les zones sous contrôle de l’ASL (Armée Syrienne Libre), en noir les zones sous contrôle de l’état islamique, et en rouge les zones sous contrôle du régime syrien.

Carte de la Syrie, juin 2015.

Des barricades en travers de la route de l'armée turque.
Carte de la Syrie, juin 2015.

L’aviation turque a procédé à plusieurs bombardement sur les zones de guérilla du PKK de Meyda, ce mardi entre 9H00 et 13H00. Les postes de l’armée turque ont également des tirs d’artillerie (obusiers et mortiers), notamment à Dağlıca, près de la frontière irakienne. L’armée a déclaré que ces tirs étaient un riposte aux attaques de harcèlement au mortier et à la mitrailleuse de la base de Dağlıca par la guérilla du PKK hier lundi mais aussi à d’autres reprises en juin.

La base de Dağlıca

La base de Dağlıca

Le HPG (la branche armée du PKK) a rapporté de nombreux vols de drône au-dessus des zones de la guérilla du PKK, dans l’est de la Turquie. Les drônes ont été repérés au-dessus des régions de Kandil et de Zap au-dessus des zones de Çarçella, de Oremar et de Avaşin. De nombreux véhicules blindés sont également présents autour de la zone de construction du barrage de Silvan (Province de Diyarbakır/Amed). Les drônes repérés sont probablement des drônes de reconnaissance, la Turquie cherche à fabriquer via sa propre industrie ‘Turkish Aerospace Industry’, des drônes armés. Le ANKA-S, variante équipée de deux missiles UMTAS entrera dans la panoplie de la force aérienne turque en 2016.

Le drône de reconnaissance ‘Anka’ fabriqué par l’état turc.

Le drône de reconnaissance 'Anka' fabriqué par l'état turc.