Des manifestants a mis le feu à la maison du premier ministre libyen d’union, Abdul Hamid Dbeidé, dans la nuit de dimanche à lundi et a pris d’assaut le siège du ministère des affaires étrangères. Les manifestants ont écrit « A bas le gouvernement des traîtres » sur les murs du siège du ministère, tandis que des coups de feu ont été entendus à l’intérieur du bâtiment. Des manifestations ont également été signalées dans d’autres villes en dehors de Tripoli et des routes ont été bloquées.

Ces protestations et d’autres ont éclaté dans le pays, après que le ministre des affaires étrangères ait rencontré en Italie son homologue israélien, alors que les relations entre les deux pays sont inexistantes. La Libye ne reconnait pas l’État d’Israël et est un allié historique de la cause palestinienne. Le premier ministre libyen a annoncé la suspension de ses fonctions du ministre des affaires étrangères.

Toute la journée de vendredi, la colère s’est emparée de plusieurs villes de Libye pour dénoncer la détérioration des conditions de vie et l’impasse politique provoquée par les gouvernements rivaux. Cette mobilisation intervient alors que la Libye est en proie depuis plusieurs jours à des coupures de courant. « Nous voulons avoir de la lumière » ont scandé des manifestants à Tripoli sous l’œil des forces de sécurité. À Tobrouk, ils ont saccagé le siège du parlement et ont brûlé une partie du bâtiment (photo). Il s’agit de la plus grande mobilisation depuis 2011, l’année du renversement de Kadhafi. Deux gouvernements se disputent le pouvoir depuis mars : l’un basé à Tripoli et dirigé par Abdelhamid Dbeibah depuis 2021 et un autre conduit par Fathi Bachagha et soutenu par le parlement de Tobrouk et le maréchal Khalifa Haftar. Des scrutins présidentiels et législatifs devaient se tenir en décembre 2021 mais ont été reportés sine die en raison de fortes divergences entre rivaux politiques.

 

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Les centres de détention libyens sont le centre d’un trafic d’extorction où les prisonniers sont torturés pendant que des mafieux téléphones à leur famille pour obtenir de l’argent. Un reportage diffusé lundi 25 février par la chaîne de télévision britannique Channel4 montrent des migrants – dont des femmes- enchaînées, suspendues au plafond, battues, brûlées au plastique liquide.

Mardi 26 février, une manifestation a eu lieu dans le centre de détention de Triq al-Sikka à Tripoli où étaient alors détenus plus de 400 demandeurs d’asile. Quelques 150 hommes s’étaient échappés de la cellule principale du centre pour protester contre leurs conditions de détention et réclamer une visite de membres du HCR. Les gardes libyens ont encerclé les réfugiés et migrants avant de commencer à les battre avec des bâtons et barres en métal. Deux personnes ont été gravement blessées et ont dû être transférées à l’hôpital d’Abou Slim. Deux des détenus suspectés d’être les organisateurs de la manifestation, ont été emmenés dans une cellule en sous-sol, où ils auraient été torturés. Depuis, 120 personnes ont été transférées vers les centres de détention d’Ain Zara et de Sabha.

Migrants détenus en Lybie

Migrants détenus en Lybie

L’émergence de l’État Islamique donne l’occasion de nouvelles lois anti-terroristes un peu partout. Le parlement libyen vient de valider un texte qui reconsidère le terme ‘terrorisme’. Sera donc considéré comme terrorisme ‘Tout usage de la force, de la violence, ou de menaces dans le but d’entrainer un trouble grave à l’ordre public ou mettre en péril la sécurité de la société ou ses intérêts’. Le texte prévoit la perpétuité pour toute personne qui dirigerait ou formerait un mouvement terroriste et 10 ans de prison pour quiconque à appartient à une telle organisation. Cette dernière peine sera aggravée si l’accusé a reçu un entrainement militaire.

Le procureur général de Libye a lancé des mandats d’arrêt à l’encontre des meneurs des mouvements de grève qui perturbent depuis plusieurs semaines les exportations de pétrole. Selon des sources pétrolières, les mouvements et arrêts observés dans l’ouest sont essentiellement le fait de la puissante tribu Zintane, qui aspire à un rôle politique accru dans la Libye de l’après-Kadhafi. Les revendications d’ordre salarial ont pris une connotation politique pour obtenir une plus grande part de la manne pétrolière et une plus grande autonomie.

Une double manifestation aura lieu samedi 5 mars entre 16 h et 18 h en face de l’ambassade de Libye (avenue Victoria, 28, 1050 BXL) et l’ambassade d’Iran (avenue Franklin Roosevelt 15, 1050 BXL), en soutien aux luttes des peuples de la Libye à l’Iran qui veulent renverser les régimes sans intervention étrangère.

Des milliers de personnes s’étaient rassemblées ce vendredi dans différents quartier de Tripoli. Partout, elles ont été accueillies par des tirs nourris des forces de sécurité, et il semblerait qu’au moins cinq personnes aient été tuées ce matin. A Benghazi, dans l’est du pays, un millier de manifestants s’étaient retrouvés devant le tribunal local devenu le quartier général du soulèvement. En prenant la ville d’assaut, les forces de sécurité ont tués 23 personnes et 44 autres ont été blessées. Hier, c’est à Zaouiyah, à cinquante kilomètres à l’ouest de Tripoli que les principaux affrontements ont eu lieu. Circulant dans des jeeps équipées de lance-roquettes, les militaires étaient déployés autour de la ville. Plusieurs centaines de manifestants avaient disposé des portes hérissées de clous faisant office de herses pour entraver la circulation dans les rues. Les forces de sécurité leur ont tiré dessus à l’arme lourde, faisant au moins dix morts et une dizaine de blessés. Par ailleurs, la ville de Musratha, à 150 kilomètres à l’est de Tripoli a été totalement désertée par les militaires et les fidèles du gouvernement. Si cela se confirme, cela signifierait que le soulèvement populaire actif dans le pays se rapproche de la capitale. Selon certaines sources qui dénoncent les lumières de masse, les arrestations arbitraires, les détentions et les tortures de manifestants, des milliers de personnes ont déjà été tuées ou blessées.

Loin de se calmer, les heurts se sont poursuivis dans plusieurs pays arabes, les régime autocratiques hésitant entre une sévère répression, qui a déjà fait plusieurs dizaines de morts dans l’ensemble des pays, et un début de négociations avec les représentants de l’opposition « officielle ».
Ce samedi après midi, la tension était très vive à Alger, théâtre d’une nouvelle manifestation de l’opposition. Des policiers algériens ont dispersé samedi après-midi dans le centre d’Alger un demi-millier de manifestants. A Manama, capitale du Bahrein, la police vient de relever l’armée après sa sanglante intervention du milieu de la semaine. dont le bilan s’élève à au moins 4 morts et plusieurs centaines de blesses.
En Lybie, la répression aurait fait 35 morts vendredi à Benghazi, selon des sources venant des hôpitaux et des témoins, ce qui porte à 84 selon son décompte le nombre de personnes tuées ces trois deniers jours dans le pays. Au Yemen, où l’armée a tiré sur le foule, sept personnes ont été tuées dans le pays depuis le début des manifestations.

Manifestation au Yemen

Manifestation au Yemen