En juin 2009, Clément Alexandre avait été touché par un tir de flash-ball lors d’échauffourées avec la police en marge des Fêtes de la musique à Paris. Il avait eu la mâchoire cassée, deux dents fêlées et des blessures au visage, entrainant une longue incapacité de travail. Le jeune homme de 30 ans s’était tourné vers la justice administrative pour faire reconnaitre la responsabilité de l’Etat pour l’utilisation de cette arme et de ses conséquences. Le tribunal administratif a rendu ses conclusions et a condamné l’Etat, ce qui constitue une première en France dans ce type d’affaire. Suivant les conclusions du rapporteur, le tribunal a estimé qu’au regard du code de sécurité intérieure, l’Etat pouvait être tenu responsable des conséquences de violences commises lors d’attroupements. La préfecture de police de Paris a ainsi été condamnée à verser un total de 7900 euros à Clément Alexandre.

Vendredi soir, quatre policiers ont ouvert le feu durant une altercation dans le métro de Toronto, blessant un jeune homme de 18 ans. Ce dernier aurait été aperçu en possession d’un fusil dans la rame, entraînant l’intervention policière. Selon plusieurs témoins, le jeune homme a rapidement été interpellé puis mis au sol, les policiers lui hurlant de mettre ses mains en évidence. Ils le tenaient en joue lorsqu’ils ont demandé aux derniers passagers présents sur le quai de quitter les lieux. Ces derniers affirment tous avoir alors entendu une quinzaine de coups de feu. Le jeune homme a été immédiatement hospitalisé dans un état grave. Hier soir, des dizaines de personnes ont défilé dans le centre-ville de Toronto pour exiger le désarmement des policiers. Elles ont mis le feu à une effigie de cochon et ont scandé divers slogans contre les violences policières.

Manifestation à Toronto pour le désarmement des policiers

Manifestation à Toronto pour le désarmement des policiers

Un millier d’étudiants ont défilé ce matin à Milan vers le siège de la région lombarde pour dénoncer les mesures d’austérité visant le système de l’éducation. Les forces anti-émeutes avaient été déployées en force autour du bâtiment et ont chargé les étudiants à plusieurs reprises. Ceux-ci leur ont tenu tête avec des oeufs et de la farine. Quatre étudiants sont parvenus à briser le cordon policier et ont interrompu le travail de l’assemblé en déployant des banderoles et en scandant des slogans. Au final, cinq étudiants ont été blessés.

Manifestation d'étudiants à Milan

Le 29 novembre dernier, le gouvernement espagnol a approuvé un projet de loi sur la sécurité. Cette loi contient de sérieuses mesures répressives notamment contre les manifestations non autorisées. Re-baptisée ‘loi-muselière’, elle prévoit des amendes pouvant aller jusqu’à 30.000 euros pour une ‘participation à une manifestation non autorisée’. Hier, des milliers de personnes se sont réunies à proximité du Congrès à Madrid pour dénoncer cette loi et l’atteinte à la liberté de manifester qu’elle engendre. De violents affrontements ont éclaté à l’issue du rassemblement entre les policiers anti-émeute qui cordonnaient le bâtiment et les manifestants qui tentaient de défiler vers le centre-ville.

Répression de la manifestation contre la loi-muselière

Dans le cadre du mouvement des ‘forconis’ (mouvement lancé par les agriculteurs siciliens contre la hausse des taxes), les étudiants sont descendus dans les rues par centaines à Rome, Turin et Venise. A Rome et à Turin, ils se sont violemment opposés aux forces de l’ordre qui ont tiré des gaz lacrymogène pour les disperser. Elles ont ainsi été la cible de tirs de peinture. A Venise, les étudiants ont fait face à des militants d’extrême droite, avant que la police n’intervienne brutalement. Deux personnes ont été interpellées à Venise. Cela fait maintenant plus d’une semaine que le mouvement de protestation prend de l’ampleur à travers tout le pays. Une opération de blocage de la circulation dans le centre-ville de Rome a d’ailleurs été annoncé dès mercredi dans l’attente de nouvelles mesures.

Affrontements entre étudiants et policiers en Italie

Affrontements entre étudiants et policiers en Italie

Un milliers de pompiers ont forcés de matin le barrage policier qui protégeait le 16 Rue de la Loi, le barrage n’a pas tenu bien longtemps malgré les coups de mattraques que donnaient les policiers. Ces derniers ont rapidement été débordés, les pompiers manifestent donc actuellement -chose rare- réellement devant le 16 Rue de la Loi.

Herrira, un groupe de soutien aux prisonniers politiques basques a lancé un vaste appel au rassemblement ce samedi 14 décembre devant la prison de Lannemezan. C’est là qu’est actuellement, entre autre, détenu Iban Fernandez Iradi, qui purge de multiples peines pour ‘appartenance à un groupe terroriste’, l’ETA. Atteint d’une sclérose en plaque, il a introduit une demande de suspension de peine pour raison de santé qui est en cours d’examen. L’occasion pour Herrira de lancer un mot d’ordre pour exiger la libération des prisonniers malades et de ceux ayant droit à une liberté conditionnelle. L’organisation réclame également le rapprochement et le regroupement des prisonniers basques.

Le rendez-vous est fixé ce samedi 14 décembre à midi devant la prison de Lannemezan.

Ibon Fernandez Iradi

Ibon Fernandez Iradi

Aujourd’hui à Rome, le président Giorgio Napolitano et son Premier ministre Enrico Letta étaient attendus pour assister à une conférence sur l’économie verte. Des centaines d’étudiants s’étaient rassemblés pour leur rappeler les priorités, celles-ci n’étant pas l’économie verte selon eux, et montrer leur désaccord quant à la politique gouvernementale et aux mesures d’austérité. La police anti-émeute avait dressé un important cordon de sécurité, ce qui n’a pas empêché certains étudiants de lancer des oeufs et des pétards contre la façade du bâtiment. Les policiers se sont ensuite mis en branle pour disperser la foule. Des témoins parlent de jeeps et de camionnettes pourchassant les manifestants à grande vitesse. Au moins deux manifestants ont été interpellés et le bilan des blessés n’a pas encore été communiqué, mais ils sont nombreux.

Police vs étudiants à Rome

Il y a quelques mois, les avocats du Premier ministre turc Erdogan avaient déposé une plainte à l’encontre d’un étudiant de 22 ans, Yarkin Atay. Ils l’accusent d’avoir insulté le Premier ministre sur les réseaux sociaux Twitter et Facebook en marge du mouvement de contestation au mois de mai dernier. Dans ses commentaires, il qualifiait notamment Erdogan de menteur et de provocateur. Jugé en vertu de la ‘Law on Demonstrations and Meetings’, Yarkin Atay disait jusqu’à trois ans de prison. Le tribunal se jeudi a jugé que sa peine pouvait être commuée en amende avec période de probation de cinq ans. L’étudiant écope d’une amende de plus de 7000 lires (2500 euros). Ses avocats ont annoncé leur intention d’aller en appel de cette décision tandis qu’Atay a immédiatement réagi: ‘Je ne vais pas payer cette amende maintenant. Ils veulent que je reste en dehors des manifestations, ils veulent que je ne fasse rien. Mais ça n’est pas possible car notre pays traverse une période difficile. Je prends le risque d’avoir une amende plutôt que de rester à la maison.’.

Yarkin Atay

Yarkin Atay

Le 6 décembre, les forces anti-émeutes ont tué deux manifestants dans leur intervention musclée pour disperser un rassemblement à Yüksekova, dans le sud-est de la Turquie. Tous deux ont été la cible de balles policières alors qu’ils dénonçaient la destruction de tombes de militants du PKK. Le lendemain, de multiples manifestations se sont déroulées à travers le pays pour dénoncer les violences policières. Ce slogan n’a pas empêché les forces de l’ordre d’intervenir, faisant de nombreux blessés parmi lesquels Bemal Tokçu, 25 ans, également à Yüksekova. Immédiatement emmené à l’hôpital, il a rapidement été transféré à l’hôpital de Van en raison de la gravité de ses blessures. Hier, il y est décédé. Le jour même de ces manifestations, le premier ministre truc avait déclaré que ces incidents étaient le résultat de provocation. En 2013, seize personnes ont été tuées par la police turque au cours de manifestations.

Répression policière à Yüksekova

Répression policière à Yüksekova