Le procureur de l’Audiencia nacional espagnole avait jusqu’à vendredi prochain pour faire appel de la décision de libérer Iosu Uribetxeberria, prisonnier basque atteint d’un cancer en stade terminal. Il l’a fait hier. Le prisonnier devra donc rester sous les écrous, car sa liberté conditionnelle ne pourrait être appliquée qu’après une décision définitive de la justice. Le représentant du ministère public reconnaît que Iosu Uribetxeberria “est atteint d’une maladie grave et incurable”. Il affirme, cependant, que sa vie n’est pas en jeux dans l’immédiat et lui exige sa repentance, condition de sa mise en liberté. Le procureur a demandé que la cour arbitre rapidement.

Défiant l’interdiction de manifester une nouvelle fois formulée par l’Audience nationale, c’est une chaise, vide, portant le nom de Iosu Uribetxebarria, qui a parcouru hier les rues de Donostia en faveur de la libération des 14 prisonniers basques gravement malades incarcérés dans les geôles espagnoles. Portée par une vraie chaîne humaine la chaise a franchi menaces et contrôles d’identité pour parvenir jusqu’à l’hôpital de Donostia où se trouve, toujours en détention, Iosu Uribetxebarria.

Alors que le sort de Iosu est suspendu à la décision du juge de l’Audience nationale, qui devrait prendre sa décision dans les prochains jours, dans les prisons françaises et espagnoles aussi, plusieurs centaines de détenus basques poursuivent les diverses mobilisations pour réclamer la libération immédiate des prisonniers malades. Ils seraient plusieurs dizaines à poursuivre des grèves de la faim, entamées, dans certains cas, depuis 21 jours. En outre, quatre rassemblements sont quotidiennement organisés au Pays Basque Nord pour réclamer la libération de Iosu et des 13 autres prisonniers malades.

Iosu Uribetxebarria

Iosu Uribetxebarria

Le détenu basque Iosu Uribetxebarria a arrêté sa grève de la faim. Hospitalisé à Donostia-San Sebastian, il souffre d’un cancer du rein qui a métastasé aux poumons et au cerveau. Il avait engagé cette grève pour réclamer que lui soit appliquée une liberté conditionnelle, en raison de la gravité de son état, et pour pouvoir passer ses derniers jours avec les siens. Après quinze jours de grève de la faim, il a décidé d’abandonner sa grève de la faim pour ne pas mettre en danger sa vie.

Vendredi dernier, il s’était vu accorder la semi-liberté, un pas indispensable avant de pouvoir bénéficier d’une éventuelle remise en liberté conditionnelle. La décision sur cette remise en liberté, par contre, se fait attendre. L’Audience nationale, la plus haute instance pénale espagnole, a réclamé un complément d’information sur la situation médicale du détenu. Les appels à la remise en liberté de Iosu Uribetxebarria et d’autres détenus de l’ETA gravement malades ne cessent de se multiplier. De nombreuses personnalités ont manifesté leur soutien, alors que plus de 500 détenus poursuivent leurs mobilisations dans les prisons françaises et espagnoles.

Iosu Uribetxebarria

Vendredi dernier, nous annoncions le début d’une grève de la faim de 28 détenus basques en Espagne et en France en solidarité avec Iosu Uribetxeberria. Ce dernier a été condamné en 1998 à 32 ans de prison. Son état de santé étant particulièrement critique, il réclame sa libération conditionnelle ‘en raison de la gravité de son état’ et a entamé une grève de la faim mercredi dernier pour se faire entendre. Le mouvement a pris de l’ampleur ces derniers jours avec 108 prisonniers en grève dimanche soir, et la 51 déclarations de détenus annonçant leur intention de rejoindre la grève dès lundi. Selon les médias espagnols, Uribetxeberria devrait subir une batterie de tests médicaux dans les jours qui viennent pour évaluer la gravité de son état. Le rapprochement des détenus et la libération des malades sont des revendications de longue date des familles des prisonniers de l’ETA.

En 1998, Iosu Uribetxebarria a été condamné à 32 ans de prison pour une action menée par l’ETA contre un fonctionnaire pénitentiaire qui avait été fait prisonnier pendant 532 jours. Actuellement atteint d’un cancer à un stade avancé, il a entamé mercredi une grève de la faim pour réclamer une libération conditionnelle en raison de la gravité de son état. Ce vendredi, une trentaine de prisonniers basques ont entamé une grève de la faim en solidarité avec Uribetxebarria. Détenus dans les prisons de Villefranche-sur-Saône en France, de Séville et de Castellon en Espagne, les 28 prisonniers souhaitent soutenir le malade, mais plus largement, réclamer que soit appliqué aux prisonniers de l’ETA le même régime qu’aux détenus de droit commun, et notamment la liberté conditionnelle pour raison de santé et qu’ils soient rapprochés du Pays-Basque.

Inaki Imaz Munduate faisait l’objet d’un mandat d’arrêt européen émis par l’Espagne qui l’accuse de ‘délit de collaboration avec un groupe armé’. Selon les autorités espagnoles, il habitait en Irlande clandestinement avec de faux papiers fournis par l’ETA jusqu’à il y a quelques mois. Lundi, Imaz Munduate a été arrêté au Pays-Basque français et déférré dès l’après-midi devant le parquet de Pau. D’après le ministère de l’Intérieur espagnol,il aurait, à l’époque, stocké des armes et des munitions de l’ETA dans son appartement et rédigeait aussi des rapports manuscrits en vue de commettre de futurs attentats alors qu’il serait actuellement membre de l’appareil politique de l’ETA, structure qui dirige l’organisation. Le parquet de Pau a prononcé hier son placement sous contrôle judiciaire dans l’attente de l’audience devant la chambre d’instruction de la cour d’Appel de Pau.

Inaki Imaz Munduate

Le 30 juin dernier, la famille d’un prisonnier basque détenu à la prison de Villefranche-sur-Saône s’est vue refuser le parloir. Un de ses membres avait fait sonner trois fois le portique de sécurité, alors même qu’il n’avait sur lui aucun objet prohibé. La famille a dû rebrousser chemin et rentrer chez elle, à 800 kilomètres de Villefranche. Pour contester ce refus, le soir-même, le prisonnier et deux de ses co-détenus ont refusé de rentrer de la promenade. Mécontents, les gardiens ont frappé les trois prisonniers, leur ont craché au visage, les ont insultés et menacé d’extradition vers l’Espagne. Les violences ont été constatée par un médecin.

La Cour européenne des droits de l’Homme a sanctionné mardi l’Espagne pour avoir prolongé irrégulièrement la détention d’une militante de l’ETA condamnée pour des actes terroristes, et a demandé sa remise en liberté. Inés Del Rio Prada a été condamnée à plus de 3.000 ans de prison pour sa particpation à des actions d’ETA. En vertu d’une loi sur le cumul des peines de 1973, la durée de sa détention a été fixée à 30 ans à partir de février 1989, et elle était libérable le 2 juillet 2008 grâce à des remises de peine. Mais peu avant sa libération, l’Audience nationale, plus haute instance judiciaire espagnole, a prolongé sa détention jusqu’au 27 juin 2017 en se référant à une jurisprudence de 2006. Celle-ci, dite « doctrine Parot », stipule que les bénéfices et remises de peines doivent être appliqués sur chaque peine et non sur la limite de trente ans d?emprisonnement.

Dans son arrêt, la Cour « relève que la nouvelle interprétation du Tribunal suprême (…) a abouti à allonger rétroactivement la peine que la requérante devait purger de presque neuf ans, dans la mesure où les remises de peines pour travail dont elle aurait pu bénéficier sont devenues complètement inopérantes ». L’application rétroactive d’une loi « n’est admise que lorsque le changement législatif est favorable à l’accusé », a-t-elle souligné, estimant que l’Espagne avait violé l’article 7 de la Convention européenne des droits de l’Homme (« pas de peine sans loi »). La Cour a estimé que, depuis le 3 juillet 2008, la détention n’était pas « régulière ». L’Espagne doit en conséquence « assurer la remise en liberté de la requérante dans les plus brefs délais », a-t-elle conclu, accordant 30.000 euros à la prisonnières pour dommage moral. 77 détenus sont dans le même cas qu’Ines Del Rio Prada.

« Dans cet arrêt, la Cour rétablit en matière d’exécution des peines des critères légaux qui étaient bafoués par des mesures d’exception prises en matière de lutte contre le terrorisme avec un empilement de textes et des organes juridictionnels multiples -tribunal suprême, tribunal constitutionnel et/ou Audience nationale- qui pouvaient appliquer ces textes et rendre des décisions contradictoires », a déclaré l’avocat de la militante qui ne sortira pourtant pas rapidement de prison. Le gouvernement espagnol va rapidement demander le renvoi de l’affaire devant la Grande chambre, l’instance suprême de la CEDH et a annoncé qu’il introduirait un appel devant la cour de justice paneuropéenne.

UE: L’Espagne condamnée pour la prolongation de la détention d’une militante d’ETA

Juan Maria Mugica Dorronsoro, membre présumé d’ETA, accusé de tentative d’attaque au missile en 2001 contre le chef du gouvernement de l’époque, José Maria Aznar a été arrêté aujourd’hui près de Pau. L’arrestation a été menée conjointement par la police française et la garde civile espagnole. Juan Maria Mugica avait échappé en janvier 2010 à une opération policière espagnole mené à Lizartza, au Pays Basque contre un commando d’ETA.

Les autorités américaines ont pris ce jeudi la décision de placer Aitzol Iriondo Yarza sur leur liste terroriste. Ce dernier, considéré comme le chef militaire de l’ETA jusqu’à son arrestation le 8 décembre 2008, est actuellement détenu en France en attendant une éventuelle extradition vers l’Espagne. Dans sa déclaration, le ministère américain des affaires étrangères a affirmé que ‘la position d’Iriondo en tant que vieux membres de l’ETA et son engagement dans des activités terroristes telles que des meurtres, des attaques à la bombe, le recrutement, la formation et la fourniture d’un soutien logistique à une organisation terroriste constitue une menace pour les intérêts américains. Le désigner comme terroriste aidera à endiguer le flot d’assistance financière et autre à ce dirigeant de l’ETA’.