Le tribunal pénal d’Iruñea (Pampelune) a condamné un syndicaliste du syndicat LAB (syndicat de travailleurs du courant de la gauche séparatiste basque) à 21 mois de prison pour une action syndicale menée durant l’été 2018 dans le cadre de manifestations de soutien à plusieurs travailleurs d’un restaurant italien. Le juge a acquitté le deuxième accusé, un ouvrier de cet établissement.

Dans le restaurant La Sangiovesa, un grand nombre d’heures n’étaient pas rémunérées, certains employés travaillaient sans contrats, les libertés syndicales étaient violées. Entre autre, le restaurant proposait l’option de « rémunérer » quelques heures de travail par une pizza. Suite à l’organisation d’élections syndicales, l’entreprise a licencié des travailleurs. Après plusieurs manifestations contre l’entreprise, le LAB est parvenu à un accord pour l’ensemble des travailleurs qui prévoyait la réintégration des travailleurs licenciés et le respect des droits des travailleurs. Dans le cadre de cet accord, la société a accepté le retrait de toute plainte pour les mobilisations effectuées pendant le conflit. Cependant, le bureau du procureur a maintenu les demandes de sanction à l’encontre de deux syndicalistes du LAB qui étaient entrés dans le restaurant de manière pacifique, se concentrant à l’extérieur, collant plusieurs autocollants et scandant des slogans au mégaphone. En fin de compte, le juge Emilio Labella a condamné un des syndicalistes à 21 mois de prison et acquitté le second. Le syndicat a décidé de faire appel au jugement. Le LAB organise une conférence de presse ce lundi 3 juin à 11h30 sur la Plaza del Castillo à Iruñea.

Manifestation devant le restaurant La Sangiovesa

Le prisonnier politique basque Iñaki Bilbao ‘Txikito’, qui purge une peine dans la prison de Puerto III, se voit obligé de mettre des menotte lors des visites. ‘Txikito’ a fait savoir qu’il n’irait plus aux visites tant que les autorités ne renonçaient pas à cette mesure. ‘Txikito’, de la ville de Lezama dans la région de Bizkaitarra, est le prisonniers basque qui a passé plus d’années en prison. Il a déjà passé 35 années en prison, en deux fois. Il a déjà purgé 12 années de son dernier lot de condamnations qui s’élève au total
à 68 ans et 7 mois, de sorte qu’il ne sera libéré de prison qu’en 2070.

Les autorités judiciaires et carcérales espagnoles s’acharnent particulièrement contre lui en raison de ses positions critiques envers l’abandon de la lutte armée par ETA.

Iñaki Bilbao 'Txikito'

La garde à vue de six militants de Bizi! a été levée ce mercredi 29 mai. La septième personne arrêtée hier soir près d’une mairie est toujours retenue dans un commissariat dont le lieu est gardé au secret. Leurs arrestations ont eu lieu suite au décrochage de cinq portraits du président Macron dans les mairies d’Arcangues, Bidart, Guéthary, Saint-Jean-de-Luz et Saint-Pée-sur-Nivelle, ce mardi 28 mai. Ces six militants ont été arrêtés vers 12 heures et la septième personne, qui ne serait pas de Bizi! selon un responsable du mouvement, à 20 heures. Ils ont passé plus de 24 heures de garde à vue pour un « vol en réunion ». Le procureur doit à présent décider s’il engage ou non des poursuites en citant les militants à comparaître devant le tribunal.

Rassemblement mardi soir devant le commissariat de Saint-Jean-de-Luz en soutien aux interpellés

Six ans après une première opération policière contre l’association Herrira (association de soutien aux prisonniers de la gauche indépendantiste basque) (voir notre article), le procès de 47 personnes accusées par l’Etat espagnol de former le « front prisons d’ETA » seront jugées à l’Audience nationale de Madrid le 16 septembre. Parmi les accusés donc, des membres d’Herrira, de Jaiki Hadi et d’Etxerat. Mais aussi des observateurs et des avocats de prisonniers basques. Emilie Martin, ancienne membre d’Herrira au Pays Basque Nord, fait partie de la liste, mais la justice française a rejeté le mandat d’arrêt européen ordonné par la justice espagnole à son encontre.

Ils risquent tous entre huit et 21 années d’enfermement, toutes peines confondues, 601 années de prison. 117 600 euros d’amendes sont également demandées. Le procès devrait durer environ trois mois. Ces dernières années, ils ont eu obligation de pointer tous les quinze jours au commissariat, et ils n’ont pas pu quitter le territoire espagnol.

Quelques inculpé.e.s d'Herrira

Gorka Lupiañez, membre de l’ETA, a été arrêté par la Garde civile à Berriz, province de Vizcaya, au Pays basque, en décembre 2007. Il sera détenu 5 jours au secret dans un commissariat de Madrid. Lupiañez dénoncera les actes torture, de sévices et de viol subit lors de sa détention au secret. En 2007, il porte plainte, mais l’affaire sera classée en 2009. Il fera appel et une enquête sera lancée, mais finalement suspendue en 2011. Après la Cour constitutionnelle espagnole, Gorka Lupiañez, fera appel à la Cour européenne des droits de l’homme qui n’examinera pas l’affaire. Finalement, ce lundi 20 mai, le Comité des droits de l’homme des Nations Unies a déclaré que Gorka Lupiáñez avait bien été torturé lors de sa détention au secret en 2007.

Le Comité demande que les autorités compétentes procèdent à une enquête sur les allégations de torture et attend que l’exécutif espagnol l’informe dans les 180 jours des mesures qu’il prendra en réponse à son avis, conformément au Pacte international relatif aux droits civils et politiques ratifié par l’Espagne en 1985. Depuis 2010, la Cour européenne des droits de l’homme a condamné l’Espagne pour les actes de torture commis sur dix prisonniers basques: Mikel San Argimiro (2010), Aritz Beristain (2011), Martxelo Otamendi (2012), Oihan Ataun (2014), Beatriz Etxeberria (2014), Patxi Arratibel (2015). , Xabier Beortegi (2016), Igor Portu (2018) et Mattin Sarasola (2018).

Gorka Lupiañez

Un ancien responsable d’ETA, Jose Antonio Urrutikoetxea Bengoetxea, plus connu sous le nom de Josu Ternera, a été interpellé ce jeudi matin à Sallanches, en Haute-Savoie. Il a été arrêté aux abords de l’hôpital, alors qu’il s’y rendait en raison d’une longue maladie. Agé de 68 ans, et accusé d’être impliqué dans une action d’ETA très meurtrière en 1987, à Saragosse.

Il était recherché depuis 2002 par l’Espagne et a été arrêté en France en exécution d’un mandat d’arrêt le visant pour avoir été condamné en 2017 à huit ans de prison en France. Le tribunal correctionnel de Paris l’avait condamné en son absence, le 1er juin 2017, pour « participation à une association de malfaiteurs terroriste ».

Jose Antonio Urrutikoetxea Bengoetxea

Ce lundi 13 mai, trois personnes ont été interpellées par la Guardia Civil en Navarre pour avoir porté des photos de prisonniers basques pendant la Korrika (la Korrika est une course-relais en faveur de la sauvegarde et de la promotion du basque qui parcourt le Pays Basque durant 11 jours et 10 nuits sans interruption). La justice les accuse « d’apologie du terrorisme ». Les trois personnes ont été relâchées dans l’après-midi.

60.000 personnes ont manifesté ce dimanche à Altsasu pour exiger la remise en liberté des 8 jeunes basques incarcérés suite à une bagarre avec des Gardes Civils espagnols. L’affluence était telle que la ville était encombrée et que la marche a commencé avec retard. La marche s’ouvrait par les parents des jeunes portant une banderole dénonçant l’injustice. De nombreux Catalans avaient aussi fait le déplacement. Ce n’est pas la première fois que des dizaines de milliers de manifestant réclament ces libérations (voir notre article).

Accusés de « terrorisme » pour s’être défendus des provocations et des coups portés par deux agents en civil dans un bar de la localité, ils sont détenus depuis deux ans et demi. L’Audiencia Nacional (tribunal spécial de Madrid) les a acquittés de l’accusation de « terrorisme » mais avait décidé de les maintenir en prison en les condamnant à 13 ans d’enfermement (voir notre article).

La manifestation de ce dimanche

Samedi 2 février, un tribunal de Gasteiz a interdit une cérémonie à la mémoire d’Oier Gómez, ancien militant d’ETA décédé ce week-end à l’hôpital de Bayonne. La cérémonie devait se tenir devant le tribunal auxiliaire de Gasteiz. Les proches d’Oier Gómez ont appelé à une conférence de presse le lendemain sur la Plaza Nueva de Gasteiz, devant l’hôtel de ville, pour dénoncer cette interdiction.

Oier Gómez avait été condamné à 15 ans de réclusion criminelle suite à un échange de coups de feu avec des gendarmes en 2011 (voir notre article). Atteint d’un cancer osseux vertébral de type sarcome d’Ewing à un stade avancé, il avait obtenu une suspension de peine grâce à une mobilisation populaire.

Oier Gomez

L’ancien responsable d’ETA, Mikel Albisu Iriarte, « Mikel Antza », a purgé sa peine de vingt ans en France samedi dernier. Il a quitté la prison française de Réau pour un centre de détention de Paris jusqu’à ce que sa décision d’expulsion soit exécutée de France en Espagne. Il a alors été transféré de Paris à l’aéroport de Barajas, où il est arrivé vers huit heures de l’après-midi et remis à la police espagnole qui, après s’être assuré qu’il n’y avait aucune poursuite contre lui l’a laissé en liberté. Une fois libre, il s’est rendu à Saint-Sébastien avec des parents et des proches qui s’étaient rendus à Madrid pour l’accueillir.

Mikel Antza, âgé de 57 ans et originaire du quartier El Antiguo de Saint-Sébastien, était emprisonné depuis octobre 2004, date à laquelle il avait été arrêté par la police française dans une ferme à Salies-de-Béarn, lors de l’une des opérations les plus importantes contre ETA. Auteur connu et primé au pays basque, il était passé à la clandestinité en 1985, et a eu les plus hautes responsabilités dans ETA à partir de 1992. En mai 1999, il fut l’un des interlocuteurs de l’ETA dans le dialogue ouvert en Suisse avec les émissaires du gouvernement espagnol. Cette tentative, dans laquelle ETA a demandé des avancées sur le droit à l’autodétermination, avait échouée.

Mikel Albisu Iriarte