Une manifestation, appelée « Fermer le Congrès » et convoqué sur les réseaux sociaux, s’est terminée dans le centre historique de Lima par des affrontements avec la police anti-émeute. Cette manifestation rassemblant des citoyens, des groupes politiques, des syndicats et des étudiants, a commencé Plaza San Martín. Après avoir arpenté plusieurs rues du centre historique, les manifestants ont été empêchés de se rendre au siège du Congrès par la police anti-émeute, ce qui a provoqué plusieurs affrontements dans lesquels un véhicule de police a été incendié.

C’était la deuxième marche du genre qui a eu lieu depuis jeudi dernier à Lima contre le Congrès. Les mobilisations font suite à la révélation par les médias locaux d’une série d’achats faites par le Congrès (ainsi pour des dizaines de milliers de dollars de téléviseurs et de réfrigérateurs, probablement pour que les congressistes puissent suivre la Coupe du monde…) alors que le gouvernement promeut une politique d’austérité dans la dépense des fonds publics.

Un véhicule de police en feu hier dans les rue de Lima

Un véhicule de police en feu hier dans les rue de Lima

Santiago Quispe Aroni (58 ans), qui faisait l’objet d’un mandat d’arrêt pour appartenance au PCP-SL, a été arrêté à Vítor (Arequipa). Il était recherché par le tribunal de Juliaca depuis octobre 2017 pour avoir participé aux écoles de formation pour les nouveaux militants de PCP-SL mais aussi pour homicide (à Juliaca) et « vols aggravés » en mars et avril 2017 à Cusco. Pour sa capture, le programme « Most Wanted » du ministère de l’Intérieur offrait 15.000 soles.

Santiago Quispe Aroni

Santiago Quispe Aroni

José Luis Gutierrez Quispe (43 ans), un maoïste recherché au Pérou (sa tête était mise à prix par le Ministère de l’intérieur), a été arrêté fin avril dans le district de Llochegua à Huanta. Il est accusé d’avoir assuré le service de renseignement pour les maoïstes dans la région VRAEM (Valle Delos Rios Apurimac, Ene et Mantaro).

José Luis Gutierrez Quispe

De nombreux signes d’un développement des forces et des activités maoïstes sont signalées au Pérou, après une série de succès remportés par la contre-insurrection, dont l’un des plus importants est la destruction du Comité régional Huallaga du PCP-SL et l’arrestation de son dirigeant, le « camarade Artemio ». Outre les forces héritières du PCP-SL qui ont adopté une stratégie légaliste, à l’image du MOVADEF, il y a actuellement quatre forces héritières du PCP-SL qui suivent la politique de la « guerre populaire prolongée ».

La principale de ces forces est le Parti Communiste du Pérou Militarisé (Militarizado Partido Comunista del Perú PMCP) qui est devenu une organisation indépendante et qui dispose de plusieurs colonnes de guérilleros dans la région VRAEM et qui s’étend ses activités à de nouvelles zones. Ce dimanche 6 mai, le MPCP a rendu public un discours de la « camarade Helena ». Dans ce discours, elle réaffirme la nécessité de mener la révolution par les armes. Elle y décrit le MPCP comme provenant de PCP-SL mais s’en démarquant.

Le lien vers le discours du MPCP

Combattants de la guérilla maoïste au Pérou

Combattants de la guérilla maoïste au Pérou
José Luis Gutierrez Quispe

La Chambre pénale nationale du Pérou, spécialisée dans les infractions terroristes, a ordonné la libération après 25 ans de prison d’Osman Morote, considéré comme le second dirigeant en importance du PCP-SL. Morote sortira de prison en même temps que Margot Liendo et Victoria Trujillo, également dirigeants de l’insurrection maoïste dans les années ’80. Osman Morote avait a été emprisonné en 1988 et plus tard condamné à 25 ans de prison, une peine qui a été prolongée en raison l’affaire Perseus. Ce dossier est en fait l’enquête ouverte par la police nationale en 2014 contre le Mouvement pour l’amnistie et les droits fondamentaux (voir notre article). Les procureurs de l’affaire Perseus ont demandé au tribunal d’ordonner une détention préventive contre Osman Morote qui commencerait à sa libération, mais le tribunal a estimé que la détention ne pouvait être prolongée davantage.

Osman Morote

Osman Morote

Des policiers de la Direction Contre le Terrorisme (DIRCOTE) ont arrêté avant-hier Annanias Corsino Gomez, 44 ans, qui faisait l’objet d’une enquête pour son appartenance présumée au PCP-SL. Il était recherché pour actions armées, dont au moins trois exécutions en 2004 dans le district de Churubamba (Huánuco). Connu sous le nom de guerre de « camarade Añaco », Annanias Corsino Gomez était une des cibles du programme de « Most Wanted » du ministère de l’Intérieur, impliquant une récompense pour les informations permettant son arrestation.

Annanias Corsino Gomez (au centre)

Annanias Corsino Gomez (au centre)

María Hilda Pérez Zamora (47 ans) a été capturée le 16 février en Espagne où elle vivait sous la fausse identité de Marian Pérez Zambrano. Elle a été extradée au Pérou pour purger sa peine pour son activité dans le PCP-SL. En tant que commandante militaire du Comité régional du Nord entre 1990 et 1992, la justice péruvienne la tient pour responsable du décès de 11 personnes, essentiellement des membres des forces de sécurités tombés dans des embuscades dans les zones d’Angasmarca et de Santiago de Chuco. María Hilda Pérez Zamora avait disparu des radars policiers après l’arrestation du Bureau Politique du PCP-SL en 1992. Elle faisait l’objet d’un mandat d’arrêt international.

Espagne/Pérou: Une ancienne commandante de la guérilla maoïste arrêtée après 30 ans de cavale

Fidencio Tiquillahuanca Cristanto (55 ans), alias « Marcial », qui faisait l’objet d’un mandat d’arrêt pour « crime de terrorisme », a été capturé à San Martín de Porras, dans le district de Las Pirias (province de Jaén). Tiquillahuanca Cristanto est d’accusé d’avoir participé aux activités du PCP-SL, en participant notament à quatre assemblées en 1992 dans les villages de Yahuangate, El Pasaje, Palo Blanco, Huarmaca et Mano de León (Lambayeque).

D’autre part, la police de Chiclayo (Lambayeque), a arrêté Pedro Baldemar Barreto Tolentino (55 ans) qui était également recherché pour « crime de terrorisme ». Barreto Tolentino est accusé d’avoir, sous le pseudonyme de camarade « Eduardo », eu des responsabilité dans l’organisation du PCP-SL dans la région de Santiago de Chuco.

Fidencio Tiquillahuanca Cristanto à son arrestation

Fidencio Tiquillahuanca Cristanto à son arrestation

La mobilisation (grève et manifestations), commencée lundi dernier, des paysans producteur de pommes de terre a donné lieu à plusieurs incidents au Pérou. Trois policiers et quatre civils ont été blessés jusqu’à présent dans la région de Junín. En outre, 15 personnes ont été arrêtées dans le cadre de cette mobilisation, qui a lieu dans cinq régions du pays. C’est ainsi qu’un groupe de manifestants est entré dans le grand centre commercial de la Real Plaza de Huancayo. Une demi-heure plus tard, la police est intervenue pour les déloger, provoquant des heurts qui se sont soldés par une arrestation. Les autres manifestants ont été repoussés. Ils se sont ensuite rendu dans un autre magasin, dans le district de Chilca, avec la même intention, mais ils ont également été repoussés.

Arrestation lors d’une manifestation de paysans

Arrestation lors d'une manifestation de paysans

Dans le cadre du procès contre la direction du PCP-SL, le procureur a demandé des peine à perpétuité pour les membres de la direction du parti, certains détenus déjà détenus depuis une vingtaine d’années, d’autre arrêtés plus récemment. La perpétuité a ainsi été requise pour Abimael Guzmán, Elena Iparraguirre et Florindo Eleuterio Flores Hala.

Mais le procureur a aussi demandé des peines de 25 ans de prison contre les dirigeants du MOVADEF (Mouvement pour l’Amnistie et les Droits Fondamentaux) arrêtés en 2014 (voir notre article), qu’il accuse d’être l’actuel « bras légal » du PCP-SL. Sont ainsi visés Oswaldo Esquivel Caycho, Fernando Claudio Olórtegui Crispín et Carlos Alfonso Gamero Quispe, mais aussi Manuel Augusto Fajardo Cavero et Alfredo Víctor Crespo Bragayrac (l’avocat d’Abimael Guzman). Pour les autres membres du MOVADEF en jugement, le procureur demande 20 ans de prison.

Alfredo Víctor Crespo Bragayrac

Le président péruvien Pedro Pablo Kuczynski a gracié l’ancien président Alberto Fujimori. Dans le cadre de la lutte contre l’insurrection du PCP-SL, Fujimori avait commandité et couvert d’innombrables massacres, souvent attribués par les médias à la guérilla maoïste. Condamné en 2009 à 25 ans de prison pour crimes contre l’humanité et corruption, il a officiellement été gracié pour des raisons de santé. Sauf que sa libération intervient trois jours après l’échec d’un vote au Parlement pour destituer l’actuel président. Destitution rejetée grâce à l’abstention des fidèles de l’ex-dictateur remerciés par cette grâce.

A peine publiée, l’annonce de cette grâce a poussé plusieurs milliers de personnes dans les rues de Lima, photos des victimes du régime Fujimori en mains. La police les ayant empêchét de manifester devant le Palais présidentiel, ils se sont rabattus sur la place San Martin toute proche, et à proximité du domicile privé du président Kuczynski à qui ils reprochent de ne pas avoir respecté sa promesse électorale de ne pas libérer Fujimori.

Rassemblement hier à Lima contre la grâce pour Fujimori

Rassemblement hier à Lima contre la grâce pour Fujimori