Au moins dix personnes ont été blessées à Diyarbakir ce dimanche dans la violente intervention des forces de l’ordre contre une manifestation organisée par le parti pro-kurde Peace and Democracy Party pour dénoncer la mort de deux manifestants kurdes vendredi à Yüksekova. Le cortège a débuté sous une tension extrême alors que la police avait initialement refusé d’accorder l’autorisation de défilé en raison du fait que certains calicots étaient illégaux et que des manifestants portaient des écharpes cachant leur visage. Finalement, plus de 1000 personnes ont marché dans la ville avant d’écouter les discours de membres du BDP affirmant que la profanation de tombes de membres du PKK à Yüksekova était une provocation et dénonçant les violences policières qui ont fait suite aux manifestations dans la ville. A l’issue des discours, les forces anti-émeute sont intervenues pour disperser la foule. Elles ont fait usage de gaz lacrymogène et de canons à rua avant de pourchasser certains manifestants dans les rues adjacentes. Au moins dix personnes ont été blessées et un grand nombre de manifestants interpellé.

Les autorités ont annoncé ce dimanche que quatre soldats auraient été capturés par des guérilleros du PKK dans le district de Lice, dans le Diyarbarkir (sud-est du pays). D’après elles, un groupe de militants avait dressé un poste de contrôle sur une route menant à Lice où ils ont mené des contrôles d’identités. Deux sergents et deux lieutenants de l’armée ont ainsi été identifiés et immédiatement emmenés par les guérilleros. Trois voitures ont également été incendiées. Des équipes spéciales de la gendarmerie ont déclenché une opération pour retrouver les soldats prisonniers.

Des heurts ont éclaté ce samedi à Istanbul et dans le sud-est du pays après le décès vendredi de deux manifestants tués par les forces de l’ordre au cours d’une manifestations à Yükekova. La foule était descendue dans les rues après avoir appris que des tombes de membres du PKK avaient été vandalisées. Les deux hommes ont été atteints respectivement de deux et six balles. A Istanbul, des heurts ont éclaté autour de Taksim Square. 200 personnes s’étaient rassemblées à proximité à l’appel du People’s Democratic Party, un nouveau parti comprenant des Kurdes et un certain nombre de petits partis de gauche. Après une vingtaine de minutes et la lecture d’une déclaration, le groupe se dispersait quand les forces anti-émeutes ont commencé à pourchasser les manifestants dans les rues adjacentes. La police et les manifestants se sont affrontés sur la Tarlabasi Avenue, la foule tirant des feux d’artifices vers les forces de l’ordre. Celles-ci ont tiré des gaz lacrymogène. Toujours hier, de nouveaux heurts ont éclaté à Yükekova alors que des manifestants avaient érigé des barrages de pneus enflammés sur une route. La police est intervenue avec des gaz lacrymogène et des canons à eau. Les manifestants ont répliqué en jetant des pierres.

Heurts à Istanbul

Heurts à Istanbul

Des peines allant de six mois à trois ans de prison, dont deux ans avec sursis, ont été prononcées mardi à l’encontre de 10 Kurdes de nationalité turque dans une affaire de financement du PKK par l’intermédiaire de la Maison du peuple kurde (MPK) de Marseille. La 16e chambre du tribunal correctionnel de Paris a également condamné la MPK à 20.000 euros d’amende et prononcé la dissolution de l’association. Un homme considéré comme le président de fait de la MPK a écopé de la condamnation la plus lourde. Certains des prévenus ont été relaxés pour une partie des chefs de prévention et les peines prononcées sont inférieures aux réquisitions du parquet, qui avait demandé jusqu’à quatre ans de prison ferme. Selon l’accusation, sous couvert d’activités culturelles, de soirées, de concerts, la MPK servait en fait pour la “kampanya“, la collecte de l’impôt révolutionnaire auprès de la diaspora kurde, et aurait fait office de siège financier du PKK dans le sud de la France.

Samedi passé, quelque 20.000 personnes ont défilé à Berlin pour demander la levée de l’interdiction du PKK en Allemagne. La manifestation s’est déroulée dans le calme dans le centre de Berlin malgré des contrôles massifs de la police. Des autobus transportant des manifestants ont été arrêtés par la police et ont été fouillés pour trouver d’éventuelles affiches du dirigeant emprisonné du PKK Abdullah Öcalan. Des amendes ont été infligées à ceux en possession d’un portrait d’Öcalan. L’Allemagne avait interdit le PKK le 27 novembre 1993. Malgré son interdiction, le PKK bénéficie toutefois de soutiens solides en Allemagne, du fait de la présence depuis des années de près d’un demi-million de Kurdes, la plupart de nationalité turque. Quelque 11.500 d’entre eux sont d’ailleurs fichés comme soutenant activement le mouvement séparatiste, selon l’Office allemand pour la protection de la Constitution, chargé de la répression des organisations « extrémistes ».

Allemagne: Manifestation contre l’interdiction du PKK

Depuis plusieurs semaines, le processus de paix entre le PKK et le gouvernement fait du sur place. Dans le sud-est du pays, la population kurde descend dans la rue quotidiennement pour dénoncer le manque d’action du gouvernement et surtout, le manque d’ampleur de ses potentielles réformes. Hier, un des membres du parti pro-kurde BDP (Peace and Democracy) a en outre souligné l’importance du rôle d’Abdullah Ocalan, le leader du PKK. Il a dès lors exigé que soient améliorées ses conditions de détention. Il a déclaré que sa participation dans les négociations et sa mission politique étaient primordiales pour le dialogue et que tant que sa santé et sa sécurité n’étaient pas assurées, cela serait difficile.

Un tribunal de Diyarbakir, dans le sud-est de la Turquie, a ordonné la libération de 17 personnes qui étaient en détention préventive en raison de leur prétendue appartenance au KCK (Kurdish Communities Union), la branche urbaine du PKK. Les 17 restent poursuivis dans le cadre de cette affaire tout comme une trentaine d’autres personnes, mais ils comparaîtront tous libres. Ces 47 personnes avaient été interpellées le 9 décembre 2012 dans la province de Mardin au cours d’une vaste opération contre le KCK. Toutes sont accusées ‘d’appartenance à une organisation terroriste’, et risquent des peines allant de cinq à dix ans de prison.

18 prisonniers se sont évadés ce matin d’une prison située dans l’état du Bingöl, dans l’est de la Turquie, en passant par un tunnel qu’ils auraient creusé. Tous étaient incarcérés (14 en détention provisoire et 4 condamnés) pour ‘participation à une organisation terroriste, le PKK, pour l’avoir aidée et financée’. D’après les autorités pénitentiaires, ils auraient émergé de leur tunnel dans un canal d’eaux usées situé à une dizaine de mètres des murs d’enceinte de la prison. Elles affirment qu’ils ont probablement été aidés au moment de leur sortie, notamment pour changer de vêtements. Dès lors, elles ont décidé de surveiller attentivement les récents visiteurs des évadés. Par ailleurs, vu qu’elles n’ont retrouvé aucun matériel (pelle, pioche,…) ni aucun déchet (pierres, terre,…), elles vont enquêter au sein de la prison et surveiller plus étroitement les détenus. Selon elles, il aurait fallu plus d’un an de travail pour creuser le tunnel. Les forces de police et de gendarmerie ont déclenché une vaste opération pour retrouver les fugitifs. Un hélicoptère survole l’état tandis que des postes de contrôle ont été installés à toutes les entrées et sorties des voies de circulation dans la région.

EDIT: (26 sept): Dix-sept des évadés ont été appréhendés dans une zone rurale de la province de Bingöl, où est située la prison dont ils s’étaient évadés.

C’est hier qu’a débuté le procès de dix personnes accusées de ‘financement du terrorisme’ et plus précisément, d’avoir procuré de l’argent au PKK. Cette affaire est liée à celle d’une chaîne de télévision kurde dont les autorités danoises ont interdit la diffusion en juillet dernier. Mesopotamia Broadcast, qui gère plusieurs chaînes accusées de faire la propagande du PKK a été reconnu coupable de ces faits et un tribunal danois lui a retiré ses droits de diffusion. Rof TV A/S et Mesopotamia Broadcast, les deux sociétés qui détiennent Roj TV, se sont chacune vue infliger une amende de cinq millions de couronnes danoises (670.000 euros) pour ‘propagande du terrorisme’ entre 2007 et 2010. Les dix accusés sont suspectés d’avoir rassemblé au moins 130 millions de couronnes (plus de 17 millions d’euros) qui auraient été transmises à l’organisation kurde. Tous les dix nient en bloc et pourraient être condamnés à dix ans de détention chacun.

En mars dernier, le dirigeant emprisonné du PKK Abdullah Ocalan lançait un appel à déposer les armes et à se retirer de la Turquie. Depuis, le processus suivait son cours, mais hier, la branche urbaine du parti, le KCK (Kurdish Communities Union) a annoncé l’arrêt du retrait des troupes de la Turquie. Dans une déclaration, le KCK affirme que la décision d’interrompre le retrait avait été prise parce que le gouvernement turc n’avait pas fait les démarches nécessaires pour résoudre la question kurde ni pour mettre en place un processus de démocratisation. Le co-président du parti pro-kurde BDP (Peace and Democracy Party) a quant a lui communiqué qu’il ne s’agissait pas d’une décision soudaine, ajoutant qu’ils avaient à plusieurs reprises averti le gouvernement qu’il ne prenait de mesures concrètes pour le processus de paix et que cela aurait des conséquences.