Nouvelles inquiétantes de la colonie pénitentiaire IK-10 de Krasnokamensk, où est incarcéré Alexandr Snezhkov, l’un des accusé.es dans l’affaire des « anarchistes de Tchita », condamné à  des peines de prison en avril 2024 avec Lyubov Lysunova pour des tags anti régime et avoir administré des canaux anarchistes sur Telegram ( notre article ici ). Depuis plus de 58 jours, il est détenu en isolement en SHIZO, un quartier d’isolement punitif. Durant les premières semaines, Alexandr a été maintenu en isolement complet, ensuite, un autre détenu l’a rejoint. De faux rapports sur des « violations » présumées du règlement maintiendrait l’anarchiste en isolement, l’administration pénitentiaire souhaite faire transférer Alexander au SUS, sous conditions de détention strictes, c’est le régime le plus sévère d’une colonie à régime général.

Pour lui écrire ( en russe obligatoirement ):
Snezhkov Aleksandr Evgenevich (né en 2003) [Снежков Александр Евгеньевич (2003 г.р.)]
FCU IK-10 UFSIN [Service pénitentiaire fédéral] de Russie [ФКУ ИК-10 УФСИН России]
674673, Krasnokamensk, kraï de Transbaïkalie [г. Краснокаменск, Забайкальский край] (Russie)

Vladimir Poutine a promulgué, lundi 21 avril, une série de lois visant à verrouiller toute expression opposée à sa politique, notamment la guerre menée contre l’Ukraine depuis 2022. Le discrédit contre l’armée russe et les appels aux sanctions sont réprimées depuis mars 2022, ces infractions étaient sanctionnées par des amendes. Désormais, elles relèvent du pénal, des peines de prison seront prononcées contre les opposants. Une interdiction toute nouvelle entre également en vigueur : « Aider à mettre en œuvre les décisions d’organisations internationales dont Moscou ne fait pas partie », cela inclu la Cour pénale internationale (CPI) qui a émis un mandat d’arrêt contre Vladimir Poutine en 2023. Durcissement des restrictions contre les « agents de l’étranger » étiquette assignée pour désigner les détracteurs du Kremlin, ce statut fait l’objet, ces derniers mois, de nouvelles contraintes et obligations toujours plus nombreuses. Une liste, mise à jour chaque vendredi soir, comprend un millier de personnes et d’organisations, parmi lesquelles des musiciens, des écrivains et des journalistes.

Mardi 15 avril, un tribunal de Moscou a condamné à 5 ans et demi de prison 4 journalistes accusés d’avoir collaboré avec Alexeï Navalny mort en prison. Le mouvement de l’opposant numéro un au président Vladimir Poutine a été méthodiquement éradiqué ces dernières années. Ses alliés et partisans ont été contraints à l’exil ou incarcérés, la justice russe ne se limite plus seulement à ses collaborateurs directs. Les journalistes Antonina Kravtsova, Sergueï Kareline, Konstantin Gabov et Artiom Krieger ont été reconnus coupables de «participation à une organisation extrémiste». Après la lecture du verdict, Artiom Krieger a crié: «Tout ira bien, tout changera! Ceux qui m’ont condamné seront assis ici à ma place». Les 4 journalistes avaient été arrêtés au printemps et à l’été derniers, avant d’être jugés à huis clos. Antonina Kravtsova, connue sous le nom d’Antonina Favorskaïa, couvrait régulièrement les procès d’Alexeï Navalny pour SOTAvision. Elle avait réalisé, le 15 février 2024, la dernière vidéo le montrant encore en vie au cours d’une audience, la veille de sa mort. Les reporters Sergueï Kareline et Konstantin Gabov sont accusés d’avoir participé à la production de vidéos pour l’équipe de l’opposant. Artiom Krieger, journaliste de SOTAvision, est accusé d’avoir collaboré avec l’organisation anticorruption d’Alexeï.

(de g. à dr.) Serguei Kareline, Konstantin Gabov, Antonina Kravtsova et Artiom Krieger

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Le militant kurde, Nasır Yağız, ancien employé du bureau de représentation du parti HDP (Parti démocratique des peuples) à Erbil, avait fait une demande d’asile politique en Russie pour échapper aux prisons turques, il a été livré par les autorités russes à la Turquie. Le militant kurde, était sous un mandat d’arrêt émis en Turquie.  Il s’est récemment rendu en Russie pour  y demander l’asile, sa demande a été refusée et il a été arrêté. Yağız était détenu à Moscou depuis 4 jours, il a été amené à l’aéroport d’Istanbul le lundi 24 mars au matin, la police turque a procédé à son interpellation et l’a conduit immédiatement au palais de justice de Gaziosmanpaşa.

En avril 2024, Lyubov Lysunova, alors âgée de 17 ans, et Alexandr Snezhkov, âgé de 20 ans, ont été condamné.es à des peines de prison pour des tags disant « Mort au régime » et pour avoir administré des canaux anarchistes sur Telegram. Lysunova a été condamnée à trois ans et demi de prison et Snezhkov à six ans (sa peine a été réduite de deux mois par la suite). Le 14 février, Lyubov Lysunova, a été sortie du centre de détention provisoire n°1 de Tchita, dans l’Extrême-Orient russe. Le transfert, qui a duré trois semaines, l’a faite passer par Irkoutsk et Mariinsk, dans la région de Kemerovo, en Sibérie. Le 2 mars, Lyubov a informé ses parents qu’elle était arrivée à la colonie pénitentiaire pour mineurs de Tomsk. La TVK-2 est actuellement la seule colonie pénitentiaire pour filles mineures. Selon la loi, les prisonnières peuvent y être détenus jusqu’à l’âge de 19 ans. Lyubov est actuellement en quarantaine.

Pour lui écrire (en russe obligatoirement): Lyubov Vitaliyevna Lysunova (née en 2006) [Лизунова Любовь Витальевна, 2006 г.р.]
Koltsevoi pr.-d 20, TVK-2 [Кольцевой пр.-д, 20, ТВК-2]
634027 Tomsk г. [Томск] (Russie]

Le chanteur-compositeur russe Vadim Stroykin, âgé de 59 ans, est décédé jeudi 6 février après une chute par la fenêtre de son appartement au dixième étage à Saint-Pétersbourg. La police procédait à ce moment-là à une perquisition, le chanteur s’était exprimé de manière critique sur la guerre en Ukraine. Ce n’est pas la première fois qu’un critique du Kremlin meurt dans des circonstances suspectes. Le musicien semble avoir été victime du « syndrome de la mort subite russe », un terme qui a gagné en popularité après que plusieurs opposants de Poutine soient mystérieusement tombés des fenêtres. L’intervention de la police a eu lieu dans le cadre d’une enquête criminelle sur le « terrorisme », dans laquelle de l’argent récolté par le musicien aurait été envoyé à l’armée ukrainienne.

Trois avocats de l’opposant russe Alexeï Navalny, mort en prison il y a près d’un an, ont été condamnés vendredi à des peines de prison ferme pour « extrémisme ». La répression des détracteurs de Vladimir Poutine est en cours depuis près de 3 ans, en particulier ceux proches de Navalny et ceux dénonçant l’assaut russe contre l’Ukraine. Les avocats, Alexeï Liptser, condamné à 5 ans de détention, Igor Sergounine, condamné à 3 ans et demi, et Vadim Kobzev, condamné à 5 ans et demi, avaient été arrêtés en octobre 2023, alors que l’opposant au président russe était encore vivant. Considérés comme faisant partie d’une organisation extrémiste depuis 2021, ils sont accusés d’avoir transmis à Alexeï Navalny, incarcéré à partir de janvier 2021 jusqu’à sa mort en prison le 16 février 2024, des informations lui permettant de « planifier, préparer (…) et commettre des crimes extrémistes » depuis sa cellule.

Le 18 décembre, le tribunal militaire de Rostov a condamné l’anarchiste Roman Shvedov à seize ans de colonie pénitentiaire, pour avoir attaqué un bâtiment administratif pour protester contre la guerre en Ukraine. Cinq heures après sa condamnation, Shvedov a été retrouvé mort, dans sa cellule, par un surveillant de la prison. L’explication officielle des autorités russes est le suicide.
L’État russe a accusé Roman d’avoir jeté un bidon d’essence dans un bâtiment administratif du district de Zimovniki, dans la région de Rostov, en septembre 2022. Selon la police secrète russe, il l’a fait pour « déstabiliser les autorités, influencer leurs décisions et protester contre l’opération militaire spéciale [= l’invasion de l’Ukraine] et la mobilisation en Russie ». Il a été condamné pour terrorisme. En 2023, Shvedov avait refusé tout soutien juridique et suggéré qu’« il pourrira en prison et qu’il n’y a rien à faire pour l’aider ».

Mercredi 27 novembre, Alexeï Gorinov comparaissait devant la cours militaire de Vladimir dans un nouveau procès pour “apologie du terrorisme”, il a été condamné à trois années supplémentaire d’incarcération. Il est accusé d’avoir “justifié le terrorisme” lors de ses conversations avec des codétenus, dans un hôpital prison, où il était soigné d’une pneumonie en janvier 2023. Selon l’accusation, il aurait justifié les frappes ukrainiennes sur le pont de Crimée, une importante infrastructure qui relie la Russie à cette péninsule annexée. Avant le verdict, Alexeï Gorinov avait appelé à « arrêter le massacre sanglant et inutile », il portait un signe de paix dessiné sur un bout de papier et accroché sur son uniforme de prisonnier. Lors de la première audience de ce nouveau procès, M. Gorinov avait brandi une pancarte avec les mots « Arrêtez de tuer ! Arrêtons la guerre ! ».

Il avait dénoncé la « persécution des citoyens qui expriment leurs opinions » en Russie. En juillet 2022, Alexeï Gorinov avait été condamné à sept ans de prison après avoir dénoncé « l’agression militaire en cours en Ukraine ». La répression en Russie a jeté des centaines, voire des milliers de personnes en prison pour leur opposition à la guerre en Ukraine. Des opposants sont régulièrement condamnées à de très lourdes peines pour “trahison”, “sabotage” ou “extrémisme”.( voir article ici )

Hier 14 novembre, Sergueï Andreev, grutier, a été condamné par le 2e tribunal militaire du district de l’Ouest à 24 ans de prison dans une colonie à sécurité maximale pour avoir incendié le Commissariat de recrutement de Moscou en novembre 2023. Andreev a été reconnu coupable de haute trahison, de terrorisme, de participation à une organisation, de trafic illégal d’explosifs et de fabrication d’armes. Des composants pyrotechniques avaient été découverts chez lui, et il aurait tenté peu auparavant de mettre le feu à deux reprises à ce commissariat, sans faire de victimes ni de dégâts importants. Les autorités russes l’accuse de collusion avec les services ukrainiens. Une centaine de centres de recrutement ont été incendiés en Russie depuis le début de la guerre. Andreev a également été condamné à trois ans de restriction de liberté et à une amende de 1,2 million de roubles. Le procureur  avait requis 28 ans de prison. L’accusé a reconnu l’incendie mais a rejeté les accusations de trahison et de terrorisme. La défense a l’intention de faire appel du verdict.

 

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