Révolution et contre-révolution en Italie: Histoire et actualité (seconde partie)

Présentation:

Les numéros 4 et 5 de Solidarité Internationale sont consacrés à l’histoire et à l’actualité de la révolution et de la contre-révolution en Italie, de la fin des années ’60 à nos jours. Ce numéro contient le dernier tiers du document politique et historique intitulé ‘Les chemins de la révolution en Italie’, des documents de prisonniers, la liste des militant(e)s révolutionnaires encore incarcérés en Italie ainsi que leurs coordonnées.

Sommaire:

-12. 1980: la première crise
-13. 1981: offensives et divisions
-14. 1982: le tournant de la défaite tactique
-15. La retraite stratégique
-16. Des années ’90 à … demain
-17. In memoriam
-Document déposé par les militants des BR-PCC Nadia Lioce et Roberto Morandi aux actes de l’audience préliminaire du ‘procès Biagi’ le 5 octobre 2004 au tribunal de Bologne (= audience du 13 septembre 2004 à la Cour d’Assises de Rome).
-Interview du camarade Maurizio Ferrari, un des fondateurs des Brigades Rouges qui a été emprisonné pendant trente ans, sur la situation actuelle de la répression en Italie.
-Adresses des prisonniers révolutionnaires actuellement détenus en Italie

Lire le contenu de ce numéro

Révolution et contre-révolution en Italie: Histoire et actualité (première partie)

Présentation:

Les numéros 4 et 5 de Solidarité Internationale sont consacrés à l’histoire et à l’actualité de la révolution et de la contre-révolution en Italie, de la fin des années ’60 à nos jours. Ce numéro contient les deux premiers tiers d’un document politique et historique intitulé ‘Les chemins de la révolution en Italie’. Le numéro suivant livrera la fin de ce document, des textes de prisonnier(e)s révolutionnaires, et la liste des militant(e)s révolutionnaires emprisonné(e)s aujourd’hui en Italie.

Sommaire:

-1. Préambule
-2. Les années ’60: émergence d’une nouvelle classe ouvrière
-3. Novembre ’70: la formation des Brigades Rouges et leurs débuts
-4. Mouvement et gestation de l’aire de l’autonomie ouvrière
-5. 1974-’75: l’affirmation de la lutte armée
-6. Les luttes dans les prisons – les Noyaux Armés Prolétariens
-7. Le concert polyphonique de l’Autonomie Organisée
-8. 1977: l’année terrible
-9. Fin ’77: début de la nouvelle phase
-10. La campagne de printemps: l’opération Moro
-11. 1979: entre potentialités et dérive militariste
-12. 1980: la première crise
-13. 1981: offensives et divisions
-14. 1982: le tournant de la défaite tactique
-15. La retraite stratégique
-16. Des années ’90 à … demain
-17. In memoriam

Lire le contenu de ce numéro

De l’espionnage électronique policier (GSM, Internet, ordinateurs, etc.) et des moyens de s’en protéger (Techniques, pratiques et programmes)

Présentation

La conférence Communication et Sécurité a été présentée une première fois dans le cadre de la conférence internationale d’analyse sur la nouvelle qualité (politique, juridique et technique) de la contre-révolution préventive dans les centres impérialistes, le 6 novembre 2005, à Bâle.

Ecrite et présentée par un spécialiste du Rote Hilfe (Secours Rouge) de l’organisation Revolutionärer Aufbau de Zürich, elle s’est développée et enrichie au fil des traditionnels questions/réponses clôturant les conférences.

Le texte de ce numéro de Solidarité Internationale est celui qui a été préparé pour la conférence organisée par la Coordination Anti-répression à Bruxelles, le 23 juin 2006.

Sommaire:

Chapitre 1. Principes

-1. 1. La technologie de l’information dans le quotidien politique
-1. 2. Proportionnalité
-1. 3. Analyse de risque
-1. 4. Les mots de passe
-1. 5. Formation

Chapitre 2. Téléphone fixe et téléphone portable

-2. 1. Téléphones fixes
-2. 1. 1. Téléfax
-2. 1. 2. Modem analogique ou ISDN
-2. 2. Téléphones portables
-2. 3. L’interception
-2. 4. Profil de mouvement
-2. 4. 1. Saut de cellules
-2. 5. SMS ping
-2. 6. N° IMSI etc.
-2. 7. Pour être certain…
-2. 8. IMSI Catcher

Chapitre 3. Ordinateur et accessoires

-3. 1. ‘Supprimer’ (‘Delete’)
-3. 1. 1. Système d’exploitation
-3. 2. Codage du disque dur
-3. 3. Coder la circulation sur l’Internet
-3. 4. Cryptage des mails
-3. 5. Live System
-3. 6. Accès aux programmes

Lire le contenu de ce numéro

Problèmes et perspectives de la construction d’un Secours Rouge International

Présentation:

Entre les premiers contacts qui ont amenés au premier ‘tour de table’ pour un Secours Rouge International (automne-hiver 2000) à la première Conférence internationaliste de Bâle (novembre 2005), la Commission pour un Secours Rouge International a accumulé une sérieuse expérience sur les problèmes de l’organisation transnationale de la solidarité révolutionnaire. Cette expérience a souvent été difficile, deux pas en avant, un pas en arrière, mais elle constitue aujourd’hui une base permettant une nouvelle avancée. C’est la synthèse de cette expérience que nous présentons dans cette brochure réservée aux groupes intéressés par un développement de leur relation avec notre Commission.

Sommaire:

-1. Qui sommes-nous?
-2. La pratique de la Commission pour un SRI
-3. Problèmes pour la construction d’un SRI
-4. Programme pour le SRI (mars 2001)
-4. 1. Préambule
-4. 2. Plate-forme politique générale et quelques éléments organisationnels
-4. 3. Points de programme
-5. Document: Résolutions de la Commission sur ses crises internes (septembre 2002)
-6. Annexe: Qui est qui?

Lire le contenu de ce numéro

Communiqué de la Commission pour un Secours Rouge International (Bruxelles-Zürich)

Nous avons appris avec tristesse et avec colère la mort, mercredi premier mars, de Joëlle Aubron. Militante d’Action Directe, Joëlle a été libérée alors qu’elle était déjà gravement malade, le 16 juin 2004. Joëlle a résisté à la maladie avec le même courage qu’elle avait résisté à la prison. Nous adressons un salut fraternel à sa famille, ses proches et ses camarades, et nous rendons hommage à cette camarade qui a toujours parfaitement accompli son devoir de révolutionnaire. La meilleure façon d’exprimer cet hommage à la mémoire de Joëlle est de redoubler nos efforts pour la libération des prisonniers révolutionnaires, à commencer par les prisonniers malades. Il est clair que l’Etat français ne veut utiliser la loi prévoyant la libération des prisonniers dont l’état de santé est incompatible avec la détention que pour qu’ils aillent mourir hors de prison. Nous lutterons pour sortir Nathalie et les autres camarades avant que l’Etat français puisse se livrer sur eux à son calcul sordide et macabre.

-Liberté pour les prisonniers révolutionnaires!
-Honneur à la camarade Joëlle Aubron!

Joëlle Aubron

Ce qu’il faut retenir de ma camarade Joëlle Aubron

-Sa sensibilité de communiste
-La justesse dans sa lutte
-La simplicité de son courage
-La force de ses convictions révolutionnaires
-Son humanité combattante
-Son amour de la vie
-Son amour de la liberté
-Son rire, fort et clair, qui résonne à nos oreilles
-Comme l’espoir d’un monde prolétarien
-Gloire et honneur à Joëlle
-Que pour toujours ton nom fleurisse dans nos coeurs
-Pour la continuité du combat

Nathalie Ménigon – Prisonnière d’Action Directe – 4 mars 2006

Joëlle Aubron

La nouvelle qualité de la contre-révolution préventive dans les centres impérialistes

Présentation:

Les 5 et 6 novembre s’est tenue à Bâle une conférence internationale d’analyse sur la nouvelle qualité (politique, légale et technique) de la contre-révolution préventive dans les centres impérialistes. Les délégations ont exposé leur expérience pratique des nouveaux dispositifs répressifs dans leurs réalités nationales, de manière à produire une nouvelle analyse globale du problème.

Ce document a été écrit par le Comité de rédaction de la Commission pour un Secours Rouge International sur base des contributions et interventions des 25 délégations de 7 pays.

Sommaire:

-1. Contexte politique général
-2. Décision-cadre: ‘lutte contre le terrorisme’
-3. Décision-cadre: ‘mandat d’arrêt européen’
-4. L’établissement des ‘listes noires’
-5. De TREVI à Europol
-6. Convention internationale sur la ‘cybercriminalité’
-7. La nouvelle qualité de la collaboration avec les USA
-8. Développement de la biométrie
-9. Systématisation de la torture et prisons secrètes
-10. Nouvelles lois sécuritaires dans les pays membres de l’UE
-11. Nouvelles lois nationales sécuritaires hors de l’UE
-Annexe 1: Références légales
-Annexe 2: Salutations
-Annexe 3: Liste des participants à la Conférence
-Annexe 4: Remerciements

Lire le contenu de ce numéro

28/07/2005

Présentation

Le Secours Rouge est la section belge du Secours Rouge International. Il est aussi le front anti-répression de l’organisation Classe contre Classe.

Le Secours Rouge entend développer la solidarité et promouvoir la résistance face à toutes les formes de répression de classe, celles qui concernent les prisonniers révolutionnaires comme celles qui concernent les pratiques de lutte des classes (grèves, occupations, etc.), de luttes militantes (affichages, manifestations, etc.) ou pour faits de solidarité internationaliste (avec les sans-papiers, avec les peuples en lutte, etc.)

L’activité du Secours Rouge n’est pas de nature humanitaire ni caritative, mais politique. Elle fait partie intégrante d’un mouvement unique anticapitaliste, anti-impérialiste, antifasciste, visant à renverser ce système d’exploitation et d’oppression.

Dans cette optique, le Secours Rouge travaille sur deux axes principaux:
1° Il soutient les prisonniers communistes, anarchistes, syndicalistes et antifascistes de toutes les manières pratiques et politiques. Il affirme que la solidarité envers les prisonniers doit être le lieu où les fractures et divergences politiques, idéologiques et organisationnelles doivent être les moins influentes. Il y a un devoir d’unité autour des prisonniers et face à la répression.
2° Il s’emploie à améliorer les capacité de résistance des forces militantes et syndicales face à la répression par l’analyse des nouvelles lois, méthodes, organisations et technologies des forces répressives, par la promotion des méthodes et techniques d’autodéfense (formation au cryptage des communications, promotion des attitudes salvatrices lors des arrestations et des interrogatoires, etc.)

Le Secours Rouge est l’héritier de l’Association des Parents et Amis des Prisonniers Communistes (APAPC), qui s’était constituée en décembre 1985 en soutien aux prisonniers des CCC, en ce sens que l’APAPC s’est dissoute en décembre 2000 dans le Secours Rouge. En novembre 2020 a été fondée, en grande partie sur base de l’expérience du Secours Rouge, l’organisation Classe Contre Classe. Le Secours Rouge s’y est incorporé et y poursuit, dans son cadre, son travail anti-répression.

Présentation

1857 – Enfance

Clara Zetkin est née Clara Eissner, le 5 juillet 1857 à Wiederau, près de Chemnitz, en Saxe. Fille d’un instituteur de village, Clara Eissner se destine elle-même à l’enseignement et étudie à l’école normale féminine de Leipzig. Dès le milieu des années 1870, elle fréquente les mouvements féministes, participant aux discussions des Allgemeinen Deutschen Frauenvereins (Association générale des femmes allemandes) et elle commence à adhérer à la mouvance socialiste. En 1878, elle avait brillament réussi son examen mais bien qu’elle aimât beaucoup sa profession, elle allait choisir une autre voie en adhérant aux idées socialistes qui se développaient dans l’essor industriel de l’Allemagne de Bismarck.

Maison d’enfance de Clara Zetkin


Maison d’enfance de Clara Zetkin


Clara Zetkin

1878 – August Bebel: ‘La Femme et le socialisme’

Die Frau und der Soczialismus


August Bebel

Dans la vague de chauvinisme triomphant qui se déchaîna après la guerre franco-allemande de 1870, la répression frappa les socialistes allemands, à commencer par leur représentant au parlement, August Bebel. C’est durant les trois années de prison qu’il dû purger pour ‘insultes à sa Majesté’ que Bebel écrivit un livre qui transforma des millions de consciences: La Femme et le socialisme, qui dût être édité en Suisse en raison de la censure anti-socialiste. Des milliers d’exemplaires furent envoyés en Allemagne sous une fausse couverture indiquant : Rapports des directeurs d’entreprise. Ce livre eut un succès foudroyant.

Le problème abordé, aussi, était d’une importance capitale: à l’heure où le mouvement ouvrier rassemblait ses forces contre les capitalistes et l’Etat réactionnaire, pouvait-il renoncer à la moitié féminine de la classe?

Bebel devait lutter contre des préjugé à l’intérieur même du mouvement ouvrier. Au premier Congrès de la Ière Internationale (Genève, 1866), les partisans de Proudhon voulaient que l’Internationale interdise le travail des femmes, leur domaine naturel étant selon eux la cuisine et leur profession naturelle la maternité. Chez les ouvrières également, les ‘chaînes du passé’ marquaient les mentalités: les jeunes travailleuses plaçaient le plus souvent leurs espoirs dans un mariage qui leur épargnerait le sort de leurs mères et les délivrerait du bagne de la manufacture, fut-ce au prix de la relégation dans une cuisine.

Bebel inscrivit la question dans le processus socio-historique, entamant son livre par une étude très documentée sur les différentes formes d’oppression subies par les femmes dans l’histoire. Combattant l’idée de la ‘sujétion naturelle’ de la femme à l’homme, il démontra la liaison inséparable existant entre la question féminine et la question sociale, entre la libération de la femme et celle de la société toute entière des lois du profit.

Et Bebel d’exposer ce que le socialisme pourra apporter aux femmes: ‘Dans la société nouvelle, la femme sera complètement indépendante socialement et économiquement, elle ne sera plus soumise même à un semblant de domination et d »exploitation’, elle sera libre vis-à-vis de l’homme, elle sera son égale et elle disposera de son destin. Elle recevra la même éducation que l’homme sauf dans les domaines où la différence des sexes exige des exceptions; vivant dans des conditions naturelles, elle pourra développer toutes ses forces et ses aptitudes physiques et intellectuelles; elle choisira le mieux à ses désirs, à ses tendances et à ses dispositions et elle agira dans les mêmes conditions que l’homme… Pour choisir son partenaire en amour, elle sera aussi libre que l’homme. Elle courtise ou se fait courtiser et ne contracte une union qu’en considérant ses sentiments.’

On mesure mal aujourd’hui la portée révolutionnaire de ces lignes qui eurent un impact immense. Clara Zetkin rendra de nombreuses fois hommage à Bebel et à son travail de pionnier. Elle le connaitra d’ailleurs personnellement; c’est Bebel qui se chargera de la faire admettre dans un sanatorium en Forêt-Noire, lorsqu’elle sera atteinte de tuberculose peu après le Congrès de Paris en 1889.

1878 – Socialiste et féministe

En 1878, Clara Zetkin rompt avec sa famille et adhère au Sozialistischen Arbeiterpartei (SAP), ancêtre du SPD, parti interdit par Bismarck la même année. Elle participe aux réunions socialistes clandestines et y rencontre le révolutionnaire russe Ossip Zetkin, un militant populiste banni de Russie. Ossip Zetkin est arrêté et expulsé d’Allemagne à l’été 1890. Clara Zetkin sera bientôt elle-même expulsée de Saxe vers Zurich, et elle rejoint Ossip en 1882 à Paris, où ils vécurent pauvrement dans le 13e arrondissement. Ils y vécurent pauvrement et eurent deux enfants: Maxime et Konstantin. Elle est rédactrice à l’organe du parti, Der Sozialdemokrat. Bien qu’ils ne soient pas mariés, Clara prend le nom de son compagnon et le gardera jusqu’à sa mort.

Ossip fut le secrétaire du premier groupement d’ouvriers étrangers, surtout russes et roumains, à Paris. Avec Clara, ils rédigent des correspondances pour la presse socialiste allemande. Ils font la connaissance de Louise Michel, Jules Guesde, Paul Lafargue et sa femme Laura, fille de Marx. Ossip Zetkin décède de tuberculose en 1889.

Clara Zetkin et ses fils

Clara Zetkin

1878 – Théoricienne du fémininsme prolétarien

Clara Zetkin est appelée à participer à la préparation au Congrès ouvrier international qui se tiendra à Paris en juillet 1889 et qui donnera naissance à la IIe Internationale. Elle y présentera un rapport sur la situation des travailleuses sous le capitalisme et y prononcera le premier discours de sa vie: Pour la libération de la femme, à une époque où elles n’avaient le droit de vote dans aucun pays. Dans son discours, elle expose qu’‘en combattant la main dans la main avec les ouvriers socialistes, les femmes se montrent prêtes à prendre part à tous les sacrifices et efforts de la lutte, mais elles sont aussi décidées, à juste titre, à exiger après la victoire tous les droits qui leur reviennent.’. Ses interventions sont déterminantes dans la décision de la IIe Internationale à inviter les socialistes de tous les pays à impliquer les femmes dans la lutte des classes, et un an plus tard, le programme social-démocrate (dit ‘programme d’Erfurt’) qui intégrait la revendication de l’égalité économique, politique et juridique de la femme. Clara s’était affirmée à la fois comme dirigeante politique d’envergure internationale, et comme théoricienne des problèmes féminins. Elle avait 32 ans.

Jusqu’en 1890, tout moyen d’expression était interdit au mouvement socialiste. Seul le groupe parlementaire social-démocrate porté au Reichstag lors des élections ne put être liquidé par Bismarck. Lorsque August Bebel et Wilhelm organisèrent la lutte illégale, les femmes jouèrent un grand rôle. Progressivement, elles s’engagèrent en masse dans la lutte des classes, et notamment dans les grandes grèves des années ’80. En 1889, de puissantes grèves générales amenèrent à l’abolisation, en janvier 1890, de la loi contre les socialistes. Clara Zetkin pu revenir en Allemagne avec ses deux enfants.

C’est en 1892 que paraît le premier numéro de Die Gleichheit (L’Egalité), premier journal politique féminin, longtemps seul dans son genre en Europe. Clara Zetkin, fixée à Stuttgart, en est la rédactrice en chef et elle l’animera jusqu’en 1917 et en fera un véhicule puissant pour la diffusion de ses idées. Dans Die Gleichheit, Clara Zetkin ne se contenta pas de vastes démonstrations théoriques, elle dénonça aussi au jour le jour la condition de la femme prolétarienne, celle des étameuses de miroirs empoisonnées au mercure, qui accouchaient d’enfants mort-nés, celle des travailleuses d’une filature de jute que leur patron payait si peu qu’elles ne pouvaient se permettre qu’un repas chaud par semaine: ‘ce n’est pas de la toile que vous débitez, écrit Zetkin aux patrons des filatures, c’est de la vie humaine toute chaude…’

Au Congrès de Gotha, en 1896, le SPD adopte la résolution présentée par Clara Zetkin. En août 1907, elle est élue responsable du secrétariat international des femmes, et c’est aussi elle qui fait adopter par le congrès de l’Internationale la résolution selon laquelle ‘les partis socialistes de tous les pays ont le devoir de lutter énergiquement pour l’instauration du suffrage universel des femmes.’

Elle se mariera en 1899 avec le peintre Friedrich Zundel, avec lequel elle restera mariée jusqu’en 1928, en conservant le nom de Zetkin.

A Paris, elle participe activement à la fondation de la Deuxième Internationale où elle réclame l’égalité complète des droits professionnels et sociaux de la femme ainsi que sa participation active à la lutte des classes.

En août 1907, les 56 déléguées de 14 pays réunies à Stuttgart dans la première Conférence Internationale des femmes socialistes élurent Clara Zetkin à la présidence du secrétariat international des femmes socialistes.

Clara Zetkin

Die Arbeiterinnen und Frauenfrage der Gegenwart

Lire le discours de Clara Zetkin sur la libération de la femme – format pdf

1908 – La ‘Journée Internationale de la Femme’

Le 8 mars 1910, lors de la 2e Conférence internationale des femmes socialistes à Copenhague, Clara Zetkin propose la création de la journée internationale des femmes, journée de manifestation annuelle afin de militer pour le droit de vote, l’égalité entre les sexes, et le socialisme. Cette initiative est à l’origine de la Journée Internationale des Femmes, manifestation qui se déroule tous les ans le 8 mars.

Dès 1911, un million de femmes manifestent en Autriche-Hongrie, au Danemark, en Suisse, en Allemagne, puis les années suivantes en France, aux Pays-Bas, en Russie et en Suède. Le 8 mars 1914, les femmes réclament le droit de vote en Allemagne. La date n’est tout d’abord pas fixe, et ce n’est qu’à partir de 1917, avec la grève des ouvrières de Saint-Pétersbourg, que la tradition du 8 mars se met définitivement en place. Le 8 mars 1921, Lénine décrète le 8 mars Journée des femmes. En 1924, la journée est célébrée en Chine et en 1946 dans les républiques populaires d’Europe de l’Est. Le 8 mars 1977, les Nations Unies officialisent la Journée Internationale de la Femme.

Tract pour la journée des femmes

Affiche soviétique pour la journée des femmes

1914 – Internationaliste et pacifiste

Dans le parti social-démocrate allemand, Clara Zetkin tient une place particulière par ses analyses et sa pratique marxiste, par la fermeté de ses positions de classe contre le capitalisme et l’impérialisme. Elle vient à se situer, avec cette autre femme extraordinnaire que fut son amie Rosa Luxembourg, à l’aile gauche d’un SPD qui est de plus en plus puissant mais qui s’installe dans le réformisme.

Les perspectives de guerre accentuent le clivage. Au congrès du SPD de septembre 1907, à Essen, Clara Zetkin s’en prend avec vigueur au chauvinisme d’un Noske.

Au Congrès socialiste international de Bâle, en novembre 1912, elle lance aux femmes du monde entier un appel à lutter contre la guerre impérialiste, que cite Aragon dans son magnifique roman Les Cloches de Bâle (l’épilogue a d’ailleurs pour titre Clara).

Clara Zetkin participe à l’aile gauche du SPD, et devient très proche de Rosa Luxemburg. Opposante à la première guerre mondiale, en septembre 1914, elle adresse à plusieurs journaux des pays neutres une lettre condamnant la politique du SPD qui vient d’approuver l’entrée en guerre de l’Allemagne.

Elle fonde clandestinement en décembre 1914 avec Rosa Luxemburg, Karl Liebknecht, Paul Levi, Ernest Meyer, Leo Jogiches et Franz Mehring le Spartakusbund (Ligue spartakiste) et elle mène de nombreuses actions pacifistes. En mars 1915, étant passée illégalement par la Hollande, elle assure à Berne la tenue d’une conférence internationale des femmes socialistes où s’affirme l’opposition à la guerre. Ce qui lui vaudra, à son retour en Allemagne, d’être inquiétée, arrêtée, emprisonnée comme l’est depuis l’année précédente Rosa Luxembourg.

Clara Zetkin et Rosa Luxembourg

Affiche du Spartakusbund

1920 – Co-fondatrice du KPD

Rosa Luxembourg va constituer en mars 1917 avec d’autres opposants exclus du SPD un parti social-démocrate indépendant, auquel Clara Zetkin adhère. Le SPD la limoge de Die Gleichheit qu’elle avait créée, qui était son oeuvre, et à travers laquelle elle avait continué, malgré la censure, à faire passer un souffle révolutionnaire et internationaliste. Les événements se précipitent, la révolution d’Octobre en Russie, en Allemagne, les grèves puis la révolution de novembre 1918, la répression sanglante du mouvement spartakiste par la droite sociale-démocrate où s’illustre Noske, l’assassinat en janvier 1919 à Berlin de Karl Liebknecht et de Rosa Luxemburg.

En 1920, Clara Zetkin rejoint Ernst Thalmann, Ernst Toller et Walther Ulbricht pour former le Parti communiste d’Allemagne, dont elle devient dirigeante (membre du bureau central jusqu’en 1924 puis membre du comité central de 1927 à 1929). La révolution allemande de novembre 1918 permet au mouvement féministe d’obtenir le droit pour les femmes de voter et d’être élues: Clara Zetkin est élue députée KPD au Reichstag en 1920 et elle sera à chaque fois réélue pendant toute la durée de la République de Weimar.

Clara Zetkin à la tribune

1920-1924 – Clara Zetkin et Lénine

Clara Zetkin avait rencontré Engels au Congrès ouvrier socialiste international de Zurich en 1893. C’est en 1907 qu’elle rencontra Lénine une première fois, au Congrès de Stuttgart, et elle y était alors plus connue que lui.

L’autorité de Clara Zetkin dans le mouvement ouvrier international était telle qu’à l’automne 1920, Lénine lui demande d’aider à la création d’un puissant mouvement féminin international. Il a avec elle, dans son bureau du Kremlin, plusieurs conversations sur la question féminine qu’elle rapporte dans ses Notes sur mon carnet.

Si elle est pleine d’admiration et d’affection pour Lénine, elle n’hésite pas à le contredire pour défendre son propre point de vue. Ainsi, lorsque Lénine lui repproche la trop grande attention accordée, selon lui, par le KPD aux problèmes du sexe et aux théories de Freud, ‘j’objectai, raconte-t-elle, que la question sexuelle et celle du mariage sous la domination de la propriété et de l’ordre bourgeois engendraient toutes sortes de problèmes, de conflits et de souffrances pour les femmes de toutes classes et couches sociales. La guerre et ses conséquences, disais-je, avaient, s’agissant justement des rapports sexuels, extraordinairement aggravé les conflits existants et les souffrances des femmes, les avaient rendus perceptibles des problèmes qui, jusqu’ici, leur étaient restés cachés.’

Clara Zetkin

Lire le texte de Clara Zetkin sur ses rencontres avec Lénine (1924)

1921-1933 – Dirigeante du Komintern

A soixante ans passés, membre de la direction du KPD, Clara Zetkin devient membre du Comité Exécutif de la IIIe Internationale, l’Internationale communiste, le Komintern. Elle le sera de 1921 à 1933 (durant cette période, elle vivra surrtout à Moscou). Le Comité Exécutif la charge, en décembre 1920, d’aller saluer le Congrès de Tours d’où va naître le Parti communiste français. Elle y parvient malgré un formidable dispositif policier ayant pour consigne de la refouler. En octobre 1921, pour effectuerla même mission à Milan, il faudra lancer les policiers sur de fausses pistes et la grimer et lui faire porter une perruque. Clara Zetkin dirige également le secrétariat féminin de la III° Internationale et dirige le périodique Die Kommunistische Fraueninternationale.

Elle est proche d’Alexandra Kollontaï au sein de l’Internationale, mais se retrouvera au cours des années 1920 isolée politiquement, en particulier après l’exclusion de Paul Levi. Elle conserve néanmoins toutes ses fonctions et responsabilités.

Clara Zetkin et Alexandra Kollontaï

Clara Zetkin et Kliment Vorochilov

1925-1933 – Dirigeante du Secours Rouge International

C’est le 29 décembre 1922 que la Société des vieux bolcheviks, lors d’une de ses sessions, lance l’idée d’une association russe d’aide et de solidarité internationale aux combattants de la Révolution. Très vite, l’idée est reprise par l’Internationale Communiste. Le Secours Rouge International est fondé et a rapidement de nombreuses sections nationales. L’organisation se veut donc la plus large possible mais se dote d’une structure très centralisée: le congrès des associations nationales membres, réuni au moins tous les deux ans, élit un Comité Exécutif siégeant deux fois par an. Julian Marchlewski (un des co-fondateurs, en 1893, avec Rosa Luxembourg du Parti social-démocrate de Pologne) sera le premier président du Comité Central du SRI jusqu’à sa mort, survenue en 1925. A la mort de Julian Marchlewski, c’est Clara Zetkin qui assume la présidence du SRI.

Julian Marchlewski

Clara Zetkin

Consulter l’histoire du Secours rouge International (et de sa section belge)

1923-1933 – Contre le fascisme

Clara Zetkin fut la première à donner, dans un rapport qu’elle présente au Comité Exécutif du Komintern en 1923, une analyse lucide de la nature du fascisme et de ses bases de masse, à partir de son instauration en Italie et de ses phénomènes avant-coureurs en Allemagne. Cela dix ans avant la définition classique formulée par Georges Dimitrov. Et contre le fascisme, contre la guerre qui continue d’être sa hantise, elle défend au sein du Komintern l’idée du ‘front unique’ bien avant qu’elle ne prévale.

Opérations de la cataracte, pieds gelés et gangrène, sans parler de sa tuberculose ancienne, c’est une vieille dame usée qui, en tant que doyenne du parlement allemand doit en août 1932, selon l’usage, prononcer le discours d’ouverture.

Hitler touche alors au but. Les élections du 31 juillet lui ont donné 38% des voix. A la première séance du nouveau parlement, le 30 août, la masse de ses députés en uniformes brun de S.A., saluent le bras tendu Goering qui va se faire élire président du Reichstag. Clara Zetkin, députée communiste, 75 ans, presque aveugle, monte lentement à la tribune, soutenue par deux personnes. D’une voix d’abord à peine audible, mais qui s’affermit de plus en plus, elle prononce un long appel à combattre l’hitlérisme: ‘Il s’agit d’abord et avant tout d’abattre le fascisme qui veut réduire à néant par le fer et par le sang les manifestations de classe des travailleurs. L’exigence de l’heure, c’est le front unique de tous les travailleurs pour faire reculer le fascisme.’

Clara Zetkin au Reichstag

Numéro 9 de ‘Masses’

Clara Zetkin

Lire le discours de Clara Zetkin au Reichstag contre le fascisme

1933 – L’exil et la mort

Contrainte de fuir l’Allemagne après l’arrivée des nazis au pouvoir et l’interdiction du KPD, elle arrive à Moscou à bout de force et meurt quelques semaines plus tard le 20 juin 1933, à 75 ans, dans une maison de repos d’Arkhangelskoïe, près de Moscou. La tombe de Clara Zetkin se trouve le long des murs du Kremlin, sur la Place Rouge.

Monument Clara Zetkin

Maison d'enfance de Clara Zetkin
Maison d'enfance de Clara Zetkin
Clara Zetkin
Die Frau und der Soczialismus
August Bebel
Clara Zetkin et ses fils
Clara Zetkin
Clara Zetkin
Die Arbeiterinnen und Frauenfrage der Gegenwart
Tract pour la journée des femmes
Affiche soviétique pour la journée des femmes
Clara Zetkin et Rosa Luxembourg
Affiche du Spartakusbund
Clara Zetkin à la tribune
Clara Zetkin
Clara Zetkin et Alexandra Kollontaï
Clara Zetkin et Kliment Vorochilov
Julian Marchlewski
Clara Zetkin
Clara Zetkin au Reichstag
Numéro 9 de 'Masses'
Clara Zetkin
Monument Clara Zetkin