Irrités par un « reportage » de l’émission Capital diffusé par M6 le 10 juin au soir, vantant la privatisation des transports publics en Europe et la réforme de Macron allant en ce sens, les cheminots ont tenté de prendre d’assaut le siège de M6 à Neuilly-sur-Seine, près de Paris. Les cheminots dénoncent des manipulations et des mensonges de la rédaction sur le temps de travail, l’âge de la retraite et le statut. Les CRS postés en défense du bâtiment ont violemment repoussés les manifestants qui ont répliqué avec des projectiles et des fumigènes. M6 a pour sa part déposé plainte pour « vandalisme » (une porte a été brisée dans l’affrontement).
Ce vendredi 15 juin comparaîtront devant le tribunal Bruno Verlaeckt, président de la FGTB pour la région Anvers-Waasland et Tom Devoght, délégué syndical FGTB dans l’entreprise chimique Arlanxeo. Tous deux risquent une peine de prison de cinq à dix ans pour avoir participé à un piquet de grève.
Le 24 juin 2016, lors d’une grève nationale contre les plans du gouvernement belge, un piquet de grève est organisé au port d’Anvers, où se situe plusieurs entreprises pétrochimiques. Très vite, la police ripostera avec entre autre des véhicules blindés et des canons à eau. Peu après l’arrivée des policiers Bruno Verlaeckt sera sorti du groupe, menotté et emmené. Tom Devoght sera lui arrêté pour avoir voulu empêcher cette arrestation. Ce jour-là, d’autres piquets organisés au port d’Anvers seront dégagés et la grève brisée. Les deux syndicalistes sont accusés d’«entrave méchante à la circulation ».
La FGTB avec le soutien de la CSC appelle à un rassemblement massive le 15 juin dès 8h devant le tribunal d’Anvers, Bolivarplaats 20/1.
La menace planait depuis quelques jours (voir notre article) : les grévistes de Vélib ont reçu hier dimanche leur lettre de licenciement de l’opérateur Smovengo. Ils contesteront cette décision devant les prudhommes.
En grève depuis la mi-avril contre leurs conditions de travail, les salariés se sont heurtés depuis le début a un refus de toute négociation. La société avait assigné les salariés grévistes au tribunal sur la légalité de la grève. Le tribunal a rendu son jugement, que les deux camps ont interprété différemment : pour les salariés, le tribunal avait reconnu la grève mais ne l’interdisait pas, rien ne leur étant notifié ; pour Smovengo, elle était illégale car les salariés n’avaient pas déposé de préavis cinq jours avant, comme l’exige le service public (et ce même si Smovengo, délégataire d’un service public, est une entreprise privée), cela signifiait donc que le travail devait être repris. Les salariés dénonçaient leurs conditions de travail, pointant des bugs techniques et des manquements au niveau du matériel ou de l’organisation.
Une syndicaliste de 29 ans, Soumaila Sacko, membre de l’Union syndicale de Base, a été tué d’une balle dans la tête et un autre ouvrier agricole africain a été blessé à la jambe samedi soir près de Rosarno, en Calabre. C’est la région dont provient une partie des fruits et légumes, parfois même estampillés « bio », que l’on retrouve sur nos tables : agrumes, kiwis, tomates, en particulier. Ils sont récoltés par des milliers de travailleurs agricoles, originaires d’Afrique Sub-saharienne, rétribués à la journée. La paie tourne autour de 20 à 25 euros, pour dix heures de travail.
Lundi matin aucun travailleur agricole n’était visible aux croisements des routes de la plaine agricole où sont embauchés dès l’aube les ouvriers. La grève appelée par l’USB a été totale. L’activité a également été paralysée dans la région de Foggia alors que des rassemblements ont eu lieu ailleurs en Italie, notamment à Turin, à Potenza et à Rome. Mardi et mercredi, ce sera au tour des travailleurs du secteur logistique, très en pointe dans les luttes et organisés par les syndicats de base, comme le SiCOBASet l’USB, de débrayer pour protester contre le racisme, le travail au noir, le patronat mafieux et la politique gouvernementale.
Le 9 février, une opération policière dans les locaux de l’asbl Globe Aroma a débouché sur l’emprisonnement de deux sans-papiers dont un militant syndical. Cette opération étant survenue le lendemain du refus des visites domiciliaires, elle prenait clairement un caractère politique. Ce raid dans une asbl le jour même d’un vernissage en présence d’autorités politiques, sonnait comme une réponse politico-policière au vote de la veille. L’instrumentalisation politique de la situation des sans-papiers par la N-VA et consorts, faisant appel aux pires sentiments égoïstes et xénophobes, s’accompagne d’une escalade policière et judiciaire :
• Ainsi la gravité du meurtre de la petite Mawda est à ce point minimisé que le message aux policiers est clair : continuez à tirer sur des véhicules pleins de gens désarmés, ce sont des réfugiés, leur vie ne vaut pas grand chose.
• Ainsi la poursuite pour « organisation criminelle » et « traite d’être humain » de deux journalistes apolitiques qui, par pur soucis humanitaire, aidaient les sans-papiers, établit que non seulement il est criminel d’essayer de fuir son pays en guerre pour offrir un avenir meilleur à ses enfants (criminel au point qu’on ne peut se considérer comme victime si on tue votre enfant dans vos bras) mais qu’il est aussi criminel d’apporter une aide désintéressée à ces migrants.
Un « vent favorable » nous informe que, dans le cas de l’affaire de Mounir Tahir, le syndicaliste sans-papiers arrêté au Globe Aroma, l’OCAM avait rendu un avis défavorable à la libération sous prétexte, notamment, qu’en tant que membre du Secours Rouge, Mounir Tahir représentait un danger. Nous sommes extrêmement flattés d’être considérés comme un danger par la racaille policière et judiciaire, valets et boucliers des élites qui pillent et exploitent la société. Nous espérons un jour être à la hauteur d’une telle réputation. Mais nous devons aussi dire que nous ignorions jusqu’à l’existence de Mounir Tahir avant son arrestation. S’il a côtoyé un de nous dans une manifestation ou ailleurs c’est pure coïncidence. Nous sommes suffisamment fliqués pour être certains que les polices n’ignorent pas que Mounir Tahir est étranger à notre collectif. Et avoir versé cette « affirmation » au dossier n’est qu’une vulgaire provocation qui couronne celle de la rafle au Globe Aroma.
Sans rien connaître de lui que ce qui a été communiqué par ses camarades et amis, nous affirmons notre solidarité avec Mounir Tahir. Nous lui exprimons nos regrets de ce que notre action ait été instrumentalisée contre lui. Nous exprimons aux structures policières et judiciaires tout notre mépris pour leurs mensonges et leur acharnement contre les sans-papiers, leurs représentants et leurs amis.
Secours Rouge de Belgique
section belge du Secours Rouge International
Bruxelles, juin 2018
Edit 18h: Jiyed et Mounir viennent d’être libérés.
Ce mardi, plusieurs dizaines d’étudiants sont parties en marche pour aller bloquer la Sorbonne où se déroulait un conseil d’administration de Paris-Descartes et s’opposer à la fusion de leur université avec celle de la Sorbonne. Les étudiants ont été rapidement dispersés puis nassés par la police. Le 29 mai marquait également le 24e jour de la grève à la SNCF. Une manifestation des cheminots se rendait vers le Sénat où est actuellement discuté le texte de la réforme. Sur le chemin, ils ont rejoint les étudiants et les ont délivré pour ensuite marcher ensemble vers le Sénat.
Les cheminots délivrent des étudiants nassés par la police
Le militant syndical Mounir Tahri, détenu au centre 127Bis suite à son arrestation à GlobeAroma (voir notre article) devait être libéré. Mais cette décision a été suspendue par un recours en appel signifié, non par le Procureur du Roi (représentant les intérêts de la société civile), mais par le Secrétaire d’État à l’asile et à la migration représenté par l’Office des Étrangers. Mounir Tahri et Jiyed Cheike, resteront donc tous deux détenus au centre 127 bis. Plus de 100 délégations syndicales présentes en entreprise ont signé des motions de soutien à Mounir et Jiyed.
En pleine mobilisation sociale, un gérant d’un restaurant franchisé de l’enseigne a assigné en référé, le 15 mai, six grévistes pour « occupation illicite » du fast-food parisien de la gare de l’Est. Ces salariés comparaissaient jeudi au TGI de Paris. Alors que la direction demande au juge des référés l’interdiction « d’entraver par des piquets de grève la liberté du travail et du commerce », l’avocate des salariés affirme que les clients pouvaient entrer et sortir librement du fast-food.
Ce n’est pas un hasard si ce restaurant est la cible de la direction. Poumon de la mobilisation sociale, une dizaine de salariés en grève, des étudiants, des cheminots s’y relaient tous les jours depuis le 11 mai. Ils réclament une hausse des salaires à 13 euros de l’heure, la fin de l’évasion fiscale et l’arrêt des discriminations antisyndicales. Le McDonald’s de la gare de l’Est est ainsi géré avec 23 autres par l’homme d’affaires Michel Parmentier, mais aucun n’atteint le seuil de 50 salariés. L’objectif est d’empêcher le regroupement de ces restaurants en unités économiques et sociales (UES) et la création de comités d’entreprise, sans lesquels aucun accord ne peut être signé. Les employés n’ont aucun délégué syndical.
Le groupe REAGIS et le collectif RESISTE organisent une Soirée ciné débat : « Rien ne nous est donné ». Via ce documentaire, des grévistes racontent leur combat à l’occasion de cinq grèves à Bruxelles: celle chez Citroën en 1969 et la dure répression qui l’a accompagnée, la lutte de l’usine de chocolats Côte d’Or en 1988, la grève de Volkswagen en 1994, les occupations de Godiva à Koekelberg en 2009 et de IAC Fiat, place Meiser à Schaarbeek (où le Secours Rouge est intervenu solidairement, voir notre dossier)
L’événement aura lieu mercredi 30 mai à 18H30 dans les locaux de la FGTB Bruxelles,
45, Rue de Suède, 1060 Saint-Gilles.
En début de semaine, les travailleurs de deux lignes de métro de Buenos Aires ont entamé une grève qui devait se terminer le mardi midi. Le lundi matin, la police municipale a escorté des membres du personnel de direction de la compagnie de transport Metrovías pour remettre en service les 2 lignes de métro, mais les travailleurs se sont jetés sur les lignes pour les arrêter. La police s’est immédiatement attaquée aux travailleurs grèvistes dans le tunnel en utilisant des gaz lacrymogènes et en tirant des balles en caoutchouc. Une dizaine de personne ont été arrêté dont Nester Segovia, secrétaire adjoint de l’Association des travailleurs du métro et des pre-metro (AGTSyP) ainsi que d’autres représentants syndicaux. En réponse aux arrestations, le secrétaire général du syndicat, Roberto Pianelli, a annoncé une grève indéfinie jusqu’à la libération des collaborateurs détenus.
Les travailleurs du métro mènent régulièrement des actions depuis plusieurs mois suite à une décision de la Cour suprême les empêchant d’entamer des négociations pour une augmentation de salaire supérieure aux 15% convenus plus tôt dans l’année. Depuis avril, plus de 100 travailleurs ont été suspendus par la compagnie de Metro suite à des actions de grève.
Action de grève dans le métro. La police prête à charger