L’impasse des négociations annuelles obligatoires 2018 chez SNF, le fabricant de floculants à Andrézieux-Bouthéon, a conduit la CGT et la CFDT à appeler à un débrayage à partir de lundi matin, massivement suivi. Un piquet de grève installé à l’entrée du site procède à un barrage filtrant des véhicules qui entrent et qui sortent dans le cadre de ce premier conflit social majeur dans ce groupe chimique. La direction a assigné deux délégués CGT et deux délégués CFDT en référé devant le TGI de Saint-Etienne ce jeudi pour y répondre de blocage des entrées et sorties de marchandises par un piquet de grève et d’entrave aux dispositifs de sécurité (l’installation est classée Seveso).

Le site d’Andrézieux-Bouthéon

Le site d'Andrézieux-Bouthéon

En octobre 2015, lors d’une grève générale organisée en province de Liège, plus de 200 manifestants bloquent l’autoroute E40 à Herstal et allument des feux sur le pont de Cheratte (voir notre article). Le parquet du Procureur du Roi entamera des poursuites contre 18 manifestants pour « entrave méchante à la circulation ». La Région Wallonne, propriétaire de la voirie, portera plainte pour « dégradation du domaine public » . En janvier 2018, le parquet abandonnera les charges de «  prévention d’incendie et de dégradations volontaires » (voir notre article) mais la Région Wallonne fera appel de la decision. Fin mai, les magistrats décident de poursuivre le procès correctionnel pour l’entrave mais prononcent un non-lieu général pour les dégradations, la police n’ayant pu déterminer avec exactitude le rôle précis et l’implication individuelle des manifestants. Suite à cette décision, la Région Wallonne a décidé de se pourvoir en cassation.

Le blocage du viaduc de Cheratte

Le blocage du viaduc de Cheratte

Ce vendredi 15 juin Bruno Verlaeckt, président de la FGTB pour la région Anvers-Waasland et Tom Devoght, délégué syndical FGTB dans l’entreprise chimique Arlanxeo ont comparu devant le tribunal d’Anvers. Tous deux risquent une peine de prison de cinq à dix ans pour avoir participé à un piquet de grève (voir notre article). plusieurs centaines de syndicalistes et de militants solidaires, dont une délégation de notre Secours Rouge, ont participé au rassemblement de soutien durant l’audience.

Au palais de justice d’Anvers ce matin

Au palais de justice d'Anvers ce matin

Irrités par un « reportage » de l’émission Capital diffusé par M6 le 10 juin au soir, vantant la privatisation des transports publics en Europe et la réforme de Macron allant en ce sens, les cheminots ont tenté de prendre d’assaut le siège de M6 à Neuilly-sur-Seine, près de Paris. Les cheminots dénoncent des manipulations et des mensonges de la rédaction sur le temps de travail, l’âge de la retraite et le statut. Les CRS postés en défense du bâtiment ont violemment repoussés les manifestants qui ont répliqué avec des projectiles et des fumigènes. M6 a pour sa part déposé plainte pour « vandalisme » (une porte a été brisée dans l’affrontement).

Les incidents à Neuilly-sur-Seine

Les incidents à Neuilly-sur-Seine

Ce vendredi 15 juin comparaîtront devant le tribunal Bruno Verlaeckt, président de la FGTB pour la région Anvers-Waasland et Tom Devoght, délégué syndical FGTB dans l’entreprise chimique Arlanxeo. Tous deux risquent une peine de prison de cinq à dix ans pour avoir participé à un piquet de grève.
Le 24 juin 2016, lors d’une grève nationale contre les plans du gouvernement belge, un piquet de grève est organisé au port d’Anvers, où se situe plusieurs entreprises pétrochimiques. Très vite, la police ripostera avec entre autre des véhicules blindés et des canons à eau. Peu après l’arrivée des policiers Bruno Verlaeckt sera sorti du groupe, menotté et emmené. Tom Devoght sera lui arrêté pour avoir voulu empêcher cette arrestation. Ce jour-là, d’autres piquets organisés au port d’Anvers seront dégagés et la grève brisée. Les deux syndicalistes sont accusés d’«entrave méchante à la circulation ».

La FGTB avec le soutien de la CSC appelle à un rassemblement massive le 15 juin dès 8h devant le tribunal d’Anvers, Bolivarplaats 20/1.

Tom Devoght et Bruno Verlaeckt

La menace planait depuis quelques jours (voir notre article) : les grévistes de Vélib ont reçu hier dimanche leur lettre de licenciement de l’opérateur Smovengo. Ils contesteront cette décision devant les prudhommes.

En grève depuis la mi-avril contre leurs conditions de travail, les salariés se sont heurtés depuis le début a un refus de toute négociation. La société avait assigné les salariés grévistes au tribunal sur la légalité de la grève. Le tribunal a rendu son jugement, que les deux camps ont interprété différemment : pour les salariés, le tribunal avait reconnu la grève mais ne l’interdisait pas, rien ne leur étant notifié ; pour Smovengo, elle était illégale car les salariés n’avaient pas déposé de préavis cinq jours avant, comme l’exige le service public (et ce même si Smovengo, délégataire d’un service public, est une entreprise privée), cela signifiait donc que le travail devait être repris. Les salariés dénonçaient leurs conditions de travail, pointant des bugs techniques et des manquements au niveau du matériel ou de l’organisation.

Des grévistes de Vélib’

Des grévistes de Vélib'

Une syndicaliste de 29 ans, Soumaila Sacko, membre de l’Union syndicale de Base, a été tué d’une balle dans la tête et un autre ouvrier agricole africain a été blessé à la jambe samedi soir près de Rosarno, en Calabre. C’est la région dont provient une partie des fruits et légumes, parfois même estampillés « bio », que l’on retrouve sur nos tables : agrumes, kiwis, tomates, en particulier. Ils sont récoltés par des milliers de travailleurs agricoles, originaires d’Afrique Sub-saharienne, rétribués à la journée. La paie tourne autour de 20 à 25 euros, pour dix heures de travail.

Lundi matin aucun travailleur agricole n’était visible aux croisements des routes de la plaine agricole où sont embauchés dès l’aube les ouvriers. La grève appelée par l’USB a été totale. L’activité a également été paralysée dans la région de Foggia alors que des rassemblements ont eu lieu ailleurs en Italie, notamment à Turin, à Potenza et à Rome. Mardi et mercredi, ce sera au tour des travailleurs du secteur logistique, très en pointe dans les luttes et organisés par les syndicats de base, comme le SiCOBASet l’USB, de débrayer pour protester contre le racisme, le travail au noir, le patronat mafieux et la politique gouvernementale.

Soumaila Sacko

Soumaila Sacko

Le 9 février, une opération policière dans les locaux de l’asbl Globe Aroma a débouché sur l’emprisonnement de deux sans-papiers dont un militant syndical. Cette opération étant survenue le lendemain du refus des visites domiciliaires, elle prenait clairement un caractère politique. Ce raid dans une asbl le jour même d’un vernissage en présence d’autorités politiques, sonnait comme une réponse politico-policière au vote de la veille. L’instrumentalisation politique de la situation des sans-papiers par la N-VA et consorts, faisant appel aux pires sentiments égoïstes et xénophobes, s’accompagne d’une escalade policière et judiciaire :

• Ainsi la gravité du meurtre de la petite Mawda est à ce point minimisé que le message aux policiers est clair : continuez à tirer sur des véhicules pleins de gens désarmés, ce sont des réfugiés, leur vie ne vaut pas grand chose.
• Ainsi la poursuite pour « organisation criminelle » et « traite d’être humain » de deux journalistes apolitiques qui, par pur soucis humanitaire, aidaient les sans-papiers, établit que non seulement il est criminel d’essayer de fuir son pays en guerre pour offrir un avenir meilleur à ses enfants (criminel au point qu’on ne peut se considérer comme victime si on tue votre enfant dans vos bras) mais qu’il est aussi criminel d’apporter une aide désintéressée à ces migrants.

Un « vent favorable » nous informe que, dans le cas de l’affaire de Mounir Tahir, le syndicaliste sans-papiers arrêté au Globe Aroma, l’OCAM avait rendu un avis défavorable à la libération sous prétexte, notamment, qu’en tant que membre du Secours Rouge, Mounir Tahir représentait un danger. Nous sommes extrêmement flattés d’être considérés comme un danger par la racaille policière et judiciaire, valets et boucliers des élites qui pillent et exploitent la société. Nous espérons un jour être à la hauteur d’une telle réputation. Mais nous devons aussi dire que nous ignorions jusqu’à l’existence de Mounir Tahir avant son arrestation. S’il a côtoyé un de nous dans une manifestation ou ailleurs c’est pure coïncidence. Nous sommes suffisamment fliqués pour être certains que les polices n’ignorent pas que Mounir Tahir est étranger à notre collectif. Et avoir versé cette « affirmation » au dossier n’est qu’une vulgaire provocation qui couronne celle de la rafle au Globe Aroma.

Sans rien connaître de lui que ce qui a été communiqué par ses camarades et amis, nous affirmons notre solidarité avec Mounir Tahir. Nous lui exprimons nos regrets de ce que notre action ait été instrumentalisée contre lui. Nous exprimons aux structures policières et judiciaires tout notre mépris pour leurs mensonges et leur acharnement contre les sans-papiers, leurs représentants et leurs amis.

Secours Rouge de Belgique
section belge du Secours Rouge International
Bruxelles, juin 2018

Edit 18h: Jiyed et Mounir viennent d’être libérés.

Mounir Tahir

Mounir Tahir

Ce mardi, plusieurs dizaines d’étudiants sont parties en marche pour aller bloquer la Sorbonne où se déroulait un conseil d’administration de Paris-Descartes et s’opposer à la fusion de leur université avec celle de la Sorbonne. Les étudiants ont été rapidement dispersés puis nassés par la police. Le 29 mai marquait également le 24e jour de la grève à la SNCF. Une manifestation des cheminots se rendait vers le Sénat où est actuellement discuté le texte de la réforme. Sur le chemin, ils ont rejoint les étudiants et les ont délivré pour ensuite marcher ensemble vers le Sénat.

Les cheminots délivrent des étudiants nassés par la police

Les cheminots délivrent des étudiants nassés par la police

Le militant syndical Mounir Tahri, détenu au centre 127Bis suite à son arrestation à GlobeAroma (voir notre article) devait être libéré. Mais cette décision a été suspendue par un recours en appel signifié, non par le Procureur du Roi (représentant les intérêts de la société civile), mais par le Secrétaire d’État à l’asile et à la migration représenté par l’Office des Étrangers. Mounir Tahri et Jiyed Cheike, resteront donc tous deux détenus au centre 127 bis. Plus de 100 délégations syndicales présentes en entreprise ont signé des motions de soutien à Mounir et Jiyed.

Rassemblement de solidarité avec Jiyed et Mounir

Rassemblement de solidarité avec Jiyed et Mounir