Deux militaires turcs, capturés par des combattants du PKK ont été libérés tard jeudi 1er mai. Les deux militaires, qui étaient en bonne santé, ont été remis à des représentants d’un parti politique kurde légal de Lice, la ville aux abords de laquelle ils avaient été kidnappés le 26 avril. La capture des sous-officiers visait à dénoncer la construction dans cette zone d’un poste militaire turc. Le PKK a décrété un cessez-le-feu unilatéral il y a un an et commencé le retrait de ses combattants vers leurs base du nord de l’Irak. Mais ce mouvement a été interrompu, les Kurdes jugeant qu’Ankara n’avait pas respecté ses promesses.

A Izmir, fin avril, neuf personnes ont été arrêtées par les unités anti-terroristes sous l’accusation d’appartenance au MLKP, parmi lesquels la présidente régionale et candidate du Parti Socialiste des opprimés (ESP), Kerim Altınmakas, Pinar Turk, candidate à la mairie d’Izmir pour le Parti Démocratique du Peuple, et une dirigeant du syndicat des travailleurs du textile, Seyithan Korkmaz. Deux autres personnes sont toujours recherchées.

Kerim Altınmakas

Kerim Altınmakas

La police turque a dispersé ce jeudi à coup de canon à eau et de gaz lacrymogènes des centaines de manifestants qui tentaient de défier l’interdiction de se rassembler pour le 1er Mai sur la Place Taksim à Istanbul. La police anti-émeutes a donné l’assaut à l’aide de véhicules équipés de canon à eau contre les manifestants qui tentaient de forcer les barrages dans le quartier de Besiktas pour atteindre la Place Taksim voisine.

Les abords du coeur européen de la mégapole turque avaient été transformés en camp retranché et des dizaines de milliers de policiers –jusqu’à 40.000 selon les médias turcs– étaient mobilisés pour en barrer l’accès. La Confédération du travail Türk-Is a toutefois été autorisée à déposer sur la place Taksim des gerbes à la mémoire des 34 personnes tuées lors d’une manifestation du 1er Mai 1977. Le syndicat a organisé un autre rassemblement du 1er Mai à Istanbul, sur la place de Kadikoy, foyer de l’opposition sur la rive asiatique.

Turquie: Affrontements ce Premier Mai place Taksim

De nouvelles escarmouches ont eu lieu dans le district de Lice (province de Diyarbakir), des hélicoptères militaires ont ouvert le feu sur un parti de guérilleros du PKK qui ont riposté, touchant un hélicoptère de deux balles. Les négociations de paix piétinent au Kurdistan. Les autorité turques viennent d’annoncer que le transfert d’Abdullah Ocalan en résidence surveillée n’était « même pas à l’étude ».

Turquie/Kurdistan: Nouvel affrontement

La capture des sous-officiers a été opérée par un commando armé pendant une manifestation de masse contre la construction d’une nouvelle caserne de gendarmerie dans la province kurde de Diyarbakır. Dans un autre incident, un unité de l’armée a subi un tir nourri dans la province d’Hakkari, dans une région montagneuse proche de la frontière irakienne. Une opération de ratissage a été lancée avec l’appui d’avions et d’hélicoptères. Le PKK a déclaré un cessez-le-feu l’année passée, mais les incidents se sont multipliés ces derniers jours.

Combattants du PKK

Combattants du PKK

Le président turc a signé hier vendredi 25 la nouvelle version de la loi controversée qui confère des pouvoirs accrus à l’agence nationale de renseignement (MIT). La loi, qui est entrée en vigueur ce samedi 26, avec sa publication au Journal officiel, a été votée jeudi par le Parlement et dénoncée par l’opposition qui a prévu de la contester devant la Cour suprême. Selon ce texte

La nouvelle législation habilite le MIT à écouter les lignes téléphoniques et à collecter des informations en lien avec « le terrorisme, les crimes internationaux et le renseignement extérieur ». Elle accorde une impunité judiciaire pour les membres du MIT dans l’exercice de leurs fonctions et introduit des peines allant jusqu’à dix ans de prison pour la diffusion de documents confidentiels du MIT. Le premier ministre avait été mis en difficulté par la fuite de conversations téléphoniques l’impliquant dans un scandale de corruption et des conversations, avec notamment le patron du MIT, évoquant des provocations pour intervenir militairement en Syrie.

La police a attaqué des supporters de football sur la place Taksim. Des milliers de supporters manifestaient contre l’application de ticket électronique proposée par le gouvernement qui permettra de connaitre l’identité de toute personne qui rentre dans un stade. De plus, l’application est vendue par la banque Aktif qui appartient au beau-fils du président Ergodan qui gagnera de l’argent à chaque fois que quelqu’un achètera un ticket. Les manifestants ont été attaqués avec des gaz poivrés et des autopompes, certains ont été arrêtés.

Un manifestant sur la place Taksim

Un manifestant sur la place Taksim

La Cour constitutionnelle turque a annulé vendredi une partie d’une récente réforme judiciaire controversée du gouvernement islamo-conservateur qui renforçait le contrôle politique sur l’institution judiciaire. La plus haute instance judiciaire du pays a jugé contraire à la Constitution les dispositions de cette loi, votée en février en plein scandale de corruption visant le pouvoir, qui accordaient au ministre de la Justice de nouveaux pouvoirs, comme d’imposer son ordre du jour au Haut-conseil des juges et procureurs, d’ouvrir des enquêtes sur ses membres et d’y avoir le dernier mot en matière de nomination des hauts magistrats.