Les combats se poursuivent au Kurdistan Nord entre les forces turques et les guérillas du PKK. Un total de 22 soldats turcs ont été tués dans plusieurs affrontements. Samedi 3 septembre, trois soldats turcs ont été tués dans la province de Hakkari, au sud-est. La veille, huit militaires turcs et treize combattants kurdes avaient été tués dans la province orientale de Van, à la frontière avec l’Iran. Dans une autre opération, vendredi, deux soldats et un « gardien de village » (une milice anti-guérilla) ont été tués à Mardin. Trois autres gardiens ont également été blessés.

En représailles, l’aviation turque a bombardé dix objectifs présentés comme des positions du PKK dans l’est du pays. Les avions turcs auraient frappés quatre positions du PKK près de Cukurca, dans la province de Hakkari, près de la frontière irakienne. Six autres objectifs ont été bombardées dans la région du Mont Tendurek, entre les provinces de Agri et Van.

Un militaire turc blessé dans les affrontements de samedi

Un militaire turc blessé dans les affrontements de samedi

Les soldats turcs se sont attaqués aux manifestants qui s’étaient rassemblés du côté Rojava de la frontière pour protester contre le mur que la Turquie construit actuellement. Les soldats ont fait usage de gaz lacrymogènes et de balles réelles. Au moins une quarantaine de civils kurdes ont été blessés et au moins un manifestant de 17 ans est décédé d’une blessure par balle infligée par un soldat. Un second manifestant a très probablement été abattu même si la nouvelle n’a pas encore été confirmée. Les manifestants ne se laissent pas faire et lancent des pierres sur les forces turques qui approchent, les affrontements se poursuivent.

La Turquie attaque les manifestants à Kobané

La Turquie attaque les manifestants à Kobané

Après avoir passé 6 jours en détention, Bilen et ses deux amis, ainsi que 8 militants de SGDF arrêtés plus tôt sont passés ce 1er septembre devant le procureur. En fin de journée, le procureur a décidé de poursuivre et de faire passer les 11 devant le tribunal de garde et donc de les maintenir en détention, ce qui signifie qu’ils doivent à présent passer devant le juge. Aux alentours de 22h15 (heure belge), les auditions ont commencé, les 11 doivent à présent faire leurs dépositions devant le juge.

23h55: Les 11 sont libérés!

Voir notre compte-rendu de la journée.

Bilen au tribunal

De hauts cadres militaires turcs ont annoncé que les combattants étrangers qui luttent aux côtés des YPG seraient combattus comme des « terroristes » et que ce qui pourrait leur arriver serait la responsabilité des gouvernements qui les auraient laissé passer en Syrie. Cette déclaration se fait alors que l’armée turque est rentrée en Syrie et qu’une nouvelle brigade (intégrée à l’IFB), la « Bob Crow Brigade » fait la une des journaux au Royaume-Uni en envoyant des messages à Owen Smith (un candidat à la tête du parti travailliste qui propose de « négocier » avec Daesh), lui disant « Tu veux parler à IS ? Dis ça aux martyrs de Manbij ».

Yasin Aktay (un porte-parole d’AKP) a lui déclaré « Il est difficile de comprendre ce qui pourrait les motiver. Ils sont dans l’illusion qu’ils vont aider à créer un petit état kurde séculaire pro-occidental au cœur des terres islamiques. Ces personnes sont soit motivées par la mentalité croisée, soit ce sont des agents secrets occidentaux qui veulent faire progresser le projet du PYD/YPG. Tous ces discours à propos de combattre Daesh ne font aucun sens« . Si le PYD n’est pas inscrit sur les listes antiterroristes européennes, certains pays -comme l’Espagne- ont choisi de considérer que le PYD était la même organisation que le PKK.

La Bob Crow Brigade

Hier, une série de mouvements kurdes ont annoncé que 50 de leurs membres se mettaient en grève de la faim pour une durée indéterminée jusqu’à ce que l’état turc autorise la tenue d’une réunion avec Abdullah Öcalan, le leader emprisonné du PKK qui n’a pas été vu depuis de longs mois. Les mouvements (DTK, DBP, KJA, HDK et HDP) se sont réunis au local d’une organisation parapluie kurde, le DTK (Congrès pour une Société Démocratique) à Amed/Diyarbakir, la « capitale » du Kurdistan turc. Peu après l’annonce, une vingtaine de policiers turcs ont perquisitionné le local, saisissant une banderole réclamant la libération d’Öcalan au balcon, et fouillant chaque pièce une par une. Les policiers ont finalement quitté les lieux vers 00h30.

Annonce de la grève de la faim pour Öcalan

Annonce de la grève de la faim pour Öcalan

Après 6 jours d’emprisonnement à voir sa garde à vue prolongée de 24h en 24h, Bilen a été emmenée ce jeudi matin au tribunal où elle doit passer devant le procureur. Sa mère et ses avocats sont en route, l’audience sera à huis clos, la mère ne pourra pas rentrer. Les avocats n’ont pas pu consulter le dossier, l’audience durera probablement toute la journée. Nous vous tiendrons informés dans la journée.

Pour rappel, Bilen Ceyran est une étudiante belge de 24 ans, elle est co-présidente de l’organisation Young Struggle. Elle se trouvait en vacances du côté d’Izmir lorsqu’elle a été arrêtée avec ses deux amis. Huit autres militants, de la SGDF (la jeunesse de l’ESP) avaient été arrêtés quelques jours plus tôt. La police turque a mêlé les deux cas et accuse les 11 d’être militants de la KGÖ (Jeunesse Communiste du MLKP), considérée comme terroriste par le régime.

12h30: Bilen et ses camarades sont entendus par le juge.

12h40: Un des trois vient de terminer sa déposition, le second vient de rentrer pour faire la sienne. Ensuite viendra Bilen, qui n’est pas encore rentrée dans le tribunal.

14h15: Une photo prise au tribunal

18h: Le tribunal a déclaré que les 11 personnes inculpées resteraient en détention.

Bilen au tribunal

Le Conseil Militaire de Jarabulus (= les forces locales affiliées aux QSD) a signé un cessez-le-feu avec la Turquie et ses alliés lors de négociations tenues par la coalition internationale, le cessez-le-feu a pris effet à minuit. Le Conseil Militaire de Jarabulus est retranché derrière la rivière al-Sajur. Il a annoncé qu’il se retirait là pour protéger les populations civiles puisque la Turquie réplique en bombardant celles-ci. Le Conseil a également indiqué que le cessez-le-feu ne signifie pas que l’occupation est acceptée.

Mise à jour à 14h30: Un Ministre turc a nié l’information selon laquelle un cessez-le-feu aurait été négocié « Il est impossible pour Ankara de négocier un cessez-le-feu avec une organisation terroriste« .

Une vidéo montrant un char turc se prenant une roquette le 27 août:

Le Conseil Militaire de Jarabulus

Le Conseil Militaire de Jarabulus

L’opération turque en Syrie se poursuit. Ce 29 août, les troupes islamistes de la FSA soutenues par la Turquie ont repoussé les Forces Démocratiques Syriennes (QSD) vers Manbij. Plusieurs combattants kurdes ont été capturés par les islamistes, d’autres ont été tués. Des dizaines de civils ont été massacrés dans des bombardements aériens de l’aviation turque, notamment sur le visage de Al-Kusa. Suite à ce bombardement (le 28 août), une équipe de quatre YPG a voulu se rendre sur place pour aider à évacuer les civils, ils ont été pris en embuscade à hauteur du pont de Qereqozax et ont été capturés.

A hauteur du front d’Afrin (le canton ouest du Rojava qui est isolé des deux autres), les Forces Démocratiques Syriennes ont pris la direction de Al-Bab également (c’est la course vers cette ville qui motive l’agression turque, voir notre article précédent). Trois villages ont été libérés de l’occupation de Daesh: Harbul, Tal Qarah et Hosh. Al-Bab se trouve à 30km du front d’Afrin et à 15km des forces QSD du front de Manbij. Les troupes FSA soutenues par la Turquie essaient donc à la fois de créer une zone tampon de Jarabulus à Marea (ils ont déjà pris ces deux villes), de couper la route du front d’Afrin à l’ouest et de couper la route du front de Manbij en tentant de reprendre cette ville que les QSD ont pris après des semaines de bataille contre Daesh et au prix de nombreuses vies.

Front de Manbij/Jarabulus au 30 août 2016

Front de Manbij/Jarabulus au 30 août 2016

150 personnes se sont rassemblées devant l’ambassade de Turquie ce lundi à 16h malgré l’appel tardif à manifester. Des militants ont pris la parole pour réclamer la libération de Bilen Ceyran qui est emprisonnée depuis plusieurs jours à Izmir où elle a été arrêtée et accusée d’être membre d’une organisation terroriste (le KGÖ, la jeunesse du MLKP). Les manifestants ont également dénoncé l’occupation turque au Rojava (à Jarabulus) et la guerre aux Kurdes menée par le parti AKP.

Manifestation pour Bilen à Bruxelles

Manifestation pour Bilen à Bruxelles

Bilen Ceyran, étudiante belge de 24 ans, et co-présidente de Young Struggle -une organisation de jeunesse socialiste- a été arrêtée ce 26 août (et non le 23 comme précédemment annoncé) en Turquie, à Izmir, avec deux amis lors d’une raffle. Bilen est active parmi les militants bruxellois et parisiens, elle a été étudiante à l’ULB et part parfois en vacances en Turquie.

A cause de l’état d’urgence, l’information de son arrestation est arrivée très tardivement. Elle se trouve toujours en garde à vue à l’heure actuelle. Elle n’est pas autorisée à consulter un avocat. Sa famille et ses amis ont très peu d’information à l’heure actuelle.

Selon la presse turque pro-AKP, Bilen est accusée d’être membre de la KGÖ, la Jeunesse Communiste affiliée au MLKP et considérée comme une organisation terroriste par le régime.

Manifestation ce lundi 29 août à 16h devant l’ambassade de Turquie à Bruxelles. Rue Montoyer 4, à 1000 Bruxelles (Métro Trône).

Liberté pour Bilen Ceyran !