L’aviation turque a bombardé des camps du PKK dans les régions Kandil et de Gara, au Kurdistan irakien. Des frappes présentées en représailles à l’attentat-suicide qui a tué 34 personnes, et blessé 125 autres dimanche place Kizilay à Ankara, attentat que les autorités turques attribuent au PKK. Il semble que l’attaque visait deux minibus de policiers anti-émeutes stationnés en permanence sur cette place pour réprimer les éventuelles manifestations spontanées. Une partie importantes des morts sont les policiers occupants ces minibus, les autres des passants de cette place très fréquentée.

Les autorités désignent Seher Cagla Demir, une universitaire arrêtée et jugée dans le passé pour appartenance au PKK, comme l’auteure de l’attentat. Onze suspects, dans la ville de Sanliurfa, située à la frontière syrienne, ont été arrêtés. La police estime que le véhicule utilisé pour l’attaque a été achetée dans cette localité à forte majorité kurde.

Le lieu de l’explosion à Ankara

EDIT: 17/3
Jeudi 16, les Faucons pour la Liberté du Kurdistan (TAK) a revendiqué l’attaque: « Cette action a été menée pour venger les 300 kurdes tués dans à Cizre et nos civils blessés ». « Nous voulons présenter nos excuses pour les pertes civiles qui n’ont rien à voir avec la sale guerre menée par l’Etat fasciste turc », ont également précisé les TAK.

Le lieu de l'explosion à Ankara

Les autorités turques ont annoncé l’instauration à partir de dimanche soir de couvre-feu à Yüksekova et Nusaybin afin d’y « rétablir l’ordre et la sécurité » en raison de « l’augmentation des activités terroristes » – comprendre l’insurrection urbaine de la jeunesse kurde.

Depuis dimanche 8 heures locales, les habitants du district de Sur, la partie historique de Diyarbakir, ont été autorisés à entrer dans une série de rues, victimes d’importants dégâts, qui leur étaient interdites depuis le début du mois de décembre. Plusieurs autres quartiers de ce district restent toutefois soumis jusqu’à nouvel ordre au couvre-feu. Le 2 décembre, l’armée et les forces spéciales de la police ont lancé dans cet entrelacs de ruelles une offensive de grande ampleur destinée à reprendre le contrôle de zones où de jeunes militants kurdes avaient érigé des barricades et creusé des tranchées.

Militaires turcs à l’une des entrées du district de Sur

Militaires turcs à l'une des entrées du district de Sur

Une dizaine de groupes révolutionnaires de Turquie et du Kurdistan Nord ont annoncé ce 11 mars depuis les monts Qandil l’établissement d’une force armée commune entre leurs groupes, le « Mouvement Révolutionnaire d’Unité Populaire » (Halkların Birleşik Devrim Hareketi, HBDH). Le but de ce mouvement est de combattre le régime d’AKP, il rassemble PKK, MLKP, TKP/ML, THKP-C/MLSPB, MKP, TKEP-Leninist, TIKB et Devrîmcî Karargah. D’autres groupes pourraient rejoindre l’alliance.

La création de cette alliance fait suite à des discussions qui courent depuis décembre dernier entre les divers mouvements révolutionnaires de Turquie et du Kurdistan Nord qui souhaitaient se doter d’un moyen d’action commun.

Inauguration des HBDH

Inauguration des HBDH

Dimanche à Istanbul , la police de l’Etat turc a interpellé au moins une femme et a tiré les balles en caoutchouc sur le groupe d’une centaine de personnes pour les empêcher de manifester à l’occasion de la journée internationale des femmes. Les manifestants s’étaient reunis ce 6 mars pour marquer la journée internationale des femmes malgré l’interdiction de manifester décrétée par les pouvoirs publics d’Istanbul pour des « raisons de sécurité ». Une nouvelle manifestation était prévue aujourd’hui.

Erdal Gökoglu a été incarcéré comme prisonnier politique e juin 1995, alors qu’il était étudiant. A Ulucanlar, le 26 septembre 1999, dix de ses compagnons de chambrée ont été massacrés par les militaires. Erdal a été blessé par les balles. Les militaires l’ont cru mort et ont mis son corps avec celui des détenus tués dans les douches de la prison. Après avoir découvert qu’il était vivant, ils l’ont déporté vers la prison de Burdur. Le 5 juillet 2000, l’armée intervient cette fois à la prison de Burdur avec des bulldozers après que les prisonniers politiques aient refusé de comparaître à leur procès en raison des mauvais traitements qu’ils subissaient sur le chemin du tribunal. Erdal Gökoglu a une nouvelle fois été blessé.

Lorsque le gouvernement a annoncé l’ouverture de prisons d’isolement, Erdal a participé au vaste mouvement de grève de la faim qui s’est soldé par la mort de dizaines de détenus. Le 19 décembre 2001, l’armée est intervenue dans 20 prisons pour mater la grève. Erdal Gökoglu, a été gravement blessé mais a malgré tout poursuivi sa grève de la faim. Après plusieurs mois de grève de la faim, Erdal Gökoglu a été alimenté de force. Aujourd’hui encore, il souffre de séquelles de cette intervention. En 2001, il est libéré plus mort que vif suivant une loi qui prévoit une remise en liberté de six mois (éventuellement renouvelable) pour raisons médicale. Erdal est exfiltré du pays par ses amis pour qu’il puisse recevoir des soins médicaux adéquats. En 2002, Erdal introduit une demande d’asile politique en Belgique, demande reconnue en 2007. Erdal a participé à plusieurs des activités du CLEA en Belgique et a figuré parmi les intervenants du Festival du film d’Attac.

Il a été arrêté le 24 janvier dernier à la frontière germano-polonaise alors qu’il se rendait au mariage de l’un de ses amis. Il est menacé d’extradition vers la Turquie sur base d’un mandat d’arrêt international turc pour son appartenance présumée au DHKP-C. Il est jugé dans la ville de Gorzow Wielkopolski ou il comparaît dans une cage en verre, menottes aux poignets et chaînes aux pieds. Il est détenu à la prison de Goleniow. Erdal Gökoglu est en grève de la faim. Il demande la fin de ses mauvais traitements et son rapatriement en Belgique.

Manifestation pour Erdal Gökoglu devant l’ambassade de Belgique à Berlin

Manifestation pour Erdal Gökoglu devant l'ambassade de Belgique à Berlin

Les prisonniers et prisonnières du PKK et du PAJK (Parti de la libération des femmes du Kurdistan, Partiya Azadiya Jin un Kurdistan) ont commencé une grève de la faim illimitée, en alternance de dix jours en dix jours, dans les prisons à travers la Turquie et Kurdistan du Nord. Les grévistes demandent la reconnaissance de la demande du peuple kurde pour l’autonomie, la fin de l’isolement imposé à Öcalan, l’arrêt des sièges et des couvre-feux.

L’entrée d’une prison à Istanbul

L'entrée d'une prison à Istanbul

La police turque a une nouvelle fois fait usage de gaz lacrymogènes et tiré des balles en caoutchouc samedi à Istanbul pour disperser des manifestants qui dénonçaient la prise de contrôle par les pouvoirs publics du principal quotidien turc, le journal Zaman. Avec 650 000 exemplaires imprimés chaque jour, Zaman est le plus gros tirage de la presse turque. La justice turque a ordonné vendredi la désignation d’un administrateur pour diriger le quotidien et sa version anglophone, Today’s Zaman. Plusieurs centaines de manifestants s’étaient rassemblées dès vendredi soir devant le siège du journal pour empêcher les forces de l’ordre d’y pénétrer. Ils avaient déjà été dispersés (photo).

Répression des premières manifestations de soutien à Zaman

Répression des premières manifestations de soutien à Zaman

Deux militantes du DHKP-C, Cigdem Yaksi et Berna Yilmaz, ont mené une attaque ce jeudi contre le quartier général des unités de la police antiémeute dans le district de Bayrampasa à Istanbul. En milieu de matinée, les deux femmes ont lancé plusieurs grenades, qui n’ont pas explosé, puis ouvert le feu à l’arme automatique. Les policiers ont riposté et blessé une des deux assaillantes. Deux policiers ont été légèrement blessés. Les deux militantes ont été tuées lors d’une opération lancée par les forces de l’ordre contre l’immeuble où elles s’étaient retranchées après leur attaque.

Ce 1er mars, les ouvriers de l’usine Renault ont débrayé et manifesté pour les salaires et contre les licenciements à Bursa. La police a voulu empêcher la manifestation, notamment par des tirs de gaz lacrymogènes. Un ouvrier a été hospitalisé et quinze autres arrêtés. Les ouvriers de l’usine automobile Tofas sont entrés en lutte pour rejoindre leurs camarades de Renault.