La guérilla kurde continue à frapper les forces de sécurité turques. Trois soldats ont été tués et six autres blessés dans l’explosion ce samedi d’un IED sur une route de la province de Bingol, dans la région de Karliova. Les autorités reconnaissent la perte de 39 membres des forces de sécurité depuis le 20 juillet dans des attaques attribuées au PKK. De nombreuses actions de harcèlement (tir de roquette, de sniper) ont lieu contre les forces de sécurité, ainsi que des action de sabotage. Le guérilla revendique la capture de deux soldats le 12 août.

La Turquie multiplie les opérations policières: au moins 84 personnes ont été arrêtées dans plusieurs provinces dont celles d’Istanbul, de Mardin et de Gaziantep (sud-est), ainsi que de Van (est). Un grand nombre d’explosifs, de kalachnikovs et de lance-roquettes ont été saisis au cours de ces opérations. Au total, plus de 2.500 personnes ont été arrêtées, et plus de 600 d’entre elles sont actuellement détenues. Il s’agit en grande majorité de militants kurdes. D’autre part, l’armée turque érige un mur le long de la frontière avec la Syrie. Un épais mur en béton de trois mètres de haut sur 7 kilomètres de long dans la région d’Hatay (sud), et voué à être élargi. En outre, plus de 360 km de tranchées ont été creusés, de la terre amoncelée sur 70 km et 145 km de barbelés ont été renouvelés.

Enfin, un des jeunes blessé du massacre de Suruç est mort à l’unité de soins intensifs de l’hôpital d’Urfa. Cela porte à 33 le nombre des tués à Suruç.

Le chantier de construction du mur à Hatay

Le chantier de construction du mur à Hatay

Les incidents armés se multiplient entre les forces de sécurité turques et les combattants du PKK. Ce vendredi 14, un soldat a été tué par l’explosion d’un IED dans la province de Bingol. Les affrontements qui ont suivi auraient coûté la vie à deux combattants du PKK. Plus au sud, dans la localité de Nusaybin, qui jouxte la frontière avec la Syrie, des guérilleros du PKK ont ouvert le feu sur un véhicule de la police. Ils ont blessé deux policiers. Six soldats turcs ont été tués et quatre blessés dans des affrontements avec des combattants kurdes dans la province d’Hakkari. Un hélicoptère de type Sikorsky qui allait débarquer des militaires dans un poste du mont Remo, dans la région de Zap, a été la cible de tirs anti-aériens et a dû partir sans avoir rempli sa mission. L’aviation et l’artillerie turques multiplie les bombardements, causant de nombreuses pertes civiles.

Combattants du PKK

Combattants du PKK

Dans la province largement peuplée d’Alévis et de Kurdes du Dercim (dont le nom turc est Tunceli), le Tikko et le HPG (qui sont respectivement les branches armées du TKP/ML et du PKK) organisent des actions conjointes contre les opérations de l’armée turque. L’armée turque vide les villages pour couper le soutien aux guérillas et brûlent les forêts -auxquelles les populations sont très attachées- pour forcer les guérilleros à en sortir. Le 11 août, Tikko et HPG ont attaqué le poste de gendarmerie de Çiçekli -à 20km de la ville de Dercim- en lançant deux roquettes, puis ont fait feu au sniper et à la mitrailleuse sur deux hélicoptères Cobra qui tentaient de les débusquer en les bombardant.

D’autre part, le groupe HPG/Tikko a prit le contrôle les routes de Dercim et de Hozat. Ils fouillent entre autres les poids lourds et empêchent les contra de faire de la propagande pro-turque dans la région. Le contenu d’un camion de cigarettes a été réquisitionné.

Voir nos notes sur le Kurdistan.

TKP/ML et PKK contrôle les routes de Dersim et Hazot

TKP/ML et PKK contrôle les routes de Dersim et Hazot

Devant la complexité de la situation kurde (des dizaines d’organisations réparties sur quatre pays), nous publions une page spéciale listant la plupart des mouvements kurdes et la situation de ces mouvements dans chaque pays.

Mise à jour : plusieurs nouveautés (organisations syriennes). Et un organigramme très complet.

Nos notes sur la géographie et les organisations politiques au Kurdistan.

Organisations kurdes

Organisations kurdes

La province de Şırnak, frontalière de la Syrie et de l’Irak, très majoritairement kurde, et dont les élus sont pratiquement tous affiliés au DBP (le pendant kurde du HDP) a été visée -dans le ville de Silopi- par une attaque très dure de la police turque qui était venue armée jusqu’aux dents pour arrêter des militants du YDG-H (voir notre précédent article). L’Assemblée populaire de Şırnak à annoncé qu’elle ne ferait plus confiance aux institutions turques et qu’elle s’auto-organisera autant que possible. Les médias turcs ont rapidement relayé cette annonce comme si c’était une déclaration d’indépendance ou d’autonomie, ce que les représentants de l’Assemblée ont démenti. « Nous n’avons pas déclaré l’autonomie ou l’indépendance, mais nous ne reconnaissons plus l’État fasciste, colonialiste et négationniste […] nous allons nous gouverner nous-mêmes » a déclaré la co-présidente du DBP de Şırnak.

Voir notre dossier ‘Notes sur le Kurdistan’.

Un blindé de la police turque à Silopi.

Un blindé de la police turque à Silopi.

Cette journée du 10 août a été la plus meurtrière depuis la fin du cessez-le-feu du PKK. Dans la province de Sirnak, quatre policiers qui circulaient dans un véhicule blindé ont été tués par l’explosion d’un IED en bordure de route. A Istanbul, une voiture piégée a explosé devant le commissariat du district de Sultanbeyli, tuant un assaillant et blessant 10 personnes, dont trois policiers. Deux militants présumés et un autre policier ont été tués dans des affrontements qui ont suivi. Un militaire a également été tué lorsque des combattants du PKK ont tiré sur un hélicoptère militaire au moment de son décollage dans le district de Beytussebap. Au moins sept autres soldats ont été blessés à cette occasion. D’autres attaques contre la police et l’armée ont eu lieu dans la ville de Lice, dans la province de Diyarbakir, mais le bilan n’est pas encore connu. Les hélicoptères turcs ont bombardé des objectifs du PKK. L’aviation turque estime avoir tué près de 400 combattants kurdes dans les bombardements de ces derniers jours.

En Syrie, l’armée turque à lancé l’opération qu’elle prévoyait depuis des semaines, l’occupation de la partie du Rojava qui n’a pas encore été libérée par les YPG/YPJ. Les brigades baptisées « Sultan Murat Brigade » et « Fatih Sultan Mehmet Brigade » sont entrées dans la ville syrienne de Azaz via le checkpoint de Bab Al-Selamê avec des véhicules blindés arborant des drapeaux turcs. Cette ville était à priori sous contrôle du front al-Nosra, ces derniers seraient partis sans opposer de résistance. S’il ne fait aucun doute que la Turquie a bien amorcé ce lundi son plan d’occupation d’une ‘zone tampon’ dans le but d’empêcher le création d’un état kurde (ou d’une région autonome) à sa frontière, la Turquie est encore très discrète dans sa communication. Difficile de comprendre pour le moment si les brigades qui sont entrées sont officiellement turques ou si ce sont les prétendus ‘insurgés modérés’ que veulent soutenir les USA et la Turquie. Ce qui est sûr, c’est que ces nouveaux belligérants sont entrainés et envoyés par le MIT (Service secret turc).

Notre site sera régulièrement mis à jour au sujet de ces nouveaux événements. En attendant, n’hésitez pas à consulter notre dossier « Notes sur le Kurdistan » pour mieux comprendre la situation sur place.

Le commissariat du district de Sultanbeyli

Le commissariat du district de Sultanbeyli

Alors que de nombreuses attaques de la part du PKK ont visé commissariats et casernes turcs ces derniers jours, suite aux bombardements contre les bases de la guérilla kurde, deux attaques ont eu lieu ce matin à Istanbul. D’abord une attaque à la bombe qui a visé un commissariat stambouliote, ensuite, plusieurs heures plus tard, deux personnes ont mitraillé l’ambassade américaine. Les deux attaques ne sont pas liées.

Les deux personnes qui ont attaqué l’ambassade US étaient un homme et une femme, la femme a été blessée et arrêtée, il s’agit de Hatice Asik, une infirmière de 51 ans et militante du DHKP-C, l’autre a pu s’enfuir. Il n’y a eu aucun mort, ni d’un coté ni de l’autre, lors de ces deux attaques.

Hatice Asik

Hatice Asik

On en sait plus sur la façon dont les 6 combattants YPG qui ont été remis à Al-Nosra par l’état turc. Les 6 combattants ont été arrêtés à l’hôpital -avant d’avoir reçu les soins nécessaires- comme des étrangers sans titres de séjours et donc déportés. Mais au lieu de les expulser du territoire par le checkpoint tout proche de Mürşitpınar (tenu par les YPG), ils l’ont été par le checkpoint de Bab al-Hawa, contrôlé par le front al-Nosra. La Turquie savait très bien que les 6 seraient arrêtés par les salafistes à cet endroit, ils ont donc été envoyés vers une mort certaine.

Le point rouge représente la position approximative du checkpoint.

Le point rouge représente la position approximative du checkpoint.

Six combattants des YPG avaient été envoyés au Kurdistan-Nord (Turquie) pour y recevoir un traitement approprié. Selon un communiqué publié par le commandement YPG, leurs camarades ont cessé de répondre et ont disparu, ils auraient été remis au front al-Nosra à travers le checkpoint Bab Al-Hawa, à Idlib.

Les YPG demandent à la Turquie de s’expliquer.

N’oubliez pas de consulter notre dossier ‘Notes sur le Kurdistan’ pour mieux comprendre la situation dans la région.

Le point rouge représente la position approximative du checkpoint.

La police turque attaque la ville de Silopi, ville turque très proches des frontières syrienne et irakienne, avec du matériel militaire depuis 4h ce matin. La police a utilisé des tanks, a tiré au hasard dans la foule, a installé des snipers sur les toits et a raflé plusieurs maisons. On rapporte que des personnes ont été arrêtées et torturées. Ce qui se passe en ce moment serait d’une violence insensée : la police aurait incendié un immeuble en empêchant ses habitants de fuir, au moins trois personnes ont été tuées par des tirs de snipers ou de revolvers. Des dizaines de personnes ont été blessées et les combats se poursuivent à l’heure actuelle.

Cette opération viserait une fois de plus les jeunes militants du PKK (le YDG-H), le but de la police semble être d’arrêter plusieurs militants. L’attaque quasi-militaire serait due au fait que la police s’attendait à de la résistance de la part de la population. Effectivement, la population a résisté.

Il y a 3 jours, le 4 août, le PKK avait attaqué la caserne de cette ville au lance-roquette en réponse à l’agression militaire contre les zones de guérilla du PKK en Turquie et en irak.

Plus d’informations cette après-midi.

Un blindé de la police turque à Silopi.