Les autorités péruviennes ont décidé, mercredi 13 août, d’accorder l’amnistie aux membres des forces armées et de la police accusés ou condamnés pour crimes contre l’humanité pendant le conflit armé contre le Parti Communiste du Pérou et différentes guérillas des années 1980 à 2000. De leur côté, plusieurs organisations de défense des droits humains dénoncent une insulte aux milliers de victimes alors que cette loi pourrait également mettre fin à près de 600 procès encore en cours contre des forces armées et des policiers.
Le 22 juillet, des jeunes manifestants cagoulés sont sortis du Lycée José Victorino Lastarria, érigeant des barricades, affichant des tracts et des banderoles, et lançant des cocktails Molotov sur la police en solidarité avec Aldo et Lucas Hernández, deux anarchistes qui sont en cours de jugement pour leurs actions à l’explosif. Une pareille initiative avait déjà eu lieu le 10 juillet à l’Université du Chili (USACH). Aldo et Lucas ont rendu public un communiqué de salut et de gratitude à propos de ces actions. Lien vers le communiqué
Le 5 août, Martha Lia Grajales, qui dirige l’ONG SurGentes, était présente devant le Tribunal Suprême de Justice du Venezuela. Elle soutenait 60 mères de prisonniers politiques arrêtés suite aux manifestations après l’élection présidentielle de 2024. Des milices civiles ont alors violemment attaqué le rassemblement pacifique. Trois jours plus tard, Martha est retournée sur place pour dénoncer ces agressions, et c’est là qu’elle a été arrêtée. L’État vénézuelien a reconnu seulement 72 heures plus tard l’avoir arrêté. Elle n’a bénéficié d’aucune des garanties juridiques élémentaires durant sa détention. Martha Lia Grajales a été inculpée d’« incitation à la haine » et de « complot ». Elle risque une peine allant de dix à trente ans de prison.
Ce jeudi 8 août, des troupes et des hélicoptères de la police militaire ont survolé la zone de Valdiro Chagas à Machadinho d’Oeste, dans le Rondônia, tirant des coups de feu pour intimider les populations paysannes. Suite à cela, la police militaire a confirmé la mort de l’un des paysans. Braguinha, commandant de la police militaire du Rondônia, a publié une vidéo dans laquelle il affirme avoir « neutralisé un terroriste de la LCP (Ligue des Paysans Pauvres) », une organisation paysanne qui lutte pour l’abolition des latifundia au Brésil.
Le 29 juillet 2025, la Haute Cour de Sainte-Lucie a dépénalisé les relations homosexuelles entre adultes consentants. C’est une décision qui abroge les articles 132 et 133 du Code pénal, hérité de l’ère coloniale britannique. Le juge a jugé ces lois anticonstitutionnelles, contraires aux droits à la vie privée, à la liberté et à l’égalité. Elles pouvaient jusque-là conduire à 10 ans de prison. Sainte-Lucie rejoint Antigua-et-Barbuda, Saint-Kitts-et-Nevis, la Barbade et la Dominique dans le mouvement de dépénalisation.
Hipolito Quispehuaman, défenseur de l’environnement luttant contre la déprédation de l’Amazonie a été abattu ce samedi 26 juillet dans la jungle péruvienne. Les attaques contre les défenseurs de l’environnement se sont multipliées dans les régions amazoniennes du Pérou, où les peuples indigènes sont confrontés à la présence de trafiquants de drogue et à l’exploitation minière illégale. Hipolito Quispehuaman a été tué alors qu’il conduisait un véhicule de transport de marchandises sur un tronçon de la route interocéanique dans le secteur de Santa Rosa de la région de Madre de Dios. « L’hypothèse préliminaire retenue par le bureau du procureur est que ce meurtre aurait été commis en représailles au travail de défense qu’il effectuait », a déclaré la procureure locale, Karen Torres. La victime était membre du comité de gestion de la réserve nationale de Tambopata et luttait contre la déprédation de la forest amazonienne. Au moins 54 défenseurs de l’environnement ont été tués au Pérou depuis 2012, dont plus de la moitié étaient des membres des peuples indigènes.
Menacé de poursuites judiciaires tandis que plusieurs de ses camarades font déjà l’objet de persécution, le principal dirigeant syndical panaméen, Saúl Méndez, a enfin pu quitter son pays en direction de la Bolivie, après s’être réfugié pendant deux mois dans l’ambassade de ce pays. Une demande de dissolution vise le puissant syndicat de la construction Suntracs, dont il est le secrétaire général. Confronté ces derniers mois à des grèves massives des travailleurs de la construction et du secteur bananier (voir notre article) – ainsi qu’à des manifestations contre plusieurs réformes impopulaires portant notamment sur la sécurité sociale et les retraites (voir notre article) –, le président conservateur a vu son pays récemment classé parmi les 24 les plus répressifs en matière de libertés syndicales par l’Organisation internationale du travail.
Le Mexique compte plus de 120 000 personnes disparues depuis 1952, surtout des victimes de la guerre des gangs de narcotrafiquants. Invoquant cette problématique et une volonté de moderniser l’administration, le Parlement mexicain a adopté fin juin un paquet de plus de vingt lois comprenant la CURP, que l’on peut traduire par « code unique du registre de la population », un identifiant obligatoire associé à des données biométriques telles que les empreintes digitales et la reconnaissance faciale, qui servira de document d’identification à la fois physique et numérique.
Rendez-vous chez le dentiste, achat d’un abonnement de gym ou ouverture d’un compte en banque: cet identifiant sera indispensable pour les démarches administratives et l’accès aux services publics et privés. La CURP créera ainsi une empreinte numérique des activités des citoyens et citoyennes, liée à un registre national consultable par l’Etat. L’objectif affiché est de permettre aux autorités d’effectuer des recherches en temps réel des personnes disparues. Bien entendu, ce paquet de lois accentue les capacités de surveillance de l’Etat mexicain. Lorsqu’un tel type d’informations est centralisé dans une base de données unique, cela permet de constituer un profil individuel à partir duquel les autorités peuvent faire des déductions ou vous suivre à la trace, car ces données sont consultables non seulement par les forces de l’ordre, mais aussi par l’armée. Cette base de données ne prévoit aucune protection: il n’y a pas de contrôle sur l’accès aux données ni de garanties concernant leur utilisation.
L’argument de la lutte contre les disparitions interroge : les cartels vont simplement prendre des dispositions pour ne laisser aucune trace, ce qui pourrait en réalité freiner les efforts pour retrouver les victimes et lutter contre les disparitions forcées.
La Cour de cassation pénale a annulé la décision de la juge argentine María Servini qui avait révoqué la détention à domicile de Leonardo Bertulazzi, ordonnant sa détention en prison pour risque de fuite. Le recours de la défense de Bertulazzi a été accepté, et l’on attend maintenant une nouvelle décision qui prendra en compte son âge avancé et son statut de réfugié toujours en vigueur. Leonardo Bertulazzi, 73 ans, ancien membre de la colonne génoise Brigades rouges, avait été arrêté par la police fédérale argentine à Buenos Aires, le 29 août 2024 (photo — voir notre article). Son statut de réfugié avait été révoqué par le gouvernement argentin de Javier Milei et l’Italie avait demandé son extradition. Il attend désormais l’issue du recours contre l’annulation de son statut de réfugié, étape essentielle qui permettrait l’extradition.
Ancien membre du Front patriotique Manuel Rodríguez (FPMR), Mauricio Hernández Norambuena est un prisonnier politique malade et subit un régime carcéral particulièrement sévère (voir notre article). Le 3 juillet dernier, la Cour suprême a annulé la mesure limitant le nombre de personnes autorisées à lui rendre visite en prison. Selon la Cour suprême, la décision de la gendarmerie portait atteinte à la dignité du détenu et n’était pas suffisamment motivée. Ses soutiens ont accueilli cette nouvelle comme une première victoire qui pourrait être un point d’appui pour la défense des droits des personnes privées de liberté.