Il y a dix jours à Calais, une centaine de manifestants avaient pris la direction du rond-point des abattoirs, à quelques pas du Channel. Ils bloquent le trafic des automobiles. Une automobile qui veut forcer le passage a son pare-brise cassé. La police intervient violemment, les accès au rond-point sont évacués, tandis que les jeunes manifestants sont poursuivis jusque devant le Channel. Pendants de longues minutes, les bombes lacrymogène répondent aux jets de cailloux, d’oeufs et de tomates. La tension monte petit à petit et atteint un niveau extrême lorsqu’un militant de la CGT au volant d’une Mercedes fonce en marche arrière vers les forces de l’ordre. Le véhicule s’arrête au milieu des policiers. Les matraques sont utilisées, la lunette arrière de la voiture brisée. Celle-ci repart alors en marche avant et s’immobilise rue des Salines. Son conducteur en est extirpé et arrêté.

Incidents à la manifestation de Calais

Incidents à la manifestation de Calais

Ces dernières semaines, à chaque manifestation, la permanence de l’UMP à Charleville-Mézières, dans les Ardennes, est prise pour cible.
Les manifestants y jettent des oeufs, des yaourts, des pommes, des pétards. Mais pour la 7ème journée nationale de mobilisation contre la réforme des retraites, des affrontement ont eu lieu entre manifestants et forces de l’ordre. Les gendarmes mobiles ont utilisé leurs bombes lacrymogènes pour tenter de disperser les manifestants avant de se retrancher… dans le local de l’UMP. Un gendarme et deux manifestants ont été blessés. Ils ont été évacués vers les urgences de l’hôpital Manchester de la ville.

A Saint-Nazaire, suite aux violences du 19 octobre en manif, les employés territoriaux ont débrayés sur le tas et défilés contre la répression et contre la réforme des retraites. A Rennes déjà, la semaine dernière, les chauffeurs de la STAR, suite au gazage par les policiers du piquet interpro qui bloquait les bus, ont débrayé et rejoint la grève.

Lors de la manifestation unitaire de St-Nazaire contre la réforme des retraites du mardi 19 octobre, Calvin (18 ans, ouvrier à la SNCF), Jérome (30 ans, ouvrier tuyauteur) et Paul (19 ans, ouvrier au chantier naval) ont été de ceux qui ont été arrêtés par la police. Ils ont tous trois été condamnés à des peines de prison ferme en comparution immédiate le jeudi 21, respectivement à 2 mois et 1 mois pour les deux derniers.

On les a condamnés pour de soi-disant jets de pierre sur la seule foi des policiers, sans qu’il ait eu le temps de préparer leur défense dans le cadre de cette procédure accélérée de la comparution immédiate.
Dès lors de nombreux éléments à décharge n’ont pas été pris en compte par « ce tribunal d’abattage », comme l’ont qualifié fort justement l’ensemble des organisations syndicales et politiques Nazairiennes réagissant au verdict. Le procureur, avait lui-même justifié ces lourdes réquisitions par la nécessité de faire un exemple.

Ce mercredi 27 octobre à 13h30, Jérôme, va passer en appel à la cour d’appel de Rennes. Un rassemblement aura lieu ce mercredi 27 à 12h, devant Parlement de Bretagne à Rennes.

Les grévistes bloquant le dépôt de la raffinerie de Granpuits avaient été réquisitionnés, vendredi matin, par arrêté préfectoral pour reprendre le travail obligeant ainsi au déblocage du site. Des heurts avaient alors eu lieu entre grévistes venus protéger le piquet de grève et gendarmes mobiles (trois blessés). Dans l’après-midi, l’intersyndicale du site lançait une procédure en référé auprès du Tribunal administratif de Melun pour faire annuler l’arrêté de réquisition.

Dans la soirée, le Tribunal administratif suspend l’arrêté préfectoral estimant qu’il porte « une atteinte grave et manifestement illégale au droit de grève ». Ceci en raison du fait, notamment, que le préfet avait réquisitionné la quasi-totalité des effectifs, établissant, de fait, une journée de travail normale. Cependant le juge administratif a précisé que cette décision ne retirait pas au préfet le pouvoir d’user de son droit de réquisition dans les limites prévues par la loi. Dès 23h30, le préfet de Seine-et-Marne a pris un autre arrêté de réquisition « plus motivé et circonstancié ».

grève à la raffinerie de grandpuits

grève à la raffinerie de grandpuits

Au cours de cette semaine, dans un contexte particulièrement tendu de répression du mouvement social, plus de 280 personnes ont été arrêtées à Lyon et placées en garde-à-vue. Cette répression a pris de
nombreuses formes : arrestations, violentes et systématiques sans
preuves probantes, tirs de lacrymogènes ou de balles de flashball,
intervention des unités spéciales du GIPN (photo), lances à eau, hélicoptères, transformation de la place Bellecour en antichambre de garde-à-vue… Cette répression est inédite pour un mouvement social. La préfecture, après avoir transformé la
presqu’île de Lyon en zone de guerre et de non-droit, ressort
l’épouvantail anarchiste pour stigmatiser les personnes luttant pour
leur avenir, après avoir utilisé celui du jeune de banlieue.

Mercredi après-midi, le tribunal correctionnel de Lyon se penchait sur le cas de quatre personnes arrêtées lundi et mardi lors des manifestations contre la réforme des retraites. Inconnus des service de police, ils ont été condamnés à de la prison avec sursis sauf une lycéenne qui a écopé d’un mois ferme. Jeudi, 12 nouvelles personnes comparaissaient. Dix d’entre elles étaient inconnues des services de police. Toutes sont ressorties libres du tribunal mais avec des peines de prison.

Hier samedi, une centaine de manifestants se sont rassemblés devant le palais de justice, avec cette banderole: « face à la répression du mouvement social, solidarité avec les arrêtés ». Ils ont scandé : « avec les inculpés, solidarité » et « libérez nos camarades ».

intervention du GIPN à Lyon

intervention du GIPN à Lyon

La cour d’appel de Paris a décidé hier de rejeter la demande d’annulation de l’enquête antiterroriste visant le groupe de Tarnac. Les avocats de dix des inculpés avaient fait valoir de nombreuses irrégularités entachant l’enquête, pointant notamment la surveillance du domicile de Julien Coupat et le placement sur écoute début 2008 de l’épicerie de Tarnac gérée par plusieurs membres du groupe. Selon les avocats, l’annulation de ces actes irréguliers, et réalisés dans le cadre d’une enquête préliminaire aux sabotages des lignes TGV desquels sont accusés ceux de Tarnac aurait entraîné l’annulation de toute la procédure. Les avocats avaient également demandé que soient transmises à la cour de Cassation deux questions prioritaires de constitutionnalité. La cour d’appel a finalement rejeté les requêtes en nullité et a également refusé de transmettre les questions à la cour de Cassation.

Comme beaucoup d’autres, la raffinerie de Grandpuits (Seine-et-Marne) était bloquée depuis plusieurs jours. En raison d’un début de pénurie en carburant occasionné par ces grèves, le préfet a décidé cette nuit de dégager l’usine. Vers 3h du matin, quatre fourgons se sont stationnés devant l’entrée et les gendarmes ont noté les noms des salariés réquisitionnés. Ceux-ci ont néanmoins décidé de poursuivre leur action, soutenus par une cinquantaine de salariés grévistes arrivés en renfort. Vers 7h, un ‘cordon citoyen’ d’environ 80 personnes, habitants du quartier et militants d’autres collectifs, s’est formé pour tenter d’empêcher l’action policière. En vain, car à 9h, les gendarmes sont entrés en action, poussant les manifestants pour dégager le portail. Des affrontements ont eu lieu entre les grévistes et les forces de l’ordre. Trois manifestants ont été blessés dans cette nouvelle entrave à la grève.

Déblocage de la raffinerie de Grandpuits

Déblocage de la raffinerie de Grandpuits

Un nouveau dépôt de carburant a été débloqué dans la matinée en France, mais 14 restent encore bloqués. Plus d’un quart des station-services en France ne sont plus approvisionnées en carburant. Sept autres dépôts avaient déjà été débloqués hier (photo: barrage à l’entrée du dépôt de La Pallice, contre lequel les gendarmes mobiles sont intervenus hier). La France compte 219 dépôts pétroliers dont 96 sont considérés comme prioritaires. Les 12 raffineries du pays ont reconduit jeudi la grève dans le cadre du mouvement contre la réforme des retraite.

Blocage d'un dépot pétrolier en France

Blocage d’un dépot pétrolier en France

La cour d’appel de Paris se prononcera vendredi sur la demande d’annulation de l’enquête antiterroriste qui vise le groupe de Tarnac, accusé d’avoir saboté des lignes TGV en novembre 2008. Les avocats des jeunes mis en examen reprochent notamment aux policiers de la sous-direction antiterroriste (Sdat) d’avoir filmé à partir du 15 août 2008 «en dehors de tout cadre légal» la cour intérieure et la porte d’entrée d’un immeuble parisien dans lequel vivait Julien Coupat. Or, la surveillance vidéo d’un domicile est interdite dans le cadre d’une enquête préliminaire, affirme la défense, la captation d’images ne pouvant être autorisée que par un juge d’instruction ou un juge des libertés et de la détention.

La cour d’appel devra aussi trancher la question de la validité des écoutes téléphoniques de l’épicerie de la commune de Tarnac, en Corrèze, réalisées sans autorisation préalable au premier semestre 2008. Cette épicerie a été gérée par plusieurs des mis en examen jusqu’à leur interpellation le 11 novembre 2008. Pour la défense, ces écoutes sont nulles à double titre: la requête initiale du parquet concernait les correspondances électroniques et non téléphoniques et la durée des écoutes était illégale. Opposé à l’annulation des pièces, le parquet général estime a contrario que l’autorisation donnée par un JLD se référait à tous les modes de télécommunication, sans qu’il soit besoin de les identifier spécialement, contrairement à ce qu’assure la défense.

Parallèlement à ces demandes d’annulation, la défense du groupe de Tarnac met en doute la vraisemblance d’une pièce centrale du dossier, à savoir le procès-verbal D104 qui retrace la filature de Julien Coupat et de sa compagne, dans la nuit du 7 au 8 novembre 2008 à Duisy (Seine-et Marne), sur les lieux d’un des sabotages. Les avocats estiment que ce PV «n’est pas authentique»: ils doutent de la présence des policiers sur place et demandent donc au juge d’organiser une reconstitution.

Environ 180.000 jeunes, dont 140.000 lycéens, ont défilé dans toute la France, selon l’Union nationale lycéenne (UNL). Les affrontements ont été particulièrement violents à Lyon, à Nanterre et dans plusieurs endroits de la région parisienne. Une collégienne a été blessée sans gravité dans le XVe arrondissement de Paris par un feu de poubelle. A Paris et sa petite couronne (Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis et Val-de-Marne), les forces de l’ordre ont procédé à 110 interpellations, dont 81 gardes à vue.

A Lyon (photo), où les incidents sont fréquents depuis le début du mouvement, des violences ont eu lieu d’abord en marge des manifestations lycéennes, puis tout au long de la journée. Des groupes de jeunes ont incendié des automobiles et des poubelles, renversé des camions et des voitures, détruit du mobilier urbain, brisé des vitrines de magasins et de banques à l’aide de chaises volées aux terrasses des cafés, et pillé des magasins. Les forces de l’ordre ont usé de gaz lacrymogènes et procédé à 13 interpellations. La préfecture a recensé en fin de matinée cinq véhicules incendiés et 30 véhicules renversés.

Incidents suite aux manifestations lycéennes à Lyon

Incidents suite aux manifestations lycéennes à Lyon

Des affrontements ont repris mardi matin pour la deuxième journée consécutive devant le lycée Joliot Curie de Nanterre, où environ 200 jeunes ont fait face à une cinquantaine de CRS. Lundi, la tentative de blocage de ce lycée avait dégénéré en affrontements entre des jeunes extérieurs à l’établissement et des policiers qui ont fait usage de gaz lacrymogènes et de flashballs. Mardi, des jeunes, pour la plupart dissimulés sous des capuches et des cagoules, ont lancé des pierres et autres projectiles et incendié un véhicule. Les CRS ont répliqué par des charges et des tirs de gaz lacrymogènes.

A Corbeil (Essonne), une soixantaine de jeunes provenant, selon la police, de la cité des Tarterets ont rejoint 250 lycéens de l’établissement Robert Doisneau et ont lancé des projectiles sur les forces de l’ordre. Les manifestants ont volé des équipements de police et des grenades lacrymogènes dans la voiture d’une commissaire. A Savigny-sur-Orge (Essonne), les manifestants lycéens eux-mêmes qui ont dégradé du mobilier urbain, provoquant une intervention des forces de l’ordre.

A Mulhouse (Haut-Rhin), 500 à 600 lycéens et étudiants ont lancé des pierres, dégradé des voitures et brisé des vitrines. La police tiré des gaz lacrymogènes et procédé à plusieurs interpellations.

En Seine-et-Marne, de nouveaux incidents ont eu lieu devant le lycée Bacherlard à Chelles. D’autres débordements ont été constatés à Combs-la-ville, Meaux ou encore à Avon. Dans les Yvelines, des violences ont éclaté en marge d’une manifestation à laquelle participaient entre 300 et 500 lycéens entre le quartier du Val-Fourré et le centre ville de Mantes-la-Jolie.

Dans le Val-d’Oise, à Argenteuil, entre 9 heures et 13 heures, quelque 500 personnes se sont rassemblées sur la dalle. A la fin de la manifestation, une centaine de jeunes ont joué au chat et à la souris avec la police, brûlant des poubelles. Un hélicoptère a été appelé en renfort. Les forces de l’ordre ont procédé à 30 interpellations.

Le ministère de l’Intérieur a annoncé un total de 1.158 « casseurs » interpellés depuis une semaine en marge des manifestations en France, dont 163 personnes lors des affrontements qui émaillés la journée de mobilisation de ce mardi.