Pour dénoncer le massacre commis par le régime Erdogan à Cizre, des manifestations ont eu lieu dans plusieurs villes de Turquie le 8 février à l’appel du Bloc de la Paix et d’organisations syndicales. A Istanbul et à Izmir, les forces de police ont violemment réprimé les manifestations. On compte une trentaine d’arrestations et de nombreux blessés à Istanbul et 49 arrestations à Izmir.

Dans la province quasi-autonome du Kurdistan irakien (KRG), le « Parti Démocratique du Kurdistan », dirigé par le clan Barzani règne sur le pétrole et sur le territoire. Depuis quelques mois, le KRG s’embourbe dans une crise économique malgré les millions de pétrodollars que la région est censée produire. Notamment, les fonctionnaires, ambulanciers, etc… avaient cessés d’être payés pendant des mois. Le gouvernement a présenté la semaine dernière un « plan » censé réinjecter 10 milliards de pétrodollars dans l’économie kurdo-irakienne. Ce plan ne semble pas convaincre tout le monde, et de nombreuses personnes se demandent où disparaît le pétrole, si ce n’est dans les poches du président Massoud Barzani.

Ce matin, une manifestation qui demandait à ce que les rapports sur l’exportation pétrolière soient publiés à été dispersée à Kirkuk.

Manifestation dispersée à Kirkuk

Manifestation dispersée à Kirkuk

Plusieurs centaines de personnes ont manifesté hier dimanche 7 février devant les bureau de l’ONU à Erbil (Kurdistan d’Irak) pour dénoncer l’intervention militaire du régime d’Erdogan au Kurdistan. Les manifestants demandaient aussi la fermeture des bases militaires turques au Kurdistan d’Irak. Les forces de répression de Barzani, dirigeant féodal de la région autonome kurde d’Irak qui a noué de lucratives relations avec la Turquie, ont ouvert le feu pour disperser les manifestants. Selon les témoins, on compte plusieurs blessés.

Depuis 14 jours, 31 personnes sont emprisonnées dans la cave d’un building où elles s’étaient réfugiées face aux attaques de l’armée turque. 7 d’entre-elles sont décédées, 15 autres sont blessées. Les ambulances qui osent s’approcher pour leur venir en aide sont également attaquées par l’armée. Les espoirs s’amenuisent puisque aucune nouvelle n’a été reçue depuis cinq jours et que les secours ne peuvent s’approcher à moins de 300m.

Une situation identique pourrait avoir lieu dans le même quartier de la ville assiégée de Cizré. 37 personnes sont enfermées au premier étage d’un immeuble cerné par l’armée turque. Plusieurs d’entre-eux sont blessés, l’armée turque renvoie les ambulances qui tentent d’approcher.

Par ce procédé de « couvre-feu » (Cizré et Sur entrent dans leur 54ème jour de ce régime) l’état turc punit et réprime les villes rebelles du Bakuré, massacrant à coups d’artilleries lourdes, de snipers et de tanks des centaines de civils des villes insurgées. Les troupes de guérillas YPS et YDG-H résistent à l’agression turque en construisant des barricades, en creusant des tranchées et en s’attaquant à l’occupant.

Des militaires turcs appliquant le couvre-feu.

Des militaires turcs appliquant le couvre-feu.

Les forces de sécurité turques ont été attaquées par des combattants kurdes lors d’une opération qui visait à nettoyer les tranchées creusées par les insurgés Cizre. Un soldat et un policier ont été blessés et sont décédés ultérieurement à l’hôpital dimanche, a reconnu l’état-major turc qui revendique la mort de trois combattants du PKK dans le même combat.

A Cizre dans le quartier Cudi, il y a trois jours, des tirs au canon de char ont touché 25 personnes et ont fait 3 morts. Les blessés et les corps des morts se trouvent toujours prisonniers d’un immeuble qui continue à être la cible de bombardements de l’armée. Les 25 blessés dont 14 graves, ne peuvent pas être évacués à l’hôpital et les survivants essayent de leur apporter les premiers soins avec les moyens du bord. L’immeuble se trouve dans l’avenue de Caferi Sadık et les rescapés sont cachés dans la cave. Il s’agit d’une habitation, donc le matériel de secours est très limité, voire inexistant. Afin de stopper ou au moins ralentir les hémorragies pour les blessés, ils utilisent le coton des oreillers. Trois personnes ont succombé déjà à leurs blessures.

La ville de Cizre

La ville de Cizre

L’armée et la police ont lancé en décembre une vaste offensive dans le district de Sur et dans plusieurs autres villes, sous couvre-feu total, pour réduire l’insurrection de la jeunesse kurde qui ont levé des barricades et creusé des tranchées. L’offensive des forces turques pour reprendre le contrôle du district est extrêmement brutale, n’hésitant pas à faire usage de tirs d’artillerie en zone urbaine. Près de 200 civils kurdes ont ainsi été tués. Dans le district historique de Sur, à Diyarbakir, le couvre-feu en place depuis le 2 décembre a été étendu à cinq quartiers supplémentaires et à une rue pour permettre aux forces de l’ordre de reprendre le contrôle de la ville. Un couvre-feu règne depuis près de 50 jours dans la ville de Cizre, alors que celui qui visait la ville de Silopi a été levé partiellement la semaine dernière.

Quatre soldats turcs ont été tués mercredi lors de violents affrontements avec des combattants du PKK à Diyarbakir, où un couvre-feu controversé a encore été renforcé. Les combats ont éclaté dans le district de Sur, lorsque des hommes du PKK ont ouvert le feu sur des soldats avec des armes automatiques et des lance-roquettes. Trois soldats ont été tués et six autre blessés, un quatrième soldat est décédé plus tard de ses blessures à l’hôpital.

Insurgé kurde à Cizre

Insurgé kurde à Cizre

Depuis le début du mois de janvier, des troupes des Forces Démocratiques Syriennes (QSD), l’alliance formée autour des YPG ont traversé l’Euphrate vers l’ouest dans l’objectif de libérer la ville de Manbij. L’état turc avait posé l’Euphrate comme une ligne derrière laquelle les forces kurdes de Syrie ne devaient pas avancer sous peines de représailles. Difficile de savoir à l’heure actuelle si les YPG ont effectivement traversé l’Euphrate (la Turquie le nie en tous cas), on sait par contre que Jaysh al-Thuwar (l’Armée des Révolutionnaire, un groupe de la gauche de l’ASL, membre des QSD) est effectivement présent au sud de Manbij.

La libération de Manbij est une énorme source de tensions pour les islamistes et pour l’état turc puisqu’elle pourrait aboutir à la libération de Jarabulus, à l’unification du Rojava et à couper la route aux aides de la Turquie vers l’Etat Islamique. Nous avions écrit il y a trois jours que la situation était extrêmement confuse à Manbij. Des sources fiables YPG auraient déclaré dans les dernières heures qu’une opération d’ampleur se préparerait pour libérer simultanément les villes de Jarabulus et de Manbij. Les YPG traverseraient alors l’Euphrate à deux ou trois endroits en même temps, s’exposant à un conflit ouvert avec la Turquie dans l’immédiat. Les troupes turques sont parées à l’éventualité et seraient déjà présentes à Jarabulus.

D’autres rumeurs, de sources moins sûres, prétendent que l’opération simultanée concernerait également la ville d’Azaz, contrôlée par les factions les plus islamistes de l’ASL et le Front al-Nusra. Ces sources prétendent également que l’opération serait imminente. Si une telle opération massive devait avoir lieu, les islamistes de Daesh, du Front al-Nusra et des factions islamistes de l’ASL se trouveraient coincés à l’ouest et à l’est par les QSD et au sud par les forces loyalistes du régime syrien, qui cherche lui à prendre la ville de al-Bab.

L'opération pourrait ressembler à ça.

L’opération pourrait ressembler à ça.

La troisième « Conférence de Paix » de Genève concernant la guerre civile en Syrie débutera normalement ce vendredi en Suisse avec une semaine de retard. La Turquie avait refusé que le PYD (Parti de l’Union Démocratique) ne soit représenté à cette conférence, prétextant les liens entre ce parti progressiste kurde et le PKK. L’ONU a réagit positivement à la demande turque. Les États-Unis se rangent également derrière leur allié turc en barrant l’entrée au PYD, prétextant cette fois-ci que le PYD n’a pas sa place à cette conférence puisqu’il ne combat pas les troupes loyalistes via ses milices YPG/YPJ.

La conférence de Genève s’annonce évidemment -avec ou sans PYD- comme un sommet de marchandages entre impérialistes et réactionnaires locaux. La Russie avait pourtant insisté sur la présence des Kurdes alors que l’Arabie Saoudite représentera plusieurs factions islamistes de l’Armée Syrienne Libre, dont la branche syrienne d’al-Qaeda, le front al-Nusra (qui n’est en fait pas membre de l’ASL, mais l’allié régulier de ses factions islamistes).

Le PYD a libéré depuis le début de la guerre civile en 2011 la quasi-totalité du nord du pays qui est désormais vidée tant des forces loyalistes à Bashar al Assad que des factions islamistes, sa zone d’influence s’agrandit au sud de Ciziré et à l’est via la coalition QSD.

Immense drapeau YPG accroché lors de la libération de Kobané en janvier 2015.

Immense drapeau YPG accroché lors de la libération de Kobané en janvier 2015.

Au coeur du Moyen-Orient, les populations du Rojava se sont soulevées depuis deux ans contre les forces réactionnaires qui oppressent la région depuis des décennies. Le Rojava fait aussi face à la menace des impérialistes américains et de l’OTAN, ainsi que des régimes réactionnaires et fascistes du Moyen-Orient.

Le Bataillon International de Libération regroupe des combattants communistes, anarchistes et antifascistes venus défendre le Rojava dans l’esprit des Brigades Internationales dans l’Espagne de 1936. Une campagne a été lancée en Belgique, visant à leur apporter un soutien politique et matériel en finançant l’achat une centaine de pansements hémostatiques de nouvelle génération. 60% des blessés par balle meurent d’hémorragie en attendant d’être pris en charge : ces pansements, assez onéreux, stoppent l’hémorragie rapidement en précipitant la coagulation du sang dans la plaie.

L’OCML-VP a repris cette campagne en France et a déjà programmé un meeting en ce sens. Nous appelons les autres forces révolutionnaires, communistes, anarchistes et antifascistes de France et d’ailleurs à nous contacter et à s’investir eux aussi dans cette campagne.

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