Actualité de la répression et
de la résistance à la répression

La commission constitutionnelle et judiciaire du Parlement turc a reçu des motions présidentielles visant à lever l’immunité de plusieurs députés. Les demandes de déchéance du mandat de député concernent 18 parlementaires: 16 du Parti démocratique des Peuple, le HDP, un CHP (kémaliste) et un DBP (parti frère du HDP). Les demandes sont toutes basées sur des propos tenus par les députés dans le cadre de leurs fonctions, interprétés comme un soutien au PKK. Par ailleurs, une procédure de fermeture du HDP est en cours devant la Cour constitutionnelle turque. Une décision est attendue avant les élections parlementaires et présidentielles qui se tiendront au mois de mai. La levée de l’immunité parlementaire et l’emprisonnement des députés de l’opposition est l’un des moyens les plus utilisés par l’État turc ces dernières années pour éliminer toute dissidence politique. Fin novembre, plus de 2 000 demandes de destitution étaient pendantes devant l’Assemblée nationale turque. Au moins 1.500 visaient des députés du HDP et du DBP.

A la suite du refus des députés de donner leur feu vert à des élections anticipées, le centre de Lima a été une fois de plus le théâtre d’affrontements entre forces de l’ordre et manifestants, samedi 28 janvier, dans une crise politique qui dure depuis cinquante-deux jours. La marche de Lima avait commencé comme une fête populaire avant de virer à l’affrontement près du Parlement entre un groupe de manifestants encagoulés et la police antiémeute, faisant un mort. Il s’agit du premier décès enregistré dans la capitale péruvienne dans le cadre de ces rassemblements. La répression des manifestations au Pérou a fait quarante-huit morts depuis décembre. Jusqu’à présent, les décès sont survenus à Puno et d’autres régions andines du sud du pays, où vivent des populations défavorisées, qui soutenaient M. Castillo.

Un tribunal de Chiang Rai (nord) a reconnu coupable Mongkol T., un activiste de 29 ans, dans deux affaires de diffamation contre la famille royale. Sa peine a été réduite de 42 ans à 28 ans après son témoignage. Mongkol T. a pu faire appel de sa condamnation et a été mis en liberté provisoire contre une caution. Il s’agit de la deuxième peine la plus lourde pour lèse-majesté, après qu’une Thaïlandaise a été condamnée à 43 ans de prison en 2021. L’article 112 sur la lèse-majesté, l’un des plus sévères dans le monde de ce type, prévoit des peines de trois à quinze ans de prison pour toute personne reconnue coupable de diffamation envers le roi et sa famille, et est utilisé pour étouffer toute contestation. Depuis novembre 2020, plus de 200 protestataires ont été inculpés en vertu de l’article 112 qui n’avait plus été utilisé entre 2018 et 2020.

Badigeonnées de peinture rouge pour imiter le sang, Tantawan « Tawan » Tuatulanon et Orawan “Bam” Phuphong, deux jeunes militantes se sont présentées au tribunal pénal de Bangkok le 16 janvier 2023 pour demander à une juge d’annuler leur remise en liberté sous caution, en solidarité avec les autres militants incarcérés pour crime de “lèse-majesté” (photo). Elles avaient été inculpées en février 2022 pour le même motif, après avoir organisé un “sondage d’opinion” au sujet de la monarchie dans un centre commercial de Bangkok. Le 18 janvier, elles ont entamé une grève de la faim et de la soif. Elles ont été hospitalisées mais refusent tous soins médicaux. Depuis, un mouvement de solidarité se développe, des concerts, rassemblements, graffitis et messages de soutiens se sont multipliés cette semaine dans toute la Thaïlande et sur les réseaux sociaux.

Jeudi, des dizaines de membres des familles des victimes se sont rassemblés devant le Palais de justice, brandissant les portraits de leurs proches tués dans l’explosion du 4 août 2020 qui a fait plus de 215 morts. Ils manifestaient en soutien au juge Tarek Bitar poursuivi pour insubordination en raison de sa détermination à enquêter sur l’explosion de centaines de tonnes de nitrate d’ammonium stockées sans précaution au port de l’aveu même des responsables. Les autorités sont accusées par des ONG et les familles des victimes de torpiller l’enquête locale pour éviter des inculpations et refusent une enquête internationale. Le juge avait été contraint de suspendre pendant 13 mois son enquête en raison d’une quarantaine de poursuites à son encontre et de pressions de la part d’une grande partie de la classe politique, dont le Hezbollah. En décidant de la reprendre lundi à la surprise générale, il a inculpé plusieurs personnalités, dont le procureur général Ghassan Oueidate et deux hauts responsables de la sécurité. En représailles, le procureur général a décidé de poursuivre le juge Bitar pour « rébellion contre la justice » et « usurpation de pouvoir ». Le procureur général Oueidate a en outre ordonné la libération de l’ensemble des personnes détenues depuis l’explosion, dont un responsable de la sécurité au port, le Libano-Américain Ziad al-Ouf qui a pris l’avion pour les Etats-Unis dès sa libération.

Les combattants de la New People’s Army (NPA) ont abattus trois informateurs de police, dont un responsable municipal dans les provinces de Negros au cours des deux dernières semaines. Parmi eux Regie de la Cruz, mercredi, à Sitio Maiti, Barangay Buenavista, dans la région de Himamaylan. Ses renseignements avaient permis aux forces de sécurité de tuer deux guérilleros l’année dernière. En outre, hier vendredi 27, une équipe mixte de policiers et des soldats du 85e bataillon d’infanterie de l’armée a été accrochée par un groupe de guérilleros à Barangay Pansoy, dans la province de Quezon. Un militaire a été blessé dans la fusillade.

Combattants de la NPA

Combattants de la NPA

Le groupe d’électronique Thales, centré sur la défense, la sécurité et l’aéronautique, propose aux polices des frontières un nouveau module biométrique multimodal intégrant la reconnaissance faciale et de l’iris. Le module est composée d’une caméra et d’un écran LCD haute résolution reconnaît les données biométriques de l’iris et du visage des voyageurs préinscrits à une distance d’un demi-mètre, voire de 1,5 m, avec une grande précision. Les deux éléments biométriques sont saisis en deux secondes. Le système peut être utilisé comme un produit autonome ou intégré à des systèmes en libre-service pour l’inscription initiale et les contrôles biométriques ultérieurs. Les autorités peuvent déployer les nacelles biométriques de Thales à tout type de poste de contrôle frontalier. Thales est l’un des principaux fournisseurs mondiaux d’équipements biométriques pour les frontières. Le contrat de fourniture de terminaux à l’Espagne pour le système d’entrée-sortie de l’UE, signé cette année, en est un exemple récent.

Avec Servet Turgut, 55 ans, Osman Şiban a été détenu le 11 septembre 2020 près du district de Çatak par des soldats turcs. Après de graves tortures, ils ont été poussés hors d’un hélicoptère militaire en vol. Après cette épreuve, Osman Şiban et Servet Turgut ont été conduits dans différents hôpitaux. Les militaires ont déclaré au personnel médical que les deux hommes étaient des terroristes et qu’ils avaient été blessés lorsqu’ils ont tenté de s’échapper d’un hélicoptère. Şiban a survécu à cette épreuve tandis que Servet Turgut est mort après vingt jours de coma.

Le procès intenté à Osman Şiban s’est tenu jeudi au 2e tribunal pénal supérieur de Mersin. Şiban est accusé d' »appartenance à une organisation terroriste », ce qui est passible de 15 ans de prison. Deux témoins étaient connectés à la salle d’audience via le système sonore et vidéo. Le procureur accuse Osman Şiban d’être membre du PKK parce que trois bidons de carburant qui auraient été découverts en terrain proche de la maison qu’il n’habite que pendant l’été. Il se base aussi sur le survol du hameau où se trouve la maison de Şiban par un drone de reconnaissance le 9 septembre 2020. L’évaluation des données du vol concluaient à des activités qui « ne s’inscrivaient pas de manière cohérente dans le flux habituel de la vie ». Enfin, l’accusation se réfère aux déclarations d’un témoin qui a déclaré que la maison d’Osman Şiban avait accueilli des membres du PKK il y a 20 ou 30 ans. Prochaine audience en avril.

 

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Le gouvernement colombien et l’ELN ont déclaré samedi qu’ils avaient surmonté les tensions causées par la déclaration erronée du président Gustavo Petro selon laquelle l’ELN avait accepté un cessez-le-feu. Celui-ci reste cependant l’objectif des négociateurs qui ont convenu de négocier un tel cessez-le-feu dès la reprise des pourparlers officiels au Mexique le 13 février. Les négociateurs se sont mis d’accord sur un « corridor humanitaire » qui a permis à une centaine d’observateurs indépendants de se rendre dans une région de l’ouest de la Colombie touchée par la guerre pour y inspecter la situation humanitaire. Par ailleurs, le gouvernement a provisoirement accepté les cessez-le-feu entrés en vigueur le 1er janvier avec quatre autres forces armées: deux dissidences des FARC (Bloc du Sud-Est et Segunda Marquetalia), les paramilitaire de l’AGC, et le groupe mafieux Los Pachencas. L’éventuelle démobilisation de l’AGC et de Los Pachenca est délicate car elle pourrait révéler les liens entre les paramilitaires et les trafiquants de drogue avec les forces de sécurité et les élites colombiennes.

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Combattant·e·s de l’ELN

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Neuf Palestiniens ont été tués et des dizaines blessés, dont quatre grièvement, jeudi à Jénine lors d’un raid israélien dans le camp de réfugiés de cette ville du nord de la Cisjordanie occupée. Suite à ce raid, l’Autorité palestinienne a annoncé jeudi mettre fin à la coordination sécuritaire avec Israël. L’AP avait déjà pris une décision similaire en mai 2020 pour protester contre un projet israélien d’annexion de pans de la Cisjordanie. Les Nations unies n’ont pas recensé un bilan aussi élevé en une seule opération israélienne en Cisjordanie depuis qu’elles ont commencé à comptabiliser en 2005 les victimes. Durant l’opération, le gaz lacrymogène tiré en masse par les forces d’occupation a pénétré à l’intérieur de l’unité pédiatrique de l’Hôpital gouvernemental local, posant un danger pour les enfants, qui ont dû été transférés. L’armée israélienne avait auparavant rapporté avoir tiré sur plusieurs «terroristes» mais, une fois de plus, les seules victimes sont Palestiniennes, aucun soldat israélien n’a été blessé. Un dixième Palestinien a été tué par balles par les forces israéliennes jeudi, à Al-Ram près de Jérusalem, dans des conditions non précisées, et plusieurs autres ont été blessés dans d’autres incidents.

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Après presque 100 jours de grève de la faim, la situation d’Alfredo Cospito est désormais très grave. Il grade toute sa détermination à lutter jusqu’au bout et la mobilisation solidaire s’est beaucoup élargie. Il y a eu des manifestations et des initiatives dans de nombreuses petites villes. A Milan et Turin, des manifestations d’un millier de personnes ont eu lieu. A Rome a lieu chaque jour un rassemblement de 3 heures devant le Ministère de la Justice. Les médias traitent souvent de l’affaire. Le demande de mettre fin au régime de 41bis pour Alfredo Cospito est largement sortie des milieux révolutionnaires. Ont pris positions en ce sens un mouvement d’opinion démocrate (intellectuels, juristes et avocats, quelques politiciens), divers forces de la gauche, des organisations comme Amnesty ou des mouvements comme le Notav. Des initiatives de solidarité internationale ont eu lieu, et notamment de la part de prisonniers révolutionnaires de Grèce, France, Turquie, Palestine et Kurdistan. Une audience à la Cour de cassation pour traiter le recours présenté par l’avocat d’Alfredo a été fixée dans… trois mois, le 20 avril. En apprenant la nouvelle de la fixation en avril, l’avocat d’Alfredo a envoyé une demande d’anticipation de l’audience.

 

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