Actualité de la répression et
de la résistance à la répression

A l’instar de ce qui s’est passé durant le printemps arabe, les réseaux sociaux sont mis à contribution depuis le début des manifestations qui secouent la Grande-Bretagne. Hier, le premier ministre britannique a annoncé que les services de renseignements, la police et les industriels travaillaient de concert afin d’éventuellement empêcher les gens de communiquer via Twitter, Facebook ou encore BlackBerry Messenger. Ce dernier est particulièrement visé par les autorités car contrairement aux autres moyens de communications, il permet l’envoi de messages instantanés, cryptés et sécurisés. Le filtrage ou la coupure pure et simple de certains réseaux sociaux serait un acte sans précédent en Europe. On se souvient que pareille démarche avait été effectué par le gouvernement égyptien. Les manifestants avaient été prompts à trouver le moyen de contourner cette manifeste atteinte à leurs libertés civiles.

David Cameron a également annoncé des pouvoirs supplémentaires pour les policiers, notamment celui d’enlever les foulards, masques et cagoules des manifestants. Enfin, après de nombreux renforts de police et le recours accordé aux canons à eau, il a annoncé qu’il pourrait, dans les jours qui viennent, faire appel à l’armée. Depuis mercredi, la police a procédé à plus de 1200 arrestations. Jeudi, à Londres, elle a mené des perquisitions en application de cent mandats d’arrêt. Et aujourd’hui, les autorités continuent à interpeller toute personne soupçonnée d’avoir pris part aux rassemblements de ces derniers jours.

Depuis aujourd’hui à Birmingham, la police diffuse les photos des personnes recherchées sur un écran géant installé sur une camionnette. Après la publication de photos recueillies à partir des caméras de surveillance par les médias et sur le site internet de la police, les autorités britanniques poursuivent leurs innovations dans les appels à la délation. La camionnette sillonnera la ville et s’arrêtera dans tous ses principaux points de 7h à 19h jusqu’à samedi.

A deux jours de la fermeture pour vacances annuelles, Clariant Benelux, active dans le secteur de la chimie, a annoncé le licenciement des deux délégués de la FGTB. La direction invoque le motif de « rupture de confiance » mais la raison évidente est que les deux délégués font un travail syndical remarquable à tous les niveaux dans l’entreprise en dénonçant tous les contournements des différentes législations en matière de droit du travail et qu’ils sont soutenus dans toutes leurs démarches par la très grosse majorité des ouvriers. Un piquet de grève a été installé devant les portes de l’entreprise en soutien à leurs délégués et en démonstration de détermination. A la reprise de l’usine, le 16 août, l’entreprise sera totalement bloquée.

Grève chez Clariant Benelux

Grève chez Clariant Benelux

Oliver, Alex et Florian, les trois militants condamnés en octobre 2009 à trois ans et trois ans et demi de prison pour une série d’actions incendiaires (dont de nombreux véhicules de l’armée) revendiqués par le Militante Gruppe sont entrés en prison après avoir épuisés tous les recours.

Action incendiaire du MG

Action incendiaire du MG

Les émeutes ont éclaté à nouveau la nuit dernière lorsque cinq postes de police ont été attaqués avec des engins incendiaires artisanaux à Nottingham. Les postes de police Canning Circus, The Meadows, Oxclose Lane, Bulwell et St Ann’s ont été pris pour cible. Une voiture de police devant le poste des Meadows a également été incendiée.

La police de Nottingham a déclaré avoir arrêté plus de 80 personnes en lien avec les troubles et ils s’attendent à ce que ce chiffre dépasse 100. Dix personnes ont été arrêtées lors d’un incident impliquant des jeunes grimpant sur le toit de la Nottingham High School près de Forest.
La Nottingham High School, est un symbole de la richesses et des opporunités des élites : une école payante avec des grands bâtiments et un terrain énorme, à deux pas des quartiers ouvriers d’Arboretum, de Radford et de Forest Fields.

Les fouilles du charnier dans lequel gisent le corps d’Ali Yildiz ainsi que ceux de 18 autres maquisards assassinés par des tirs de tank en avril 1997 commenceront ce vendredi 12 août au matin. Cet engagement pris par les autorités turques est une victoire importante car il est une reconnaissance implicite des crimes commis par l’Etat et ouvre la voie à l’exhumation d’autres fosses communes. C’est le fruit d’une lutte de longue haleine de Hüsnü Yildiz, grand frère de la victime qui mène une grève de la faim depuis 63 jours et qui la poursuivra jusqu’à ce que les ossements de son frère lui soient restitués.
La famille Yildiz ainsi que de nombreux sympathisants issus de divers mouvements politiques, syndicaux et culturels se sont donnés rendez-vous demain matin à 9h30 à l’endroit exact où se situe le charnier dans lequel se trouve Ali Yildiz, aux abords de la caserne de la gendarmerie de Cemizgezek.

Le rassemblement de ce vendredi 12 août à 15h devant l’ambassade de Turquie à Bruxelles pour demander l’ouverture du charnier est suspendu.

Depuis plusieurs mois, les actions visant les compagnies pétrolières et leurs intérêts se multiplient. En mars, les FARC avaient enlevé durant 24h plusieurs employés d’une entreprise pétrolière canadienne. En juin, elles auraient enlevé trois ingénieurs et un traducteur de la société chinoise Emerald. Ceux-ci restent disparus. Cette semaine, les guérilleros ont mené deux nouvelles actions. Dimanche, une quarantaine de militants a pris d’assaut un champ pétrolifère exploité dans l’est du pays par la compagnie canadienne Alange Energy. Ils y ont incendié une citerne contenant plus de 400 barils de pétrole. Jeudi, six camions de la société britannique Emerald Energy transportant du brut ont été mis à feu dans le département de Caqueta (sud). Les autorités ont annoncé de nouvelles mesures pour renforcer la surveillance des 130 compagnies ayant des concessions dans le pays et une intensification de leur collaboration avec les forces de l’ordre.

Les forces de sécurité ont procédé à sept arrestations dans le cadre de deux opérations de ratissage distinctes lundi et mardi. Les sept personnes sont toutes suspectées, à des degrés divers, de participer à la guérilla maoïste dans l’Orissa. Lundi, cinq guérilleros présumés, dont deux femmes, ont été arrêtés dans le village de Madikeda. Les autorités les accusent d’être responsables d’un meurtre qui a eu lieu dans ce même village le 4 août dernier. Lors de cette descente, les forces de sécurité ont également découvert et saisi une grande quantité de matériel explosif, des batteries et du fil pour la fabrication d’IED ainsi que du matériel de propagande maoïste. Mardi, la police a arrêté deux personnes qu’elle suspecte d’entretenir des liens avec la guérilla. Elle leur a également saisi, entre autres, un pistolet, un revolver, six chargeurs, quatre bombes opérationnelles et un uniforme maoïste. Une enquête a été ouverte par les autorités pour déterminer les activités précises de ces deux personnes.

Gulaferit Unsal, 42 ans, est un des membres fondateurs d’une organisation syndicale à Ankara où elle a été active jusqu’en 1992. Poursuivie par les autorités turques, et après avoir été emprisonnée avec son mari, elle demande l’asile politique en Allemagne en septembre 1999. Depuis une dizaine d’années, elle vit à Salonique. C’est là qu’elle a été arrêtée début juillet en compagnie d’un de ses compatriotes dans le cadre d’une opération de police antiterroriste sur base de renseignements faisant état de trafic d’armes. La police a indiqué avoir découvert de faux passeports et a saisi du matériel informatique. Gulaferit Unsal était visée par un MAE émis par Berlin, qui l’accuse de militer pour le DHKP-C, pour ‘participation à activité extrémiste’. Ce mercredi, la cour d’appel de Salonique a décidé de l’extradition de la présumée militante vers l’Allemagne. Son compatriote a quant à lui été acquitté et libéré.

Hier, des milliers de paysans ont bloqué la route reliant Bombay à Pune pour s’opposer au projet gouvernemental de dérivation de l’eau depuis un barrage local vers les usines de la région. Ce détournement entrainerait, après la construction du pipeline à travers les terres agricoles, une pénurie d’eau tant pour l’agriculture que pour la consommation. Depuis plusieurs années, les ruraux indiens s’opposent aux tentatives du gouvernement de s’emparer de leurs terres pour l’industrie et l’infrastructure de capitalistes étrangers. Hier, à l’issue d’une réunion d’information, les paysans en colère ont décidé de mener une action et ont formé un barrage humain sur l’autoroute. Les forces de sécurité ont violemment réagit, faisant feu sur la foule et tuant trois paysans.

Ce mardi, la police londonienne a mis en oeuvre un plan d’action intitulé ‘London rioters wanted’ (‘Emeutiers recherchés’). L’objectif avoué de ce dernier est de retrouver et d’identifier toutes les personnes qui ont pris part aux actions qui secouent le pays depuis quatre jours. Le pays étant littéralement quadrillé de caméras de surveillance, les autorités judiciaires disposent de nombreuses photos de manifestants. Celles-ci ont été mises en ligne sur un compte Flickr dédié. Le chef de la police britannique a clairement lancé cet appel hier soir ‘Nous avons les images et nous demandons aux Londoniens d’identifier les personnes qui sont impliquées dans les activités criminelles de la nuit passée’.

Bien qu’il ne s’agisse pas officiellement d’un avis de recherche émis par la police, les médias britanniques lui ont emboité le pas. Un tabloïd a fait sa Une avec les photos de certains responsables présumés et d’un numéro de call-center.

Enfin, le fabricant de Blackberry (RIM) s’est pour sa part engagé à collaborer pleinement avec les autorités. Très populaire en Grande-Bretagne, les appareils permettent aux usages de s’échanger des messages instantanés sans passer par le réseau téléphonique, dans une sorte de ‘chat’. Cette technologie rend l’interception des messages par la police très compliqué. RIM s’est donc mis à sa disposition. Cette nuit, RIM s’est fait piraté par un groupe de hackers nommé ‘Team Poison’. Ceux-ci ont exigé que la société n’aide pas la police sous peine de révéler nombre de données confidentielles.