La plus haute cour allemande (BGH) vient de confirmer, ce mercredi 19 mars, la peine de cinq ans de prison pour la militante antifasciste Lina E. Reconnue coupable par le parquet fédéral d’avoir mis en œuvre et participé à des attaques contre 6 néo-nazis à Leipzig, Eisenach et Wurzen entre 2018 et 2020. Elle avait été condamnée en mai 2023 par le tribunal régional supérieur (OLG) de Dresde à une peine d’emprisonnement de cinq ans et trois mois, le ministère public fédéral et la défense avaient fait appel du jugement ( voir notre article ici ). Lina E. est actuellement en liberté, après plus de deux ans et demi de détention provisoire, E. a été libéré le jour du jugement. Après le jugement définitif de ce mercredi, elle devra à nouveau aller en prison. La période de détention provisoire est prise en compte, généralement, une peine résiduelle est suspendue pour probation lorsque les deux tiers de la peine sont purgés. Plusieurs rassemblements de soutien ont eu lieu dans toute l’Allemagne, certains ont été interdits par les autorités.

Dans la nuit du 9 au 10 mars, plusieurs engins incendiaires ont totalement détruit deux voitures de police banalisées du commissariat de Doventor (Brême), et gravement endomagée deux autres. Le communiqué revendiquant l’action s’adresse « à nos camarades de combat qui sont en taule et à tou.tes les compas qui sont touché.es par la répression », « Maja, Hanna, Nanuk, Gino, Nele, Paul, Luca, Zaid, Paula, Tobi, Clara, Moritz, Marianna, Dimitra, Sarah… salutations enflammées aux anarchistes de Munich, qui ont été agressé.es pendant la nuit par 140 policiers lourdement armés et aux anarchistes M. et N., incarcéré.es à Stadelhem ». Il s’adresse aussi à Burkhard Garweg: « Nous avons lu ton texte d’invitation à la discussion [lire ici ce texte], « La possibilité d’un moment historique est maintenant ». Nous croyons nous aussi que, dans les prochaines années, la situation s’aggravera tellement que nous ne pourrons peut-être plus éviter une lutte armée. Nous continuerons à discuter de ces options dans nos cercles. D’ici là, nous attaquerons le cruel monde autoritaire avec les moyens actuels, comme le feu. Nous te saluons aussi et t’envoyons beaucoup de force, où que tu sois. » Lire tout ce communiqué

Burkhard Garweg et Volker Staub sont, depuis l’arrestation de Daniela Klette il y a un an (voir notre article) et après 30 ans de clandestinité, les derniers membres recherchés de la Fraction Armée Rouge. Ils sont accusés d’avoir participé à plusieurs actions réalisées par la RAF entre 1984 et 1993 (année de l’auto-dissolution de l’organisation), et à plusieurs hold-up ayant servi, entre les années 1999 et 2016, à financer leur clandestinité. Alors que les policiers arrivaient pour l’arrêter, Daniela a eu le temps d’envoyer un message à Burkhard qui a pu s’échapper de justesse. Il résidait dans un camping-caravaning près de Berlin. La police avait alors relancé ses recheches de manière frénétique, couvrant les villes d’Allemagne de photos récentes et détaillées de Burkhard. Celui-ci avait alors rendu public une longue lettre, des « salutations de la clandestinités ».

Lire la lettre de Burkhard Garweg

Lire une lettre de Daniela Klette

Lire l’histoire de la Fraction Armée Rouge

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À Kiel et à Lübeck, des policiers se sont présentés aux domiciles de ressortissants kurdes et au centre communautaire kurde de Kiel vers 5h30 du matin ce mercredi 12 mars, ils étaient accompagnés de chiens policiers. Une intervention policière impitoyable, ils ont enfoncé les portes des appartements, saccagé des logements et confisqué les  téléphones portables et des documents écrits. Plusieurs personnes ont été arrêtées, les détenus sont accusés, en vertu des articles 129a et 129b du Code pénal allemand, d’avoir soutenu et agi en faveur du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), une organisation reconnue comme « criminelle » en Allemagne. Les accusations portent sur des activités militantes légales, telles que l’appel à manifester, l’organisation d’événements culturels ou la collecte de dons. Le principal interpellé est accusé d’avoir agi en tant que dirigeant régional du PKK.

Après 30 ans de cavale, Peter Krauth et Thomas Walter du K.O.M.I.T.E.E. sont de retour en Allemagne. Le K.O.M.I.T.E.E. était une organisation clandestine de la gauche révolutionnaire qui avait incendié un bâtiment de l’Armée allemande à Bad Freienwalde en raison de la complicité de l’Allemagne dans le génocide au Kurdistan. En 1995, une patrouille de police avait surpris plusieurs militants du groupe en train de placer une charge de 120kg d’explosif dans un centre de détention pour sans-papier en construction à Berlin-Grünau. Les militants parviennent à s’échapper mais laissent des traces permettant d’identifier trois d’entre eux. Après une longue chasse à l’homme, Ils trouvent refuge au Venezuela où les enquêteurs allemands retrouvent leur trace mais le pays, au lieu de les livrer à l’Allemagne, leur a accordé l’asile politique (voir notre article).

Bernhard Heidbreder est mort d’un cancer en exil (voir notre article) Kauth et Walter, âgés de 65 et 62 ans,  sont rentrés en Allemagne via l’Espagne cette semaine. Ils ont largement dépassé le délai de prescription de 20 ans qui s’applique à  ce dont ils sont été accusés, mais une manœuvre du parquet fédéral a porté leur délai de prescription à 40 ans. Un membre de leur équipe de défense prévoit une peine légère, étant donné que les faits reprochés ont eu lieu il y a très longtemps et que l’explosion n’a pas eu lieu. Les deux militants semblent plus disposés à purger une courte peine de prison qu’à s’engager dans une longue procédure judiciaire.

Ce dimanche 23 février, environ 80 à 120 personnes s’étaient rassemblées l’après-midi pour manifester devant le bureau fédéral de l’AfD ( Alternative für Deutschland) à Berlin. Alors que les premiers résultats des élections indiquaient que l’AFD avait environ 20% du scrutin, les manifestants ont allumé des haut-parleurs de 100 watts et fait fonctionner des sirènes installés sur le toit du véhicule. Le niveau sonore aurait été jusqu’à 109 décibels. Le bus avait été verrouillé de l’intérieur et embrumé par un système technique. Des policiers ont alors cassé la vitre du côté passager et ont pris d’assaut le véhicule. Trois personnes ont été arrêtées. Les occupants du bus et l’équipage ont reçu une interdiction de manifestation, elle était valable jusqu’à ce lundi 8 heures. Selon les manifestants issus du Centre pour la Beauté Politique, la sirène devait être un avertissement contre le fascisme au vu des résultats de l’AfD.

En octobre 2024, Ariane avait subi un interrogatoire où elle avait refusé de faire des déclarations sanctionné d’une amende de 500 euros lors d’une décision de justice du BGH ( Cour fédérale de justice ) en janvier ( voir article ici ). Elle devait témoigner de ses activités au cours des 50 à 60 dernières années, notamment : quand, où, lesquels et comment elle connaissait ou avait rencontré d’anciens membres de la RAF. Ariane est le premier témoin à devoir payer une amende pour refus de témoigner. Le BKA ( l’Office fédéral de la police criminelle) invite à nouveau cette dernière à un interrogatoire fin février. Cette fois, les autorités pourraient mettre Ariane en détention provisoire pour une durée de six mois. Depuis l’arrestation de Daniela, elle est un soutien indéfectible à cette dernière.

Les universités allemandes ont interdit les conférences de Francesca Albanese, rapporteuse spéciale de l’ONU sur la Palestine. La LMU Munich ( Ludwig Maximilian University of Munich) et la FU Berlin ( Freie Universität Berlin ) ont annulé son intervention prévue. L’événement berlinois devait aborder la situation en Palestine et reverser tous ses bénéfices à l’UNRWA et Medico International pour les secours à Gaza. Ces interdictions créent des précédents inquiétants, elles bafouent l’article 5 de la Constitution allemande qui protège la liberté académique. Le soutien à la Palestine souffre de plus en plus d’attaques venant de tous les horizons.