Après une première journée de grève qui s’est soldée par un bilan de 36 blessés et de 348 interpellations à l’échelle du pays, la mobilisation s’est poursuivie dans la nuit et ce jeudi. Jusqu’à l’aube, des affrontements ont opposé les groupes de jeunes et les forces de l’ordre à Santiago. En plusieurs points de la ville, les étudiants avaient érigé des barricades de pneus et de bois enflammés que les policiers ont détruit à coups de lance à eau. Ils ont également fait usage de gaz lacrymogènes pour disperser les rassemblements. Dans la matinée, les jeunes de la capitale ont été rejoint par plus de 400.000 personnes selon les organisateurs, foule qui a défilé dans les rue de Santiago. A la fin de la manifestation, de nouveaux heurts ont opposé certains manifestants à la police. Ceux-ci se sont poursuivis jusque tard dans la nuit, faisant de nombreux blessés et un mort, décédé des suites d’une blessure par balle. Selon plusieurs témoins, les policiers lui auraient tiré dessus. Cette nuit, 108 personnes ont été interpellées dans la métropole.

Affrontements étudiants/policiers à Santiago

Par ailleurs, dimanche dernier, les autorités ont procédé à deux rafles dans des squats artistiques de la capitale dans le but avoué de déstabiliser le mouvement social radical qui lutte depuis plus de trois mois à travers le pays. Des policiers lourdement armés ont fait irruption dans deux ateliers, brisant portes et fenêtres, pour examiner les lieux dont les occupants ont été menottés. Au pied de l’immeuble étaient déployés des véhicules blindés à gaz lacrymogène et lances à eau. Les forces de l’ordre cherchaient visiblement du matériel explosif, mais sont reparties bredouilles, non sans avoir brutalisé les habitants et fait d’énormes dégâts matériels.

Affrontements étudiants/policiers à Santiago

Depuis hier matin, la grande majorité de la population chilienne observe une grève de 48 heures en prélude à une marche massive prévue ce jeudi après-midi en solidarité avec la lutte menée par les étudiants depuis plus de trois mois. Ceux-ci ont été rejoints par des milliers de personnes dans leurs revendications pour une réforme de l’éducation, du système de soins, du code du travail, des retraites,…

De nombreuses villes sont touchées par le mouvement, mais c’est à Santiago qu’il prend toute son ampleur. Dès avant l’aube, de nombreuses barricades étaient dressées en travers des carrefours de la capitale. Toute la matinée, la police a fait usage de gaz lacrymogènes et de lances à eau pour dégager les rues et disperser les manifestations spontanées aux quatre coins de la ville. A la fin de la journée, les forces de l’ordre avaient procédé à 348 interpellations. En outre, au moins 36 personnes ont été blessées lors d’affrontements opposant les manifestants et les policiers, principalement à Santiago.

Manifestation à Santiago

Manifestation à Santiago

Plus de 100.000 personnes (60.000 selon la police) se sont à nouveau réunies à Santiago ce mardi pour une neuvième manifestation monstre pour une réforme de l’éducation. Des rassemblements se sont également organisés en province à Calama, La Serena, Arica (nord), Concepcion (sud) et Valpareso (centre) notamment. A Santiago, des barricades de pneus enflammés avaient été érigées dans la matinée, provoquant de gros embouteillages. Les forces de l’ordre les ont dégagées grâce à des lances à eau et des gaz lacrymogènes. Plus tard, les violences entre les manifestants et la police ont repris lorsque cette dernière les a empêché de se diriger vers le palais présidentiel. Lances à eau et gaz lacrymogènes ont fait face aux pierres et projectiles divers. Le ministère de l’intérieur chilien a fait état de 39 blessés et de 273 interpellations.

Barricade lors d’une manifestation d’étudiants à Santiago

Barricade lors d'une manifestation d'étudiants à Santiago

Cela fait plus de trois mois que les étudiants chiliens se mobilisent à Santiago et dans une dizaine d’autres villes du Chili pour réclamer une réforme de l’éducation et une augmentation des moyens pour l’enseignement public. Lundi, le gouvernement a émis une série de propositions, jugées insatisfaisante. Les étudiants avaient annoncé deux manifestations ce jeudi, que les autorités se sont empressées d’interdire. Plus de 5000 personnes ont néanmoins pris part aux rassemblements, qui ont été violemment réprimés. Le matin, la police a fait usage de gaz lacrymogènes et de lances à eau pour disperser un premier rassemblement à Santiago et dégager des carrefours que les étudiants bloquaient avec des barricades de pneus enflammés. Plus tard, la police est à nouveau intervenue pour empêcher un second rassemblement. Environ 200 étudiants sont parvenus à occuper les studios d’une télévision privée et à enregistrer un message en direct. Au total, 552 personnes ont été interpellées à travers tout le pays, dont 284 à Santiago pour troubles de l’ordre public, port d’armes ou de matériel explosif. Les autorités ont également annoncé que 29 policiers avaient été blessés au cours des affrontements.

Arrestation d’un étudiant au Chili

Arrestation d'un étudiant au Chili

Les étudiants se mobilisent pour que l’Etat reprenne la tutelle des établissements publics qui accueillent 90% des 3,5 millions d’élèves. Leur gestion avait été déléguée aux municipalités par le régime militaire et néolibéral du général Augusto Pinochet. Une marche a rassemblé hier entre 50.000 et 80.000 personnes étudiants, professeurs, parents et enfants. Les forces de police ont fait usage de grenages lacrymogènes et de lances à incendie pour tenter de disperser les manifestants qui voulaient se rassembler devant le palais présidentiel de la Moneda, sans autorisation des autorités.

Des jeunes ont répliqué à coups de pierres, de bâtons et de projectiles de peinture. Un membre des forces de l’ordre a été grièvement blessé par un cocktail Molotov. 32 policiers auraient été blessés, la police a procédé à 54 interpellations. Plusieurs rassemblements massifs d’étudiants avaient déjà ponctué le mois de juin, mobilisant à deux reprises plus de 80.000 personnes. Le 30 juin, des heurts violents entre manifestants et policiers s’étaient déjà soldés par 13 arrestations et un policier blessé.

Chili: Affrontements étudiants/policiers

Après 87 jours de grève de la faim, les quatre dirigeants mapuches viennent de cesser leur action. Ils avaient entamé celle-ci pour dénoncer la loi antiterroriste héritée de la dictature de Pinochet en vertu de laquelle ils avaient été condamnés à des peines allant de 20 à 25 ans d’emprisonnement sur base du témoignage d’un ‘témoin sans visage’. En début de semaine, la Cour Suprême du Chili avait prononcé une réduction de peine pour les quatre prisonniers suite au recours en nullité introduit par la défense, celui-ci n’ayant donc pas été examiné. La décision des quatre Mapuches de mettre un terme à leur grève de la faim intervient suite à la création d’une Commission pour la Défense du droit du peuple Mapuche et en raison d’une alimentation forcée des grévistes. La commission a d’ores et déjà annoncé que son objectif principal serait une réforme de la loi antiterroriste.

Depuis le début du mois de mai, les quatre Mapuches condamnés récemment dans ce que l’on connait comme le jugement de Cañete à des peines de 20 à 25 ans de prison, étaient en attente d’une décision de la Cour Suprême du Chili. Jugés en vertu de la loi antiterroriste issue de la dictature de Pinochet, ils ont introduit un recours en nullité, exigeant que la Cour reconnaisse les irrégularités du procès et les vices de procédure liés à l’utilisation de la loi antiterroriste (recours aux faux témoins, sans visage,…). Celle-ci s’est refusée à examiner cette demande dans les termes proposés par la défense et a prononcé une réduction de peine, équivalent à un nouveau jugement pour les quatre prisonniers mapuches (condamnation de 8 à 14 ans de prison). Face à cette nouvelle manoeuvre judiciaire, tous quatre poursuivent leur grève de la faim entamée il y a 83 jours.

La nuit du 1er juin, une bombe a explosé prématurément devant la banque Santander, à Santiago du Chili. L’explosion anticipée de l’engin a gravement blessé un des deux anarchistes qui étaient en train de la poser. Luciano Pitronello Schuffeneger a été conduit à l’hopital : il a perdu les deux mains, il a des blessures très graves au visage avec perte de la vue, ainsi que des brûlures sur diverses parties du corps. La bombe consistait en un extincteur d’un kilo, rempli avec de la poudre noire et activé par un mécanisme d’horlogerie, relié à une mèche à combustion lente. Les policiers sont à la recherche de l’autre anarchiste qui a pu s’enfuir après l’explosion. Une première perquisition dans un domicile a eu lieu.

Chili: Un anarchiste gravement blessé, un autre recherché

Ce mercredi 25 mai, les quatre prisonniers politiques Mapuche Hector Llaitul, Ramon Llanquileo, Josè Huenuche et Jonathan Huilical entament leur 72e jour de grève de la faim. Leur état de santé est alarmant, considérant que cet acte désespéré de protestation est consécutif à un premier jeûne de 83 jours débuté le 12 juillet 2010. Ramón Llanquileo vient d’être transféré d’urgence à l’hôpital pour la seconde fois en quatre jours. Condamnés à 25 ans de prison à la suite d’un procès basé sur des témoignages anonymes, ils réclament à la Cour Suprême de Justice l’annulation du jugement et un procès juste et équitable. Décision attendue le 3 juin 2011.

À l’heure où la population chilienne proteste massivement contre le projet Hydroaysen (construction de 5 barrages qui détruiront la Patagonie encore vierge au profit de l’industrie minière principalement), le Colectivo Contra la impunidad, le Colectivo Rodriguista, le Comabe, le Centro cultural Chile, et le PCAP-Bélgica appellent à un rassemblement de solidarité avec les Mapuches ce vendredi 27 mai 2011 de 17 à 18 h devant l’ambassade du Chili, rue des Aduatiques 106, 1040 Bruxelles (métro Montgomery).

Bruxelles: Manifestation pour les Mapuches vendredi