Alors que de nombreuses attaques de la part du PKK ont visé commissariats et casernes turcs ces derniers jours, suite aux bombardements contre les bases de la guérilla kurde, deux attaques ont eu lieu ce matin à Istanbul. D’abord une attaque à la bombe qui a visé un commissariat stambouliote, ensuite, plusieurs heures plus tard, deux personnes ont mitraillé l’ambassade américaine. Les deux attaques ne sont pas liées.

Les deux personnes qui ont attaqué l’ambassade US étaient un homme et une femme, la femme a été blessée et arrêtée, il s’agit de Hatice Asik, une infirmière de 51 ans et militante du DHKP-C, l’autre a pu s’enfuir. Il n’y a eu aucun mort, ni d’un coté ni de l’autre, lors de ces deux attaques.

Hatice Asik

Hatice Asik

Ce mardi 28 juillet, le verdict a été prononcé contre Özgür Aslan, Sonnur Demiray, Muzaffer Dogan et Yusuf Tas à Stuttgart, dans le cadre d’une procédure § 129b (« organisation terroriste étrangère »): 4 ans et 9 mois pour Ozgur Aslan, 5 ans 6 mois pour Sonnur Demiray et 6 ans pour Tas Yusuf et Muzaffer Dogan. Ils ont été condamnés pour un travail d’information, de collecte de fonds et l’organisation d’événements musicaux, notamment un grand concert du groupe « Yorum ».

Les quatre ont été arrêtés à la suite d’un raid de grande envergure le 23 iuin 2013 pour appartenance au DHKP-C. Tas Yusuf Aslan et Özgur ont été livrés par l’Autriche à l’Allemagne. Les poursuites, qui ont commencé en septembre 2014, et qui représentent un dossier de 60.000 pages, ont tenté d’établir une connexion directe entre le DHKP-C, le groupe Yorum et les accusés. Cela suit une logique déjà apparue dans d’autres procès ou toute activité est considérée comme venant du DHKP-C et servant le DHKP-C. La solidarité avec les accusés a débouché sur l’arrestation de 50 personnes, et sur plusieurs condamnations à des amendes administratives. Plus de 20 personnes ont été de la même manière condamnés pour avoir cotisé au DHKP-C.

Pour écrire aux prisonniers:
Ozgur Aslan, Muzaffer Dogan, Yusuf Tas : Asperger Str. 60 ; 70439 Stuttgart
Sonnur Demiray: Herlikofer Straße 19 ; 73527 Schwäbisch Gmünd
Il est probable que les prisonniers seront bientôt transférés dans l’autre prison. Pour suivre leur actualité (en allemand): http://political-prisoners.net, site allemand qui est part du Secours Rouge International.

Un rassemblement à Stuttgart

Un rassemblement à Stuttgart

Günay Özarslan a été abattue lors de son arrestation ce 24 juillet, elle était militante du DHKP-C. Ces 24 et 25 juillet, la police turque a procédé à au moins 600 arrestations à travers le pays, dans le cadre d’une attaque généralisée contre le mouvement kurde et contre la gauche révolutionnaire. Le cortège funéraire a d’abord été bloqué (l’enterrement n’avait pu avoir lieu hier en raison des nouvelles raffles) puis attaqué dans le quartier bien connu de Gazi par des autopompes, des gaz lacrymogènes et des policiers anti-émeute. La situation a donc rapidement tourné à l’émeute, les manifestants et les habitants érigeant des barricades et lançant des cocktails molotov sur la police. Les affrontements se poursuivent toujours à l’heure actuelle.

Edit à 20h11 : on apprend qu’un policier vient d’être abattu de trois balles dans la poitrine suite à l’attaque d’un groupe armé qui est entré dans un bâtiment de la police et a fait feu, en représailles aux affrontements qui ont lieu à Gazi. Il n’y a pas eu d’arrestations pour ce groupe précis.

Edit à 22h15 : la police déploie des snipers sur les toits de Gazi.
Edit à 22h54 : Une personne a été arrêtée pour l’exécution du policier qui a eu lieu vers 20h (heure belge).

Affrontements à Gazi.

Affrontements à Gazi.

Nous vous annoncions ce matin qu’une énorme opération antiterroriste avait lieu en Turquie. Nous avons à présent plus d’informations : l’identité de la militante du DHKP-C abattue, il s’agit de Günay Özarslan. La police a interdit aux avocats l’accès au lieu du meurtre ainsi qu’à l’autopsie avec l’objectif apparent d’obscurcir les circonstances du meurtre. Les perquisitions visaient principalement le DHKP-C, le PKK, YDG-H et le HDP. L’annonce du gouvernement de perquisitionner également dans les milieux islamistes serait donc surtout un effet d’annonce visant à minimiser la collaboration entre la Turquie et l’Etat Islamique.

L’opération était supportée par 5000 policiers, 2000 unités anti-émeutes, les brigades anti-terroristes et des hélicoptères, répartis dans 26 cantons différents. Il y a eu des centaines d’arrestations. Cette opération fait suite à la fin de la trève entre le PKK et l’état turc, et à l’avancée énorme des YPG/YPJ en Syrie. Récemment, de nombreux bombardements et vols de drones ont eu lieu dans tout le Kurdistan turc, trois policiers tortionnaires ont également été abattus par les mouvements kurdes en réponse au massacre de Suruç.

Günay Özarslan, membre du DHKP-C

Günay Özarslan, membre du DHKP-C

L’état turc a lancé une très vaste opération anti-terroriste à travers le pays, visant majoritairement le PKK. Selon la communication du gouvernement, les centaines de perquisitions visent indistinctement l’extrême-gauche turque et kurde, et l’Etat Islamique, dont les relations avec la Turquie se sont bien refroidies depuis plusieurs jours.

297 personnes ont été arrêtées à travers le pays, impossible de savoir la proportion de révolutionnaires par rapport à celle des islamistes. Un guérillero du DHKP-C a été abattu alors qu’il résistait à son arrestation avec une arme (Correction : c’était en fait une militante du DHKP-C, apparemment désarmée). A Kızıltepe, 15 militants kurdes ont été arrêtés et sont en attente de transfert vers Mardin. Dans les provinces d’Izmir et de Bursa, 16 militants kurdes ont été arrêtés. Des membres du HDP (front large de gauche radicale regroupant de nombreuses branches légales d’organisations clandestines) ont également été arrêtés, ainsi que des journalistes.

5000 policiers ordinaires soutiennent l’opération de la police anti-émeute qui visait 140 adresses à Istanbul et de nombreuses villes du Kurdistan turc.

Quelques images de l’opération.

Quelques images de l'opération.

Sadi Özpolat et Gülaferit Ünsal ont obtenu une victoire après avoir observé respectivement 43 et 54 jours de grève de la faim contre la censure de leur courrier, contre les uniformes de prison et contre l’intimidation. Sadi et Gülaferit sont emprisonnés via la loi 129bis qui les accuse d’être membres du DHKP-C. 6 autres prisonniers politiques en Allemagne (Ahmet Düzün Yüksel, Muzaffer Dogan, Özgur Aslan, Sonnur Demiray, Yusuf Tas et Özkan Güzel) se sont également mis en grève de la faim en solidarité. A l’extérieur, plusieurs manifestations ont eu lieu à Berlin et ailleurs en Allemagne, réunissant l’immigration turque et la gauche solidaire. L’Allemagne est l’un des états les plus coopératifs avec la politique répressive de la Turquie, notamment via la loi 129bis qui permet d’emprisonner des personnes suspectées d’être membres d’organisations considérées comme terroristes à l’étranger (mais pas forcément en Allemagne). Récemment, le journal de gauche turc Yürüyüs (La Longue Marche) a été interdit en Allemagne alors qu’il n’est pas (encore?) illégal en Turquie.

Sadi Özpolat et Gülaferit Ünsal sont régulièrement en grève de la faim contre leurs propres conditions de détention mais également en solidarité avec d’autres prisonniers. Dernièrement, ils avaient participé à la grève de la faim des prisonniers révolutionnaires en Grèce.

Manifestation de solidarité avec Sadi Ozpolat en décembre 2012.

Manifestation de solidarité avec Sadi Ozpolat en décembre 2012.

Bahar Kimyongur avait été arrêté aux Pays-Bas en avril 2006 lors d’une opération organisée par la Belgique pour l’extrader vers la Turquie. Accusé d’être membre du DHKP-C, il avait été acquitté en 2009. La Turquie avait émis un mandat d’arrêt international -dit ‘notice rouge’- à cause duquel il a été arrêté en Italie et en Espagne ces dernières années. En mai 2014, Bahar avait finalement obtenu d’être rayé de la liste des personnes recherchées par Interpol. Mais cette liste est régulièrement assimilée dans les listes nationales, c’est la raison pour laquelle il a été arrêté ce vendredi matin à Athènes et retenu pendant 2h30 par la police aéroportuaire grecque.

Les personnes étant visées par une ‘notice rouge’ ne sont pas prévenues et risquent donc d’être arrêtées en passant une frontière n’importe où dans le monde alors même qu’elles ignorent qu’elles sont recherchées.

Bahar Kimyongur

Bahar Kimyongur

Les structures du Front Populaire (Halk Cephesi)ont été la cible le 3 juin d’une vaste opération policière anti-DHKP-C. Des perquisitions ont été effectuées dans plusieurs quartiers d’Istanbul (à Sultangazi, Küçükçekmece, Başakşehir, Bağcılar, Bahçelievler, Esenyurt, Ataşehir et Bakırköy), visant notamment le bureau du journal Yürüyüş (La Marche). Au moins 10 personnes ont été placées en détention par le Bureau Anti-terroriste de la police d’Istanbul. Les noms de quatre détenus sont connus : Selda Karataş, Kemal Delen, Ali Kanat et Erdi Şimşek.

Les locaux du journal Yürüyüş avaient déjà été la cible d’une violente opération policière en décembre 2010 (voir l’article)

Les locaux du journal Yürüyüş après l’opération policière

Les locaux du journal Yürüyüş après l'opération policière

Sıla Abalay, 16 ans, a été arrêtée le 1er avril lors des perquisitions qui ont fait suite à la séquestration du procureur par le DHKP-C. Depuis le 2 avril -cela fait 4 jours ce 17 mai- elle est en grève de la faim pour réclamer le statut de prisonnière politique et pour être retirée du régime d’isolement. Elle sera convoquée devant le juge et le procureur ce 22 mai à 13h au tribunal Çağlayan d’Istanbul. Elle fait face à des accusations d’appartenance à un groupe terroriste et de participations à des actions illégales.

Sıla Abalay

Sıla Abalay

Suite à l’action du DHKP-C contre le procureur Kiraz, pris en otage au palais de justice de Çağlayan, la police avait mené une vaste opération au cours de laquelle, le 1er avril, Sıla Abalay, 16 ans, a été arrêtée pour appartenance à une organisation illégale et placée en détention à la prison des femmes et des enfants de Bakırköy. Abalay a commencé une grève de la faim pour être détenues avec les prisonniers politiques. Elle en est aujourd’hui à son 37e jour de grève de la faim.

Sıla Abalay