La justice espagnole souhaite poursuivre Maria Natividad Jauregui Espina (58 ans) pour l’exécution en 1981 par ETA, à Bilbao, d’un lieutenant-colonel de l’armée espagnole. En 2013, la chambre des mises en accusation avait refusé de rendre exécutoire un premier mandat d’arrêt européen délivré pour les mêmes faits, craignant que Maria Espina soit victime de violation des Droits de l’Homme en Espagne. La Cour de cassation s’était prononcée dans le même sens en novembre 2013, permettant la libération de la Basque. Mais en août 2015, la justice espagnole a délivré un nouveau MAE, dans lequel elle réfute le risque de violations des Droits de l’Homme. Ce nouveau mandat d’arrêt européen a été lui aussi rejeté avant-hier, tant par la chambre du conseil de Gand que par la chambre des mises en accusation. Le parquet général près la Cour de Cassation ne voit aucun motif justifiant de casser cet arrêt.

Maria Natividad Jauregui Espina

La cour d’appel de Paris avait rejeté la demande de suspension de peine de l’ex-dirigeant d’ETA Ibon Fernandez Iradi « Susper ». La Cour de cassation vient d’annuler l’arrêt de la cour d’appel de Paris. Incarcéré aujourd’hui à Lannemezan, condamné à trente ans de réclusion en 2008 et 2009 pour avoir tiré sur un gendarme en 2001, « Susper » est atteint d’une sclérose en plaques. La décision de la Cour de cassation implique un réexamen de l’affaire par la cour d’appel, mais par de nouveaux magistrats.

Rassemblement pour la libération d'Ibon Fernandez Iradi

Le 2 mai dernier, la prisonnière politique basque Itziar Moreno était placée à l’isolement « pour une durée indéterminée » dans la maison d’arrêt des femmes de Fresnes, désignée par la direction comme l’instigatrice des mouvements des détenues réclamant des conditions d’incarcération dignes (voir notre article). Itziar Moreno a entamé une grève de la faim, lundi 23 mai. Son transfert vers un autre établissement pénitentiaire lui a été notifié sans qu’elle n’en connaisse ni la destination ni la date.

Vendredi, des bus sont partis de plusieurs villes du Pays Basque pour manifester samedi devant la prison de Fresnes. Le mouvement de protestation qui s’est répandu dans plusieurs prisons en soutien à la détenue Itziar Moreno a pris plus d’ampleur ces derniers jours. Jeudi, ce sont les Basques en détention à l’Ile de Ré qui ont débuté un jeûne. Tous les vendredis, Jakes Esnal, Jon Rubenach, Ander Mujika, Fermin Martinez et Zigor Merodio ne s’alimenteront pas.

Un précédent rassemblement (le 21 mai) devant la prison de Fresnes

Les 5 prisonniers politiques basques, qui se trouvent à la Maison d’Arrêt des Hommes de Fresnes sont entrés en grève de la faim illimitée hier ; de leur côté, les prisonnières basques Ekhine Eizagirre et Iratxe Sorzabal, qui sont à la MAF de la même prison, se trouvent au mitard, également en protestation contre l’isolement d’Itziar Moreno. Tous ont fait savoir qu’ils ne cesseraient leur mouvement que quand la mesure d’isolement appliquée à Itziar Moreno serait levée.

Dans le courant du mois d’avril, un mouvement général avait commencé à se mettre en place à la Maison d’Arrêt des Femmes de Fresnes. Une lettre comportant la signature de 40 prisonnières (les Basques sont 3) avait été remise à la direction, exprimant un certain nombre de revendications, parmi lesquelles la résolution des graves problèmes d’hygiène, l’accès aux UVF, un traitement plus respectueux de la part des surveillantes, de meilleures conditions pour les prisonnières enceintes… N’ayant obtenu aucune réponse, elles ont bloqué de la cour de promenade le 2 mai pendant 10 minutes. Itziar Moreno a été conduite dans une cellule d’isolement, au prétexte qu’elle était la meneuse de ce mouvement.

Itziar Moreno et Iratxe Yanez

La justice espagnole a condamné vendredi un membre d’ETA à 92 ans de réclusion, pour une tentative d’attentat contre le roi Juan Carlos lors de l’inauguration du musée Guggenheim de Bilbao en 1997. La condamnation d’Eneko Gogeaskoetxea a été prononcée par l’Audience nationale, une juridiction spécialisée dans les affaires de terrorisme. Avec un autre membre de l’ETA, Kepa Arronategi, l’accusé avait placé des grenades dans des jardinières à proximité du musée qui pouvaient être activées à distance.

Mais quelques jours avant l’inauguration prévue le 18 octobre 1997, ils avaient été surpris s’activant autour d’une de ces jardinières par deux policiers basques. Alors que les agents vérifiaient leur identité, Eneko Gogeaskoetxea a tiré sur l’un d’eux, le tuant sur le coup. Eneko Gogeaskoetxea, 49 ans, avait été arrêté à Cambridge, dans l’est de l’Angleterre, en juillet 2011. Il y vivait depuis plusieurs années avec sa femme et ses enfants, sous une fausse identité.

Eneko Gogeaskoetxea

Une femme accusée d’être membre de l’ETA a été arrêtée hier mercredi à Zurich. En 2009, elle avait été condamnée à une peine de prison de six ans et neuf mois par contumace pour avoir servi d’intermédiaire à l’ETA. Selon le jugement de la Cour suprême espagnole, elle a accompli diverses missions pour l’organisation en Europe et en Amérique du Sud. Elle était recherchée depuis 2007. Lors de son premier interrogatoire, l’activiste, en possession de faux documents d’identité, s’est opposée à son transfert vers l’Espagne. Dans les prochains jours, la requête d’extradition, déposée préventivement par l’Espagne en mai 2015, lui sera présentée. L’Office fédéral de la justice décidera ensuite de procéder ou non à son extradition.

A Zurich

Hospitalisée le 28 janvier dernier, Lorentxa Guimon (voir nos précédents articles) a été réincarcérée le 9 février. Après avoir fait une demande de libération conditionnelle, le résultat sera connu le 25 février prochain. Un rassemblement pour demander sa libération a eu lieu le 13 février dernier à Bayonne, un autre aura lieu le 20 février à Rennes à 14h.

Lorentxa Guimon

Les nationalistes basques françaises Aurore Martin et Haizpea Abrizketa, ainsi que 33 indépendantistes basques espagnols jugés à Madrid dans le cadre du procès contre Batasuna (voir notre article), ne retourneront pas en prison après avoir conclu un accord judiciaire, en admettant leurs liens avec l’ETA. Aurore Martin a ainsi été condamnée à une peine d' »un an et huit mois de détention » qu’elle n’aura pas à purger. En vertu de la transaction pénale formalisée mercredi, les 35 militants de la gauche indépendantistes jugés ont admis le délit de participation à une « organisation terroriste » et, en contrepartie, le parquet s’est engagé à ne pas demander leur incarcération. En 2012, Aurore Martin avait été la première française remise aux autorités espagnoles pour des faits liés au conflit basque.

Aurore Martin (au centre) et ses co-inculpés

27 militants basques ont été appelés devant l’Audience Nationale ces 11 et 12 janvier 2016 avec l’accusation d’avoir collaboré avec une organisation terroriste (l’ETA), accusation liée a leur appartenance au EHAK/PCTV (Parti Communiste du Pays-Basque). Cette convocation est la première étape d’une procédure judiciaire dont il est impossible de savoir le temps qu’elle prendra.

Certains des 27 accusés ont déjà été appelés devant l’Audience en 2008 mais il n’y avait pas eu de suites jusqu’ici, les accusés ont pensé que l’affaire vait été classée. L’enquête avait en fait été maintenue en secret jusqu’en décembre 2015. Après 8 ans, la procédère a été réactivée. Plus de 150 militants basques sont menacés de prison dans les prochains mois dans le cadre d’affaires en cours.

EHAK

Plusieurs dizaines de milliers de personnes ont manifesté hier soir, samedi à Bilbao et à Bayonne, des deux côtés de la frontière franco-espagnole. Elles réclamaient « la fin de la dispersion » de plus de 400 détenus liés à ETA et leur rapprochement du Pays basque. A Bilbao, la ville la plus importante de la communauté autonome du Pays basque en Espagne, les manifestants étaient plus de 70.000. Dans le même temps, ils étaient près de 10.000 à Bayonne dans les Pyrénées-Atlantiques.

Sur la banderole de tête du défilé à Bilbao, était écrit en basque et en castillan : « droits de l’homme, résolution et paix. Prisonniers basques au Pays basque ». Les familles de prisonniers ouvraient le défilé où a résonné le slogan « les détenus basques à la maison ». Plus de 400 prisonniers basques membres ou proches d’ETA sont dispersés dans 73 prisons en France comme en Espagne.

La manifestation de Bayonne