Une deuxième nuit de protestations BLM à eu lieu à Louisville après l’annonce par la justice américaine de ne pas inculper les policiers impliqués dans la mort de Breonna Taylor. Cette jeune femme de 26 ans décédée le 13 mars dernier, quand trois agents ont fait irruption chez elle en enfonçant la porte de son domicile en pleine nuit. Armé, le compagnon de la victime, croyant à une intrusion criminelle, avait ouvert le feu. Un seul membre du trio policier a finalement été poursuivi, pour mise en danger de la vie d’autrui, en raison de ses tirs qui ont traversé l’appartement des voisins de Breonna Taylor. Aucun chef d’inculpation n’a été retenu contre ses deux collègues, pourtant les auteurs des tirs qui ont tué l’Afro-Américaine.

Mercredi 23, les affrontements avaient été violents. Deux policiers avaient été blessés par balle et 127 personnes avaient été arrêtées. Jeudi 24, la cité avait des allures de ville fantôme alors que certains quartiers demeuraient difficiles d’accès, sous le contrôle des forces de l’ordre. Le soir, une centaine de manifestants pacifiques se sont rassemblés dans le centre-ville malgré la prolongation jusqu’au week-end d’un couvre-feu. Ils ont pu échapper aux forces de l’ordre en se réfugiant dans une église.

Mémorial spontané pour Breonna Taylor à Louisville

 

Jalil Muntaqim est en détention depuis plus de 49 ans après avoir été arrêté puis reconnu coupable des meurtres de 1971 de deux policiers à Harlem. Au moment de l’incident de Harlem, il était un membre clandestin de l’aile clandestine des Panthers, l’Armée de libération noire qui avait revendiqué la responsabilité de l’attaque. Jalil Muntaqim vient d’obtenir sa libération conditionnelle après au moins dix précédentes tentatives infructueuses devant la commission de la libération conditionnelle de l’État de New York (voir notre article). Selon les termes de sa libération conditionnelle, il doit être libéré de la prison à sécurité maximale de Sullivan dans le nord de l’État de New York avant le 20 octobre. La libération de Muntaqim a été vigoureusement combattue par le syndicat de police de New York, la PBA, et par la veuve de l’un des policiers exécuté.

Jalil Muntaqim, AKA Anthony Bottom

Jalil Muntaqim, AKA Anthony Bottom

Suite à la pression d’organisations sionistes et de leurs avocats, Zoom a décidé de censurer un webinaire de Leila Khaled prévu à l’Université d’État de San Francisco. L’événement a également subi des restrictions de la part de Facebook. Mercredi, l’événement a eu lieu via YouTube mais, peu après le début, la société a coupé le canal vidéo, le remplaçant par un avis disant : « Cette vidéo a été supprimée, parce que qu’elle violait les conditions d’utilisation de YouTube. » Leila Khaled devait prendre la parole en compagnie du dirigeant militaire anti-apartheid sud-africain Ronnie Kasrils, d’activistes américains et d’anciens prisonniers politiques comme Sekou Odinga et Laura Whitehorn, ainsi que de la professeure Rula Abu Dahou, directrice de l’institut des études féminines à l’Université de Birzeit, en Cisjordanie occupée.

Zoom fait régulièrement l’objet de critiques pour son manque de sécurité et ses collaborations avec les différents gouvernements et forces de répression du monde entier (voir notre article). Nous conseillons l’utilisation de Jitsi qui constitue une alternative sécurisée et permet de se prémunir contre l’espionnage policier. Pour nos conseils sur l’utilisation de Jitsi (alternative sécurisée à Zoom): ici.

La députée palestinienne et icône de la résistance, Leila Khaled

La députée palestinienne et icône de la résistance, Leila Khaled

Les tensions montent depuis des mois à cause des demandes américaines voulant que le Mexique paie un déficit 35 milliards de litres le 24 octobre pour atteindre son quota d’approvisionnement en eau sur cinq ans. Un traité oblige les États-Unis à envoyer plus d’eau au Mexique qu’ils n’en reçoivent, mais ces paiements circulent ailleurs le long de la frontière, loin du Chihuahua sec, qui fournit plus de la moitié de la part du Mexique. En outre, le Mexique et les États-Unis ne sont pas d’accord sur ce que le Mexique doit encore, et des rumeurs circulent selon lesquelles les États-Unis ont surestimé leur contribution en eau. Les agriculteurs du Chihuahua disent que les paiements supplémentaires consistent à vider les barrages qui stockent l’eau dont ils ont besoin. Avec des précipitations de 30% des niveaux normaux cet été, les agriculteurs du Chihuahua ont averti que la prochaine saison de plantation pourrait être en danger.

La crise est devenue violente ce mois-ci quand environ 2000 manifestants ont envahi le barrage de La Boquilla sur la rivière Conchas et qu’une unité de garde nationale a été envoyée pour les arrêter. Jessica Estrella Silva Zamarripa, d’une famille paysanne, a été abattue par les gardes lors de l’affrontement, mais les manifestants, armés de bâtons et de pierres, ont pu repousser les forces de sécurité et garder le contrôle de la centrale hydroélectrique. Depuis, les tensions se sont intensifiées, les générateurs du barrage ayant été incendiés, provoquant une coupure de courant. 500 gardes supplémentaires ont été envoyés dans la région. Une autre manifestation a éclaté vendredi, à côté d’un pont reliant les villes frontalières de Juarez et El Paso, au Texas. Les manifestants ont dénoncé la mort de Silva et ont exigé que le Mexique cesse d’envoyer l’eau vers le nord.

Les affrontements dans le Chihuahua

Les manifestations BLM et les affrontements ont repris à Portland, dans l’Oregon, à la suite d’une brève accalmie en raison des incendies de forêt qui ravagent l’État. Les affrontements de vendredi 18 septembre ont commencé quand la police a déclaré illégale une manifestation devant le bâtiment de l’Immigration et des Douanes. Les affrontements qui ont suivi ont amené l’arrestation de 11 manifestants. Quelques centaines de manifestants ont à nouveau défilé dans la ville samedi soir, certains d’entre eux brisant des vitrines et taggant des bâtiments. Une banque et un Starbucks faisaient partie des entreprises ciblées. Aucune arrestation n’a été effectuée, mais une enquête a été ouverte.

Les chiffres de la répression des manifestations dans la ville ont été rendus public. Le bureau de police de Portland, la police de l’État de l’Oregon et d’autres agences locales ont arrêté au moins 851 personnes entre le 31 mai et le 1er septembre de cette année. Sur les 851 arrestations examinées par le procureur de district, 249 ont été renvoyées pour accusation de « crime », tandis que 599 autres sont répertoriées comme des simples « délits ». Jusqu’à présent, le procureur de district a porté plainte dans 19 cas impliquant des manifestants. Sur les 19 cas, une seule personne a été condamnée à ce jour après avoir plaidé coupable d’incendie criminel au premier degré. Les agences fédérales ont de leur côté arrêté 98 personnes, parmi lesquelles. 88 font maintenant face à des accusations fédérales, pour « crime » dans 38 cas et « délit » dans 45 autres. Au moins 18 mineurs ont été détenus pendant les manifestations et renvoyés au système de justice pour mineurs du comté.

Intervention des forces fédérales ce vendredi à Portland

 

Les services de police de la région de Denver ont arrêté, jeudi 17 septembre, des militant·es contre les meurtres policiers. Ces arrestations se sont déroulée au cours d‘une opération coordonnée. Certaines personnes ont ainsi été arrêtées dans un parking de « Home Depot », à leur domicile et ou au volant de leur véhicules. On dénombre au moins quatre personnes arrêtées, membres du Party for Socialism and Liberation. Ces militant·es organisaient les manifestations réclamant justice pour Elijah McClain, qui avait été brutalement assassiné par le département de police d’Aurora. Ils sont toujours en prison, à l’exception d’une personne. Ils font face à de multiples accusations de crime (y compris une étrange accusation de kidnapping). Plus d’infos ici.

Affrontements à Denver

Michael Reinoehl, un militant antifasciste a été abattu jeudi à Lacey, dans l’État de Washington, par des policiers venus l’arrêter. Il a été tué par 13 balles tirées par des policiers fédéraux, alors qu’il venait de quitter un appartement et de grimper dans une voiture. Michael Reinoehl, un habitué des manifestations Black Lives Matter (BLM) à Portland, était soupçonné d’avoir abattu un militant d’extrême-droite au cours d’un affrontement. Celui-ci était membre des « Patriot Prayer » et était impliqué dans des attaques contre les manifestation BLM (voir notre article).

Michael Reinoehl, un militant antifasciste assassiné par la police

Michael Reinoehl, un militant antifasciste assassiné par la police

Alors que la violence s’intensifie de la part de la police, des officiers fédéraux et des groupes fascistes à travers les États-Unis (et le monde), le site internet Crimethinc a décidé de développer une série de guide visant à améliorer la sécurité des manifestant·es. Le premier guide concerne l’utilisation des casques en manifestation. Il explore une large gamme de casques de protection, détaillant les avantages et les inconvénients de chacun, afin que vous puissiez choisir ce qui vous convient le mieux. Lire le guide ici.

Un casque a sauvé la vie d'un manifestant délibéré touché à la tête par une grenade flash-bang

Un casque a sauvé la vie d’un manifestant délibéré touché à la tête par une grenade flash-bang

Plusieurs centaines de voitures conduites par des partisans du président américain, avec drapeaux et signes pro-Trump, ont convergé de façon organisée en file sur Portland samedi, y compris dans le centre-ville où se trouvent les manifestants du mouvement Black Lives Matter. Des affrontements ont eu lieu entre manifestants et contre-manifestants» et des policiers sont intervenus et ont procédé dans certains cas à des arrestations. Des tirs ont eu lieu à 20 h 45 (heures locales), environ, dans le centre-ville, et un homme est mort dans circonstances encore ignorées. Selon des photographies, l’homme décédé portait une casquette «Patriot Prayer», un groupe local d’extrême droite actif contre les manifestations antiracistes qui occupent la ville depuis trois mois. Dans les deux heures qui ont suivi la fusillade, des manifestants se sont rassemblés au centre-ville et il y a eu des combats sporadiques. Dix personnes ont été arrêtées.

Un partisan de Trump tué à Portland

Un partisan de Trump tué à Portland

 

Un calme précaire régnait jeudi à Kenosha où des policiers fédéraux et des soldats de la Garde nationale ont été dépêchés après des violences qui ont fait deux morts et un blessé grave suite à des tirs d’un jeune suprémaciste blanc. Pour rendre hommage à ces victimes, des centaines de personnes ont encore défié mercredi soir malgré le couvre-feu imposé par les autorités. La nuit a été plus agitée à Oakland, en Californie, où un tribunal a été pris pour cible, ou à Minneapolis, dans le Minnesota, où une vingtaine de commerces ont été pillés et vandalisés alors que circulait une rumeur de nouvelle bavure policière. 192 personnes ont été arrêtées.

A Minneapolis toujours, quatre hommes ont été inculpés par un grand jury pour leurs rôles présumés dans l’incendie du poste de police du troisième quartier de la police le 28 mai. Des actes d’accusation ont été émis contre Dylan Shakespeare Robinson, 22 ans; Davon De-Andre Turner, 24 ans; Bryce Michael Williams, 26 ans; et Branden Michael Wolfe, 23 ans. Les quatre hommes sont originaires du Minnesota, et chacun est accusé d’un chef de complot en vue de commettre un incendie criminel.

Quand à Jacob Blake, ce père de famille de 29 ans qui a été touché, dimanche à Kenosha, de plusieurs balles dans le dos tirées à bout portant par un policier blanc, il restera paralysé. L’auteur des tirs, l’agent Rusten Sheskey, a été mis à pied, mais n’a pas été arrêté ni inculpé. La justice fédérale a toutefois annoncé mercredi l’ouverture d’une enquête en parallèle de celle menée par la justice locale. Le crime a suscité une onde de choc et une mobilisation sans précédent des sportifs américains, enclenchée par l’équipe de basket-ball des Milwaukee Bucks. Ses joueurs ont boycotté un match et contraint la NBA à reporter plusieurs autres rencontres. Assez pour que le président Donald Trump accuse la NBA d’être une « organisation politique » et de moquer leurs « très mauvaises » audiences.

La Garde nationale a été déployée à Minneapolis

La Garde nationale a été déployée à Minneapolis