En février 2019, Nijeer Parks a été accusé d’avoir volé des bonbons à l’étalage et d’avoir tenté de heurter un policier avec une voiture à Woodbridge, dans le New Jersey. La police l’avait identifié à l’aide d’un logiciel de reconnaissance faciale. Parks a passé 10 jours en prison et a payé environ 5.000 $ pour se défendre. En novembre 2019, l’affaire a été classée pour manque de preuves. Parks, 33 ans, poursuit maintenant la police, le procureur et la ville de Woodbridge pour arrestation et emprisonnement abusifs et violation de ses droits civils: il était à 50 km du lieu de l’incident au moment de celui-ci. Il est la troisième personne connue pour avoir été arrêtée sur la base d’une erreur des dispositifs de reconnaissance faciale. Dans les trois cas, les personnes identifiées par erreur par la technologie étaient des hommes noirs.

Les adjoints du shérif du comté de Multnomah et la police de Portland ont tenté d’exécuter une expulsion tôt mardi matin. Les agents ont été accueillis par une foule de de manifestants hostiles. Les manifestants ont lancé des projectiles sur les policiers anti-émeute qui tentaient de « sécuriser » une zone. Tout au long de la journée, des barricades de fortune ont été érigées autour de la « Maison Rouge », visée par l’expulsion. Cette maison a été un point focal pour les militants du logement depuis qu’un juge du comté a autorisé l’expulsion de ses occupants, la famille Kinney, en septembre. Dans le but d’éviter la reprise de possession de la maison, les manifestants ont établi un « Blocus des expulsions 24h / 24 et 7j / 7 ». Une bataille juridique au sujet de la maison fait rage, la famille Kinney déposant une requête auprès de la Cour suprême des États-Unis en novembre. Le propriétaire légal de la maison, Urban Housing Development, a jusqu’au 23 décembre pour répondre. La police a dû renoncer à l’expulsion, mais plusieurs arrestations ont eu lieu.

Eric King est un antifasciste incarcéré depuis septembre 2014. Il a été condamné à 10 ans de prison après avoir été accusé de tentative d’incendie d’un immeuble gouvernemental (inoccupé) en soutien au soulèvement de Ferguson, dans le Missouri. En 2018, un lieutenant des services d’enquête spéciaux (SIS), un service fédéral qui surveille les personnes considérées comme des menaces pour le système carcéral s’en est pris à King, qui s’est défendu, entraînant l’intervention de quatre gardiens qui ont frappé King à la tête, au visage, au ventre et aux côtes. Il a été attaché pendant huit heures par les poignets et les chevilles, dans une mare de son propre sang et de son urine.

King s’est vu refuser à plusieurs reprises des soins médicaux, du courrier et des visites d’avocat. Un autre membre du SIS lui a dit qu’il se verrait refuser l’accès à son avocat jusqu’à ce qu’il signe une déclaration selon laquelle il avait frappé Wilcox en légitime défense. King a signé et a été transféré à la prison de Leavenworth au Kansas et l’a placé à l’isolement pendant environ un an, ce qui signifiait qu’il ne pouvait voir ni parler à personne et qu’il était interdit de lire des livres et de conserver des photos dans sa cellule. Il a ensuite été transféré à la prison de McCreary dans le Kentucky, une prison fédérale à sécurité maximale. Le personnel ne l’a laissé sortir de l’isolement que pour le conduire dans la cour à un groupe de suprémacistes blancs (Aryan Brotherhood) à qui ils avaient dit que King était antifa. King a été agressé et remis en isolement.

Le 29 août 2019, King a été inculpé pour « agression contre un fonctionnaire fédéral » lié à l’attaque du lieutenant du SIS. S’il est reconnu coupable, King risque jusqu’à 20 ans de prison fédérale en plus de sa peine de 10 ans. En août 2019, King a été transféré à la prison d’Englewood dans le Colorado, où les persécutions ont continué. En septembre, la prison a révoqué les droits de visite de son partenaire en raison de son « idéologie ». En savoir plus

 

 

Des manifestants sont descendus dans les rues du Lower Manhattan, à New-York,  pour une deuxième journée consécutive, ce qui a entraîné des incidents avec la police et des arrestations. Les manifestants scandaient «Defund the Police» et «Can’t Stop the Revolution». Initialement, le rassemblement était organisé par le mouvement Black Lives Matter (BLM) et des militants LGBT, mais il a été rejoint par ceux qui étaient mobilisés en raison de l’incertitude des l’élection présidentielle. Les manifestants se sont rassemblés au Stonewall Inn, monument LGBT, et ont défilé dans plusieurs rues du Lower Manhattan. À un moment donné, la police a exigé qu’ils restent sur le trottoir. Les manifestants ont scandé « Notre ville – Nos rues » et ont insultés les policiers. La police a refoulé et cogné les manifestants, en arrêtant certains.

Demonstrators verbally confront NYPD officers while demonstrating in Union Square, Thursday, Nov. 5, 2020, in New York. (AP Photo/Seth Wenig)

Des forces de la police et de la Garde nationale de l’Oregon ont pourchassé mercredi soir des centaines de manifestants de la gauche révolutionnaire dans le centre de Portland et ont procédé à au moins dix arrestations. Cette ville avait été placée en alerte renforcée par la gouverneure de l’Oregon, Kate Brown. Elle a prolongé un état d’urgence instauré pour la nuit de l’élection présidentielle pour prévenir des manifestations violentes.

Les manifestants ont participé à un rassemblement pacifique dans un parc du centre de Portland, où un ensemble de groupes anticapitalistes proposaient des conférences et de la musique. Lors que la marche qui a suivi, plusieurs manifestants portaient des armes à feu, dont des fusils. Une banderole portait le slogan « On ne veut pas de Biden. On veut la vengeance / pour les crimes policiers / pour les guerres impérialistes / pour les massacres fascistes » Le bureau du shérif du comté de Multnomah a déclaré que la situation qui prévalait correspondait légalement à une émeute, après l’arrestation d’un homme soupçonné d’avoir lancé un cocktail Molotov. Il y a eu des heurts, des caillassages, des tirs de gaz lacrymogènes, des vitrines brisées et des arrestations.

 

 

Un groupe de manifestants anti-Trump s’est affronté avec des policiers dans les rues de Manhattan dimanche 1er novembre. Les heurts ont eu lieu à l’angle de la West 24th Street et de la 10e Avenue. Les policiers voulaient refouler les manifestants qui s’étaient rassemblés au Madison Square Park pour affronter des caravanes pro-Trump sillonnant la région de New York avant l’élection présidentielle de mardi. Onze personnes ont été arrêtées.

 

Un couvre-feu a de nouveau été imposé dans la soirée, vendredi 30 octobre,  à Philadelphie tandis que des forces de la garde nationale étaient déployées dans la principale métropole de Pennsylvanie après des manifestations et des émeutes déclenchées par la mort d’un homme noir abattu par des policiers lundi (voir notre article). Le couvre-feu va 21 heures à 6 heures: les gens ne pourront sortir que pour travailler, s’ils ont besoin d’une aide médicale ou urgente… ou pour voter. Un couvre-feu similaire avait déjà été instauré mercredi soir, puis levé jeudi. La garde nationale avait été « déployée aux abords des bâtiments gouvernementaux stratégiques ou d’autres infrastructures.

Les manifestations de mercredi soir ont commencé par une veillée pour Karon Hylton. Ce jeune homme est mort après avoir été heurté par un automobiliste alors qu’au volant de son scooter il était poursuivi par une voiture de police. La veillée était dirigée par la mère d’Hylton à l’endroit où l’accident mortel s’est produit. La famille dénonce la poursuite policière comme ayant provoqué l’accident mortel. A mesure que la nuit avançait, de multiples incidents ont opposé manifestants et policiers dans les rues de la capitale. Des policiers ont mis en place des périmètres de sécurité pour tenter de contenir les manifestants, tandis qu’une foule de plus en plus déterminée assiégeait le poste de police du quatrième district, endommageant une patrouilleuse, et qu’un hélicoptère militaire patrouillait au-dessus. Quatre policiers ont subi des blessures après avoir été caillassés et essuyés des tirs de feux d’artifices.

 

 

La ville de Philadelphie, en Pennsylvanie a été le théâtre de manifestations et d’affrontements avec la police, avec des dizaines d’agents blessés, dans la nuit de lundi 26 octobre à mardi 27, après la mort d’un homme noir tué par les forces de l’ordre. Identifié comme Walter Wallace Jr., cet homme de 27 ans est mort lundi après-midi dans le quartier de West Philadelphia, abattu de plusieurs balles par deux policiers qui ne semblaient pas en danger imminent, comme le montre une vidéo circulant sur les réseaux sociaux. Trente policiers ont été blessés, dont plusieurs ont été hospitalisés, selon le bilan officiel. La plupart de leurs blessures viennent de projectiles, notamment des briques, lancées par les manifestants et une policière a été renversée par un véhicule. Des commerces ont été vandalisés, une voiture de police incendiée et de nombreux personnes ont été interpellés.

Une arrestation ce mardi à Philadephie

 

Le mois dernier, nous vous avions parlé d’Andrew Maximov, un technologue de Biélorussie basé à Los Angeles, qui avait mis en ligne sur YouTube une vidéo qui montre comment la technologie de reconnaissance faciale peut être utilisée pour enlever numériquement les masques sur le visage des policiers (voir notre article), la vidéo a été visionnée plus d’un million de fois. Il a fait des émules. Aux USA, un nombre croissant de militants développent des outils de reconnaissance faciale qui permettent d’identifier les policiers qui cachent leur identité lors de la répression des manifestations. L’un des projets est l’initiative d’un programmeur autodidacte Christopher Howell. Howell a utilisé une plateforme fournie par Google, TensorFlow, qui aide les gens à construire des modèles d’apprentissage automatique. Howell a rassemblé des milliers d’images de policiers de Portland à partir d’articles de presse et de médias sociaux après avoir trouvé leurs noms sur les sites Web de la ville. Il a ciblé des policiers de Portland, dans l’Oregon, parce qu’ils ont été autorisés à couvrir leurs noms tout en réprimant les protestations, l’été dernier. Portland a interdit la reconnaissance faciale pour les agents de police et les entreprises, mais le projet d’Howell est autorisé parce que c’est un individu, et les projets de loi ne s’appliqueraient pas aux particuliers, selon un avocat de Portland.

A Hong Kong, c’est Colin Cheung qui avait développé un outil permettant d’identifier les policiers à l’aide de photos d’eux récupérées sur Internet. Alors que Hong Kong était en proie à des semaines de protestations, les autorités traquaient les leaders des manifestations en ligne et recherchent leurs téléphones. Après avoir publié une vidéo sur son projet sur Facebook, Cheung a été arrêté. Il a finalement abandonné le travail.
Un autre projet de ce genre était en cours ce mois en France, avant d’être arrêté. Paolo Cirio, un artiste et hacktiviste a publié en ligne les photos de 4 000 visages de policiers français pour une exposition intitulée « Capture », qu’il a décrite comme la première étape du développement d’une application de reconnaissance faciale. Il a rassemblé les visages de 1 000 photos qu’il avait recueillies sur Internet et auprès de photographes ayant participé à des manifestations en France. Mais Cirio a retiré les photos après que le ministre français de l’Intérieur ait menacé de poursuites judiciaires. Le site de Paolo Cirio renvoie désormais sur une pétition demandant l’interdiction de la reconnaissance faciale en Europe.

Le projet « Capture »