Jeudi 14 août, Ellie a fêté ses 30 ans dans une prison britannique. Ce sera son deuxième anniversaire derrière les barreaux sans pouvoir voir sa famille et ses amis, car il n’y a pas de visite ce jour-là. Elle a passé 366 jours en détention provisoire pour son implication présumée dans une action contre une usine du principal fabricant d’armes israélien Elbit Systems à Filton, dans le cadre d’une affaire où 24 personnes sont poursuivies (voir notre article). Afin de la soutenir, ses soutiens proposent d’envoyer un e-mail à Ellie pour lui souhaiter un joyeux anniversaire à l’adresse emailallprisoners@gmail.com, avec pour objet « Happy birthday Ellie ! »

Un total de 466 partisans de l’organisation Palestine Action ont été arrêtés ce samedi 9 août à Londres lors d’une manifestation de soutien au réseau propalestinien interdit début juillet par les autorités et classé « organisation terroriste » (voir notre article ici). C’est l’un des plus grands nombres d’interpellations pendant une seule manifestation dans la capitale britannique – pour « soutien à une organisation interdite ». La police a arrêté toutes les personnes ayant brandi la pancarte « Je m’oppose au génocide, je soutiens Palestine Action » et « Agir contre le génocide n’est pas un crime » ou « Free Palestine ». De nombreux drapeaux palestiniens étaient visibles dans la foule, à quelques pas de laquelle étaient alignés des voitures de police.

ÉDIT : C’est au total 522 personnes qui ont été arrêtés pour avoir affiché leur soutien à l’organisation Palestine Action. « La grande majorité des arrestations ont eu lieu pour avoir affiché un objet (dans ce cas une pancarte) en soutien à une organisation proscrite (dans ce cas Palestine Action), en violation de l’article 13 de la loi antiterroriste de 2000 », écrit la police londonienne.

Le gouvernement travailliste a lancé, lundi 21 juillet, une enquête pour établir les responsabilités de la police et du gouvernement Thatcher dans la brutale répression de la grande grève des mineurs de 1984. Cette grève et sa répression reste encore, plus de quarante ans plus tard, ancrée dans la mémoire britannique. Elle dura de mars 1984 à mars 1985, quand l’Union Nationale des Mineurs s’opposa au projet soutenu par le gouvernement de Margaret Thatcher de fermer des charbonnages. L’enjeu était surtout de briser la puissance des syndicats britanniques et la répression a été féroce: 11 000 mineurs grévistes furent arrêtés, 5 653 poursuivis en justice, 200 emprisonnés parfois de nombreuses années. Près d’un millier ont été licenciés, six sont morts sur les piquets de grève et des centaines ont été blessés par la police.

Plus de 100 personnes ont été arrêtées à travers le Royaume-Uni dans le cadre de manifestations liées au groupe Palestine Action, désigné comme organisation terroriste par le gouvernement britannique il y a trois semaines (voir notre article). Des manifestations ont eu lieu samedi à Londres, Manchester, Édimbourg, Bristol et Truro dans le cadre d’une campagne coordonnée par le collectif Defend Our Juries, tandis que la répression contre les soutiens présumés de Palestine Action s’accélère.

La police métropolitaine (londonienne) a indiqué samedi que 55 personnes avaient été interpellées à Parliament Square, en vertu de la loi antiterroriste de 2000, pour avoir brandi des pancartes portant « Je m’oppose au génocide, je soutiens Palestine Action » . À Manchester, la police locale a arrêté 16 personnes, toujours en garde à vue pour interrogatoire. À Bristol, la police d’Avon et Somerset a confirmé l’interpellation de 17 manifestants. En Cornouailles, la police du comté a arrêté 8 personnes. En Écosse, un manifestant a également été arrêté. La semaine précédente, plus de 70 personnes avaient déjà été interpellées lors de manifestations similaires à travers le Royaume-Uni (voir notre article).

Les manifestations d’hier interviennent alors que la décision du gouvernement d’interdire Palestine Action continue de susciter de vives critiques. Le groupe a été officiellement désigné comme organisation terroriste le 5 juillet. Un recours en justice contre cette interdiction est attendu lundi : la cofondatrice du groupe, Huda Ammori, doit demander à la Haute Cour l’autorisation de contester la décision. Plusieurs ONG, des figures du monde culturel et des centaines d’avocats dénoncent cette interdiction.

Fondée en 2020, Palestine Action a mené une campagne d’action directe contre le principal fabricant d’armes israélien Elbit Systems causant des millions de livres de pertes pour cette entreprise et ses collaborateurs. Après une action sur une base de la Royal Air Force (voir notre article), la proposition d’interdiction a été portée par la ministre de l’Intérieur Yvette Cooper et votée à une écrasante majorité par la Chambre des communes britannique le mercredi 2 juillet puis par la Chambre des lords le jeudi 3 juillet. La Haute Cour du Royaume-Uni a rejeté ce vendredi 4 juillet la demande de suspendre temporairement la désignation de Palestine Action comme groupe terroriste. Une autre audience est prévue le 21 juillet.

Être membre ou soutenir Palestine Action sera donc une infraction pénale à partir de samedi à 00H01. L’appartenance au groupe ou l’incitation à le soutenir sera passible d’une peine maximale de 14 ans de prison. Cela signifie que cette organisation devient le premier groupe d’action directe à être interdit au Royaume-Uni en vertu de la loi sur le terrorisme. Parallèlement, 22 activistes du mouvement sont actuellement emprisonnés en raison de leurs actions militantes.

Le ministère turc de l’Intérieur a ouvert une enquête contre les participants au Festival annuel du Parc organisé à Londres par l’Association culturelle des travailleurs migrants (Gik-Der), active depuis 34 ans. La Direction générale de la sécurité a publié une circulaire confidentielle affirmant que Gik-Der entretenait des liens avec une « organisation illégale ». Ce document demandait que les personnes identifiées comme ayant participé au festival soient arrêtées et interrogées.

Plus de 30 personnes ayant chanté des chants folkloriques, dansé, dessiné ou participé à des activités pour enfants lors du festival ont fait l’objet de mandats d’arrêt. Parmi elles figurent des enfants et des membres d’une chorale de femmes. Gik-Der s’apprête à intenter une action en dommages et intérêts contre des représentants de l’État turc, qualifiant ces enquêtes d’« absurdes ». Lors d’une conférence de presse à Londres, Bedriye Avcil, coprésidente de Gik-Der, et Mehmet Ovayolu, avocat, ont appelé à la solidarité sociale contre cette tentative de criminalisation.

En août 2024, six militants de Palestine Action ont pénétré dans un centre d’Elbit Systems à Filton en Grande-Bretagne et ont détruit du matériel militaire dans le génocide à Gaza. Ce sabotage aurait coûté à Elbit Systems (le principal fabricant d’armes israélien) plus d’un million de livres sterling de dégâts. Après l’arrestation des six militants dans le centre de recherches, quatre autres personnes ont été arrêtées par la police antiterroriste britannique dans différentes régions du pays. Toutes ont été placés en détention provisoire. En novembre, huit autres militants ont été placés en détention provisoire pour leur participation présumée à la même action à Filton.

Lors d’une audience ce jeudi 27 mars, les avocats des accusés tenteront de contester et de rejeter une demande des procureurs de la Couronne visant à établir un lien avec le terrorisme. À cette occasion, la campagne “Free the Filton 18” appelle à une journée d’actions en soutien aux 18 militants incarcérés pour exiger leur libération immédiate.

Le quotidien The Guardian et le diffuseur ITV révèlent, dans une enquête, les agissements d’au moins 25 infiltrés dans les groupes politiques depuis la fin des années 1970 jusqu’aux années 2010. Ces hommes, dont la plupart des identités ont été révélées auraient noué des relations intimes et sexuelles avec plusieurs dizaines de femmes pour obtenir des informations. On estime à 50 le nombre de victimes, mais ce chiffre est sans doute plus élevé. Quatre individus auraient eu un, voire plusieurs enfants, avec des femmes qu’ils ont séduit sous leurs fausses identités. Certaines femmes ont réussi à découvrir la vérité. Au total, environ 139 agents infiltrés ont espionné plus de 1 000 groupes politiques, des dizaines de milliers de militants, principalement de gauche et progressistes, ont été placés sous surveillance.

Des syndicats, des organisations de défense des droits humains et plusieurs parlementaires ont dénoncé les actions de la police londonienne contre les manifestations pro-palestiniennes, des actions qualifiées de « répression barbare et préoccupante ». Les pressions contre la police londonienne se sont intensifiées après son intervention violente lors de la manifestation du 18 janvier au centre de Londres. Plus de 70 personnes, dont des figures proue de l’organisation du rassemblement, ont été arrêtées et le nassage avait été l’occasion de brutalités policières y compris contre des enfants, des femmes enceintes et des personnes âgées.

Plusieurs leaders syndicaux britanniques ont adressé une lettre à Yvette Cooper, ministre de l’Intérieur, exigeant une enquête indépendante sur ces violences policières. Cette demande s’ajoute aux requêtes précédentes formulées par des parlementaires, des juristes et le Comité des Palestiniens de Grande-Bretagne auprès du gouvernement. Une nouvelle manifestation de soutien à la Palestine est prévue pour le 15 février.

La police de Londres est pionnière dans l’utilisation de la technologie de la reconaissance faciale. Elle l’utilise avec un van équipé de caméras capturant des images en temps réel des passants, dont les visages sont comparés avec ceux de suspects placés sur une liste de surveillance. Si l’un d’eux passe à proximité du van, le système déclenche un signal d’alerte, qui permet aux policiers de l’interpeller, après vérifications.

En 2024, 540 personnes ont été arrêtées de cette manière, et 406 d’entre elles ont depuis été inculpées ou ont reçu un avertissement de la justice déclare la police londonienne qui assure que si une personne passe devant une caméra et ne figure pas sur une liste de surveillance de la police, ses données biométriques sont immédiatement et définitivement supprimées.