Dans la soirée du lundi 30 mars, les détenus de la prison de Sepidar à Ahwaz (sud-ouest de l’Iran) se sont mutinés et ont tenté de fuir pour se sauvegarder contre l’épidémie de coronavirus. Des incendies ont éclaté dans plusieurs parties de la prison. Les gardiens de la prison et les gardiens de la révolution ont ouvert le feu et des coups de feu ont retenti tard dans la nuit quand la révolte a été finalement réprimée. En Guyane, une révolte a éclaté, mercredi 1er avril, à la prison de Rémire-Montjoly. Les prisonniers qui ont mis le feu dans une partie des quartiers. Les gendarmes français sont intervenus pour réprimer l’émeute.

La mutinerie au Centre pénitentiaire de Rémire-Montjoly

Des nouvelles révoltes ont éclaté, ces derniers jours, dans les prisons de Belgique, d’Iran et de Thaïlande. Samedi 28 mars, une révolte a éclaté à la prison de Jamioulx car le personnel a refusé de distribuer des masques longtemps attendus par les prisonniers. Ceux-ci revendiquent la gratuité du téléphone, du gel douche et de la télévision, des prix décents à la cantine (les prix ayant augmenté suite à la pandémie), des masques (que le personnel de la prison a refusé de distribuer), ainsi que du liquide désinfectant pour les mains. Ils revendique également une égalité de traitement entre tous les prisonniers.

Le lendemain, des révoltes se sont produites dans les prisons Adel Abad (Shiraz) et Avland (Hamedan) en Iran. À la prison Adel Abad, les prisonniers ont déclenché une émeute détruisant les caméras de surveillance et causant divers dommages dans deux bâtiments. À la prison Avland, les prisonniers se sont mutinés permettant à plusieurs d’entre eux de s’échapper. Des affrontements ont eut lieu avec les gardiens et les Gardiens de la révolution qui ont ouvert le feu. Le même jour, les prisonniers de la prison de Buriram en Thaïlande se sont mutinés. Ils ont détruit du mobilier et déclenché des incendies, rendant la prison inutilisable. Onze prisonniers se sont échappés, dont un était toujours en fuite lundi.

Une prison en Iran

Ces derniers jours, de nouvelles révoltes de prisonniers ont éclaté dans différentes prisons de Belgique, d’Iran et d’Argentine.

Mercredi 25 mars, une révolte a éclaté à la prison d’Arlon lorsque 30 prisonniers ont refusé de réintégrer leur cellule après avoir été au préau. La police fédérale est intervenue pour réprimer la révolte. La police a également réprimé un mouvement similaire à la prison de Leuze-en-Hainaut où 8 prisonniers refusaient de rentrer dans leurs cellules qui s’est terminé jeudi lorsque les deux derniers prisonniers ont accepté de retourner dans leurs cellules. Les prisonniers réclamaient d’une part plus de crédits d’appel pour leur téléphone et d’autre part une cantine complète. Actuellement, certains produits fournis par un supermarché, ne sont pas disponibles. Huit prisonniers considérés comme meneurs ont été placés en isolement en attendant une punition disciplinaire. Un autre mouvement de révolte a éclaté, vendredi, à la prison de Lantin donnant lieu à des affrontements entre prisonniers et gardiens où six prisonniers sont montés sur le toit. Le mouvement s’est terminé après l’intervention de la police fédérale et du Corps d’intervention (CIK), venus en appui à la police locale de la Basse-Meuse.

En Iran, des prisonniers se sont rebellés, vendredi 27 mars, à la prison de Saqqez car ne faisaient pas partie des prisonniers libérables dans le cadre des mesures sanitaires (voir notre article). Ils se sont affrontés avec les Gardiens de la Révolution et les gardiens permettant à 80 prisonniers de s’échapper. La veille, une révolte avait également éclaté à la prison de Tabriz  où les prisonniers avaient été exposés au Coronavirus. Les gardiens ont ouvert le feu sur les prisonniers en blessant au moins sept. Les prisonniers sont parvenus à désarmer les gardes et plusieurs d’entre eux ont ainsi pu s’échapper.

En Argentine, des nouvelles émeutes ont eu lieu, jeudi 26 mars, à la prison de Coronda (au sud de la ville de Santa Fe) qui avait déjà connu un mouvement de révolte il y a quelques jours (voir notre article). Les prisonniers de quatre pavillons de l’aile nord de la prison ont refusé de réintégrer leur cellule et plusieurs d’entre eux ont grimpé sur les toits. Des agents du Groupe spécial des opérations pénitentiaires (GOEP) ont fait irruption dans la zone provoquant de nouveaux affrontements. Deux prisonniers ont dû être hospitalisés pour des blessures par balles de caoutchouc et une douzaine de détenus sont tombés du toit de la prison pendant la répression. Par ailleurs, plusieurs détenus ont été blessés aux jambes. Quatre personnes, qui étaient des proches de prisonniers, ont été arrêtées à l’extérieur de la prison. Elles étaient soupçonnées d’attendre une possible évasion de leurs proches. Le même après-midi, des émeutes ont eu lieu dans deux pavillons de la prison de Piñero (à 20 kilomètres de la ville de Rosario). Les prisonniers s’opposaient à l’interdiction, par les gardiens, de faire entrer plus d’un colis de vivres apportés par leurs proches.

Révolte à la prison de à la prison de Coronda en Argentine

Révolte à la prison de Coronda en Argentine

Plusieurs prisonniers politiques iraniens ont entamé une grève de la faim pour protester contre leur détention pendant l’épidémie de coronavirus qui a durement touché l’Iran. La grève de la faim fait suite aux revendications des familles des prisonniers politiques pour que le pouvoir judiciaire libère temporairement les prisonniers pour limiter la propagation de COVID-19. Au cours des deux dernières semaines, Téhéran a annoncé un plan de libération provisoire de plus de 50.000 prisonniers, puis de 85.000 (voir notre article). Or non seulement il reste de nombreux prisonniers politiques en Iran, mais ceux-ci suggèrent que des mesures ont été prises pour rendre certains types de détenus particulièrement vulnérables. Les prisons en Iran sont connues pour leur mauvaise hygiène, leur nourriture de mauvaise qualité, leur accès limité à l’eau et leur manque de ventilation. Dans l’ensemble, ces conditions contribuent fortement à la propagation de la maladie et aggravent également les conditions de santé préexistantes chez les détenus. Les détenus malades, quant à eux, sont systématiquement soumis au refus d’accès aux soins médicaux. Ceci est largement reconnu comme une tactique délibérée pour exercer une pression supplémentaire sur les prisonniers, en particulier les prisonniers politiques. Il n’est pas rare que cette tactique entraîne une invalidité permanente ou même la mort. Dans une récente lettre ouverte, plusieurs d’entre eux ont expliqué qu’ils avaient vu des codétenus tomber malades et mourir. D’autres auraient été transportés à l’hôpital et n’auraient jamais été revus.

Une prison en Iran

 

L’Iran a libéré temporairement environ 85 000 prisonniers, y compris une poignée de prisonniers politiques en réponse à l’épidémie de coronavirus. Le nombre de décès dus au coronavirus en Iran a atteint 988 et un total de 16 169 personnes ont été confirmées infectées à travers le pays. Un jour après que l’Iran a libéré 70.000 prisonniers, début mars, le rapporteur spécial des Nations unies sur les droits de l’homme en Iran, Javaid Rehman, a déclaré qu’il avait demandé à Téhéran de libérer temporairement tous les prisonniers politiques de ses prisons surpeuplées et malades pour aider à endiguer la propagation du coronavirus. Seuls ceux qui purgeaient des peines de moins de cinq ans, une douzaine, ont été libérés, tandis que les prisonniers inculpés de peines plus lourdes et ceux liés à leur participation à des manifestations anti-gouvernementales restent en prison.

Une prison en Iran

Esmail Abdi, président du syndicat des enseignants en Iran, condamné en 2016 à six ans de prison pour « organisation et participation à des rassemblements illégaux », découlant de ses activités syndicales. Après une grève de la faim en 2017 (voir notre article), il avait été libéré provisoirement début 2018, mais renvoyé à la prison d’Evin le 20 janvier 2018. Il a été libéré provisoirement le mardi 17 mars.

Esmail Abdi

Selon Amnesty, au moins 304 personnes ont été tuées et des milliers d’autres blessées entre le 15 et le 18 novembre. Au moins 22 garçons, âgés de 12 à 17 ans, ont été tués lorsque les forces de sécurité ont tiré à balles réelles sur des manifestants désarmés et des passants lors de la répression des manifestations qui ont secoué le pays en novembre (voir notre article). Une fille d’entre 8 et 12 ans aurait également été tuée. La plupart des proches des enfants tués ont été soumis à des menaces et à du harcèlement de la part des autorités. Les familles ont également été forcées d’enterrer leurs enfants en présence de responsables sécuritaires, et n’ont pu faire pratiquer d’autopsies ou n’en ont jamais eu les résultats. Dans les 10 cas, la mort serait due à des blessures par balles à la tête ou au torse. 12 des 23 morts se sont produites le 16 novembre, 8 le 17 et 3 le 18 novembre. Les enfants ont été tués dans 13 villes de 6 provinces du pays. Le fait que la plupart des enfants ont été tués en deux jours est une preuve supplémentaire de l’ampleur de la répression par les forces de sécurité qui voulaient mater la contestation à tout prix. La contestation en Iran a éclaté le 15 novembre dès l’annonce d’une forte hausse du prix de l’essence, en pleine crise économique aggravée par les sanctions américaines, et a touché une centaine de villes. Les autorités avaient bloqué internet durant les manifestations.

Manbifestation en novembre 2019 en Iran

 

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Maryam Mohammadi, Esrine Derkaleh, Nahid Shaqaqi et Akram Nasirian ont chacune été condamnées à 4 ans et 2 mois de prison. Elles étaient accusées notamment de « diffusion de propagande contre l’État, enlèvement du voile et complot contre la sécurité nationale ». Maryam Mohammadi est une ancienne prisonnière politique des années 1980. Elle avait été emprisonnée à l’âge de 14 ans en 1981 et libérée en 1989. Nahid Shaqaqi avait été arrêtée en mai et détenue dans le quartier 209 du ministère du Renseignement pendant plusieurs semaines avant d’être libérée sous caution. Dans le même temps, la 36e chambre de la Cour de révision de Téhéran a prononcé une peine de 4 ans et 5 mois pour la militante civile Rezvaneh Ahmad Khanbeigi qui est emprisonnée depuis le 17 novembre dans le quartier 2A de la prison d’Evine. Par ailleurs, Zohreh Sayyadi a été arrêtée à son domicile dans le canton d’Andicheh, à Téhéran, le mardi 10 décembre 2019. Aucune information n’est disponible sur la raison de son arrestation ou des charges retenues contre elle.

les militantes féministes aujourd'hui emprisonnées

Le 25 novembre dernier, alors que l’Iran est frappé depuis une semaine par un mouvement de contestation après une hausse du prix de l’essence, un député de la ville de Mahshahr s’est écrié en pleine séance du parlement : « Voici la question du peuple monsieur Rohani : qu’avez-vous fait que l’ignoble shah n’a pas fait ? ». Il a violemment été pris à partie par d’autres députés, dont l’un n’hésite pas à lui saisir le cou et à l’étrangler. Peuplée de 120 000 habitants, la ville de Mahshahr, adossée au plus grand complexe pétrochimique du pays, a été le théâtre d’importantes manifestations. Elle est située dans la province du Khouzestan, qui renferme les principales réserves pétrolières du pays. Malgré ses immenses ressources, cette région abrite l’une des populations les plus pauvres d’Iran, notamment sa minorité arabe/sunnite victime de discrimination de la part du pouvoir persan/chiite. D’après le ministre iranien de l’Intérieur, Abdol Reza Rahmani Fazli, pas moins de 18 villes du Khouzestan ont été le théâtre d’émeutes contre le pouvoir iranien.

Le ministre a précisé que le principal axe reliant la ville de Mahshahr à Bandar Emam, le plus grand complexe pétrochimique du pays, avait été bloqué par les contestataires pendant trois jours, avant que les forces de sécurité ne reprennent le contrôle. Les pasdarans ont été massivement déployés sur place le lundi 18 novembre dernier, après l’échec des forces de sécurité régulières à déloger les contestataires. Les gardiens de la révolution, en pénétrant dans la ville de Shahrak Chamran, au nord de Mahshahr, ont tiré à balles réelles, et sans sommation, sur les manifestants qui bloquaient une intersection, faisant plusieurs victimes. Plusieurs dizaines (entre 40 et 100 manifestants) ont été abattus dans un marais par les gardiens de la révolution iraniens.  Un opposant à ouvert le feu sur les pasdarans, blessant l’un d’eux.

Défilé des pasdarans

Ce samedi 23 novembre, une manifestation se tiendra à 13h devant l’ambassade iranienne en soutien au soulèvement de la population en Iran (voir notre article). Depuis le début du soulèvement, près de 200 personnes ont été tuées et plus de 3000 blessées. Le rassemblement exprimera aussi sa solidarité avec les insurrections populaires du Chili, du Liban et d’ailleurs.

Rendez-vous à 13h, devant l’ambassade d’Iran, avenue Franklin Roosevelt 15, 1050 Bruxelles

Soulevement en Iran - Novembre 2019