Jeudi 21 novembre, une manifestation de masse est prévue à Bogotá pour protester notamment contre des mesures d’austérité annoncées par le gouvernement de Ivan Duque. Au vu des vagues d’émeutes récemment vécues dans différents pays d’Amérique latine, celui-ci a décidé de prendre des mesures afin d’éviter de perdre le contrôle de la situation. Ivan Duque a ainsi annoncé une fermeture des frontières du pays jusque vendredi matin, ainsi que des mesures permettant aux autorités locales d’imposer des couvre-feux et d’interdire la vente d’alcool. Dans la capitale, des escadrons de police antiemeute étaient visibles en dehors de plusieurs universités. De nombreuses entreprises fermeront leurs portes pendant que les écoles demanderont au personnel et aux étudiants de rester chez eux. Enfin, la police a perquisitionné mardi 27 maisons de personnes soupçonnées d’être impliquées dans des manifestations antigouvernementales d’octobre (voir notre article).

Affrontements entre policiers et étudiant·es en octobre en Colombie

Affrontements entre policiers et étudiant·es en octobre en Colombie

 

 

L’Iran est touché depuis vendredi soir par une vague de mécontentement provoquée par l’annonce d’une réforme du mode de subvention de l’essence, censée bénéficier aux ménages les moins favorisés mais s’accompagnant d’une très forte hausse du prix à la pompe. Les forces de sécurité ont tiré à balles réelles sur les manifestants. Certaines sources parlent de dizaines de morts. Au moins 25 villes ont été touchées par les troubles, qui surviennent à quelques mois des législatives prévues pour février, dont Téhéran, Machhad (Nord-Est) et Ispahan (Centre), les trois premières agglomérations du pays. Le prix de l’essence, très subventionnée en Iran, doit augmenter de 50 %, passant de 10 000 à 15 000 rials (11 centimes d’euros) pour les 60 premiers litres achetés chaque mois, et de 300 % (à 30 000 rials) pour les litres suivants. Les autorités assurent que les recettes dégagées doivent bénéficier aux 60 millions d’Iraniens les moins favorisés, mais cette mesure a soulevé une levée de boucliers.

Selon les agences locales, près de 400 personnes ont été appréhendées depuis vendredi : 40 à Yazd (centre), 180 dans la province du Khouzestan (sud-ouest), et 150 dans la province d’Alborz, au nord-ouest de Téhéran. Selon l’agence Tasnim, proche des ultraconservateurs, les 150 personnes arrêtées en Alborz étaient des « meneurs » de la contestation. Le porte-parole de l’autorité judiciaire a fait état de l’arrestation de personnes ayant incendié des mosquées ou des banques, et d’« individus ayant fourni des films et des informations à des médias étrangers et à des ennemis » de la République islamique, autrement dit, des internautes ayant posté des vidéos des incidents. Un officier des gardiens de la révolution et deux membres du Bassidj, corps de volontaires islamistes, ont été tués dans les affrontements. Dès samedi soir internet était presque entièrement coupé en Iran. Fait plutôt rare, la télévision publique iranienne a diffusé dès samedi des images de jeunes gens masqués dans des rues jonchées de débris en train d’incendier des bâtiments publics.

Une station service incendiée à Ispahan

 

Ce samedi 16 novembre, pour le premier anniversaire du mouvement, l’acte 53 des Gilets jaunes a rassemblé près de 40.000 manifestants dans toute la France. À Paris, des mobilisations se sont organisées en plusieurs endroits. Dans la matinée, sur le périphérique parisien, les forces de l’ordre sont rapidement intervenues pour disperser les manifestants qui bloquaient les voies. Une forte mobilisation a eu lieu place d’Italie où des voitures ont été renversées, des engin de chantier et poubelles incendiées, abribus saccagés… Selon la préfecture de Paris, 147 personnes ont été interpellées durant la journée. À Bordeaux, le centre ayant été bloqué, le cortège a marché dans différents quartiers de la ville. Des heurts ont éclaté à mi-parcours quand certains manifestants ont tenté de forcer les barrages de police pour rejoindre la place Pey-Berland. Au total, huit personnes ont été interpellées selon la préfecture.

À Nantes, pratiquement dès le départ de la manifestation, la police tentera d’empêcher les gilets jaunes de défiler en tirant des gaz lacrymogènes. Des affrontements auront lieu devant la préfecture.
À Toulouse, l’accès à la place du Capitole avait été interdit. Des centaines de manifestants ont été dispersés à de nombreuses reprises. La police a tiré des gaz lacrymogènes et fait usage du canon à eau contre les manifestants seulement 20 minutes après le départ, à 14 h. Les dispersions se sont poursuivies pendant plus de deux heures. Ce samedi, 17 personnes y ont été interpellées « pour jets de projectiles, port d’arme par destination (marteau), rébellion, outrage, port illégal d’insigne de presse et dissimulation de visage ».

À Lyon, les manifestations avaient également été interdites, mais plusieurs centaines de personnes s’étaient rassemblées dès 13 h place Bellecour. À Grenoble, la manifestation unitaire contre la politique du président Macron qui réunissait « gilets jaunes », syndicats (GCT, FSU, Solidaires, Unsa, CNT) et des associations a mobilisé plusieurs centaines de personnes. À Saint-Etienne, les manifestants ont défilé sans pouvoir accéder au centre-ville. Des gaz lacrymogènes ont été tirés après la tentative de manifestants de rentrer dans la zone gardée. À Dijon, où toute manifestation non déclarée avait été interdite, des gilets jaunes ont tenté de manifester avant d’être dispersées par des gaz lacrymogènes. Un manifestant a été arrêté pour possession de pétards.

Gilets Jaunes - Acte 53 - manifestation à Nantes

Vendredi 15 novembre, à Cochabamba, fief politique de l’ancien président Evo Morales, des violents affrontements ont opposé des milliers de manifestants aux forces de l’ordre tuant 5 personnes et faisant de nombreux blessés. À La Paz, ce sont 4 personnes qui ont été tuées par les forces de l’ordre. Depuis le coup d’état, au moins 24 personnes ont été tuées lors d’affrontements avec les forces de l’ordre. Les manifestant.e.s demandent le retour de Morales, exilé au Mexique depuis sa démission dimanche dernier et dénoncent un coup d’Etat fomenté par l’opposition. La sénatrice issue de l’extrême-droite chrétienne, Jeanine Añez, s’est, depuis, auto-déclarée présidente de la Bolivie, en l’absence de la majorité parlementaire nécessaire pour le faire, et après que les quatre autres personnes en ligne pour la succession aient été contraintes à la démission.

Affrontements à Cochabamba

Pour le quatrième vendredi de manifestation, des milliers de personnes se sont rassemblées sur la place d’Italie, rebaptisée place de la Dignité par les manifestant.e.s qui la considèrent comme un symbole des manifestations. Ce jour-là, un jeune homme est mort d’un arrêt cardiaque suite à l’utilisation massive, par les forces de l’ordre, de gaz lacrymogène sur la place de la Dignité. L’équipe médicale qui tentait de le ranimer a  été attaquée par la police avec les autopompes, du gaz lacrymogène et également des tirs de balles en caoutchouc blessant à la jambe un des médics qui soignait le manifestant. Celui-ci venait de Maipú, commune de la banlieue de Santiago.

Manifestante arrêtée place de la dignité (ancienne place d'Italie)

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Selon un organisme public indépendant, 197 personnes ont subi des blessures oculaires depuis le début de la contestation le 18 octobre au Chili, principalement causées par des tirs de « chevrotines » de caoutchouc.  Parmi elles, 35 risquent de perdre totalement la vue. Au moins vingt personnes sont mortes depuis le début de la crise chilienne, et plus de 2.000 ont été blessées, selon les chiffres officiels. A cela s’ajoutent d’autres traumatismes comme les agressions sexuelles contre les manifestantes arrêtées: 93 plaintes ont été déposées, dont 23 pour des agressions sexuelles commises par des policiers sur des mineures.

1er novembre, en mémoire de celles qui ont été tuées, torturées et violées.

 

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Samedi 9 novembre 2019, la police grecque a envahi l’Université d’économie et de business d’Athènes pour expulser un local d’étudiant·e·s anarchistes. Le lendemain, le conseil de l’université a, sur conseil de la police, imposé la fermeture de l’université pendant une semaine afin d’empêcher les étudiant·e·s de commémorer l’anniversaire de la révolte étudiante du 17 novembre 1973 contre la dictature des colonels. Cette décision a outragé les étudiant·e·s qui ont décidé d’occuper leur université le 11 novembre. Ils/elles ont été attaqué·e·s par la police anti-émeute à coups de matraque et de gaz lacrymogène. Après l’attaque de la police, les étudiant·e·s ont participé à une manifestation rassemblant plusieurs millier de personnes pour dénoncer l’état d’urgence de fait qui a été progressivement imposé en Grèce, et pour demander l’abrogation de la loi abolissant « l’asile universitaire » (voir notre article).

La police anti-émeute envahit l'Université d'économie et de business d'Athènes

La police anti-émeute envahit l’Université d’économie et de business d’Athènes

 

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Au cours du week-end, les forces de sécurité irakiennes ont lancé une nouvelle vague de répression contre les manifestant·e·s, faisant au moins neuf mort·e·s et une centaine de blessé·e·s. Depuis le début des manifestations en octobre, la répression exercée par le gouvernement a fait au moins 300 mort·e·s et 15 000 blessé·e·s. Les forces de sécurité utilisent à nouveau des balles réelles contre les manifestant·e·s ainsi que des grenades étourdissantes souvent létales (voir notre article) et du gaz lacrymogène 10 fois plus puissant que celui couramment utilisé.

La plupart des affrontements de ce week-end entre les forces de sécurité et les manifestant·e·s avaient pour enjeu le contrôle de plusieurs ponts qui traversent le Tigre, reliant le cœur de Bagdad à la Green Zone, une zone fortement sécurisée dans laquelle se trouvent notamment le parlement, les services du gouvernement irakien et l’ambassade des États-Unis. La nouvelle offensive gouvernementale a été lancée pour reprendre ces ponts ainsi que plusieurs routes importantes bloquées par les manifestant·e·s. Les manifestant·e·s ont cependant pu défendre avec succès la place Tahrir (qui constitue l’épicentre du mouvement) ainsi que le pont Al-Jumhuriyah.

Au moins 300 manifestant·e·s tué·e·s depuis le début du mouvement en Irak

Au moins 300 manifestant·e·s tué·e·s depuis le début du mouvement en Irak

Alors qu’une mobilisation sociale inédite est férocement réprimée par l’armée et la police au Chili (voir notre article), une énorme fuite de données vient d’avoir lieu. Les informations personnelles de tous les policiers chiliens ont été rendues accessibles sur le site pacolog. Sur une carte du Chili, chaque petite icône représente un agent chilien et son lieu de résidence. Il est possible de zoomer pour obtenir l’adresse exacte. En cliquant sur l’icône, le profil du policier apparaît, avec son nom complet, numéro d’identité, matricule, adresse personnelle, mail et GSM. On y trouve aussi parfois un profil Facebook, le lieu de travail, le grade, et le détachement.

Plus d’infos ici.

Capture d'écran du site PacoLog

Capture d’écran du site PacoLog

 

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Hong Kong a connu lundi une des journées les plus violentes et chaotiques en cinq mois de mobilisation. En début de matinée, un policier a tiré à balles réelles sur un manifestant masqué, le blessant grièvement au torse. Ce coup de feu a été filmé et retransmis en direct sur Facebook, soulevant des réactions de colère de la part des manifestants. C’est la troisième fois depuis le début du mouvement de protestation que la police fait usage d’armes à feu.

Un appel à la grève générale avait été lancé pour ce lundi. Et dès le début de matinée, à l’heure de pointe, plusieurs quartiers ont été le théâtre d’actions de blocage en tout genre. Des manifestants ont pris pour cible les stations du métro ou ont érigé des barricades à certains carrefours. De nombreux secteurs de la mégapole ont ainsi été complètement bloqués alors que des manifestants radicaux vandalisaient des stations de métro et des sociétés accusées de faire le jeu du gouvernement local ou de Pékin. Des grenades lacrymogènes et des balles en caoutchouc ont été tirées par la police dans de nombreux quartiers pour tenter de disperser les protestataires, et notamment sur deux campus.

Le police visant le manifestant juste avant le tir

Le police visant le manifestant juste avant le tir