Le leader d’un groupe d’auto-défense a été abattu samedi soir près d’Acapulco. Miguel Ángel Jimenez était notamment très engagé dans la recherche des 43 étudiants disparus en septembre dernier à Iguala. L’activiste a été retrouvé au volant d’un taxi collectif, stationné sur le bord de l’autoroute reliant Acapulco à Mexico, à hauteur du village de Xaltianguis, dans l’Etat de Guerrero.

La victime avait créé en 2013 un groupe d’auto-défense afin de lutter contre les agressions des cartels de drogue, et faisait partie de l’Union des peuples et des organisations de l’État de Guerrero (UPOEG) au sein de laquelle il dirigeait les recherches pour retrouver les 43 manifestants de l’école normale d’Ayotzinapa qui avaient été remis par la police locale au cartel des Guerreros Unidos, sur instruction du maire de la ville d’Iguala, José Luis Abarca, et de son épouse. Miguel Ángel Jimenez avait participé au côté des familles à des recherches sur le terrain et signalé aux autorités plusieurs fosses communes qu’ils avaient pu découvrir, près d’Iguala.

Miguel Ángel Jiménez Blanco

Miguel Ángel Jiménez Blanco

Ce 26 juillet, un paquet explosif a explosé à une banque sur l’Avenue de la Révolution à Mexico. L’action a été revendiquée en solidarité avec les prisonniers de la ‘Coordination Informelle des Prisonniers en Résistance’, Julian Barron lopez, Jose Santiago Hernandez et Fernando Barcenas et en saluant Luis Fernando Sotelo. Les prisonniers de la Coordination étaient au 26 juillet à leur 30eme jour de grève de la faim.

Coordination Informelle des Prisonniers en Résistance, 30 jours de grève de la faim.

Coordination Informelle des Prisonniers en Résistance, 30 jours de grève de la faim.

Le Mexique déploie 40.000 militaires et policiers fédéraux dans plusieurs Etats du Sud du pays à la veille des élections législatives et locales. Hier, des manifestations anti-gouvernementales ont tourné à l’affrontement dans l’Etat d’Oaxaca. Les protestataires ont pris pour cible les forces de l’ordre, leur jetant des pavés, et ont capturé deux policiers. Parmi eux, des enseignants radicaux qui luttent contre la réforme de l‘éducation. Ils ont envahi des bureaux de vote, brûlés des milliers de bulletins, incendié un centre de distribution d’essence, provoquant une pénurie dans la région, et ils appellent au boycott des élections. Dans l’Etat du Guerrero, c’est la disparition et la mort présumée de 43 élèves professeurs qui a mobilisé les parents, proches et enseignants. Ils ne veulent pas non plus des élections législatives et locales de mi-mandat.

Dans la ville de Oaxaca, le syndicat des instituteurs CNTE a brûlé 13.000 bulletins de vote et les urnes devant un bureau de l’Institut National Electoral (INE). Dans plusieurs villages des alentours de Oaxaca, il s’est passé la même chose. Dans plusieurs endroits, en plus des barrages routiers, des raffineries de pétrole ont également été bloquées. Le 5 juin, 3000 militaires ont pris possession de la ville, récupérant immédiatement 7 des 11 sièges de l’INE occupés ou bloqués, appuyés par des hélicoptères et des drones.

Dans le Guerrero, des membres du Movimiento Popular Guerrerense, qui occupe depuis plusieurs mois la mairie suite à la disparition de 43 étudiants, ont dérobé 116.000 bulletins de vote dans un bureau de l’INE et les ont incendiés dans le centre-ville de Tlapa. Dans la ville de Xalapa, une trentaine de manifestants masqués ont attaqué au cocktail molotov un siège de l’INE. A Córdoba et Orizaba, les bureaux électoraux sont occupés par les instituteurs. A Chilpancingo, le péage de l’autoroute a été occupé, et un véhicule transportant du matériel électoral a été intercepté, renversé et incendié. Des anarchistes ont revendiqué trois attaques explosives dans la ville de Puebla contre le Secrétariat à l’Economie, contre l’INE et contre la gare routière située près l’Université Technologique, et une contre les bureaux du Secrétariat du Développement Agricole, Territorial et Urbain à Mexico.

incendie d’un siège de l’INE à Tehuantepec (Oaxaca)

incendie d'un siège de l'INE à Tehuantepec (Oaxaca)

En Basse Californie, dans la région de San Quintin, de grandes et modernes entreprises horticoles produisent pour les Etats-Unis, le Canada, l’Europe. A la pointe de la technologie, elles surexploitent 80 000 travailleurs agricoles, la plupart d’origine indienne, migrants du Guerrero et de l’Oaxaca. Ceux-ci travaillent pour 6 euros par jours, sans couverture sociale, vivant dans des hameaux sommaires, bien souvent sans électricité ni réseau d’eau potable, et sans aucune infrastructure de santé, d’éducation ou bien de couverture sociale.

Une gréve générale a éclaté le 17 mars dernier pour toute une série de revendications, allant du doublement des salaires á l’obtention de la sécurité sociale, la construction d’écoles et de cliniques et la répression du harcèlement sexuel des travailleuses agricoles. Samedi dernier, plusieurs dizaines de véhicules de police sont arrivés dans quelques uns des principaux hameaux des ouvriers agricoles en gréve. L’opération a été un échec total, devant la résistance déterminée des habitants qui ont endommagé plusieurs véhicules de police dont un blindé anti-émeutes, obligeant les forces de police á se replier. Il y a eu plusieurs dizaines de blessés et 4 travailleurs agricoles emprisonnés (s’ajoutant á une quinzaine d’autres déjà emprisonnés pour les blocages de l’autoroute reliant la région aux USA).

Affrontements dans le San Quintin

Affrontements dans le San Quintin

Au Mexique, voilà déjà plus de sept mois qu’ont disparu les 43 manifestants étudiants d’Ayotzinapa. Dans le cadre de l’enquête, les autorités mexicaines viennent d’arrêter Francisco Salgado, l’ex-sous-directeur de la sécurité publique d’Iguala, la ville où avaient été kidnappés ces futurs maîtres d’écoles. C’est en effet Francisco Salgado qui aurait remis les étudiants aux membres d’un gang qui les ont exécutés, avant de brûler leur corps. Jusqu’alors, ce groupe de narcotrafiquants versait chaque mois à Salgado 35 000 euros, en échange d’une protection de la police municipale.

Manifestation pour les disparus d’Iguala

Ces trois anarchistes accusés en janvier 2014 d’attaques incendiaires à Mexico ont été absouts le 27 février dernier de l’accusation de dommages par incendie. Restent les accusations de trouble à l’ordre publique et de dommages à la propriété. Le 13 mars, les 3 ont été libérés sous cauton. Amélie Trudeau, Fallon Rouiller étant canadiennes, elles ont été détenues en centre fermé pour étrangers avant d’être déportées vers le Canada. Quant au troisième inculpé, Carlos Lopez, il a également été libéré sous caution. Les 3 ne sont pas tirés d’affaires pour autant, mais l’abandon de l’accusation d’incendie s’ajoutant à l’abandon des charges de terrorisme, les charges semblent s’éroder petit à petit.

Visuel solidaire des 5E3.

Visuel solidaire des 5E3.

Les prisonniers anarchistes Carlos, Amélie et Fallon ont été libérés 13 mars. Amélie et Fallon ont été transférés directement à une prison de l’immigration pour être expulsé vers le Canada. Ils avaient ont été condamnés pour une attaque au cocktails Molotov contre un concessionnaire Nissan et le Ministère de la Communication et des Transports à Mexico.

Mexique: Trois prisonniers anarchistes libérés

Un homme a été tué et au moins 12 autres personnes blessées, dont 7 policiers, lors d’une opération de la police fédérale pour dégager les accès à l’aéroport mexicain d’Acapulco bloqués hier soir par des enseignants. La victime était un enseignant à la retraite, âgé de 65 ans, Claudio Castillo, morte des suites d’un traumatisme crânien après avoir été battu par la police. Les forces de l’ordre sont intervenues hier pour débloquer les accès de l’aéroport d’Acapulco, occupés depuis six heures par quelque 5000 manifestants exigeant des améliorations salariales et demandant justice pour les 43 étudiants disparus en septembre dans l’Etat du Guerrero. Les manifestants ont résisté, caillassant les policiers. Il y a eu 112 arrestations selon le porte-parole de la Coordination régionale des travailleurs de l’Education du Guerrero, une branche radicale du syndicat national des enseignants.