L’opposition maoïste appellait à une nouvelle grève générale ce dimanche 20 décembre. Les maoïstes veulent en effet paralyser le pays pour forcer la coalition au pouvoir à reconnaître que le président avait outrepassé ses pouvoirs en mai dernier lorsqu’il avait rappelé à son poste le chef des armées alors que celui-ci venait d’être limogé par le leader maoïste Prachanda, à l’époque Premier ministre. Prachanda avait limogé le chef de l’armée parce qu’il refusait d’incorporer les ex-combattants maoïstes dans l’armée. Les anciens guérilleros, qui ont renoncé à la lutte armée en 2006 et sont désormais majoritaires au parlement, organisent depuis des manifestations contre le président.

Des affrontements ont opposé la police anti-émeutes népalaise et des maoïstes, qui ont également attaqué des véhicules, contraint des magasins à fermer et bloqué des routes dimanche au Népal, paralysé dimanche par la grève générale. Les affrontements ont eu lieu dans deux endroits de Katmandou, la capitale, les manifestants lançant des pierres sur la police, qui a riposté à coups de grenades lacrymogènes et à coups de bâton, a annoncé le porte-parole de la police. Six policiers ont été blessés, dont un grièvement, ainsi qu’une vingtaine de manifestants. Au moins 67 personnes été interpellées dans tout le pays. Les maoïstes ont lancé un mot d’ordre de grève de trois jours.

La police et des paysans sans terres occupant des terrains se sont affrontés ce vendredi 4 décembre, dans le district de Kailali. Ces affrontements font suite à la réquisition de terres par 10.000 paysans sans terres, menée par l’Association Nationale des Paysans Sans Terres Révolutionnaire affiliée au PCNU-maoïste. La police était venue les déloger. 12.000 paysans ont alors entouré les policiers présents et les affrontements ont commencé. La police affirme que leur collègue a été tué avec des armes artisanales. Au cours de ces dernières semaines, les maoïstes ont intensifié les saisies des terres des grands propriétaires terriens et les ont redistribué aux paysans sans terres. Ces activités se déroulent essentiellement dans le sud du pays, au Téraï-Madhes. La dernière en date se situe dans le district de Nawalparasi, avec plus de 30 hectares capturés.

Les affrontements d’avant-hier et d’hier ont fait 5 morts, dont 2 policiers et 3 paysans (dont le secrétaire de district du PCNU-maoïste). La YCL (organisation de jeunesse affiliée au PCNU-maoïste) avait protesté hier et les manifestants avaient brûlé des véhicules gouvernementaux. Aujourd’hui, une grève générale a été mise en place dans l’Etat Tharuwan (selon les frontières définies par les organisations de libération nationale liées au PCNU-maoïste) avec l’aide du Front de Libération Tharuwan.

Ce dimanche 6 décembre, une grève générale nationale a été déclarée par les maoïstes en protestation de la violence qui rappelle, selon Prachanda, les heures sombres du système féodal Panchayat. L’Association Nationale des Travailleurs Révolutionnaires a déjà affirmé qu’elle appelait les travailleurs à stopper le travail dimanche. Des milliers de maoïstes ont tenu une procession aux flambeaux, dimanche soir, en préparation de la grève nationale de demain (cf. vidéo).

Depuis hier, des milliers de militants maoïstes manifestent à Katmandou dans ce qui est le plus grand rassemblement organisé depuis qu’ils ont perdu le pouvoir en mai dernier. La police a évalué leur nombre à 16.000 tandis que les maoïstes citent le chiffre de 200.000. Jeudi, ils ont bloqué les bâtiments du gouvernement au centre de la capitale, scandant des slogans contre le nouveau gouvernement de coalition et arborant des drapeaux rouges. Ce vendredi, la mobilisation reste très active.

Plus de 2.000 policiers anti-émeutes ont été déployés dans la capitale et ceux-ci ont fait usage de la force lors de la tentative des manifestants d’accéder aux bâtiments gouvernementaux. Ces violences auraient fait une vingtaine de blessés selon un responsable maoïste.

Manifestation maoïste au Népal

Manifestation maoïste au Népal

Au début du mois, plusieurs collectifs français avaient adressé un courrier conjoint au préfet de la région Nord – Pas de Calais dans lequel ils revendiquaient un titre de séjour à Shova Gajurel. Se retranchant derrière les différents refus de l’OFPRA (Office Français de Protection des Réfugiés et Apatrides), de la commission de recours aux réfugiés et du tribunal administratif de Lille de lui octroyer le droit d’asile, le préfet a refusé d’examiner la demande de titre de séjour de Shova Gajurel.

Depuis le 3 août, la népalaise Shova Gajurel (membre du Parti Communiste du Népal) se trouve enfermée au centre de rétention de Bruges après avoir passé 18 jours au centre de Lille/Lesquin pour avoir voyagé sans les papiers requis. Cela fait 3 ans qu’elle est réfugiée en France, sa vie étant en danger dans son pays en raison de son engagement politique. Elle s’y était réfugiée aux pires moments de la guerre qui opposait la guérilla maoïste à la contre-révolution féodalo-monarchiste. Aujourd’hui encore, alors que l’accord de cessez-le-feu est bafoué chaque jour par les escadrons de la mort de la réaction, sa sécurité n’est pas assurée au Népal.

Le transfert vers la Belgique ne repose sur aucune base légale, puisque Shova Gajurel était arrivée sur le sol français en provenance directe du Népal (et n’avait donc pas transité par la Belgique comme l’avaient affirmé les autorités française début août) et que sa demande d’asile a été déposée en France. Ce pays est donc le seul compétent pour traiter ce dossier. Il reste à savoir les raisons de ce transfert, qui ont poussé les deux Etats a nier leurs propres législations.

Selon son avocate, une décision sera prise par les autorités en début de semaine prochaine. Toutes les éventualités restent d’actualité: maintient en rétention, remise en liberté ici en Belgique, renvoi en France, ainsi que son expulsion pure, simple et définitive vers le Népal, de France ou de Belgique. Un grand avocat français s’est d’ores et déjà mis à disposition (et engagé vis à vis du Comité ‘Libérez-les’) pour plaider gracieusement sa cause devant la Cour Européenne des Droits de l’Homme, afin de faire condamner les deux Etats pour non-respect des accords de Genève, persécution et mise en danger d’une personne menacée de mort du fait de ses opinions politiques dans son pays d’origine

A la fin du mois de juillet, nous apprenions l’arrestation à la frontière franco-belge de Shova Gajurel, fille d’un leader maoïste népalais, et elle-même membre du Parti Communiste du Népal.

Demande de l’asile politique en France depuis 3 ans (sa vie est en danger au Népal, au vu de la répression qui y est menée contre le PCN-maoïste), Shova Gajurel s’est fait interpellée à Valenciennes pour avoir voyagé sans les documents requis et a été incarcérée au Centre de Rétention Administratif de Lille Lesquin.

Un comité de soutien s’est immédiatement mis en place, auquel se sont joints le Comité ‘Libérez-les’ ainsi que le Comité des sans-papiers de Lille (CSP59) et le MRAP. ‘Libérez-les’ a notamment pu fournir des éléments à son avocat lors de sa comparution au tribunal. En vain, sa demande d’asile a été refusée, et le tribunal a confirmé son expulsion. Il a également proposé une ‘lettre ouverte’ à Bernard Kouchner, le ministre des affaires étrangères français. Ce courrier a été signé et envoyé par de nombreux militants. Les trois comités français se sont ensuite rassemblés pour introduire une seconde demande d’asile, aboutissant à un nouveau refus. De plus, une conférence de presse a été organisée le 30 juillet dernier à Lille, afin de dénoncer publiquement la situation de Shova Gajurel.

La pression sur l’Etat français se faisant de plus en plus ressentir, il fallait agir. La décision du gouvernement est on ne peut plus extrême. En effet, il se débarrasse de l’affaire. Comment? Sous prétexte que la népalaise a transité par la Belgique lors de son arrivée en France, elle y est renvoyée. La réponse de l’Etat à la mobilisation a été le transfert de Shova Gajurel de Lille vers le centre de rétention de Bruges (en passant par le commissariat de Menin, à la frontière franco-belge) le 3 août dans la matinée. Le but de la manoeuvre est tout à fait clair, d’autant plus que chez nous, la rétention administrative peut se prolonger.

Soucieux de continuer à la soutenir, les différents comités français, rejoints par deux militants de notre Secours Rouge / APAPC, étaient présents afin de l’accueillir à la frontière. Or, la police, à qui ordre avait été donné d’agir dans la plus grande discrétion, s’est escrimée à brouiller les pistes. Les militants ont été envoyés d’un poste de police à l’autre, pour finalement rencontrer la prisonnière quelques minutes durant lesquelles ils ont pu constater son état d’épuisement avancé, ainsi que son inquiétude. En effet, son portable lui a été retiré. C’est vers 14h qu’elle a finalement conduite à Bruges.

A la demande du comité ‘Libérez-les’, le Secours Rouge / APAPC prend aujourd’hui le relais de la mobilisation et du soutien à Shova Gajurel afin d’obtenir sa libération et sa régularisation.

Comme nous vous l’avions annoncé hier, Shova Gajurel a été extradée de France ce matin. Elle a été remise aux mains de la police fédérale belge, qui l’a immédiatement emmenée au commissariat de Menin, village situé à la frontière franco-belge. Elle y restera jusqu’à son transfert à Bruges afin d’attendre qu’un avis soit rendu par l’office des étrangers.

Ce soir, le Comité ‘Libérez-les’ de soutien aux prisonniers et réfugiés politiques publie un communiqué destiné aux médias.

Lire le communiqué de presse

Il y a quelques jours, nous évoquions la situation de Shova Gajurel, communiste népalaise – maoïste – arrêtée dans le nord de la France. Une campagne de soutien massive à été mise en place en France, afin qu’elle obtienne l’asile politique, et ce au vu des menaces qui pèseraient sur elle si elle devait rentrer au Népal.

Plusieurs organisations de soutien aux sans-papiers françaises se sont mobilisées, et ont mené diverses actions. Le comité ‘Libérez-les’ a notamment envoyé une lettre ouverte signée par de nombreux militants à Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères. Il a également émis une nouvelle demande d’asile politique (refusée), envoyé une déléguée à plusieurs reprises au centre de détention dans lequel est retenue Shova Gajurel afin d’obtenir des informations et organisé une conférence de presse. (Compte-rendu de la conférence)

Les autorités françaises ont été passablement embarrassées par leurs arguments et leur détermination. C’est pourquoi la décision a été prise de reconduire la réfugié à la frontière belge, sous prétexte qu’elle est arrivée en France par la Belgique, où son avion a atterri. L’objectif français étant clairement de se ‘débarrasser du cas Gajurel’. Le transfert aura lieu demain lundi, à Mouscron ou à Réquem.

Le Secours Rouge prendra le relais de la mobilisation et du soutien à Shova Gajurel, qui a pour le moment réussi, grâce au soutien des militants français, à éviter une expulsion dangereuse vers le Népal.