Ce matin à l’aube, une soixantaine de soldats sionistes sont rentrés de force au domicile de Khalida Jarrar à Ramallah et l’ont arrêté. En septembre dernier, elle avait résisté à un ordre de déportation imposé par le régime israélien qui voulait la « déplacer » à Jericho, sans avoir à se justifier.

Militante féministe, députée du Front Populaire de Libération de la Palestine et ex-responsable de l’ONG de solidarité avec les (nombreux) prisonniers politiques palestiniens « Addameer », Khalida Jarrar est très régulièrement inquiétée par l’état israélien.

Affiche de solidarité avec Khalida.

Affiche de solidarité avec Khalida.

Le nombre de civils palestiniens tués lors d’affrontements avec Israël a atteint en 2014 un niveau sans précédent depuis la guerre des Six Jours de juin 1967, selon un rapport de l’ONU rendu public jeudi.

Durant l’opération «Bordure protectrice» lancée l’été dernier par l’armée israélienne dans la bande de Gaza, plus de 1.500 civils ont été tués, dont 500 enfants, 11.000 ont été blessés et 100.000 déplacés, des personnes qui n’avaient toujours pas retrouvé de domicile fin 2014. En Cisjordanie occupée et à Jérusalem, 58 Palestiniens ont été tués et 6028 autres blessés en 2014, soit le niveau le plus élevé depuis des années Le nombre de Palestiniens détenus «pour des raisons de sécurité» a pour sa part augmenté de 24 % à 5258 prisonniers en moyenne mensuelle l’an dernier. En Cisjordanie et à Jérusalem-Est, 1.215 Palestiniens ont été expulsés de leur domicile détruit par les autorités israéliennes, soit le chiffre le plus élevé depuis qu’OCHA a commencé en 2008 à faire ce type de décompte.

Palestine: Nombre record de civils tués par les forces israéliennes

Plusieurs centaines de Palestiniens ont défilé comme chaque année à cette époque, en réclamant la réouverture de la rue Al-Shouhada (martyrs en arabe), qui était autrefois une des rues commerçantes les plus actives de la région mais a été fermée par les Israéliens. La manifestation a rapidement tourné à l’affrontement: les manifestants lançant des pierres et de puissants pétards, et les soldats israéliens tirant des balles en caoutchouc, des gaz lacrymogènes et des grenades assourdissantes.

A Hébron, plus grande ville de Cisjordanie, 700 colons juifs vivent au beau milieu de plus de 200.000 Palestiniens, sous la protection des forces de sécurité israéliennes. Une partie du centre historique en particulier, le long de la rue Al-Shouhada, a été transformée en camp retranché protégé par des miradors et du fil barbelé. La manifestation annuelle de vendredi marquait l’anniversaire du massacre commis le 25 février 1994 au fusil d’assaut par un israélo-américain qui a tué 29 fidèles musulmans en prière dans la mosquée d’Ibrahim. La rue Al-Shouhada a été fermée par les Israéliens après ce massacre et est depuis une rue fantôme. Par contagion, des rues entières d’échoppes palestiniennes ont tiré le rideau.

Palestine: Affrontements à Hébron

Lina Khattab, 18 ans, étudiante de l’Université de Birzeit et danseuse dans la célèbre et très populaire troupe de danse palestinienne El-Funoun, avait été arrêtée par les troupes israéliennes le 13 décembre 2014. Avec de nombreux autres étudiants, elle participait à une manifestation de soutien aux prisonniers politiques palestiniens, à l’occasion du 47e anniversaire de la fondation du FPLP. Les autorités israéliennes l’ont accusée de « jet des pierres » et de « participation à une manifestation illégale. » Le 16 février, Khattab a été condamnée à six mois de prison, trois années de probation, et $ 1.500 uniquement sur base de déclaration de policiers israéliens.

Alors qu’elle tentait de s’opposer à la destruction d’une maison à Gaza, Rachel Corrie, 23 ans, une militante pacifiste américaine, avait été écrasée par un bulldozer de l’armée israélienne. Sa famille a depuis tout tenté afin de faire comparaître l’armée israélienne devant les tribunaux. Après le refus en 2012 d’un juge israélien d’examiner la plainte pour homicide par négligence, les parents de Rachel Corrie ont appris que la Cour suprême israélienne venait de décréter que l’armée sioniste « n’est pas responsable » de la mort de la militante.

Palestine: Israël s’auto-absout pour la mort de Rachel Corrie
Palestine: Israël s’auto-absout pour la mort de Rachel Corrie

Fin décembre, des soldats israéliens arrêtaient une écolière de 14 ans, Malak al-Khatib au bord d’une route, où elle projetait, assurent-ils, de jeter des cailloux, un couteau à la main. Des faits qu’elle a avoués en détention et sur lesquels le juge s’est appuyé pour prononcer une peine de deux mois –réduite de deux semaines, comme le prévoit la loi israélienne pour les mineurs qui peuvent être incarcérés dès 12 ans. « Au bout de deux heures d’interrogatoire, le soldat m’a obligée à signer un papier en hébreu », affirme Malak dans la maison familiale vendredi. « Je ne reconnais aucun crime, je ne jetais pas de pierres, je n’avais pas de couteau », poursuit-elle.

Palestine: Libération de Malak al-Kathib (14 ans)

Chaque année, entre 500 et 700 enfants palestiniens comparaissent devant des tribunaux militaires israéliens; La loi israélienne autorise à juger un enfant devant une cour militaire à partir de 12 ans, un fait unique au monde, selon l’Unicef.

Malak al-Khatib, 14 ans, est désormais la plus jeune prisonnière palestinienne. Originaire du village de Beitin, près de Ramallah, en Cisjordanie occupée, elle a été condamnée à deux mois de prison. Selon l’acte d’accusation dont l’AFP s’est procuré une copie, Malak « a ramassé une pierre » près de la route 60, empruntée par les colons israéliens, de plus en plus nombreux en Cisjordanie occupée. Elle avait un couteau « pour poignarder tout soldat qui viendrait l’arrêter », ont affirmé dans leur déposition les cinq officiers israéliens qui l’ont interpellée le 31 décembre. Après trois semaines de détention provisoire, Malak a été jugée par un tribunal militaire, le seul type de cour israélienne compétente dans les Territoires. Le 21 janvier, le tribunal militaire d’Ofer l’a condamnée à deux mois de prison et 1.500 dollars d’amende.

Palestine: Une fillette condamnée par un tribunal militaire

Israël a détruit en trois jours les maisons de 77 Palestiniens, pour moitié des enfants, à Jérusalem-Est et en Cisjordanie occupées, selon l’ONU qui a enregistré en 2014 un nombre record de Palestiniens déplacés par ces démolitions. L’an passé, les autorités israéliennes ont détruit 590 structures appartenant à des Palestiniens à Jérusalem-Est et dans la zone C, forçant 1.177 personnes à se déplacer. Il s’agit du plus important déplacement de population enregistré en Cisjordanie depuis que l’ONU a commencé à recenser les déplacements de façon exhaustive en 2008.

Des émeutes ont éclaté dimanche à Rahat au sud de la Palestine lors des funérailles d’un bédouin, Sami al-Jaara, tué la semaine dernière par la police israélienne. Les émeutes ont fait un mort et une vingtaine de blessés. Les émeutes ont débuté lorsque les participants ont attaqué une voiture de police. Les forces de sécurité ont tiré des gaz lacrymogènes. Une grève générale avait été organisée dans le Néguev et de toutes les villes arabes pour protester contre le meurtre de Sami al-Jaara. Les militants ont appelé les habitants palestiniens du Néguev et les villes arabes en Israël pour participer à la procession funèbre.