Vendredi 13 juillet, le collectif « Sanfermines 78 Gogoan! » a rapporté que plusieurs habitants de Pampelune (une ville de Navarre) qui avaient accroché sur leur maison des bannières liées au 40e anniversaire des événements de 1978, ont été convoqué par la police et accusé d’outrage à l’état.

Lors des fêtes de San Fermin de 1978, la police avait chargé et tiré à balles réelle sur des manifestants qui réclamaient une amnistie totale pour des prisonniers victimes de la répression franquiste. Elle avait blessé environ 150 personnes et tué le jeune Germán Rodríguez. Les habitants de Pampelune continuent à réclamer justice 40 ans après ce meurtre policier.

Une banderole accrochée par les habitants de Pampelune

Une banderole accrochée par les habitants de Pampelune

La Garde civile a arrêté un jeune Navarrais à Etxarri Aranatz jeudi vers 8h15 du matin, dans une opération menée sur ordre de la Cour Nationale Espagnole pour « glorification du terrorisme et humiliation aux victimes ». Un autre jeune a été arrêté à Azpeitia et un troisième à Gasteiz. Les trois hommes ont été emmenés dans la capitale. Dans le cadre de l’opération,, la Garde civile a investi les facultés de Pharmacie, Lettres et Travail Social de l’Université de Gasteiz qu’elle considère comme un « centre logistique et organisationnel » pour différents délits liés à la gauche indépendantiste basque. L’enquête remonte aux hommages rendus à plusieurs membres défunts d’ETA le 27 mars 2016, le 11 décembre 2016 et le 27 septembre 2017. En réponse à ces arrestations, des manifestations ont eu lieu dans différents endroits du Pays basque. Les trois hommes ont finalement été mis en liberté provisoire.

Un des rassemblements de solidarité le jour même des arrestations

Un des rassemblements de solidarité le jour même des arrestations

Des dizaines de milliers de manifestants (les chiffres vont de 20.000 à 80.000) ont protesté samedi dans les rues d’Irunea (Pampelune) contre la condamnation des quatre jeunes d’Altsasu. Ceux-ci avaient été condamnés, pour une bagarre dans un bar avec deux gardes civils, à des peines allant jusqu’à 13 ans de prison (voir notre article). Le caractère politique du verdict, qui s’explique par l’appartenance des jeunes à la gauche indépendantiste, est démontré par la lourdeur des peines (le maximum prévu par la loi) et la motivation des condamnations qui a retenu comme circonstances aggravantes « les raisons idéologiques et de l’animosité envers la Garde civile ».

La manifestation de samedi à Irun

La manifestation de samedi à Irun

Environ 1.600 personnes ont manifesté samedi à Bayonne, à l’appel de plusieurs organisations pour réclamer la libération de quatre prisonniers basques français, dont trois sont incarcérés en France et un quatrième en Espagne. Les manifestants ont défilé à l’appel de « Bagoaz » (« J’y vais »), un collectif composé de 25 organisations dont la Ligue des droits de l’Homme (voir notre article). Les familles et proches des quatre détenus basques brandissaient des pancartes à leur effigie.

« Bagoaz » dénonce le rejet par la justice française de chacune des demandes de libération conditionnelle à laquelle les trois détenus sexagénaires ont pourtant droit. Leur peine de sûreté a été fixée à 15 ans pour Jon Parot, et 19 ans pour Xistor Haranburu et Jakes Esnal, mais la justice oppose un refus. Il demande également la libération d’Unai Parot, incacéré depuis 1990 dans le sud de l’Espagne. Xistor Haranburu détenu en France, tout comme Jakes Esnal et Jon Parot, ainsi que Unai Parot incarcérés en Espagne, ont été interpellés en 1990 comme appartenant à un commando d’ETA,. Xistor Haranburu, Jakes Esnal et Jon parot ont été condamnés en France en 1996 à la réclusion criminelle à perpétuité. Unai Parot, lui, a été condamné par la justice espagnole à plusieurs sentences représentant 5.145 années de réclusion criminelle.

La manifestation de Bayonne

La manifestation de Bayonne

Samedi 16 juin à 17h à Bayonne, se tiendra une manifestation pour la libération de T Haramburu, J Esnal, J Parot et U Parot, prisonniers politiques Basques de France. Ces prisonniers appartenaient au « Commando Argala » de ETA. Ils avaient été condamné pour avoir mené des action de lutte armée contre l’état espagnol entre 1978 et 1989.

Les trois premiers ont été condamnés à perpétuité en 1997 par la Cour d’assises spéciale de Paris et U Parot a été condamné à 40 ans de détention par le Tribunal Suprême espagnol. Ayant accompli leur peine de sureté, ils sont libérables depuis maintenant plusieurs années.

A l’occasion de cette manifestation, X Aranburu a écrit depuis sa prison une lettre expliquant sa situation. Dans cette lettre il dénonce les mesures de détention prises à son égard qui transforme sa condamnation en condamnation à une mort lente en prison. Par ailleurs il demande la commutation de sa peine à perpétuité, sans limite dans le temps, en une peine de 30 ans, la peine maximale à laquelle il aurait été condamné s’il avait été jugé par l’état espagnol.

Fresque pour ETA au Pays basque

Fresque pour ETA au Pays basque

Dimanche 10 juin, 175.000 personnes, ont participé dimanche à une chaîne humaine de 202 kilomètres à travers le Pays Basques pour revendiquer le droit à l’autodétermination de la région.

Cette chaine était organisée par le groupe Gure Esku Dago (qui signifie « C’est entre nos mains »), une plateforme créée en juin 2013 en faveur du droit à l’autodétermination aux Pays Basques. Cette manifestation a reçu le soutien de plusieurs partis politiques et syndicats de la région. Elle avait également pour but de soutenir le mouvement indépendantiste catalan, qui compte une partie importantes de personnes incarcérées ou forcées de fuir à l’étranger.

La chaine humaine pour revendiquer le droit à l’autodétermination des Pays-Basques

La chaine humaine pour revendiquer le droit à l'autodétermination des Pays-Basques

Le nouveau ministre de l’Intérieur, le juge Fernando Grande-Marlaska, est un magistrat contesté. Il s’est distingué dans plusieurs opérations dites « anti-terroristes » ces dernières années en refusant d’enquêter sur des plaintes de mauvais traitements ou encore de torture. Mardi dernier, un nouveau procès contre Inaki Zapirain, Beatriz Etxebarria et Saioa Sanchez démarrait suite à l’annulation de leur condamnation. Une annulation en raison de la non-prise en compte des dénonciations de torture des trois accusés. B. Etxebarria avait pourtant révélé avoir été violée durant sa détention. Le juge Grande-Marlaska était en charge de l’affaire à l’époque. Il n’en avait pas tenu compte et n’avait pas jugé nécessaire d’ouvrir une enquête.

Trois ans auparavant, ce même magistrat avait fait la sourde oreille aux accusations de torture d’Igor Portu et Mattin Sarasola. Dans ce cas là, le Tribunal de Strasbourg avait pourtant condamné l’Etat espagnol pour « traitement inhumain ». En 2013, le Comité européen pour la prévention de la torture avait souligné dans son rapport qu’il était « surprenant » que toutes les détentions en isolement réalisées durant les cinq mois d’étude « aient été autorisées par un juge qui ne respectait aucune des garanties contre la torture ». Il s’agissait encore une fois du juge Grande Marlaska.

Fernando Grande-Marlaska

Fernando Grande-Marlaska

L’Audiencia nacional a condamné huit jeunes Basques de la localité d’Altsasu, pour une bagarre dans un bar avec deux gardes civils, à des peines allant jusqu’à 13 ans de prison. Ce sont les peines maximales prévues par la loi pour une attaque contre les agents de l’autorité, avec blessures, troubles publics et menaces. Le tribunal a condamné Oihan Arnanz et Iñaki Abad à treize ans de prison; Jokin Unamuno et Adur Ramirez de Alda à 12 ans, Jon Ander Cob, Julen Goikoetxea et Aratz Urrizola à 9 ans et Ainara Urkijo à deux ans.

Si le tribunal a rejeté l’accusation de « terrorisme », le caractère politique du verdict, qui s’explique par l’appartenance des jeunes à la gauche indépendantiste, est démontré par la lourdeur des peines (le maximum prévu par la loi) et la motivation des condamnations qui a retenu comme circonstances aggravantes « les raisons idéologiques et de l’animosité envers la Garde civile ». La décision peut faire l’objet d’un recours dans un délai de 10 jours. Suite à ce verdict, des manifestations ont eu lieu à Altsasu et dans différents points du Pays basque.

L’audience des jeunes d’Altsasu

L'audience des jeunes d'Altsasu

Plusieurs agents de la Garde Civil ont retenu le chanteur punk, Evaristo Páramos, à la fin de son concert sur le site du festival Primavera Trompetera (Cadix). Plusieurs agents de la Garde civile ont retenu le chanteur de 57 ans sur le site du festival alors qu’il était parmi le public, et a procédé à une identification. Apparemment, la cause serait des insultes proférées sur scène à l’encontre de la Garde Civile. Sur une vidéo, on peut voir la Garde Civil s’approchant d’Evaristo, l’entourer et le diriger vers la zone des coulisses pour procéder à cette identification.

Evaristo a fondé en 1979 La Polla Records, l’un des groupes punk basques les plus emblématiques et chante depuis 2004 dans le groupe Gatillazo . Depuis le début de sa carrière, Evaristo a toujours dénoncé dans ses chansons le fascisme, le catholicisme et le capitalisme.

Evaristo Páramos

Evaristo Páramos

Saioa Sanchez Iturregi est une militante d’ETA qui figurait jusqu’en 2007 parmi les membres les plus recherchés par l’état espagnol. Elle purge depuis 2013 peine de 28 ans de prison pour l’exécution de deux gardes civil espagnols par ETA dans le pays basque français où ils espionnaient la gauche nationalistes basque (voir notre article). Elle avait également été jugée par l’état espagnol en 2012 pour une explosion survenue à Bilbao en 2006. Dans le cadre de cette affaire un mandat d’arrêt européen a été délivré par les autorités espagnoles pour la re-juger. Malgré l’opposition de Saioa Sanchez Iturregi, la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Rennes a accepté de la remettre pour une durée de six mois aux autorités espagnoles.

Saioa Sanchez Iturregi

Saioa Sanchez Iturregi