Jeudi 9 et vendredi 10 avril, une révolte a éclaté à la prison n° 15 de la ville d’Angarsk dans la région d’Irkoutsk. Des affrontements ont éclaté entre gardiens et prisonniers dont plusieurs se sont ouvert les veines pour protester contre les violences qu’ils subissent. Les forces spéciales sont intervenues. Elles auraient tiré sur les détenus avec des armes automatiques et les aurait gazés. Par ailleurs, dans la nuit de vendredi à samedi, un incendie d’envergure a détruit huit bâtiments d’une superficie de 30 000 m2 sur le territoire de la prison. Samedi, le corps d’un prisonnier a été découvert samedi dans les décombres de la prison.

Les prisonniers se sont ouvert les veines

Les prisonniers se sont ouvert les veines

Hier, des émeutes avaient éclaté à Anderlecht suite à la mort d’un jeune dans un contrôle de police (voir notre article). Des cocktails Molotov ont été lancés dont un blessant un policier. Une voiture de police a été encerclée et ses occupant ont fuit le véhicule. Une personne en a alors profiter pour prendre une arme à feu dans la voiture. La scène a été filmée par une caméra de surveillance et la police essaye d’identifier les protagonistes. Vers 20h, la police pensait avoir la situation sous contrôle mais, de nouveaux affrontements avec des jets de pierres sur un commissariat (des vitres ont été brisées) ont éclaté deux heures plus tard. Des rassemblements ont également été signalé à Saint-Gilles (Place Bethléem) ainsi de cocktail Molotov sur le commissariat du Parvis de Saint-Gilles. Au total, plus de 60 personnes ont été arrêtées. Les policiers sont en pleine enquête. Ils analysent notamment les caméras de surveillance afin de pouvoir « leur imputer une infraction ».

Contre le commissariat du Parvis St-Gilles

Jeudi 9 avril, une émeute a éclaté à la prison La Victoria à Saint-Domingue. Les prisonniers ont notamment tenter d’ouvrir une porte par la force avant d’être repoussés par des gardiens qui tiré des grenades lacrymogènes. Les prisonniers se sont révoltés car elles accusent les autorité de cacher des cas d’infection et de décès du Coronavirus parmi les détenus. Ils dénoncent également les mensonges qui autorités qui prétendent que des mesures sont prises pour respecter la distance sociale parmi les prisonniers alors que ces derniers sont entassés.

La prison La Victoria

La prison La Victoria

Aujourd’hui, une rébellion a éclaté à la prison d’Eleonas à Thèbes, après la mort d’une femme de 35 ans, qui avait été signalée comme présentant tous les  symptômes du Coronavirus. La révolte est partie de l’aile C de la prison et s’est maintenant répandue dans toute la prison, tandis que les forces de police sont présentes en nombre à l’extérieur. Selon les prisonnières, rien n’a encore été fait pour préparer la pandémie malgré les promesses de soulager les prisons surpeuplées. Elles affirment que les hôpitaux n’acceptent pas les patients des prisons et qu’il n’y a pas de médecin à Thèbes. Enfin, elles s’insurgent contre le fait que les groupes vulnérables n’aient pas été libérés. Selon elles, maintenir une telle situation revient à les condamner à mort. La prison de Thèbes est la prison où est enfermée Pola Roupa, militante du groupe armé anarchiste « Lutte Révolutionnaire ». Elle y avait été transférée de force à cause de son rôle dans l’organisation de révoltes de prisonnières à la prison de Korydallos, également à propos du Coronavirus (voir notre article). Pola Roupa a rendu public un document sur la crise sanitaire du coronavirus: voir ici

Pola Roupa

En Colombie, une mutinerie a éclaté, mardi 7 avril, à la prison de Pasto située dans la ville de San Juan de Pasto. Les prisonniers ont manifesté pendant deux heures allumant des incendies dans l’enceinte de la prison. Des unités de la police nationale et l’escouade anti-émeute de l’armée sont intervenues pour réprimer la révolte. Les prisonniers exigeaient le respect de leurs droits et la possibilité de recevoir des visites de leurs proches. Les prisonniers exigeaient également la libération des détenus non-dangereux. À la périphérie de la prison, plusieurs membres de la famille exigent une vérification de la prison par des agences humanitaires. Le même jour, une révolte a éclaté à la prison de Bouwer (une ville de la province de Córdoba en Argentine). Les prisonniers exigeaient de pouvoir effectuer leur peine dans le cadre d’une assignation à résidence. Ils dénonçaient le fait que la prison n’avaient pris aucune mesure sanitaire pour les protéger du Coronavirus. La révolte a été réprimée dans la nuit.

Une révolte a également éclaté le même jour dans la prison Qoubbeh dans la ville de Tripoli au Liban. L’émeute a éclaté lorsque les gardiens sont intervenus pour stopper une tentative d’évasion d’un prisonnier craignant pour sa santé. Les gardiens ont réprimé l’émeute en tirant sur les prisonniers avec des balles de caoutchouc faisant au moins quatre blessés. Les prisonniers exigeaient la mise en place de la loi d’amnistie générale promise par les différents gouvernements ces dernières années. Les prisons au Liban fonctionnent, en effet, au double de leurs capacités. La veille, les forces de sécurité avaient découvert un tunnel de plusieurs mètres de long lors d’une opération à la prison de Zahle dans l’est de la vallée de la Bekaa. Des prisonniers qui craignant pour leur santé, tentaient également de s’échapper.

Le tunnel creusé par les prisonniers de la prison de Zahle

Le tunnel creusé par les prisonniers de la prison de Zahle

Aujourd’hui, une manifestation de soutien aux prisonniers s’est tenue devant la prison de Saint-Gilles. Une trentaine de personnes sont arrivées avec des mégaphones et ont commencé à crier « Libérez les prisonniers! » et « Solidarité avec les prisonniers ». Elles ont du partir après 5 minutes afin de ne pas être arrêté.e.s par la police. Cette manifestation a permis également de soutenir les proches des prisonniers qui, à ce moment-là, étaient en train de faire la file pour livrer leur colis de linge, les visites étant interdites. Bien que l’action se soit passée Saint-Gilles, elle était adressée à toutes les personnes incarcérées dans toutes les prisons du pays.

Prison de Saint-Gilles

Dans la soirée du lundi 30 mars, les détenus de la prison de Sepidar à Ahwaz (sud-ouest de l’Iran) se sont mutinés et ont tenté de fuir pour se sauvegarder contre l’épidémie de coronavirus. Des incendies ont éclaté dans plusieurs parties de la prison. Les gardiens de la prison et les gardiens de la révolution ont ouvert le feu et des coups de feu ont retenti tard dans la nuit quand la révolte a été finalement réprimée. En Guyane, une révolte a éclaté, mercredi 1er avril, à la prison de Rémire-Montjoly. Les prisonniers qui ont mis le feu dans une partie des quartiers. Les gendarmes français sont intervenus pour réprimer l’émeute.

La mutinerie au Centre pénitentiaire de Rémire-Montjoly

Mercredi 11 mars, six militant·es anarchistes ont étendu une banderole en solidarité avec les prisonniers révoltés en face de la prison de Marassi à Gênes en Italie. Reconnu par les caméras de surveillance, il font l’objet d’une enquête menée par la Divisione Investigazioni Generali e Operazioni Speciali (DIGOS) et risquent des poursuites pour violation du confinement. Jeudi 26 mars, des militant·es anti-carcéraux ont accroché une banderole en solidarité avec les prisonniers révoltés de la prison de Nivelles.

Banderole en solidarité avec les prisonniers révoltés

Ces derniers jours, de nouvelles révoltes de prisonniers ont éclaté dans différentes prisons de Belgique, d’Iran et d’Argentine.

Mercredi 25 mars, une révolte a éclaté à la prison d’Arlon lorsque 30 prisonniers ont refusé de réintégrer leur cellule après avoir été au préau. La police fédérale est intervenue pour réprimer la révolte. La police a également réprimé un mouvement similaire à la prison de Leuze-en-Hainaut où 8 prisonniers refusaient de rentrer dans leurs cellules qui s’est terminé jeudi lorsque les deux derniers prisonniers ont accepté de retourner dans leurs cellules. Les prisonniers réclamaient d’une part plus de crédits d’appel pour leur téléphone et d’autre part une cantine complète. Actuellement, certains produits fournis par un supermarché, ne sont pas disponibles. Huit prisonniers considérés comme meneurs ont été placés en isolement en attendant une punition disciplinaire. Un autre mouvement de révolte a éclaté, vendredi, à la prison de Lantin donnant lieu à des affrontements entre prisonniers et gardiens où six prisonniers sont montés sur le toit. Le mouvement s’est terminé après l’intervention de la police fédérale et du Corps d’intervention (CIK), venus en appui à la police locale de la Basse-Meuse.

En Iran, des prisonniers se sont rebellés, vendredi 27 mars, à la prison de Saqqez car ne faisaient pas partie des prisonniers libérables dans le cadre des mesures sanitaires (voir notre article). Ils se sont affrontés avec les Gardiens de la Révolution et les gardiens permettant à 80 prisonniers de s’échapper. La veille, une révolte avait également éclaté à la prison de Tabriz  où les prisonniers avaient été exposés au Coronavirus. Les gardiens ont ouvert le feu sur les prisonniers en blessant au moins sept. Les prisonniers sont parvenus à désarmer les gardes et plusieurs d’entre eux ont ainsi pu s’échapper.

En Argentine, des nouvelles émeutes ont eu lieu, jeudi 26 mars, à la prison de Coronda (au sud de la ville de Santa Fe) qui avait déjà connu un mouvement de révolte il y a quelques jours (voir notre article). Les prisonniers de quatre pavillons de l’aile nord de la prison ont refusé de réintégrer leur cellule et plusieurs d’entre eux ont grimpé sur les toits. Des agents du Groupe spécial des opérations pénitentiaires (GOEP) ont fait irruption dans la zone provoquant de nouveaux affrontements. Deux prisonniers ont dû être hospitalisés pour des blessures par balles de caoutchouc et une douzaine de détenus sont tombés du toit de la prison pendant la répression. Par ailleurs, plusieurs détenus ont été blessés aux jambes. Quatre personnes, qui étaient des proches de prisonniers, ont été arrêtées à l’extérieur de la prison. Elles étaient soupçonnées d’attendre une possible évasion de leurs proches. Le même après-midi, des émeutes ont eu lieu dans deux pavillons de la prison de Piñero (à 20 kilomètres de la ville de Rosario). Les prisonniers s’opposaient à l’interdiction, par les gardiens, de faire entrer plus d’un colis de vivres apportés par leurs proches.

Révolte à la prison de à la prison de Coronda en Argentine

Révolte à la prison de Coronda en Argentine

L’Iran a libéré temporairement environ 85 000 prisonniers, y compris une poignée de prisonniers politiques en réponse à l’épidémie de coronavirus. Le nombre de décès dus au coronavirus en Iran a atteint 988 et un total de 16 169 personnes ont été confirmées infectées à travers le pays. Un jour après que l’Iran a libéré 70.000 prisonniers, début mars, le rapporteur spécial des Nations unies sur les droits de l’homme en Iran, Javaid Rehman, a déclaré qu’il avait demandé à Téhéran de libérer temporairement tous les prisonniers politiques de ses prisons surpeuplées et malades pour aider à endiguer la propagation du coronavirus. Seuls ceux qui purgeaient des peines de moins de cinq ans, une douzaine, ont été libérés, tandis que les prisonniers inculpés de peines plus lourdes et ceux liés à leur participation à des manifestations anti-gouvernementales restent en prison.

Une prison en Iran