Pour la première fois depuis le début du mouvement, l’opposition au régime du président Poutine n’avais pas obtenu l’autorisation de se rassembler samedi devant le siège des services de sécurité à Moscou. Néanmoins, plusieurs milliers de personnes s’étaient réunies pour ‘célébrer’ le premier anniversaire de la contestation. Présente en nombre, la police a dispersé la foule et a procédé à des dizaines d’arrestations. Les autorités avaient signalé aux participants qu’ils risquaient la prison ou des amendes pouvant atteindre 300.000 roubles (7400 euros). Alors que plusieurs manifestants interpellés, parmi lesquels Sergueï Oudalstov et Alexeï Navalny, figures de proue du mouvement, avaient été libérés dans la soirée de samedi, tous les autres détenus ont été libérés dans la journée d’hier. L’annonce de leur libération a été faite par un porte-parole de la police qui n’a pas donné de détails quant aux éventuelles poursuites à l’encontre des opposants arrêtés.

Arrestation d'un opposant à Moscou

Les opposants au régime de Vladimir Poutine avaient lancé un vaste appel au rassemblement samedi au centre de Moscou pour marquer le premier anniversaire du mouvement de contestation contre le président russe. Malgré l’interdiction de la manifestation par les autorités, des centaines de personnes se sont réunies devant le siège des services de sécurité, encadrées par de nombreux fourgons de police. Les forces de l’ordre ont interpellé un grand nombre de manifestants parmi lesquels Sergueï Oudalstov, le leader du Front de Gauche. Le discours tenu par les manifestants était clair, ‘Rien n’a changé depuis un an, nos exigences n’ont pas été satisfaites et il y a de nouveau des prisonniers politiques’.

Alors que deux de leur membre ont récemment été condamnées à deux ans de camp pour ‘hooliganisme motivé par la haine religieuse’, le groupe est une nouvelle fois visé par la justice russe. Hier, cette dernière a décidé de restreindre l’accès sur internet à quatre vidéos du groupe sur cinq sites. Il s’agit de la vidéo tournée dans la cathédrale, d’une vidéo sur la Place Rouge et de deux autres clips. Après l’entrée en vigueur de cette décision, ces vidéos seront incluses dans les documents extrémistes interdits en Russie et dont la diffusion est passible de poursuites pénales. Le site web des Pussy Riot et leur blog sur la plateforme Livejournal sont également concernés par ces mesures. L’expertise présentée au tribunal et suivie par ce dernier indique que ‘les textes contiennent des appels à la révolte, à la désobéissance aux autorités et à l’organisation de troubles massifs. Ils portent atteinte à la dignité humaine et humilient les sentiments des croyants’.

Des centaines de détenus de la prison 6 de la petite ville de Kopeisk dans la région de Chelyabinsk ont mené une action de protestation pour exiger d’obtenir la fin des mesures d’isolement prises à l’encontre de certains prisonniers ainsi que l’amélioration de leurs conditions de détentions. Samedi, un large groupe d’entre eux est monté sur le toit de la prison pour déployer une banderole indiquant ‘People, Help!’. Des centaines de personnes, parmi lesquelles de nombreux proches de prisonniers, s’étaient rassemblées samedi devant le bâtiment pour soutenir l’action, et samedi soir, des affrontements les ont opposés aux forces de l’ordre qui ont tenté de les disperser extrêmement violemment. 38 personnes ont été interpellées alors que de nombreuses images montrant des manifestants ensanglantés ont circulé sur la toile. Huit policiers anti-émeutes ont également été blessés. Les autorités pénitentiaires ont annoncé que lundi matin, tous les prisonniers avaient réintégré leurs cellules après avoir passé le week-end au sommet du bâtiment.

Manifestation dans une prison russe

Le 6 mai dernier, de violents affrontements avaient opposé des manifestants anti-Poutine aux forces de l’ordre à Moscou. Le rassemblement avait dégénéré quand la police avait bloqué le défilé puis tenté de disperser la foule. Une trentaine de policiers et des dizaines de manifestants avaient été blessés. En outre, plus de 400 militants de l’opposition avaient été interpellés. Suite à ces événements, 18 personnes (dont treize ont été placées en détention préventive) sont poursuivies, accusées de ‘violences à l’encontre de représentants du pouvoir’. Le premier accusé, Maxime Louzianine, a été condamné ce vendredi à une peine de quatre ans et demi de camp, peine réduite par rapport à celle de six ans et demi réclamée par le parquet. Jusqu’à présent, les manifestants arrêtés pour ce genre de faits étaient généralement condamnés à un maximum de quinze jours de prison.

Le 28 octobre a eu lieu la première audience du procès à Grenade, de l’Audiencia Nacional (tribunal spécial anti-terroriste) devant statuer sur la demande d’extradition de de Piotr Silajev par la Russie. Piot Silajev, qui a déjà obtenu l’asile politique en Finlande, risque une peine de prison allant de 7 à 13 ans pour son engagement dans la campagne pour sauver la forêt de Khimki menacée par la construction d’une autoroute. En 2010 une manifestation militante a attaqué la mairie de Khimky (voir ici la vidéo), à la suite de laquelle Piotr est poursuivi par la justice russe. Un appel à des actions de solidarité du 19 au 21 novembre avec Piotr est lancé. Les compte-trendus d’actions peuvent être envoyés à babushka@riseup.net

Espagne/Russie: Campagne contre l’extradition de Piotr Silajev

Le 17 octobre dernier, les autorités russes avaient annoncé l’ouverture d’une enquête à l’encontre de l’opposant Sergueï Oudalstov. Celles-ci se basaient sur un film d’une chaîne télévisée pro-Kremlin qui affirme que des opposants, donc Oudalstov, se préparaient à renverser le gouvernement russe. Les images du document ont été tournées en caméras cachées, et leur origine reste inconnue. Dans le cadre de ses recherches, le comité d’enquête a perquisitionné son domicile, l’a interrogé et lui a interdit de quitter Moscou. En outre, deux de ses proches ont été placés en détention provisoire. Sergueï Oudalstov a comparu ce vendredi matin devant le comité d’enquête à Moscou. Il a été inculpé pour ‘préparation de troubles massifs’, ce qui pourrait lui valoir dix ans de camp.

Sergueï Oudalstov

Sergueï Oudalstov

Les trois membres du groupe Pussy Riot avaient été condamnées à deux ans de prison, accusées de ‘hooliganisme’ et de ‘incitation à la haine religieuse’. Leur procès en appel s’était ouvert le 1er octobre, mais avait été renvoyé après qu’Ekaterina Samoutsevitch ait révoqué ses avocats, évoquant des désaccords sur la ligne de défense adoptée. Aujourd’hui, cette dernière a été libérée lors de l’audience en appel, sa peine étant commuée en une peine de deux ans de liberté surveillée. Son nouvel avocat a plaidé qu’elle n’avait pas pris part à la prière dans la mesure où elle avait été arrêtée quinze secondes après être entrée dans la cathédrale. Lors de l’audience d’appel Nadejda Tolokonnikova et Maria Alekhina ont par contre confirmé leur intention politique et ont vu leur peine maintenue sans changement. A l’issue de l’audience, Nadejda Tolokonnikova a déclaré ‘qu’un repentir est impossible car ce serait reconnaître que notre action était antireligieuse, ce qui n’est pas le cas’. Avant d’entrer dans le tribunal ce matin, Maria Alekhina avait quant à elle déclaré ‘si notre condamnation est confirmée en appel et que nous partons dans un camp, nous ne nous tairons pas pour autant, même si on nous envoie en Sibérie ou en Mordovie’.

Procès des Pussy Riot

Procès des Pussy Riot

Le ministère russe de l’Intérieur a annoncé aujourd’hui ouvrir une enquête interne après qu’une vidéo placée sur YouTube (et retirée depuis mais qui avait été visionnée des dizaines de milliers de fois) a montré un policier frapper violemment à la tête, avec sa matraque, une jeune femme qui se trouve en face de lui, tenant un drapeau rouge. La jeune femme s’effondre, perdant brièvement connaissance. L’incident s’était déroulé samedi lors d’une manifestation d’opposition à Nijni Novgorod. La police de Nijni Novgorod a interpellé 18 personnes pendant cette manifestation.

Russie: Enquête après une violence policière

A la fin du mois d’août, nous évoquions la situation de deux militants russes de l’Union de la Jeunesse Communiste Léniniste qui, après avoir purgé une peine en Ukraine pour avoir ‘organisé un groupe terroriste stable secret dans le but d’un renversement de l’ordre constitutionnel de l’Ukraine et de la prise du pouvoir de l’état’ avaient été extradés vers la Russie et condamnés à une nouvelle peine (notre article du 27 août). Or, deux autres inculpés devraient subir le même sort dans un nouveau procès à Moscou. Andrey Yakovenko et Oleg Alekseev sont accusés, comme Smirnov et Danilov, d’avoir mené des expropriations à Moscou entre 2000 et 2002. Au cours de l’audience, un ‘témoignage’ transmis par le service fédéral de sécurité de la Russie a été rendu public. Il s’agit d’une déclaration faite par un des membres du groupe qui, après avoir subi la torture, s’est repenti. Ce témoignage est le seul élément dont le tribunal dispose, mais il semblerait que cela soit suffisant pour que les autorités russes imposent une seconde peine à Yakovenko et à Alekseev alors qu’ils ont déjà tous deux purgé neuf ans en Ukraine.

Il faut noter que suite aux violences subies en prison en Ukraine, un des inculpés dans cette affaire d’Odessa est décédé le 1er novembre 2003 alors que tous les autres ont souffert de multiples fractures et autres séquelles (perte d’un oeil, …)

Quelques inculpés dans l’affaire d’Odessa