Gérard Jodar, le leader du syndicat indépendantiste néo-calédonien USTKE (Union syndicale des travailleurs kanak et des exploités) a été remis en liberté ce jeudi matin. L’homme avait été condamné à neuf mois de prison ferme après des heurts opposant le syndicat et les forces de l’ordre à l’aérodrome de Magenta-Nouméa.

La cour d’appel de Nouméa a accédé à la demande de remise en liberté de Gérard Jodar, ce jeudi matin. Le président du syndicat indépendantiste néo-calédonien USTKE était incarcéré depuis le 29 juin dernier, de même que cinq autres militants, pour entrave à la circulation d’un avion de la compagnie Aircal à l’aérodrome de Magenta-Nouméa. Une manifestation syndicale s’était achevée par l’invasion du tarmac et de deux avions suite au conflit Aircal. Les forces de l’ordre étaient intervenues pour déloger les militants USTKE. Après l’incarcération de Gérard Jodar, la tension était montée au cran supérieur début août. Le syndicat avait paralysé en partie l’économie calédonienne et le bras de fer s’était achevé par des affrontements entre militants et force de l’ordre.

Gérard Jodar avait été condamné à un an de prison ferme en première instance. La cour d’appel de Nouméa avait réduit sa peine à neuf mois en septembre dernier. Depuis, le président du syndicat avait déposé une demande de remise en liberté, en plus d’un pourvoi en cassation. Deux autres syndicalistes USTKE, Michel Safoka et Ato Uveakovi, ont été aussi remis en liberté jeudi.

Alors qu’elle n’avait même pas été informée qu’une procédure légale avait été engagée contre elle, la FAU-Berlin a été moralement interdite en tant que syndicat par le tribunal régional de Berlin ce 11 janvier. Engagée dans un conflit social local, ce syndicat alternatif est la victime d’un accord conclu entre Ver.di (gros syndicat allemand, qui considérait la FAU comme une concurrence ), les politiciens et les patrons afin de faire cesser ses activités. En effet, depuis plusieurs années, elle a pu démontrer qu’un syndicalisme alternatif est possible en Allemagne affirmant qu’un conflit n’est pas seulement une question de meilleures conditions de travail, mais aussi une question de liberté d’association.

Dans le contexte syndicaliste allemand actuel, où le DGB (organisme des syndicats majoritaires) détient un quasi-monopole, cette décision judiciaire montre à quel point ce puissant monopole est effrayé de l’émergence de l’auto-organisation et de la décentralisation des actions des travailleurs. La décision du tribunal, sans même qu’aucune audition ne soit menée, a donc interdit la FAU de travailler en tant que syndicat. Et comme elle fera jurisprudence, elle affectera l’ensemble du mouvement syndicaliste allemand, car quelle que soit la forme prise par un syndicat alternatif, ce précédent le rendra impuissant.

Le procès en appel des salariés de Continental, condamnés en septembre 2009 à des peines de trois à cinq mois de prison avec sursis pour le saccage de la sous-préfecture de Compiègne, s’est tenu ce mercredi après-midi devant la cour d’appel d’Amiens. Le tribunal a mis sa décision en délibéré au 5 février. Le ministère public a requis de deux à cinq mois avec sursis contre les ‘Contis’, laissant entendre que les peines avec sursis pourraient être commuées en travaux d’intérêt général. La partie civile, qui avait chiffré les dégâts en première instance à 63.000 euros, a curieusement indiqué aujourd’hui qu’elle n’était pas en mesure de donner de chiffres.

Une manifestation de soutien, réunissant 1.500 personnes a eu lieu en fin de matinée dans les rues de la ville

Le 1er septembre 2009, Xavier Mathieu, délégué CGT avait écopé de cinq mois avec sursis. Un autre salarié avait également été condamné à la même peine, trois autres à trois mois avec sursis et un dernier à quatre mois avec sursis. Les six salariés étaient jugés pour avoir saccagé la sous-préfecture de Compiègne le 21 avril 2009, suite à l’annonce du tribunal de grande instance de Sarreguemines (Moselle) qui les déboutait de leur demande d’annulation du plan de fermeture de leur usine, qui comptait 1.100 salariés.

Le tribunal de Compiègne avait condamné lourdement six manifestants suite au saccage des locaux de la sous-préfecture de l’Oise à Compiègne. Ce saccage rentre dans le cadre de la lutte contre la fermeture de leur usine ‘Continental’ de Clairoix, usine employant 1120 travailleurs. Le procès en appel se tiendra auprès de la cour d’appel d’Amiens mercredi 13 janvier, avec une manifestation appelée par l’intersyndicale et le comité de lutte des ‘Conti’. Rendez-vous à 11 h devant la gare d’Amiens.

La cour d’appel d’Amiens a fait savoir que le procès en appel du jugement du tribunal de Compiègne (qui avait condamné lourdement six manifestants qui protestaient contre la fermeture de leur usine Continental de Clairoix) se tiendrait le mercredi 13 janvier 2010. Les condamnations pénales et financières prononcées contre les six salariés suite à la lutte victorieuse des 1120 travailleurs de Continental-Clairoix, sont des condamnations pour l’exemple qui s’adressent à l’ensemble des travailleurs du pays. Pour prononcer ces condamnations, le tribunal, à la demande du parquet, et donc des autorités gouvernementales, a remis sur pied une loi abrogée depuis 28 ans: la loi dite ‘anticasseurs’, qui permettait, comme c’est le cas dans cette affaire, de condamner des personnes sans avoir de faits précis à leur reprocher, au nom d’une prétendue responsabilité collective qui découlerait de leur seule présence à une manifestation. Certains ont immédiatement réclamé que soit généralisé dans tout le pays, et pour toutes les manifestations, ce qu’ils ont appelé ‘la jurisprudence Continental’.

Manifestation mercredi 13 janvier à 11h de la gare d’Amiens au Palais de Justice pour exiger la relaxe des 6 ouvriers de l’usine Continental de Clairoix condamnés par le tribunal de Compiègne le 1er septembre 2009.

Manifestation pour les ouvriers de Continental

Manifestation pour les ouvriers de Continental

Engagé dans un conflit social local dans une chaîne de cinéma de la ville de Berlin, la FAU-AIT (Free Worker Union) s’est vue interdite d’utiliser le terme ‘syndicat’ pour se définir. Depuis plus d’un an, elle menait une campagne pour l’amélioration des conditions de travail des employés de ce cinéma, qui reçoit des subventions publiques mais n’offre pas un salaire décent à ses employés et ignore le droit des salariés. Face à la persistance des militants à se faire entendre, la direction a finalement obtenu l’interdiction de facto de la FAU Berlin dans un arrêt rendu par la Cour du District. Si la décision du tribunal devait être maintenue, cela rendrait impossible de fonder et de construire en Allemagne des syndicats reconnus juridiquement, le statut dépendant à priori de la reconnaissance de la justice. De plus, en tant que précédent, cet arrêt va nuire à tout mouvement syndical et aux droits des salariés. Le patron pourrait donc lui-même choisir le syndicat dans son entreprise, mais aussi définir ce qu’est un syndicat…

C’est pour protester contre cette interdiction et toutes ses conséquences que plus de 300 personnes se sont rassemblées ce samedi à Berlin, encadrée par une horde de policiers. Les slogans lancés visaient non seulement la décision du tribunal, mais aussi le rôle joué par le gouvernement local et le syndicat réformiste Ver.di, qui ont soutenu la direction du cinéma dans son action contre la FAU.

Manifestation de soutien à la FAU Berlin

Manifestation de soutien à la FAU Berlin

La FAU-AIT (Free Worker Union) de Berlin mène depuis plusieurs mois une campagne active dans une chaîne de cinémas de la ville. Elle a notamment travaillé à la réintégration d’une de ses militants licencié. Le conflit avec l’entreprise portait également sur les conditions de travail, l’arrêt du travail bénévole, les salaires et la régularisation des travailleurs temporaires. Face à la résistance acharnée des employés qui dure depuis presque un an, la direction a décidé d’employer les grands moyens. Soutenue dans ce conflit par le gouvernement local de Berlin ainsi que par un syndicat réformiste local, elle a carrément obtenu l’interdiction pour la section de la FAU de Berlin d’utiliser le terme ‘syndicat’. Tout individu qui s’y risquerait pourrait se voir attribuer une amende de 250.000€. De fait, l’union syndicale se trouve donc interdite. Le secrétaire de la FAU Berlin a réagi à cette décision en dénonçant la liberté d’association des travailleurs. Si cette décision devait être confirmé (la FAU a interjeté appel), elle constituerait une attaque contre toute forme indépendante d’organisation de base du peuple.

D’après les informations reçues par la Confédération Syndicale Internationale (CSI), la quasi-totalité des membres du Comité exécutif et plusieurs responsables de la branche syndicale du syndicat des ouvriers du transport Nakliyat-Is ont été placés en garde à vue le lundi 7 décembre, tandis que la police faisait une descente dans le siège du syndicat. Nakliyat-Is est affilié à la confédération syndicale DISK (Devrimci Isçi Sendikalari Konfederasyonu), elle-même affiliée à la CSI. Au total, dix dirigeants du syndicat restent en garde à vue, y compris le président du Nakliyat-Is, Ali Riza Küçükosmanoglu, qui est également membre du comité exécutif de la confédération DISK, et le secrétaire général Aziz Cengiz.

La police a également perquisitionné les domiciles des syndicalistes et les locaux du syndicat à Istanbul, à Konya et à Gebze. Les syndicalistes se trouvent accusés ‘d’avoir organisé une association de grand banditisme à des fins de lucre’. Comme dans la majorité des cas d’arrestations de syndicalistes survenus récemment, les avocats de la défense n’ont pas été autorisés à accéder aux dossiers de leurs clients. Cette arrestation de dirigeants syndicaux évoque le procès qui avait été engagé contre 31 dirigeants et membres du syndicat turc du secteur public KESK. Ce procès s’était soldé par la libération de 22 des prévenus. Ceux-ci avaient déjà passé six mois en prison. Ces 31 prévenus devront néanmoins tous comparaître pour une nouvelle audience du tribunal en mars de l’année prochaine.

En novembre 2008, la Confédération Syndicale Internationale (qui représente 175 millions de travailleurs dans 311 organisations affiliées dans 155 pays et territoires) publiait un rapport sur les violations des droits syndicaux dans lequel elle dénonçait la spirale de violence subie par les syndicats au Guatemala. Elle pointait notamment le meurtre de plusieurs syndicalistes, l’augmentation des menaces ainsi que les harcèlements. Un an plus tard, la situation n’a guère évolué et les syndicalistes doivent toujours faire face à une violence extrême. Début octobre, les travailleurs des syndicats des travailleurs du commerce ont subi une tentative d’expulsion de leur poste menée par les forces de sécurité de l’Etat. Cette action a dégénéré en voies de faits. Le 13 octobre, Miguel Chacaj Jax, membre fondateur du syndicat été assassiné par ces mêmes forces de sécurité et le 29 novembre, c’est Pedro Ramirez De La Cruz qui trouvait la mort. Ce dernier avait déjà été l’objet de menaces de mort pour son action de défense de la terre. Il était le directeur de la Commission pour la défense des indigènes et membre du Mouvement syndical indigène et paysan du Guatemala.

L’enseignante Zorayda Cortés López, professionnelle des arts employée à l’Institut technique supérieur de Pereira, capitale du département de Risaralda, et Leny Yanube Rengifo Gómez, enseignante et militante syndicale affiliée à l’Association des instituteurs et des travailleurs de l’éducation de Cauca – ASOINCA, ont été assassinés. 195 enseignants assassinés et ces meurtres n’ont débouché sur aucune inculpation, l’impunité entourant depuis toujours les assassinats de syndicalistes en Colombie.