Le 28 janvier, Ricardo Muñoz, président du Syndicat des travailleurs des entreprises municipales de Cali (Sintraemcali) a échappé à une tentative d’assassinat alors qu’il quittait son domicile avec ses gardes du corps. Un des gardes du corps a été blessé à la tête avec le manche d’un revolver. Les gardes du corps ont riposté et mis en fuite les deux attaquants. L’Unité de protection nationale (UNP) et la police ont voulu minimiser l’attaque en la requalifiant de tentative de vol. Depuis plusieurs mois, le syndicat avait reçu plusieurs courriers de menaces envers des membres du syndicat dont le président, Ricardo Muñoz.

Cette attaque se produit une semaine après la condamnation de trois anciens militaires poursuivis pour leur implication en 2004 dans l’ «Opération Dragon », plan d’assassinat de dirigeants sociaux, syndicaux et de personnalités politiques de l’opposition. Cette opération était dirigée par un réseau de renseignements composé de militaires en activité et à la retraite. Les anciens militaires ont été condamnés à 4 ans de prison pour complot aggravé.

Ricardo Muñoz, président du Sintraemcali

Quinze jours après les grèves et manifestations qui se sont déroulées au Zimbabwe (voir notre article), des centaines de militants et d’avocats se cachent pour échapper aux arrestations arbitraires, passages à tabac, viols et enlèvements commis par la police et l’armée depuis cette date. Officiellement, 600 personnes auraient été arrêté, mais selon différentes organisations présentent sur place, entre 1000 et 1500 personnes auraient été arrêtées. Parmi les personnes incarcérées, se trouvent plusieurs membres de l’opposition, des militants et des leaders syndicaux (voir notre article). Le dernier en date est Peter Mutasa, le président du ZCTU, le syndicat à l’initiative de l’appel à la grève. Peter Mutasa s’était présenté de lui-même à la police vendredi accompagné de son avocat. Après un interrogatoire de plusieurs heures, il a été poursuivi pour « subversion envers le gouvernement » et « incitation publique à la violence » et incarcéré.

Peter Mutasa, président du ZCTU

Arrêté le 29 novembre 2018, l’ancien président du syndicat des ouvriers d’Haft Tappeh, Ali Nejati, a obtenu un congé médical temporaire le temps de suivre un traitement médical à l’hôpital. Ali Nejati souffre de problèmes cardiaques et rénaux. Il avait été arrêté dans le cadre des manifestations et grèves de l’usine sucrière d’Haft Tappeh.

Ali Nejati

Le 12 janvier, le gouvernement zimbabwéen avait annoncé le doublement des prix des carburants à la pompe. Pour s’opposer à cette décision, le Congrès zimbabwéen des syndicats (ZCTU) appela à trois jours de grève générale (voir notre article). Le mouvement de protestation sera réprimé violemment avec 12 tués et 78 blessés par balle mais aussi avec une vague d’arrestations (plus de 600 personnes) contre les organisateurs et leurs soutiens dont le secrétaire général du ZCTU, Japhet Moyo, arrêté lundi à l’aéroport d’Harare. Il est poursuivi pour « incitation à la violence » et « subversion ». Le mercredi 23 janvier, le tribunal d’Harare s’est opposé à sa libération et a prolongé son incarcération jusqu’à sa prochaine comparution le 28 janvier. L’armée est de plus accusée de « torture systématique » sur les manifestants. Pour tenter de faire taire la contestation, le gouvernement avait ordonné aux opérateurs téléphoniques de bloquer entièrement, ensuite partiellement l’accès à internet. Lundi, un juge a estimé cette décision illégale et ordonné aux opérateurs de rétablir l’accès illimité à internet à tous leurs abonnés.

Japhet Moyo

Le dimanche soir 20 janvier, Esmail Bakhshi et Sepideh Gholian ont été arrêtés à nouveau. Les forces de sécurité ont perquisitionné les logements des deux militants avant de les arrêtés. Le frère de Sepideh Gholian a également été arrêté pour s’être interposé à l’arrestation de sa sœur.

Esmail Bakhshi, représentant des travailleurs de Haft Tapeh Sugarcane, a été incarcéré et torturé pendant près d’un mois (du 18 novembre au 10 décembre 2018) pour avoir mené un mouvement de grève à l’usine Sugarcane (voir nos articles ici et ici ). Sepideh Gholian, une étudiante, journaliste et militante des droits sociaux avait également été arrêtée le 18 novembre pour son soutien aux grévistes. Elle sera libérée le 18 décembre et dénoncera les tortures subites durant son incarcération. À sa libération, Esmail Bakhshi avait publié un communiqué invitant le ministre des Renseignements à participer à un débat télévisé en direct au sujet de la torture qu’il avait subie pendant son incarcération. Le 19 janvier, à la veille de l’arrestation des deux militants, la télévision d’état diffusait des vidéos dans lesquelles on voit Esmail Bakhshi et Sepideh Gholian « avouer » leurs liens avec des groupes marxistes et communistes en dehors de l’Iran dans le but de renverser le système politique en organisant des grèves et des manifestations de travailleurs. Ni le lieu, ni la date, ni les conditions dans lesquelles ces images ont été tournées, n’ont été communiqués. Les « aveux » auraient été obtenus sous la torture.

La semaine dernière, le procureur général iranien Jafar Montazéri avait qualifié les accusations de torture de « mensonges éhontés » et faites « pour servir un but politique ». Il avait précisé que des institutions gouvernementales avaient engagé des poursuites contre l’ouvrier de la sucrerie pour diffamation présumée des autorités. Des enquêtes menées par le Parlement, le parquet et le ministère des Renseignements ont conclu qu’Esmail Bakhshi n’avait pas été victime de torture. Ces derniers mois, de nombreux mouvements de grève ou de protestation se sont organisés en Iran, essentiellement en dehors de Téhéran. Le chef de l’Autorité judiciaire a mis en garde en novembre les travailleurs contre la tentation de « créer du désordre dans le pays ».

Sepideh Gholian et Esmail Bakhshi

Les salariés des hypermarchés Carrefour –Milénis et Promocash, situé dans la commune des Abymes, sont en grève depuis le 22 novembre pour le maintien de leurs acquis, la direction ayant décidé unilatéralement de réduire primes et avantages acquis représentant jusqu’à 2000 € de diminution de revenu par an. Ne voyant aucune avancée dans les négociations, les grévistes (CGTG et UGTG) ont décidé détendre le mouvement aux autres entreprises du Groupe Despointes (SAFO) en bloquant les accès du site de Jarry (Baie-Mahault) où sont situées cinq autres entreprises du groupe.

Jean-Marie Nomertin, Secrétaire Général du syndicat CGTG a été interpellé le vendredi 18 janvier devant un des magasin du groupe et libéré dans la soirée, après quatre heures de garde à vue à la gendarmerie de Baie-Mahault. Selon le parquet, le secrétaire général de la Confédération Générale des Travailleurs Guadeloupéens, aurait frappé un militaire. Les forces de l’ordre sont intervenues pour libérer les accès bloqués depuis jeudi par des grévistes. Aucune charge n’a été retenue contre Jean-Marie Nomertin.

Arrestation de Jean-Marie Nomertin, Secrétaire Général du syndicat CGTG

Pour la deuxième fois en une semaine, la police grecque a utilisé des gaz lacrymogènes pour dissuader une manifestation de 3.000 enseignants qui tentaient de percer un cordon de police protégeant le parlement à Athènes. Les enseignants – qui sont en grève – s’opposent à un projet de loi sur l’embauche dans le secteur public inacceptable pour eux après des années de restrictions. Les enseignants grévistes ont par deux fois affronté la police à l’issue dee leur manifestation à Athène après des années sans nouveaux emplois en raison de la crise économique. Une femme a été blessée dans les affrontements.

Enseignants contre policiers à Athènes

Au moins 20 travailleurs de plusieurs usines de confection ont été blessés dimanche dans un affrontement avec la police dans la région de Narsinghapur (Ashulia), lors de la septième journée consécutive de manifestation. Plusieurs milliers de travailleurs de la confection manifestent depuis le 6 janvier à Savar, Ashulia, Gazipur et Mirpur, dans la ville, pour des revendications salariales (voir notre article).

Dimanche, dans la matinée, des travailleurs de différentes usines ont bloqué l’autoroute Dacca-Tangail et organisé une manifestation. Au moins 20 ouvriers ont été blessés lorsque la police a tenté de les disperser. Depuis le début du mouvement, la répression policière a blessé une centaine de travailleurs et tué l’un d’eux.

Blocage d'une route avant-hier samedi par les travailleurs de la confection

Un travailleur de l’industrie de la confection a été tué par balle et une centaine d’autres ont été blessés lors d’affrontements avec la police à Savar, à Uttara, à Dhaka et à Gazipur, alors que les travailleurs continuaient de manifester mardi pour la troisième journée consécutive en vue d’une augmentation de salaire. L’ouvrier tué,, Sumon Miah, âgé de 22 ans, était un salarié d’Anlima Yarn Dying Ltd situé à Ulail, dans la ceinture industrielle de Savar.

Les travailleurs de différentes usines à Hemayatpur et Kathgora de Savar, Tongi et Konabari à Gazipur et aux quartiers de Dakkhinkhan, Uttara et Abdullahpur, de la capitale, ont affronté la police. Rien qu’à Savar, au moins 10 000 travailleurs de la confection se sont affrontés aux policiers. 30 membres de la police ont été blessés alors qu’ils tentaient d’empêcher les travailleurs de bloquer l’autoroute Dhaka-Tangail. Le vice-président de l’Association des fabricants et exportateurs de vêtements du Bangladesh, a déclaré qu’au moins 35 usines ne pourraient pas fonctionner en raison de la grève. dans certaines usines, des équipements ont été incendiés.

Manifestation hier mardi des travailleurs de la confection

Le 27 décembre, lors d’une manifestation organisée à Alger, 15 syndicalistes dont 3 dirigeants syndicaux ont été arrêtés et placés en détention pendant plusieurs heures. Les manifestants réclamaient la réintégration des onze dirigeants de SNATEG licenciés pour leurs activités syndicales à la compagnie publique de gaz et d’électricité, Sonelgaz, la fin de la criminalisation des activités des défenseurs des droits syndicaux et des droits de l’homme, y compris pour les journalistes et les blogueurs et la mise en œuvre des recommandations faites par la Commission sur l’application des normes de l’Organisation internationale du travail (OIT) en juin 2018.

Les syndicalistes ont été placés en garde à vue à la préfecture de police d’Alger pendant six heures et contraints de signer un document dénonçant leur propre comportement avant de pouvoir s’en aller.

Manifestants portant des banderoles de revendications