Les 2 et 3 février prochain se tiendra à Berlin le 13ème Congrès Européen de la Police, rassemblement de fonctionnaires de police internationaux, de politiciens et de différents acteurs de l’industrie de la sécurité. Selon les organisateurs, le meeting de l’an dernier avait réuni plus de 1.800 participants de 70 pays. Officiellement, cette réunion vise à ‘renforcer les relations existantes et à développer de nouvelles pratiques’.

Le point central est l’extension et la consolidation de la coopération entre les institutions répressives européennes, dont le programme porte sur une stratégie de sécurité interne à l’UE. A l’agenda se trouve le ‘Programme de Stockholm’, un programme multi-annuel sur le futur des affaires intérieures européennes. Ce programme en cinq ans appelle une nouvelle fois à ‘la guerre contre le terrorisme, le crime organisé et la migration illégale’, ainsi qu’à l’expansion de la coopération entre la police, les services militaires et ceux du renseignement. Cela comprend l’adoption de nouvelles normes technologiques pour la surveillance et le contrôle pour lesquels l’industrie de la sécurité va exposer différents produits dans la salle de congrès. Ce congrès de la police se veut être ‘tendance’ pour l’implémentation des méthodes des services de renseignement dans les procédures de police. Surveillance et répression fonctionnent de plus en plus de manière ‘proactive’ et dans le jargon des forces de police, c’est devenu un synonyme commun pour une ‘approche anticipative’, qui a également été adoptée par l’OTAN.

Durant le congrès, il y aura des forums divers durant lesquels les stratégies seront mises en commun pour ‘fusionner sécurité intérieure et extérieure’. En conséquence, un comité se posera la question ‘Que peut-on apprendre des forces armées?’. Des représentants de l’OTAN rencontreront des fonctionnaires de police et des agents du renseignement, des ministres de l’intérieur et des secrétaires d’état prendront le café aux stands de PDGs de l’industrie de la sécurité. L’an dernier, Kai Vittrup, chef de la mission de police européenne en Afghanistan, a donné une conférence sur la coopération entre civils et militaires. Vittrup a été le chef des forces de police au Kosovo, avant d’être impliqué dans des postes de police au Soudan, en Irak ou au Timor oriental. Durant des années, il a été le chef de la police de Copenhague, qui a récemment démontré, durant le sommet sur le climat, comment le maintien de l’ordre de la protestation et de la résistance se fera dans le futur.

Les bases de données et les informations considérables qui y sont stockées sont d’un extrêmement grand intérêt pour les services de police. En Allemagne, avec la fameuse ‘enquête coup de filet’, on constate l’installation d’un instrument de contrôle très puissant, définissant un comportement déviant et normalisant la population. Chaque singularité est traitée comme un ‘risque’. Cependant, ‘l’enquête coup de filet’ actuelle a accès à beaucoup plus d’informations relatives aux personnes et aux objets que le BKA (Bureau fédéral allemand de la police criminelle) à l’époque du président Horst Herold, qui a commandé une ‘enquête coup de filet’ pour la première fois en 1979. De plus, cela contient aujourd’hui l’analyse des statistiques criminelles prise en charge de manière informatisée, mais également d’autres données telles que la conservation de données des informations provenant des télécommunications, des registres de population, des autorités étrangères, des agences pour l’emploi ou des informations d’obtention d’un diplôme, aussi bien que le lieu de résidence des délinquants ou des suspects (comme dans la note de Körting sur ‘la violence de la gauche à Berlin’).

Les réseaux sociaux et les sites internet sont analysés électroniquement, pour ensuite alimenter de leurs éventuelles anormalités les bases de données de la police. De plus, l’UE est en train de signer des accords d’échange de données avec des pays tiers, par exemple les traités avec les USA et le Japon, régule le transfert des données récupérées dans les transactions financières et des données des passagers aériens. Et ce n’est pas uniquement dans ce cas que les ministres de l’intérieur européens ont défié un vote défavorable du Parlement Européen contre ces échanges de données. La manie informatique accroit les demandes de faisabilité afin de traiter plus de données en moins de temps tout en intégrant simultanément un nombre croissant de services de police. Mais pour atteindre ce but, les programmes et le matériel dans toute l’Europe doit être adapté. Pour l’administration de cette ‘architecture IT’, de nouvelles agences doivent être développées. A partir de maintenant, cet appareil a le statut ‘d’infrastructure critique’ dont le contrôle à tour de rôle par les autorités policières est un thème important du congrès de cette année.

Les industries de logiciels développent des produits qui visent à rassembler les données satellitaires avec les analyses biométriques CCTV et d’autres bases de données variées. Certains exposant proposent même un programme sensé prédire le comportement humain. Plusieurs entreprises allemandes sont en concurrence sur ce marché de soi-disant ‘Analyses Prophétiques’ pour n’en citer que quelques unes: SAP, PSI, Siemens, EADS. Ces programmes servent la tactique de ‘Full Spectrum Dominance’ (Prédominance d’un Spectre Total) et visent à soutenir les autorités répressives à tout moment grâce à une vue d’ensemble détaillée de toute l’information disponible. Les investissements massifs de l’UE dans la recherche et le développement d’un secteur de ‘Sécurité Intérieure’ renforcent l’industrie européenne de la sécurité, qui malgré une crise financière générale profite de marchés en expansion.

Après l’acquisition par la police de la ville d’un LRAD (Large Range Acoustic Device) en décembre dernier, Vancouver poursuit les préparatifs en vue de la tenue des Jeux Olympiques au mois de février. Le personnel de sécurité est actuellement en train de poser des centaines de caméras de surveillance en circuit fermé dans et autour du centre de Vancouver. Au moment où la mise en place sera terminée, dans une dizaine de jours, on estime à 900 le nombre de caméras qui scruteront la foule. 90 autres caméras sont également installées aux alentours de deux sites dédiés à la fête et le long de certains trottoirs du quartier. Ces caméras sont programmées pour entrer en fonction le 1er février (les JO débutent le 12). Il était prévu que toutes ces caméras soient enlevées au terme des Paralympiques, qui suivent directement les JO, le 28 mars. Or, il semblerait aujourd’hui que la ville envisage de garder le dispositif en place. Le bourgmestre de Vancouver souhaite ‘entamer un dialogue’, notamment avec les associations pour les libertés civiles avant d’entériner la chose.

Pose de caméras à Vancouver

Le 27 janvier prochain entrera en vigueur en Italie un décret imposant une autorisation pour pouvoir diffuser des vidéos sur la toile. Cette autorisation accordée (ou non) par le ministère italien des communications sera obligatoire pour ‘diffuser et distribuer sur internet des images animées, accompagnées ou non de sons’. En Italie, les télévisions sont déjà soumises un tel décret. Et du coup, une atteinte incroyable à la liberté d’expression, sachant que des sites tels que YouTube y seront soumis. L’Italie devient ainsi le premier pays européen dans lequel une autorisation préalable est nécessaire avant d’utiliser certains types de services offerts par internet.

Une enquête de l’inspecteur général du département de la justice a mis au jour les pratiques abusives du FBI dans le cadre des écoutes téléphoniques. Le Washington Post qui relaye l’information ce mardi évoque la collecte de plus de 2.000 enregistrements téléphoniques invoquant des cas urgents de lutte contre le terrorisme pour convaincre les opérateurs de les lui fournir. Des autorisations étaient délivrées à postériori aux agents pour les justifier. Le journal dit être en possession de mails prouvant que des agents n’ont pas respecté les procédures de protection des libertés civiles entre 2002 et 2006. La conseillère juridique du FBI a reconnu que l’agence avait techniquement violé l’acte de confidentialité sur les communications électroniques mais que le directeur, quant à lui, n’était au courant de rien avant les révélations de l’enquête.

Elena, pour Elektronischer Entgeldnachweiss (attestation électronique de revenus) est le dernier projet de fichier en date en Allemagne et a été lancé le 1er janvier dernier. L’objectif avoué par le gouvernement serait de simplifier les démarches administratives et surtout le coût. Le fichier contiendra à terme (à priori en 2012) les données de près de 40 millions de salariés, qui seront chacun muni d’une carte Elena qui leur permettra d’effectuer certaines démarches sans avoir à fournir tous les justificatifs de revenus exigés aujourd’hui. Toutes ces informations seront reprises dans la puce de la carte. Toutes ces informations, mais plus encore. La tâche de la collecte a commencé et les entreprises allemandes doivent donc fournir quantité de renseignements sur chacun de leur employé. Le dossier à remplir contient 41 pages par salarié! Sont évoqués, notamment: le salaire, l’ancienneté, mais aussi le temps de grève, les rappels à l’ordre, les raisons d’un licenciement,… Bref, somme d’informations clairement nullement nécessaire à la seule simplification des démarches administratives, mais que l’on insère par la même occasion. Somme toute, un fichier des bons et des mauvais salariés qui pourra se révéler utile pour les employeurs pour qui il peut être important de connaître ce type d’information concernant un postulant, renseignements hautement confidentiels auxquels l’entreprise n’a théoriquement pas accès. Et donc une énorme menace pour le respect de la personne et des acquis sociaux.

Depuis l’attentat manqué sur un avion de ligne Amsterdam-Détroit durant les fêtes de fin d’année, de nombreuses autorités aéroportuaires, notamment aux Etats-Unis, ont pris la décision de se doter de scanners corporels aux contrôles des passagers. Ceux-ci sont capables de détecter sans palpation des articles non-repérables par les portiques de sécurité car ils permettent de voir les personnes comme si elles étaient nues. Ce qui n’a pas manqué de faire s’élever des voix, notamment quant au respect de la vie privée. Les autorités y ont répondu en affirmant qu’il y avait un total respect des personnes sachant que les scanners ne pouvaient ni stocker, ni transmettre ces images.

Aux Etats-Unis, la Transportation Security Authority (TSA) affirme que la machine n’a aucune capacité de stockage et qu’aucune image corporelle n’est stockée, transmise ou imprimée et qu’une fois vue, elle est supprimée. Or, selon des documents obtenus par l’Electronic Privacy Information Center, il apparait que tout ça n’est que mensonge. Sur un rapport du TSA de 2008, il est indiqué que le scanner aura un lecteur read/write de grande capacité pour permettre de télécharger des données. Il fournira également les possibilités de transfert via des outils USB et pourra stocker les données durant une année sur son disque dur.

Le document indique deux modes opératoires. Le ‘mode sélection’ durant lequel le système interdit le stockage et l’exportation des images des passagers et le ‘mode test’ pour lequel il est indispensable d’avoir la capacité de garder les images des non-passagers (cobayes) pour permettre les entraînements des agents et les évaluations. Et c’est là le hic. Le système ne distingue évidemment pas un passager d’un non-passager, les deux sont pour lui, de simples corps humains dans le champs du système. Et évidemment, le document n’indique pas de quelle manière ledit système change de mode. Nous sommes donc en présence de scanners corporels qui peuvent saisir les images scannées des gens en ‘mode test’ et ensuite les exporter soit grâce à des systèmes USB, soit à des transferts IP (qui sont soumis à certaines restrictions de sécurité) ainsi qu’à au moins un système, identifié dans un second document par le gouvernement qui permet de stocker toutes ces images.

Image d'un scanner corporel

La société Taser, connue pour ses pistolets à impulsion électrique appréciés par les forces de l’ordre, a annoncé ce week-end la prochaine mise sur le marché d’un nouveau système de surveillance des téléphones portables. Ce dispositif, le plus complet selon ses concepteurs, sera disponible dès l’été prochain aux Etats-Unis. Cette application permet de prendre de fait le contrôle du téléphone visé. La personne qui le surveille voit apparaître un tableau de bord sur son ordinateur ou son propre portable. A partir de là, elle dispose des plein-pouvoirs: autoriser ou non les appels entrants, passer en revue les SMS, mails, vidéos,… avant réception, bloquer totalement l’usage de l’appareil, répondre elle-même à un appel avant que cela ne sonne chez le destinataire, et, last but not least, écouter les conversations. Les téléphones dotés d’un GPS pourront également apparaître sur une carte afin de pouvoir localiser leur propriétaire. Ce logiciel, en vente libre, coûtera entre dix et trente dollars selon les options choisies.

De nouvelles mesures de cyber-surveillance ont été discrètement introduites en Nouvelle-Zélande. Celles-ci donnent à la police et aux services de renseignements le pouvoir de surveiller tous les aspects de la vie en ligne des citoyens. Cette expansion est la plus grande depuis des décennies et signifie que tous les appels et messages écrits, mails, surfs sur le net, achats en ligne, chats et réseaux sociaux peuvent être surveillés sur tout le territoire. En prévision de ces mesures, des techniciens ont installé des dispositifs d’espionnage et des logiciels dans les systèmes de toutes les centrales téléphoniques et des compagnies internet entre les villes, fournissant ainsi à la police et aux agences d’espionnage les moyens de contrôler pratiquement toutes les communications. Ces dernières doivent néanmoins toujours obtenir un mandat d’interception au nom d’une personne ou du lieu qu’elles souhaitent surveiller, mais comparé aux anciens mandats, ceux-ci s’étendent aujourd’hui aux coups de téléphone, mails et à toutes les activités en ligne. Ces dispositifs permettent même de surveiller les lieux où la personne se trouve en détectant son portable et ce, de manière quasi instantanée.

La police néo-zélandaise affirme avoir obtenu 68 mandats durant les six premiers mois de 2009, ce qui a permis d’engager des poursuites judiciaires à l’encontre de 157 personnes. Elle affirme également que ces nouvelles capacités sont indispensables dans la mesure où les criminels utilisent les nouvelles technologies pour communiquer, et que les personnes qui ne commettent pas de délits n’ont rien à craindre! Cependant, il semble évident qu’elles constituent un nouveau pas vers l’érosion des droits civils en Nouvelle-Zélande, conséquence de la loi de 2004 sur les télécommunications exigeant que toutes les compagnies internet et de diffusion installent des dispositifs donnant un accès automatique aux données internet et de téléphones portables. Toutes ces compagnies ont donc installé cet équipement d’interception.

Le gouvernement néo-zélandais affirme avoir pris ces mesures pour la sécurité intérieure du pays, mais selon des sources officielles, il semblerait que les nouvelles capacités d’espionnage auraient été mises en place sous la pression des Etats-Unis pour leur permettre d’avoir, pour leur usage propre, des systèmes de surveillance à l’étranger. Le FBI, après avoir agi dans son pays, aurait fait du lobbying sur les autres gouvernements afin qu’ils adoptent les mêmes mesures. Le directeur du FBI annonçait en mars dernier qu’il avait besoin de contacts globaux pour combattre le cyber-crime et le terrorisme, et que le fait d’avoir des partenaires pour forcer des lois lui donnerait les moyens d’avoir une prise sur les ressources collectives de beaucoup de pays. La loi de 2004 en Nouvelle-Zélande, semblable à celles des Etats-Unis, exige que le contenu de la communication, mais aussi sa durée, les numéros de téléphone, les adresses IP et la localisation des téléphones puissent être copiés et envoyés à la police ou au service de renseignements instantanément. Le gouvernement néo-zélandais affirme que ces dispositions ne changent, ni n’étendent de quelque manière que ce soit les précédents pouvoirs de surveillance. Sauf que maintenant, cette surveillance électronique est invisible… ce qui réduit les possibilités de la remettre en question…

La présidence de l’Union Européenne sera exercée par l’Espagne durant les six prochains mois. Et elle compte mettre à profit cette fonction pour doper les méthodes de travail dans la lutte contre le terrorisme. Elle projette la mise en place d’une unité spéciale dont le but serait principalement l’échange de renseignements en vue de lutter contre le terrorisme. Cette nouvelle unité facilitera l’échange direct d’informations entre deux ou plusieurs pays membres, en étroite collaboration avec le coordinateur spécial antiterroriste déjà en fonction (Gille de Kerchove) et l’unité de gestion de crise de l’Union Européenne, basée à Bruxelles, qui gère aussi les activités antiterroristes. Selon le ministère de l’intérieur espagnol, les unités nationales antiterroristes espagnole, britannique, allemande, française, danoise, hollandaise, italienne, belge et portugaise auraient d’ores et déjà approuvé ce plan. Ce projet vient s’ajouter à la nouvelle structure légale du Traité de Lisbonne qui permet déjà une meilleure coopération et plus d’échanges d’informations dans ce domaine.

Ce 1er janvier, Europol (corps de police pour la coopération et l’échange de données criminelles) a également vu son pouvoir augmenter. Ses activités toucheront au terrorisme dans la mesure où il gérera les données concernant toutes les armes chimiques, biologiques et nucléaires, ainsi que la criminalité et l’extrémisme sur le web.