Parmi les techniques de ‘contrôle des foules’, (ce que les experts appelent la recherche du ‘goodbye effect’), l’utilisation d’eau sous-pression, de gaz lacrymogènes, de tasers et des projectiles en plastique et en caoutchouc sont bien connus. Mais il va falloir compter prochainement avec les micro-ondes, le son, les colles et les lasers.

Certaines fréquences peuvent être absorbées par les tissus vivants, avec des effets mal connus mais potentiellement incapacitants. Les projectiles à énergie pulsée utilisent l’émission d’impulsions électromagnétiques générées par un laser qui, au contact de la cible, évaporent la surface et créent une petite quantité de plasma explosif; il en résulte une onde de choc sonore qui assomme la cible tandis que l’impulsion électromagnétique affecte les cellules nerveuses et cause une sensation de douleur intense.

Le Active Denial System (ADS) est un émetteur de micro-ondes développé par la société Raytheon. L’ADS émet un faisceau d’onde électromagnétique d’une fréquence de 95GHz (3 mm). Quand les ondes touchent les manifestants, l’énergie des ondes se transforme en chaleur au contact des molécules d’eau de la peau. Les ondes émises par l’ADSD ne peuvent pénétrer qu’en très faible profondeur au niveau de la peau: 0,4 mm de l’épiderme seulement, soit juste de quoi causer un grand désagrément mais sans blessure (celles des micro-ondes de cuisine pouvant pénétrer sur presque 10 cm). Ces ondes ne peuvent pas pénétrer les murs mais peuvent pénétrer la plupart des vêtements et même plusieurs couches, comme les vêtements d’hiver. Il n’a pas été précisé si ces ondes peuvent pénétrer le verre. Une impulsion de 2 secondes porterait la peau jusqu’à une température d’environ 55°C, causant une intense sensation de brûlure très douloureuse. Il faudrait une exposition au faisceau de 250 secondes pour brûler la peau. L’ADS a été développé en secret pendant 10 ans pour un coût de 40 millions de dollars. Son existence a été révélée en 2001. En septembre 2004, Raytheon a obtenu de faire une démonstration de la technologie aux forces de sécurité, aux militaires et aux organismes de sécurités. En 2006, une unité de l’armée américaine expérimente d’ADS en Irak. En janvier 2007, une première unité de l’USAF est équipée de cet appareil, et ce systéme a été mis en service entre autre sur des paquebots pour éviter des actes de piraterie.

La première démonstration publique de l’ADS devant les médias a eu lieu la semaine dernière. L’arme se présentait sous la forme d’une énorme antenne montée sur un véhicule tout-terrain militaire Humvee. Deux soldats et dix journalistes ont joué le rôle de civils manifestant et ont agi selon un scénario probable que les troupes américaines rencontrent habituellement. L’équipage a fait feu avec l’arme à un demi kilomètre de distance, soit 17 fois plus loin que les armes de dispersion de foules classiques comme les balles en caoutchouc ou les canons à eau. Même si la température soudainement ressentie n’était pas vraiment dangereuse, 55 °C, elle était suffisamment intense pour que les participants aient l’impression que leurs vêtements prenaient feu.

Humvee équipé d’un ADS

Voir la vidéo du test de l’ADS

A ces techniques s’ajoutent l’utilisation du son (cf. les Mosquitos) ou celle de mousse comme la Sticky Foam. Ce liquide est une colle qui empêche les mouvements des victimes et dispose de caractéristiques fortement acides. Elle a été employée pour la première fois en Somalie, par les corps des Marines, lors de l’opération ‘United Shields’ (1995).

Canon à son

Sticky Foam

Humvee équipé d'un ADS
Canon à son
Sticky Foam

Le New York Times a révélé que les tortionnaires de la CIA ont soumis 183 fois à la simulation de noyade Khalid Cheikh Mohammed, le citoyen pakistanais présenté comme le planificateur des attentats du 11 Septembre. Un autre membre présumé d’Al-Qaïda, Abou Zoubaydah, l’a été à 83 reprises. Citant une note interne du département de la Justice de 2005, le quotidien américain indique que le personnel de l’agence de renseignement chargé de mener les interrogatoires a utilisé cette méthode sur ces deux détenus bien plus souvent que cela ne l’avait été dit jusqu’à présent. En 2007, l’ancien agent de la CIA John Kiriakou avait indiqué aux médias qu’Abou Zoubaydah avait subi cette technique d’interrogatoire pendant 35 secondes avant de dire qu’il était prêt à dire tout ce qu’il savait. La méthode de la simulation de noyade avait été réclamée pour Abou Zoubaydah malgré le fait que les interrogateurs pensaient qu’il avait déjà dit tout ce qu’il savait.

Il faut noter que les Etats-Unis ont poursuivi des interrogateurs japonais lors de procès pour crimes de guerre après la Deuxième Guerre mondiale pour simulation de noyade. Au Tribunal militaire international pour l’Extrême-Orient ou lors des Procès de Tokyo pour crimes de guerre de 1946 à 48, plusieurs soldats japonais avaient été condamnés pour avoir procédé à des simulations de noyade sur des prisonniers américains.

Cette description de l’expérience de la simulation de noyade par un GI américain aurait aussi bien pu être faite pour décrire la méthode de la CIA, ‘Ils m’ont allongé et attaché sur une civière. Ensuite la civière a été relevée et j’avais la tête qui touchait presque le sol et les pieds en l’air… Ils ont alors commencé à verser de l’eau sur mon visage et il m’était parfois quasiment impossible de respirer sans avaler de l’eau.

Voici les termes exacts de la note de service de la CIA: ‘Dans ce procédé, l’individu est fermement attaché à un banc incliné… De l’eau est versée sur un linge qui est d’abord placé sur le front et les yeux puis abaissé pour lui recouvrir le nez et la bouche… Ceci provoque un excès du niveau de gaz carbonique dans le sang de l’individu, ce qui incite à des efforts accrus pour respirer. Ces efforts combinés à la présence du linge trempé sur le visage produisent une impression de ‘suffocation et de panique’, c’est-à-dire l’impression de se noyer… La procédure peut alors être répétée… Un expert en médecine… sera présent durant toute la durée de l’opération…

L’administration Obama a publié une version expurgée des mémos secrets décrivant les méthodes violentes de la CIA dans sa lutte anti-terroriste. Les techniques vont de la gifle humiliante à la simulation de noyade en passant par le confinement en compagnie d’insectes. Les mémos datant de 2002 et 2005 constituent un mode d’emploi détaillé d’une dizaine de techniques ‘de base’ et ‘coercitives’ pour faire parler des terroristes présumés. Ainsi, le prisonnier est d’abord mis nu, privé de sommeil, enchaîné et parfois doté d’une couche-culotte, précisent les textes rédigés par des avocats mandatés par l’administration Bush. Il subit aussi une ‘altération de son hygiène alimentaire’, souvent une alimentation exclusivement liquide. Viennent ensuite les méthodes dites ‘correctrices’. Selon un ‘interrogatoire prototype’, on peut utiliser ‘la frappe insultante au visage‘, ‘la frappe au ventre‘, la privation de sommeil les mains menottées, parfois appuyé contre un faux mur souple qui s’affaisse lorsque le détenu tente de s’y reposer. Celui qui interroge peut également utiliser ‘les positions de stress‘, le confinement en compagnie d’insectes hostiles et enfin la simulation de noyade. Barack Obama a convenu que les Etats-Unis avaient traversé ‘un chapitre noir et douloureux’ de leur histoire… mais a assuré que les personnels ayant menés ces interrogatoires ne seraient pas poursuivis.

Le Legal Team a produit un nouveau témoignage vidéo montrant clairement des CRS tirer à ‘tirs tendus’ à hauteur de visage et de poitrine des manifestants, ce qui est interdit par toutes les doctrines d’emploi et peut causer de graves blessures.

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Le discounter allemand Lidl a espionné ses salariés, rassemblant des données personnelles sur leur état de santé. Selon des documents retrouvés par hasard dans une poubelle, Lidl a rassemblé entre 2008 et début 2009 des données privées sur certains de ses salariés, rapporte le magazine. Des commentaires comme ‘opération d’une tumeur, mais bénin‘ ou ‘veut tomber enceinte, fécondation ne fonctionne pas‘ figuraient sur des fiches intitulées ‘état de santé’. En cas d’arrêt maladie, l’employeur n’est normalement pas en possession de tels renseignements, ce qui veut dire qu’ils ont été obtenus en faisant pression sur les employés, explique le Spiegel, qui cite des témoignages de salariés en ce sens. Le groupe souabe, qui emploie environ 53.000 personnes en Allemagne, avait déjà été touché par un scandale d’espionnage l’an dernier. Il avait chargé des détectives privés de surveiller les salariés à l’aide de micro-caméras, et a été condamné pour cela à une amende de 1,5 million d’euros.

La société Taser vient de lancer officiellement son nouveau produit, le Taser Shockwave Systemun, système permettant de ‘neutraliser’ l’ensemble de ceux qui oseraient s’approcher d’un secteur en particulier. Ce Shockwave Area Denial System (‘Système d’interdiction de zone par onde de choc) est modulable et ne comporte, a priori, que 6 pistolets électriques couvrant un horizon de 20° seulement, dont le tir se déclenche simultanément. Mais le système est conçu pour s’additionner en batterie afin de dresser un barrage incapacitant démultipliant le nombre de décharges électriques possibles, et/ou l’étendue de la zone ‘neutralisable’.

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Les réticences relatives à l’utilisation de pistolets Taser, une arme qui lance de puissants électrochocs (50.000 volts), sont vives et nombreuses. Selon Amnesty International, depuis l’introduction du Taser aux Etats-Unis en 2001, il y avait fait 351 morts, dont beaucoup de parfaits innocents simplement énervés

C’est dans ce contexte que, le 16 janvier dernier, le ministre de l’Intérieur, Guido De Padt, avait dû reconnaître en réponse à une question parlementaire que, bien qu’interdit en Belgique en tant qu’arme à électrochocs par la loi du 9 juin 2006, le Taser avait été utilisé à cinq reprises par les unités spéciales de la police belge. C’est que, comme l’agence Belga l’a appris lundi auprès de la porte-parole de la police fédérale, le Service public fédéral Intérieur permet effectivement aux unités spéciales d’en faire usage. En pratique, malgré de plus anciennes dénégations ou omissions officielles, c’est donc depuis deux à trois ans que des unités spéciales (comme les pelotons ‘Posa’/DSU) y ont recours. Il se disait aussi, en février dernier, que des Taser étaient utilisés en milieu carcéral à Bruges. On apprenait aussi que la police de Liège préférait, côté armes non létales, les FN303 qui propulsent des billes à 90 m/s. En France, 20.000 policiers municipaux ont été autorisés à s’en servir dès septembre 2008.

Les barrières nadar ont disparu de Paris, et pris le chemin de Strasbourg. Cinq mille barrières métalliques, soit 50% du stock, ont été prêtées par la préfecture de police pour la protection du Sommet de l’OTAN prévu les 3 et 4 avril prochains. Vingt-huit chefs d’Etat y sont attendus, dont le président des Etats-Unis. Mais aussi 40.000 à 60.000 manifestants associatifs, politiques et radicaux.

Jamais, pour l’organisation d’un grand événement, le dispositif de sécurité n’avait atteint ces proportions. Depuis le 20 mars, et jusqu’au 5 avril, la France, pour ce 60ème anniversaire de l’Alliance atlantique, est sortie de l’espace Schengen et le contrôle aux frontières a été réintroduit. Au total, 11.000 policiers et gendarmes vont être déployés à Strasbourg, dont 85 unités mobiles de maintien de l’ordre – 45 compagnies de CRS sur la soixantaine que compte la métropole et 40 unités de gendarmes, dont certaines rappelées de Guadeloupe -, des effectifs du renseignement, de la police judiciaire, des brigades fluviales, des laboratoires de police scientifique ambulants. Batteries anti-aériennes, murs anti-émeutes, blindés sont prévus. Il y aura même la Garde républicaine avec 75 chevaux! Trois PC de sécurité seront mis en place. Les allemands, co-organisateurs du sommet à Kehl et Baden-Baden, ne sont pas en reste: ils ont annoncé une mobilisation de 14.000 policiers. Certains, d’ailleurs, travailleront sur le territoire français dans le cadre des accords de coopération.

Strasbourg est déjà sur le pied de guerre. Aucun accord n’a encore été trouvé pour le trajet de la manifestation des anti-OTAN. Le village, lieu de rendez-vous traditionnel des altermondialistes où sont attendues 6.000 personnes, a eu toutes les peines à trouver sa place, au sud de la ville. La préfecture avait demandé 20.000 euros de caution aux organisateurs… Deux zones, rouge et orange, ont été délimitées dans le centre-ville où la circulation sera très réduite. Chaque résident, ou commerçant, devra se munir d’un badge. Les autoroutes A350 et A35 seront bloquées. Treize établissements scolaires vont être fermés, ainsi que 25 terrains sportifs. La collecte des déchets sera modifiée, les marchés annulés, les plaques d’égout scellées! Les policiers ont fait enlever des balcons les drapeaux arc-en-ciel pacifistes.

Le jeudi 12 mars, une occupation pacifique (assemblée générale et conférence de presse) du hall de l’ESC était prévu. Cette action avait pour but de dénoncer la sélection sociale matérialisée par les droits d’entrée exorbitant de cette école (7000€ en licence et 12000€ en master) et la différence flagrante de moyens entre les grandes écoles et l’université. Environ 300 personnes y ont participé et se sont installées dans le hall d’entrée. Après quelques minutes d’occupation, les forces de l’ordre sont arrivées (plus précisément la Brigade Anti-Criminalité) et ont chargé les manifestants sans sommation. Les forces de l’ordre de la B.A.C ont utilisé abusivement des grenades lacrymogènes alors que ils étaient dans un lieu clos, qu’ils ne portaient pas de brassards et que des étudiants de l’ESC (non-manifestants) étaient présents.

Le jeudi 19 mars, journée de mobilisation interprofessionnelle sur toute la France rassemblant 3 millions de personnes dans les rues, a donné lieu à une action de blocage économique et d’auto-réduction organisée par l’université du Mirail. Cette action s’est très bien déroulée jusqu’à l’intervention de la B.A.C et des CRS qui ont chargé à plusieurs reprises sur les manifestants sans sommation avec l’utilisation immédiate de matraques, de grenades assourdissantes et de ‘flash-balls’. Des passants, pris à parti, ont soutenus les manifestants (créations de chaînes de salariés entre les étudiants et la police, prise en charge des blessés dans des commerces environnant,…). C’est à cette occasion qu’un étudiant a été blessé d’un tir à courte portée de ‘flash-ball’ au visage. Son oeil droit a définitivement perdu la vue.