Le discounter allemand Lidl a espionné ses salariés, rassemblant des données personnelles sur leur état de santé. Selon des documents retrouvés par hasard dans une poubelle, Lidl a rassemblé entre 2008 et début 2009 des données privées sur certains de ses salariés, rapporte le magazine. Des commentaires comme ‘opération d’une tumeur, mais bénin‘ ou ‘veut tomber enceinte, fécondation ne fonctionne pas‘ figuraient sur des fiches intitulées ‘état de santé’. En cas d’arrêt maladie, l’employeur n’est normalement pas en possession de tels renseignements, ce qui veut dire qu’ils ont été obtenus en faisant pression sur les employés, explique le Spiegel, qui cite des témoignages de salariés en ce sens. Le groupe souabe, qui emploie environ 53.000 personnes en Allemagne, avait déjà été touché par un scandale d’espionnage l’an dernier. Il avait chargé des détectives privés de surveiller les salariés à l’aide de micro-caméras, et a été condamné pour cela à une amende de 1,5 million d’euros.

La société Taser vient de lancer officiellement son nouveau produit, le Taser Shockwave Systemun, système permettant de ‘neutraliser’ l’ensemble de ceux qui oseraient s’approcher d’un secteur en particulier. Ce Shockwave Area Denial System (‘Système d’interdiction de zone par onde de choc) est modulable et ne comporte, a priori, que 6 pistolets électriques couvrant un horizon de 20° seulement, dont le tir se déclenche simultanément. Mais le système est conçu pour s’additionner en batterie afin de dresser un barrage incapacitant démultipliant le nombre de décharges électriques possibles, et/ou l’étendue de la zone ‘neutralisable’.

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Les réticences relatives à l’utilisation de pistolets Taser, une arme qui lance de puissants électrochocs (50.000 volts), sont vives et nombreuses. Selon Amnesty International, depuis l’introduction du Taser aux Etats-Unis en 2001, il y avait fait 351 morts, dont beaucoup de parfaits innocents simplement énervés

C’est dans ce contexte que, le 16 janvier dernier, le ministre de l’Intérieur, Guido De Padt, avait dû reconnaître en réponse à une question parlementaire que, bien qu’interdit en Belgique en tant qu’arme à électrochocs par la loi du 9 juin 2006, le Taser avait été utilisé à cinq reprises par les unités spéciales de la police belge. C’est que, comme l’agence Belga l’a appris lundi auprès de la porte-parole de la police fédérale, le Service public fédéral Intérieur permet effectivement aux unités spéciales d’en faire usage. En pratique, malgré de plus anciennes dénégations ou omissions officielles, c’est donc depuis deux à trois ans que des unités spéciales (comme les pelotons ‘Posa’/DSU) y ont recours. Il se disait aussi, en février dernier, que des Taser étaient utilisés en milieu carcéral à Bruges. On apprenait aussi que la police de Liège préférait, côté armes non létales, les FN303 qui propulsent des billes à 90 m/s. En France, 20.000 policiers municipaux ont été autorisés à s’en servir dès septembre 2008.

Les barrières nadar ont disparu de Paris, et pris le chemin de Strasbourg. Cinq mille barrières métalliques, soit 50% du stock, ont été prêtées par la préfecture de police pour la protection du Sommet de l’OTAN prévu les 3 et 4 avril prochains. Vingt-huit chefs d’Etat y sont attendus, dont le président des Etats-Unis. Mais aussi 40.000 à 60.000 manifestants associatifs, politiques et radicaux.

Jamais, pour l’organisation d’un grand événement, le dispositif de sécurité n’avait atteint ces proportions. Depuis le 20 mars, et jusqu’au 5 avril, la France, pour ce 60ème anniversaire de l’Alliance atlantique, est sortie de l’espace Schengen et le contrôle aux frontières a été réintroduit. Au total, 11.000 policiers et gendarmes vont être déployés à Strasbourg, dont 85 unités mobiles de maintien de l’ordre – 45 compagnies de CRS sur la soixantaine que compte la métropole et 40 unités de gendarmes, dont certaines rappelées de Guadeloupe -, des effectifs du renseignement, de la police judiciaire, des brigades fluviales, des laboratoires de police scientifique ambulants. Batteries anti-aériennes, murs anti-émeutes, blindés sont prévus. Il y aura même la Garde républicaine avec 75 chevaux! Trois PC de sécurité seront mis en place. Les allemands, co-organisateurs du sommet à Kehl et Baden-Baden, ne sont pas en reste: ils ont annoncé une mobilisation de 14.000 policiers. Certains, d’ailleurs, travailleront sur le territoire français dans le cadre des accords de coopération.

Strasbourg est déjà sur le pied de guerre. Aucun accord n’a encore été trouvé pour le trajet de la manifestation des anti-OTAN. Le village, lieu de rendez-vous traditionnel des altermondialistes où sont attendues 6.000 personnes, a eu toutes les peines à trouver sa place, au sud de la ville. La préfecture avait demandé 20.000 euros de caution aux organisateurs… Deux zones, rouge et orange, ont été délimitées dans le centre-ville où la circulation sera très réduite. Chaque résident, ou commerçant, devra se munir d’un badge. Les autoroutes A350 et A35 seront bloquées. Treize établissements scolaires vont être fermés, ainsi que 25 terrains sportifs. La collecte des déchets sera modifiée, les marchés annulés, les plaques d’égout scellées! Les policiers ont fait enlever des balcons les drapeaux arc-en-ciel pacifistes.

Le jeudi 12 mars, une occupation pacifique (assemblée générale et conférence de presse) du hall de l’ESC était prévu. Cette action avait pour but de dénoncer la sélection sociale matérialisée par les droits d’entrée exorbitant de cette école (7000€ en licence et 12000€ en master) et la différence flagrante de moyens entre les grandes écoles et l’université. Environ 300 personnes y ont participé et se sont installées dans le hall d’entrée. Après quelques minutes d’occupation, les forces de l’ordre sont arrivées (plus précisément la Brigade Anti-Criminalité) et ont chargé les manifestants sans sommation. Les forces de l’ordre de la B.A.C ont utilisé abusivement des grenades lacrymogènes alors que ils étaient dans un lieu clos, qu’ils ne portaient pas de brassards et que des étudiants de l’ESC (non-manifestants) étaient présents.

Le jeudi 19 mars, journée de mobilisation interprofessionnelle sur toute la France rassemblant 3 millions de personnes dans les rues, a donné lieu à une action de blocage économique et d’auto-réduction organisée par l’université du Mirail. Cette action s’est très bien déroulée jusqu’à l’intervention de la B.A.C et des CRS qui ont chargé à plusieurs reprises sur les manifestants sans sommation avec l’utilisation immédiate de matraques, de grenades assourdissantes et de ‘flash-balls’. Des passants, pris à parti, ont soutenus les manifestants (créations de chaînes de salariés entre les étudiants et la police, prise en charge des blessés dans des commerces environnant,…). C’est à cette occasion qu’un étudiant a été blessé d’un tir à courte portée de ‘flash-ball’ au visage. Son oeil droit a définitivement perdu la vue.

Un étudiant qui participait à la manifestation de Toulouse est à l’hôpital. Un CRS lui a tiré dessus avec son flash ball à moins de 10 mètres de distance: ‘J’y vois tout noir. La rétine est décollée, avec un hématome interne, le plancher orbital fracturé. Le pronostic des médecins est réservé…’ Joan, 25 ans, va subir dans les prochains jours deux interventions délicates, pour tenter de lui sauver l’oeil. Dans le meilleur des cas, il retrouvera un petite partie de sa vision.

Victime d’un flash-ball

Victime d'un flash-ball

L’Etat français vise la mise en place du système ‘HERISSON’ (Habile Extraction du Renseignement d’Intérêt Stratégique à partir de Sources Ouvertes Numérisées): tous les contenus qui transitent sur le web, les chats IRC, les mailings listes, les forums, les réseaux sociaux, les Newsgroups, les flux RSS, les blogs, podcasts, et les systèmes P2P feront l’objet d’une surveillance et d’une analyse approfondie…

Il est calibré ainsi pour accéder à n’importe quel contenu (texte, image, son et vidéo), quel que soit les langages utilisés (HTML, PHP, ASP…) en prenant en compte la problématique des liens ‘cachés’ en extrayant les liens à minima dans les applications flash contenues dans une page, les codes Java Script. ‘HERISSON’ sait aussi collecter et stocker le contenu complet d’un site FTP ou collecter simplement son arborescence, sait télécharger les fichiers disponibles sur un réseau P2P. Il a la capacité de collecter des données via les protocoles: MMS (flux vidéo type Windows Media Player), RSTP (flux vidéo type Real Player), POP3 (messagerie), et donc des e-mails. Pour faire bonne mesure, ‘le système ‘HÉRISSON’ a la capacité de gérer un éventail large, non restreint et évolutif de formats de documents de types: Vidéo (AVI, MPG, MOV, MP4, Real, FLV, OGM …), Audio (WAV, MP3, OGG…), Image (BMP, JPG, TIFF…), Texte (HTML, MHTML, Open Document, Open XML/Microsoft Office, Adobe PS/PDF, Flash).

Le système s’attaque aussi bien au web qu’aux radios et aux TV. Ainsi, les langues des documents audio devant être identifiées dans le système ‘HÉRISSON’ sont au moins le français, l’anglais, l’arabe, le russe, le farsi, l’espagnol, l’allemand, le chinois mandarin, l’italien, le serbo-croate, l’hindi, le japonais, le coréen, le turc, l’ukrainien, l’hébreu, l’urdu, l’albanais et le macédonien. Pour les images, ‘HÉRISSON’ permet l’accès aux caractéristiques brutes et aux métadonnées d’une image, comme le type et les caractéristiques d’encodage, la résolution, le taux de compression, les champs EXIF, les statistiques usuelles liées à l’image histogramme, moments centrés, … et note aussi la provenance de l’image (URL pour les images obtenues via Internet) et éventuellement le nom du photographe. ‘HÉRISSON’ reconnaît les images transformées et lorsqu’une photographie a subi des transformations (rotations, changement d’échelle, compression, modification des contrastes,…), il sait reconnaître l’image originale parmi les images qui en sont issues. ‘HÉRISSON’ permet la détection et classification d’objets contenus dans une image (personne, véhicule, meuble…). ‘HÉRISSON’ permet la détection et l’identification de personnes dans une vidéo.

Une fois la masse de données stockées, l’exploitation se fait avec une fonction de recherche avancée (ou multicritère) qui permet à minima de préciser une combinaison booléenne des paramètres suivants: date (avec intervalle), taille (avec un intervalle), type de document (texte, image, graphique, vidéo, audio), format de fichier, URL d’origine. Auxquelles s’ajoutent les propriétés du contenu: l’exclusion de mot, une expression exacte, la combinaison booléenne entre les mots-clés, les mots commençant par une chaîne de caractères donnée, distance entre les mots dans le texte, expression régulière, localisation dans la page (titre / corps de texte), une écriture phonétique, une orthographe approchée, dans une page (URL) précise, dans les pages contenant un lien précis.

‘HÉRISSON’ en est au stade du démonstrateur, il faudra quelques années encore avant que ce programme ne soit opérationnel.

Le tout nouveau produit de la société connue pour son pistolet à impulsion électrique se présente comme ‘le futur de la gestion des enquêtes et des preuves numériques‘. Axon se présente comme un dispositif d’enregistrement audiovisuel des incidents, ‘du point de vue des officiers de police‘. Il s’agit d’une micro-caméra que les policiers sont invités à porter sur leur tête, à mi-chemin entre un casque audio et une oreillette BlueTooth, reliée à une télécommande (dotée d’un bouton ‘vie privée’) et à un petit ordinateur de poche (sous Linux). Une fois rentré au commissariat, les policiers connectent leurs Axon à un système qui permet de stocker, et surtout d’analyser, les enregistrements effectués. Les vidéos étant géolocalisées par GPS, il est ainsi possible de zapper entre les différents enregistrements effectués, sur une même scène, par différents policiers.

Explications du système AXON

Le système AXON

Explications du système AXON
Le système AXON

Les empreintes digitales et les échantillons d’ADN de plus de 857.000 citoyens qui ont été arrêtés ou accusés mais jamais reconnus coupables d’un délit criminel doivent être maintenant effacés de la banque de données nationale d’ADN suite à une décision législative prise par la Cour européenne des Droits de l’Homme à Strasbourg. Dans l’un de ses jugements les plus fortement approuvés ces dernières années, la décision unanime des 17 juges, y compris un juge anglais, Nicolas Bratza, a condamnée la nature ‘aveugle et abusive’ des pouvoirs donnés à la police par l’Angleterre, le Pays de Galles et l’Irlande du Nord à conserver les échantillons d’ADN et des empreintes digitales de suspects qui ont été soit relâchés, soit innocentés. Les juges étaient fortement critiques sur le fait que les échantillons d’ADN pourraient être conservés sans aucune limite dans le temps et sans tenir compte du sérieux et de l’importance du délit, ou de l’âge du suspect.

Le ministre de l’intérieur anglais Jacqui Smith a décidé de poursuivre la bataille juridique: ‘Le gouvernement a construit une défence robuste devant le tribunal et je pense fermement que l’ADN et les empreintes digitales jouent un rôle essentiel pour combattre le crime et amener les personnes devant la justice. La loi actuelle restera en place et nous étudierons avec attention le jugement.

Le jugement du tribunal de Strasbourg a été déclenché par une situation présentée par deux hommes de Sheffield qui ont demandé à ce que leurs rapports ADN soient détruits. Le premier homme, Michael Marper, âgé de 45 ans, fut arrêté en 2001 et accusé de harcèlement par son partenaire, mais les charges furent abandonnées trois mois après que le couple se soit réconcilié. Il n’avait aucune condamnation antérieure. Dans le second cas, un jeune homme de 19 ans nommé au tribunal S, fut arrêté et accusé de tentative de vol en janvier 2001, quand il n’avait que 12 ans, mais il fut innocenté 5 mois plus tard. Ils ont tous les deux demandé à la police du Yorkshire du sud de retirer et de détruire leurs profils ADN et leurs empreintes digitales. Mais la police a répondu qu’ils avaient besoin de la conserver pour ‘aider les enquêtes criminelles‘.

Le jugement aura un impact important sur la mise en place du développement prochain des bases de données d’ADN et de leurs usages dans toute l’Europe. Créées en 1995, la base de données anglaise d’ADN, qui aujourd’hui contient les échantillons de 4.3 millions de personnes en Angleterre, y compris les enfants, est déjà proportionnellement la plus grande du monde. Le ministère de l’intérieur avait l’intention d’étendre la conservation de l’ADN pour des délits mineurs, appelés délits non enregistrables, y compris les désordres de la voie publique et les effractions routières.