Istanboul, les forces de l’ordre ont réprimé une manifestation contre les attaques djihadistes ciblant les Kurdes du Rojava ( nous lire ici et ici ). Des membres des Forces du Travail, de la Paix et de la Démocratie d’Istanbul se sont rassemblés à Şişhane pour protester contre les attaques des HTC/HTS ( Al-Nosra, branche syrienne d’Al-Qaïda devenue Tahrir al Cham ) et  l’ASL/SFA ( Armée Syrienne Libre ) soutenues par la Turquie. Les manifestants, parmi lesquels des députés du parti DEM, ont été bloqués par la police et soumis à une répression brutale après avoir protesté contre cette intervention arbitraire en scandant « Bijî berxwedana Rojava » ( Vive la résistance du Rojava ). 50 personnes ont été interpelées et placées en garde à vue.

Après la victoire écrasante du parti DEM aux élections locales du 31 mars au Kurdistan turc, l’État cherche des raisons pour destituer les maires élus et les remplacer par des administrateurs désignés. Pour ce faire, des dossiers longtemps en souffrance sont ressortis des sous-sols du système judiciaire. Un nouveau cas de ce type semble se produire à Bahçesaray (Miks), dans la province de Van. Après neuf ans de procédures interminables, le co-maire de la ville, Ayvaz Hazır (parti DEM), a été condamné à trois ans et onze mois de prison pour « appartenance à une organisation terroriste » et « commission de crimes au nom d’une organisation terroriste » pour avoir participé à une manifestation en 2015.

La nomination d’un administrateur désigné par le pouvoir s’annonce donc à Bahçesaray, comme cela a déjà été le cas à Colemêrg, Êlih, Mêrdin/Mardin, Xelfetî/Halfeti, Dersim/Tunceli, Pulur/Ovacık et Esenyurt.

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Ce 25 novembre, la place Taksim d’Istanbul a été placée sous un important dispositif policier suite à l’interdiction de manifester et de scander le slogan « Jin, jiyan, azadî » (Femmes, vie, liberté) à l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes. Malgré l’interdiction, les organisations féministes se sont rassemblées à 19 heures. Les forces de l’ordre avaient bloqué toutes les rues adjacentes, plusieurs femmes ont tenté de marcher vers la place Tünel, elles ont été dispersées et repoussées, plusieurs d’entre elles ont été appréhendées. Des groupes de manifestantes se sont alors dirigés vers le littoral pour se rassembler sur les quais en scandant des slogans en kurde, environ 200 femmes ont été arrêtées par les forces de sécurité.

Mercredi, dans la ville de Dersi, un tribunal a condamné deux maires pro-kurdes à 6 ans et 3 mois de prison pour « appartenance à une organisation terroriste ». Suite à cette condamnation, les maires peuvent être suspendus de leurs fonctions et remplacés par des administrateurs désignés par le gouvernement turc. Le ministère de l’Intérieur a le pouvoir de suspendre Cevdet Konak, co-maire de Dersim et membre du Parti de l’égalité des peuples et de la démocratie ( parti DEM ) et Mustafa Sarıgül, membre du Parti républicain du peuple (CHP). Il est nouveau que des maires du CHP soient démis de leurs fonctions pour des accusations de « terrorisme ». Récemment, quatre maires du CHP et du DEM ont été démis de leurs fonctions entrainant plusieurs manifestations de protestation sérieusement réprimées par la police turque ( voir article ici ).

Istamboul, ce lundi matin, le bureau du Parti de l’égalité des peuples et de la démocratie (Parti DEM) a été perquisitionné par la police. Les forces de l’ordre sont entrées dans le bâtiment, ils ont fait sauter la serrure de la porte, au préalable, sans en informer les membres du parti. Les policiers ont jeté au sol des photos, des drapeaux du parti et des livres, ils ont aussi  emmené certains livres et quelques photographies. Rojda Yılmaz et Abdullah Arınan, les coprésidents du parti DEM du district d’Esenyurt ont été convoqués au département de la police d’Istanbul.

Plus de 250 personnes ont été interpellées depuis lundi pour avoir participé à des manifestations contre la destitution de trois maires pro-kurdes ( voir article ici ), trente-trois d’entre elles ont été inculpées et écrouées, 37 ont été placées sous contrôle judiciaire et trois autres assignées à résidence. L’éviction, lundi, par des administrateurs nommés par l’État de trois maires pro-kurdes, dont ceux des grandes villes de Mardin et de Batman, a suscité la colère des habitants. Les trois élus déchus sont membres du DEM, principal parti pro-kurde et troisième force au Parlement turc. Les autorités avaient aussitôt interdit tout rassemblement dans plusieurs provinces pour tenter d’étouffer la fronde. A Batman, les forces de l’ordre ont été visées par des tirs de mortier d’artifice, ils ont répliqué en dispersant les manifestants à l’aide de blindés surmontés de canons à eau.

Depuis hier, des manifestations ont lieu pour protester contre le remplacement des maires élus des municipalités de Mardin, Batman et Halfeti par des administrateurs nommés par le ministère de l’Intérieur. Tous les maires évincés sont des élus du peuple kurde du Parti pour l’égalité des peuples. et Démocratie (Parti DEM). À Batman, 75 personnes ont été arrêtées et soumises à des violences policières. De nombreuses personnes ont été arrêtées lors de perquisitions dans des maisons du quartier Halfeti d’Urfa. 9 personnes ont été arrêtées lors de perquisitions à Mardin et emmenées à la Direction provinciale de la sécurité.

Suite à l’attaque du PKK contre le siège des industries aéronautiques turques à Ankara (voir notre article), les bombardements turcs se sont poursuivis au Rojava, visant des installations civiles (petites industries, infrastructures énergétiques, stations services) et sécuritaires (check point), tuant au moins 12 civils et en blessant de nombreux autres. Au Kurdistan irakien, un bombardement turcs a tué à Sinjar 6 membres des forces de défense yézidies. Deux drones turcs ont été abattus à Manbij tandis que les SDF ont frappé deux bases dans le Rojava occupé par les militaires turcs et leurs proxys islamistes dans les environs de Zarkan, touchant plusieurs occupants. Partout dans le monde (aussi à Bruxelles) des manifestations ont eu lieu pour protester contre les bombardements qui visaient des infrastructures civiles.

D’autre part, le bureau du procureur en chef d’Istanbul a délivré 44 mandats d’arrêts pour « aide financière à organisation illégale »; au moins 35 personnes ont été emprisonnées. 33 mandats d’arrêt ont également été délivrés pour « propagande pour une organisation illégale ». Enfin, des inconnus ont attaqué le siège du parti DEM (démocrate, pro-Kurde) à Ankara.

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Un commando d’une femme et d’un homme, a attaqué à la bombe et au fusil d’assaut siège de Turkish Aerospace Industries (TUSAŞ), à Kahramankazan, à environ 40 kilomètres au nord d’Ankara. L’attaque a fait  cinq morts et 22 blessés parmis le personnel de la société qui conçoit et fabrique les drones utilisés par l’aviation turque pour bombarder quotidiennement les diverses régions du Kurdistan. Les deux membres du commando sont également décédés. En représailles, l’armée turque a mené cette nuit des raids au Rojava en Syrie et dans le nord de l’Irak, visant d’abotd 32 puis un total de 47 cibles: au Rojava, ce sont infrastructures civiles (stations de carburant, boulangerie industrielle) et sécuritaires (check-point) qui ont été bombardés, tuant 12 civils dont deux enfants.

EDIT: Le quartier général des forces armées du PKK a revendiqué l’action: lire le communiqué

 

La Cour constitutionnelle turque a déclaré que le fait de scander des slogans pro-kurdes et de chanter des chansons en kurde est protégé par les lois sur la liberté d’expression. Merve Nur Tekin avait été condamnée par la Haute Cour pénale d’Ardahan, dans l’est de la Turquie, pour avoir scandé des slogans tels que « Biji Serok Apo » (Vive le leader Apo), « Le PKK, c’est le peuple, le peuple est là » et fait la promotion du Parti des Travailleurs du Kurdistan lors d’une manifestation à Diyarbakır en 2014. Elle a également été accusée d’avoir chanté une chanson révolutionnaire kurde.

Sa condamnation avait été confirmée par la Cour suprême d’appel, elle a donc fait appel devant la Cour constitutionnelle, arguant que son droit à la liberté d’expression avait été violé. La Cour constitutionnelle a statué en sa faveur, déclarant que ses actes ne constituaient pas une menace et relevaient du champ de la liberté d’expression. Merve Nur Tekin a reçu 30 000 livres turques (environs 800 euros) de dommages et intérêts et l’affaire a été renvoyée devant le tribunal d’Ardahan pour un nouveau procès.

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