Après la France, c’est au tour de la Belgique de lancer une vaste campagne dans les milieux kurdes. Tôt ce matin, ce ne sont pas moins de 25 lieux qui ont été perquisitionnés par 300 hommes de la police fédérale et des brigades spéciales, tant en Flandres qu’à Bruxelles et en Wallonie. Le siège de la télévision kurde Roj TV à Denderleeuw a notamment été la cible d’une descente. Cette chaîne est accusée par la Turquie d’être de porte-voix du PKK. Une quinzaine de personnes ont été interpellées, dont les deux personnalités que sont Zübeyir Aydar et Remzi Karal.

En plus des onze personnes ont été interpellées par la Sous-direction antiterroriste (SDAT) dans le sud de la France, vendredi matin, dans le cadre d’une enquête préliminaire du parquet de Paris visant le PKK, la police italienne a interpellé 69 personnes dont six Français dans la région de Pise, dans la même affaire.

En France, les suspects, de nationalité turque pour la plupart mais également française, ont été interpellés à Marseille, Draguignan, Montpellier, Grenoble et dans une ferme sur le plateau du Larzac qui aurait servi de camp d’entraînement aux jeunes Kurdes voulant se rendre dans la guérilla au Kurdistan. Ils ont été placés en garde à vue dans ces différentes villes.

Des perquisitions ont eu lieu dans des sièges d’associations à Marseille et à Montpellier. Trois armes de poing, un fusil à pompe, de la documentation et du matériel informatique auraient été saisis. Les onze personnes devaient être transférées en région parisienne dans les locaux de la SDAT ce week-end avant une éventuelle mise en examen mardi.

Suite à ces arrestations, un millier de Kurdes ont manifesté samedi après-midi dans les rues de Marseille pour protester contre la répression policière (photo). Les manifestants ont défilé derrière une grande banderole rouge et noire barrée de la mention ‘Solidarité internationale: libérez nos camarades kurdes’. Ils ont entonné ‘L’Internationale’ et scandé des slogans, tels que ‘Solidarité politique pour le Kurdistan’ ou encore ‘Le peuple kurde n’est pas un peuple terroriste’.

Manif de solidarité avec les arrêtés du PKK

Le Comité International de Solidarité avec TAYAD (l’Association d’entraide avec les familles des détenus), appelait à un rassemblement devant l’ambassade d’Allemagne à Bruxelles ce mercredi 24 février 2010 pour protester contre la décision d’un tribunal de Düsseldorf d’accéder à la demande d’extradition des autorités turques visant Faruk Ereren, à qui il est reproché d’être un membre du DHKP-C, du Parti-Front Révolutionnaire de Libération du Peuple.

Manifestation pour Ereren

Le tribunal de Düsseldorf a statué sur le cas de Faruk Ereren, ce détenu révolutionnaire d’origine turque soumis à un régime d’isolement strict depuis le mois de mai 2007. Le magistrat a finalement annoncé qu’il pourrait être extradé vers la Turquie. Cette décision a été prise en date du 29 janvier 2010, notifiée aux avocats en date du 6 février 2010 et le délai de recours est fixé au 6 mars 2010. La motivation du tribunal se base sur le cas de deux autres détenus révolutionnaires atteints de maladies graves et amnistiés pour cette raison par le Président turc de la république. La décision du tribunal soutient qu’en cas de retour en Turquie, Faruk Ereren serait lui aussi amnistié en raison de son état de santé.

Or, les prisonniers atteints de maladies graves à l’instar de Güler Zere ne reçoivent pas de soins appropriés en captivité car cela est entravé par l’administration pénitentiaire. Elle aussi s’est retrouvée confrontée à ces obstacles administratifs tandis que les soins requis ont été retardés pendant plusieurs mois, entraînant ainsi le développement et l’aggravation de la maladie. Seule une vaste campagne de dénonciation a obligé les autorités de la relâcher. Il y a un mois, un détenu de droit commun, atteint de maladie grave et privé de soins pendant des années, a perdu la vie alors qu’il se trouvait, pour ainsi dire, dans la longue file d’attente de l’Institut Médicolégal. Et puis, il y a le cas emblématique d’Engin Ceber: détenu pour avoir seulement distribué des revues, il a lui aussi perdu la vie à cause des tortures dont il a été victime dans les locaux de la Sûreté turque et en prison.

Le Comité International de Solidarité avec TAYAD (l’Association d’entraide avec les familles des détenus), appelle à un rassemblement devant l’ambassade d’Allemagne à Bruxelles mercredi 24 février 2010 à 14h (rue Jacques de Lalaing 8-14 à 1040 Bruxelles).

Affiche de soutien à Ereren

Ce lundi, une dizaine de personnes s’étaient rassemblées devant l’ambassade d’Allemagne à Bruxelles afin de protester contre l’extradition de l’opposant politique turc Faruk Ereren. Actuellement poursuivi à Düsseldorf en vertu de l’article 129b du Code pénal allemand qui punit toute appartenance à une ‘organisation terroriste étrangère’, la 2e Chambre criminelle de la Haute Cour Régionale a donné son feu vert à la demande d’extradition émise par les autorités turques le concernant le 29 janvier dernier. Ses avocats ont obtenu un délai de quatre semaines afin d’introduire un recours contre cette demande d’extradition devant la Cour constitutionnelle.

Manif pour Faruk Ereren

Malgré les opérations d’intimidation et les arrestations survenues ce week-end afin d’empêcher les manifestations, plus de 3.000 personnes s’étaient rassemblées ce matin à Diyarbakir, principale ville du sud-est de la Turquie. Les manifestants s’étaient réunis à l’occasion du 11ème anniversaire de l’arrestation du leader kurde Abdullah Ocalan afin de dénoncer sa capture ainsi que ses conditions de détention. Rassemblés dans le centre-ville, ils ont tenté de marcher sur l’un des grands axes de la cité. Les autorités les empêchant d’avancer, les manifestants se sont heurtés aux policiers anti-émetues à coups de pierres et de bâtons et ils ont répondu avec des gaz lacrymogènes. Un trentaine de personnes ont été arrêtées.

A Istanbul, quelques 500 personnes s’étaient rassemblées pour un sit-in dans le centre avant de se disperser dans les quartiers avoisinants, où des heurts avec les forces de l’ordre auraient éclaté. D’autres actions plus ou moins violentes ont été organisées dans plusieurs villes du pays.

86 personnes suspectées d’être liées au PKK ont été arrêtées ce samedi dans des opérations menées par les forces de sécurité turques à travers le pays. Elles affirment que ces descentes ont été organisées dans le but d’empêcher d’éventuelles manifestations ce lundi, jour ‘anniversaire’ de l’arrestation d’Abdullah Ocala, leader du PKK, il y a 11 ans. Dans le groupe de personnes arrêtées se trouvent un certains nombres de leaders et d’élus officiels du parti pro-kurde BDP (Party for Peace and Democracy). Les raids de la police ont visé les provinces de Batman, d’Hakkari, de Mardin, de Slirt et de Sirnak dans le sud-est du pays, ainsi que celles d’Agri, de Mus et de Van dans le sud. Les villes d’Adana et d’Istanbul ont également été les cibles de ces opérations.

Plus de 15.000 personnes s’étaient réunies ce samedi à Strasbourg pour réclamer une solution démocratique pour la question kurde en Turquie. Les manifestants, venus d’Allemagne, de Belgique, des Pays-Bas ou de Suisse ont également revendiqué la libération d’Abdullah Ocalan, leader du PKK, qui purge actuellement une peine de prison à vie dans des conditions inhumaines. Veli Tekiner, membre du comité national de soutien à Ocalan, s’est chargé de rappeler que le procès du fondateur du parti en 1999 a été jugé inéquitable par le Cour Européenne des Droits de l’Homme et que le gouvernement turc fait croire que ses conditions de détention se sont améliorées pour duper le Comité Européen Anti-Torture.

Voir un diaporama de la manifestation

Faruk Ereren est un opposant politique turc de longue date. Durant les années 1970, époque où les Loups Gris massacraient les travailleurs, les étudiants, les intellectuels et les minorités ethniques et religieuses ainsi que les habitants des bidonvilles par milliers, Faruk Ereren s’engagea activement dans la résistance antifasciste. Arrêté par la junte militaire qui prit le pouvoir le 12 septembre 1980, Faruk Ereren subira de longues séances de tortures. Il poursuit cependant le combat politique en prison et ce, jusqu’à sa libération. Durant les années 1990, il entre en clandestinité et prend les chemins de l’exil.

Le 8 avril 2007, il est arrêté à Hagen en Allemagne et placé sous régime d’isolement strict. Vingt mois plus tard, son procès commence devant la Haute Cour Régionale (OLG) de Düsseldorf, comparable à une Cour d’appel. Avec ses plus de 50 audiences s’étalant sur près d’un an, son procès tourne au marathon judiciaire. Faruk Ereren est accusé d’exercer des fonctions dirigeantes au sein du DHKP-C. Il est poursuivi en vertu de l’article 129b du Code pénal allemand qui punit toute appartenance à une ‘organisation terroriste étrangère’ (photo: une affiche de la campagne contre cette loi). Le 29 janvier 2010, la 2e Chambre criminelle de la Haute Cour Régionale de Düsseldorf a donné son feu vert à la demande d’extradition émise par les autorités turques à l’encontre de Faruk Ereren. Mais le 6 février dernier, les avocats de Faruk Ereren ont demandé à la Cour un délai de quatre semaines afin de pouvoir introduire un recours contre cette demande d’extradition devant la Cour constitutionnelle.

Affiche contre le §129

Un tribunal turc a condamné ce mercredi Ozan Ciliç, éditeur en chef du journal en langue kurde Azadiya Welat à 21 ans et trois mois de prison pour avoir ‘diffusé la propagande d’une organisation terroriste’ en publiant des images et des rapports du PKK et de son leader Ocalan au mois de juin dernier. Kilinç, à qui appartient également le journal, a été prononcé coupable d’avoir ‘commis un crime au nom d’une organisation terroriste’. Depuis sa création en 2004, le journal a régulièrement été la cible d’actions judiciaires basées sur le fait qu’il serait un porte-parole du PKK. L’éditeur en chef précédant, Vedat Kursun, est détenu depuis treize mois et poursuivi pour ‘diffusion de propagande terroriste, pour avoir fait l’éloge de criminels et aidé des terroristes’ (sic).