Les prisons belges comptent un nombre records de 13.013 détenus dont 267 dorment à terre, un manque criant d’humanité pour les détenus. 3400 prisonniers devant purger des peines de courte durée sont sur liste d’attente en raison du manque de places. 713 condamnés ont quitté la prison plus tôt que prévu pour faire de la place sous le motif d’un congé pénitentiaire prolongé. Malgré plusieurs condamnations par la Cours Européenne des Droits Humains (CEDH), l’Etat belge n’a toujours pas amélioré les conditions de détentions des prisonniers, ni fermé des maisons d’arrêt vétustes et surpeuplées (voir article ici). Des budgets supplémentaires ont été demandés au gouvernement fédéral, ainsi que l’approbation d’une loi prévoyant des mesures d’urgence temporaires, telles que le recours plus fréquent à la surveillance par bracelet électronique.

Le ministre de l’Intérieur Bernard Quintin (MR) veut équiper les pompiers, les contrôleurs des transports en commun et les chefs de train de bodycams pour les «protéger» des violences verbales et physiques. Les forces de police ont été équipées en 2022 ( voir article ici ), elles ont permis plus d’identifications. Ces caméras embarquées fournissent des images pour faciliter la poursuite des auteurs de violence. Le ministre voudrait utiliser cette technologie plus largement pour «protéger» ceux qui assurent le service public et la sécurité.

Suite de la rupture du cessez-le-feu par Israël et la reprise des bombardements génocidaires sur la bande de Gaza, un appel a se rendre devant l’ambassade israélienne a été lancé ce mardi 18 mars pour une  manifestation de soutien au peuple palestinien. Environ 300 personnes ont répondu à l’appel. Au bout d’une heure de rassemblement, un cortège spontané s’est élancé de l’ambassade israélienne vers Ixelles. Un important dispositif policier a alors été déployé, autopompe, brigade canine et policiers anti-émeutes afin de stopper la manifestation. Les forces de l’ordre sont violemment intervenues, elles ont arrêté un bus STIB (Société des Transports Interurbains de Bruxelles) et ont expulsé plusieurs personnes hors de ce bus. 2 personnes auraient été interpellés suite à cette intervention policière.

Mercredi 19 mars, suite à la violation du cessez-le-feu lors de la reprise des bombardements sur Gaza, un rassemblement de soutien au peuple palestinien en présence d’Amnesty International était prévu à l’Université Libre de Bruxelles (ULB). Les organisateurs ont demandé une confirmation écrite des consignes imposées. L’université a envoyé un mail confirmant l’interdiction du mot « génocide », tout en restant silencieuse sur la question des drapeaux palestiniens. Les autorités avaient interdit ces derniers lors de discussions verbales. Amnesty International les avait, quant à elle, interdit invoquant leur caractère international. L’ULB a menacé les étudiants impliqués dans cette action d’un retrait de diplôme, une intimidation qui démontre la volonté des autorités universitaires de dissuader toute contestation par des moyens disciplinaires. Depuis plusieurs mois, les autorités de l’ULB prennent des mesures de plus en plus autoritaires sur le campus, menant une répression active contre l’occupation par l’Université Populaire de Bruxelles du bâtiment B qui dénonçait les liens entre l’université et Israël en mai dernier et son expulsion violente par la police en juin ( voir notre article ici ) à la suite de laquelle, l’ULB a décidé de poursuivre plusieurs étudiants en interne les menaçant d’exclusion.

L’État Belge, la zone de police Bruxelles-Capitale Ixelles et le bourgmestre de Bruxelles-Ville  Phillipe Close (PS) ont été condamnés pour violences policières commises lors d’une manifestation le 24 janvier 2021, durant la pandémie de covid-19 ( notre article ici ). Le jugement donne raison aux 11 plaignants. Le tribunal reconnaît que la technique de la nasse (l’encerclement des manifestants pour les empêcher de se mouvoir) est interdite, le caractère illégal d’arrestations, l’utilisation de colsons pour menotter les manifestants aussi illégal, les conditions de détention aux casernes ont elles été jugées de traitements inhumains et dégradants. Le profilage ethnique n’a pas été retenu, le tribunal estime que les ordres donnés n’ont pas été clairs et précis. Il condamne les autorités à verser 900 euros à chaque plaignant, au titre de dommages et intérêts, ainsi que 5000 euros à l’un d’eux âgé de 15 ans au moment des faits, en réparation aux sévices corporels qu’il a subis au moment de sa détention. Lors de ce procès, seules les responsabilités des autorités étaient jugées, l’affaire pénale est toujours à l’instruction.

En 2024, l’analyse de 36,283 millions déplacements aériens sur 251.024 vols issus de 89 compagnies aériennes ont été effectués par l’unité belge d’informations des passagers ( BelPIU ) intégrée au Centre de crise national. Il s’agit du plus grand nombre de données examinées par le BelPIU depuis sa création en 2018.  Ces analyses ont mené à l’arrestation immédiate de 50 personnes dans des affaires criminelles. Cette unité belge d’informations des passagers fait partie du National Travel Targeting Centre (NTTC), qui recueille et analyse les données des passagers aériens à l’arrivée, au départ ou en transit en Belgique dans le cadre de la lutte contre le « crime organisé et le terrorisme ». Le NTTC permet la coopération entre différents services de sécurité et de renseignement belges pour diverses enquêtes. Suites aux alertes transmises par BelPIU aux aéroports, la police intégrée a pu saisir l’an dernier 563 kilos de stupéfiants (contre 76,05 kg en 2023) et plus de 640.000 euros de diamants et bijoux importés illégalement. La police de BelPIU a par ailleurs transmis 776 alertes liées au terrorisme, 10 personnes ont été arrêtées. 50 suspects ont été arrêtés dans le cadre du trafic de stupéfiants, 50 arrestations pour trafic d’êtres humains et 12 arrestations immédiates pour rapt parental.

Le département cybersécurité de La Défense veut augmenter ses effectifs dans les prochaines années et se dote de technologies de pointe. Cette semaine, le Service Général du Renseignement et de la Sécurité (SGRS) a présenté un nouveau type d’arme: le brouilleur de drones. C’est un fusil qui ne tire pas de munitions mais des ondes électromagnétiques. Lorsque celui-ci est déclenché, il fera perdre le contrôle du drone par son opérateur, l’engin est alors repoussé, capturé ou abattu. Pour pouvoir utiliser, développer ou perfectionner ces technologies, la Défense va recruter des informaticiens, chimistes, ingénieurs, experts en télécommunications, 40 métiers différents pour l’unité cybersécurité, qui veut doubler ses effectifs.

Le samedi 15 mars marque la Journée internationale contre les violences et répressions policières. Comme chaque année, à cette occasion, des manifestations sont organisées dans plusieurs villes.

A Bruxelles: Manifestation contre les violences et répressions policières, 14 h place du Luxembourg (et non place Fernand Coq comme annoncé dans un premier temps).
A Paris: Commémoration nationale de toutes les personnes tué(e)s par la police en France, de 14H à 18h30, Place du Trocadero.
A Montreal: Manifestation annuelle contre la brutalité policière, à 13h12 à la station Lionel-Groulx (pour qui n’a pas suivi et s’interroge sur l’heure, voir ici).
A Toulouse: Manifestation contre le racisme d’État et la montée du fascisme, 14H place Belfort
A Bordeaux: Marche contre le racisme systémique, les crimes et les violences d’Etat. 14H place de la Bourse
A Lille: Marche contre les violences policières, le racisme et fascisme d’Etat, 12H à Pérenchies (lieu exact à venir)
Et très certainement d’autres…

Le 18 février, la cour d’appel de Bruxelles a reconnu la responsabilité de l’État dans la surpopulation carcérale à Haren et Saint-Gilles. Elle reconnaît l’existence de traitements inhumains et dégradants, fait état de cellules sans chauffage, de problèmes d’insalubrité ou de cuisines fermées plusieurs semaines à Saint-Gilles. L’état a été condamné à verser 2.000 euros par jour et par détenu en excès de la capacité maximale de la prison de Haren et 1.000 euros par constat de traitement dégradant à Saint-Gilles. Malgré les amendes infligées, le mal-être des détenus, lors d’une séance à la Chambre, La ministre de la Justice Annelies Verlinden (CD&V) a indiqué qu’aucune décision n’avait été prise concernant la date de fermeture de la prison de Saint-Gilles, pourtant prévue pour la fin 2024.

Le bourgmestre de Charleroi Thomas Dermine (PS) a contacté différents industriels, dont John Cockerill, et le ministre de la Défense Théo Francken ( N-VA ) pour leur proposer une partie de l’ancien site de Caterpillar à Gosselies ( Charleroi ) qui pourrait constituer une option stratégique pour accueillir la production de matériel de défense, tels que des chars ou autres équipements militaires. Outre le site d’Audi à Forest ( voir article ici ), les responsables de John Cockerill iront visiter les anciennes usines de Caterpillar dans le but d’examiner la faisabilité d’y installer une ligne de production de véhicules légers blindés.